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07/03/2011

Le fond de mon amitié pour lui n'a point été altéré par les violents chagrins qu'il m'a causés

Amitiés particulières de Serge Lama , chanson que je ne connaissais pas :

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Un peu d'amour et d'amitié :

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Dans le domaine de l'amitié, Volti me laisse pantois par sa fidèle amitié à la limite du déraisonnable , et avec la plus grande sincèrité .

 

"Est-il possible que nous ne ferons du bien que dans les pays étrangers !"

Là, Volti pense aux intellectuels, à ceux qui travaillent pour la vérité et le bon  goût, les Lumières  qui éclairent l'Europe, et, par là, le monde de ce temps .

De nos jours j'applique cette citation aux efforts sans fin, nécessaires au soulagement des misères de pays parfois lointains .

Et terrible dilemme, comment aider ces pays et résoudre dans le même temps les problèmes de la pauvreté sur notre territoire ?

Comment donner le beurre et l'argent du beurre ?

De quel côté de la tartine se retrouve le clochard, celui qui doit encore et encore faire appel aux Restos du Coeur ? Comment faire du bien partout ?

 

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Est-il possible que nous  ferons du bien partout ?

 

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Rendez-vous, à Lyon ?  http://www.deezer.com/listen-7311007

Oui, la harpe  ...



 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

 

6è mars 1768, à Ferney

 

Jugez, mon très cher philosophe, si j'ai envie de faire du tort à M. de La Harpe, et si j'ai mérité qu'il m'en fît i. J'écrivis à monsieur le contrôleur général pour les affaires du pays de Gex au commencement du mois d'août . Je pris cette occasion pour le prier d'accorder à M. de La Harpe la moitié d'une ancienne pension que j'ai, et dont je n'avais point sollicité le paiement depuis le commencement de la guerre, et même depuis la paix . Monsieur le contrôleur général me répondit sur les affaires du pays, et non sur M. de La Harpe ; mais il dit à M. de Boullongne ii qu'il lui ferait accorder une gratification . M. de Boullongne me le manda par sa lettre du 14 août, et j'en ai toujours gardé le secret à M. de La Harpe jusqu'au jour de son départ .

 

Il sait qu'en envoyant à M. le duc de Choiseul son Éloge de Charles V,iii je lui représentai le mérite et le peu de fortune de l'auteur . Il sait que sur le champ M. le duc de Choiseul eut la générosité de lui donner une pension . Je suis toujours dans la même résolution par rapport à la pension sur le roi que je voulais lui faire partager . Le fond de mon amitié pour lui n'a point été altéré par les violents chagrins qu'il m'a causés .

 

Tronchin iv, procureur général de la petite république ma voisine, fut assailli hier au soir à la porte de sa maison par plus de cinq cents personnes, dont plus de la moité criait qu'il fallait le mettre en pièces. Les commissaires du peuple eurent beaucoup de peine à le tirer de leurs mains, et le firent garder toute la nuit par cinquante bourgeois . Il n'y a plus là de plaisanterie . Voyez combien il est cruel que le chant v où il est question des Tronchin très mal voulus à Genève paraisse pendant des mouvements si violents .

 

Si M. de La Harpe avait eu assez d'amitié pour moi pour m'avouer au moins dans son premier voyage à Paris qu'il avait emporté ce manuscrit de ma maison, qu'il vous l'avait donné à vous, à M. de Rochefort, à M. Dupuits et à une autre personne, il aurait prévenu le désagrément que j'éprouve . Je l'aurais conjuré de prier ceux à qui il avait donné cette plaisanterie devenue si dangereuse, de n'en point donner de copie . Ces balivernes sont d'ailleurs fort insipides pour Paris qui ne se soucie point du tout de Genève, et très désagréables pour moi dans le pays que j'habite . Mais M. de La Harpe, au lieu de réparer le mal qu'il avait fait , m'écrivît de sa chambre à la mienne une lettre fort dure dans laquelle il m'insultait sans se justifier vi. Je ne lui ai fait à son départ aucun reproche ni sur ses procédés envers moi, ni sur sa lettre . Voilà où nous en sommes .

 

Je l'avais chargé en partant d'un paquet pour vous dans lequel il y avait une partie des choses que vous demandiez vii, et une lettre pour vous dans laquelle je vous rendais un compte succinct de cette aventure, et que je vous priais même de lui montrer .

 

Je suppose que vous avez reçu le tout et que vous en aurez fait l'usage que vous aurez cru convenable .

 

Je vous réitère encore que j'oublie entièrement cette petite imprudence de M. de La Harpe qui m'a été si préjudiciable ; que je lui rendrai tous les services qui dépendront de moi ; que ma grande passion est que je veux que ceux qui cultivent les beaux-arts avec succès soient tous unis, et qu'il faut oublier tous les sujets de plainte en faveur de la vérité et du bon goût dont ils doivent être les soutiens . Est-il possible que nous ne ferons du bien que dans les pays étrangers !

 

Je vous embrasse avec douleur, et avec la plus vive amitié .

 

V. »

 

i Pour les torts de La Harpe, voir les lettres

du 1er mars à Mme Denis :

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/03/05/5...

et du 2 mars à Damilaville :

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/03/02/i...

ii Intendant des finances . On accorda 50 louis à La Harpe .

M. de Boullongne : voir page 20 : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/be...

iii Éloge de Charles V, roi de France, discours qui a remporté le prix de l'Académie française en 1767, par M. de La Harpe . Voir note 18 : http://www.ville-ge.ch/bge/imv/gazette/26/a_propos.html#_...

iv Jean-Robert Tronchin-Boissier .http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Robert_Tronchin

Une élection de syndics avait été programmée pour le 5 mars et il y eut une sorte d'émeute . Les Représentants refusaient notamment l'obligation d'élire les syndics parmi les membres du Petit-Conseil . Plusieurs mois auparavant, ils avaient « jeté dans quelques boutiques des billets portant qu'on pendra les Négatifs (patriciens réactionnaires) avec les boyaux des Tronchin. »

v Le deuxième chant de La Guerre civile de Genève, que La Harpe avait volé à V* et répandu dans Paris pendant son séjour à l'automne 1767.

http://www.voltaire-integral.com/Html/09/09GUERCI.htm#CHANT DEUXIÈME

vi Le 11 avril, à d'Alembert : « Vous m'alléguez que vous ne l'avez donné à personne (le 2è chant), je vous crois, mais quelle raison auriez-vous de ne pas me croire lorsque je vous dis que c'est à Paris qu'on me l'a donné ? ... Ce n'est pas un homme lié avec vous qui a du être le plus empressé à posséder ce manuscrit ... Si vous faisiez de moi des plaintes qui me fussent injurieuses, vous me forceriez d'avoir avec vous une sorte de procès public. »

vii Sans doute les dernières brochures que d'Alembert réclamait entre autre pour Boullongne .

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