23/02/2011
je ne voudrais pour rien au monde mener la vie d'Abraham, qui s'en allait comme un grand nigaud
Prince Wallon remarquable, Charles-Joseph serait peut-être surpris par l'évolution, si tant est qu'on puisse parler d'évolution dans le cas de la Belgique . Ce n'est pas une révolution , ni une involution, alors où est la solution ?
Je suis heureux de constater que les Belges prouvent au monde politique qu'un pays peut très bien vivre sans gouvernement pondeur de lois nouvelles . Les anciennes suffisent largement , et le peuple, divisé pour de sottes raisons clochemerlesques, se débrouille fort bien pour faire des affaires et prospérer . Leur taux de croissance fait envie, et je préconiserais volontiers la suppression en France des quelques centaines de coupeurs de cheveux en quatre que sont les élus privilégiés pour relancer le commerce et réduire le chomage . On peut rêver !
Après avoir ri en lisant la tirade sur Abraham et sa "jeune" épouse, je réécoute Devos :
http://www.deezer.com/listen-2161747
Et s'il en est besoin, pour confirmer les écrits de Volti , en chanson :
http://www.deezer.com/listen-2750368
Et comme jazz et humour vont bien ensemble :
http://www.deezer.com/listen-201279
« A Charles-Joseph, prince de Ligne i
18è février 1764, à Ferney
Monsieur,
Il n'y a que le bel état où mes yeux sont réduits qui m'ait pu priver du plaisir et de l'honneur de vous répondre . Je suis devenu à peu près aveugle ; et je suis dans l'âge où l'on commence à perdre tout pièce à pièce ; il faut savoir se soumettre aux ordres de la nature, nous ne sommes pas nés à d'autres conditions . Cela fait un peu de tort à notre théâtre . Il n'y a point de rôle pour un vieux malade qui n'y voit goutte, à moins que je ne joue celui de Tirésie ii. Je n'ai d'autre spectacle que celui des sottises et des folies de ma chère patrie ; je lui ai bien de l'obligation, car sans cela la vie serait assez insipide . Après avoir tâté un peu de tout, j'ai cru que la vie de patriarche était la meilleure . J'ai soin de mes troupeaux comme ces bonnes gens, mais Dieu merci, je ne suis point errant comme eux, et je ne voudrais pour rien au monde mener la vie d'Abraham, qui s'en allait comme un grand nigaud, de Mésopotamie en Palestine, de Palestine en Égypte, de l'Égypte dans l'Arabie Pétrée, ou à pied, ou sur son âne, avec sa jeune et jolie petite femme, noire comme une taupe, âgée de quatre-vingts ans, ou environ, et dont tous les rois ne manquaient pas de tomber amoureux . J'aime mieux rester dans mon petit ermitage avec ma nièce et la petite famille iii que je me suis faite .
Mme Denis a dû vous dire, Monsieur, combien votre apparition nous a charmés dans notre retraite ; nous y avons vu des gens de toutes nations, mais personne qui nous ait inspiré tant d'attachement, et donné tant de regrets . Daignez encore recevoir les miens, et agréez le respect avec lequel j'ai l'honneur d'être,
Monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire »
i Charles Joseph, prince de Ligne : http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Joseph_de_Ligne
Il rendit visite à Voltaire en juin 1763, et en fera la relation dans Mes conversations avec M. de Voltaire : pages 257-268 : http://www.chjdeligne-integral-34melanges.be/images/10/re...
ii Tirésias, devin aveugle de Thèbes, personnage du cycle d'Oedipe .
iii Marie-Françoise Corneille et son mari Dupuits, et la sœur de celui-ci .
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