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02/03/2010

il est d’une nécessité indispensable que vous parliez

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

 

2 mars 1768

 

             Mon cher ami, vraiment ne doutez pas de ma discrétion sur l’affaire de La Harpe ni même de mon indulgence ; mais il est d’une nécessité indispensable que vous parliez à M. d’Alembert avant que La Harpe ait embouché cet Antoine [cf. lettre du 1er mars 1768]. Il est nécessaire que vous vouliez bien vous joindre à moi pour engager M. d’Alembert à faire à ce jeune homme une exhortation paternelle ; car en  vérité La Harpe a de furieux torts, et il a cruellement blessé mon amitié. Encore une fois je lui pardonne tout, mais je souhaite qu’il se repente, et qu’il se corrige. Parlez à M. d’Alembert, je vous prie.

 

             Qu’est-ce qu’une Lettre de l’archevêque de Cantorberi à votre archevêque [La Lettre de l’archevêque de Cantorbery à M. l’archevêque de Paris, est de V*]? Qu’est-ce qu’un mandement d’un évêque suffragant de Strasbourg pour manger gras le carême ? On parle aussi d’une Relation de l’expulsion des jésuites de la Chine [Relation du bannissement des jésuites de la Chine, de V*, évidemment ]. La presse hollandaise fournit tous les huit jours de ces plaisanteries. Cela amuse les gens oisifs.

 

             Voici, mon ami, ma réponse à M. de Bret. Les gazettes disent qu’il n’y aura plus de directeurs particuliers des vingtièmes : que deviendrez-vous ?[Damilaville, premier commis au vingtième, pouvait briguer le poste de directeur devenu vacant] Parlez donc de vous à votre ami. Erc[asez] l’Inf[âme].

 

             A propos vous ai-je dit qu’il n’y a pas un mot de vrai dans l’aventure prétendue de L’Honnête criminel[f1]  et qu’il me l’a écrit lui-même ? On ne peut jouer [La copie de cette lettre à la Bibliothèque historique de Paris porte « jouir », ce qui est certainement fautif] de Gabriel Cramer.

 


 [f1]L’Honnëte criminel (1767), mélodrame de Charles-Georges Fenouillot de Falbaire de Quingey. Fenouillot de Falbaire enverra une copie d’une lettre de V* à l’auteur, -du 11 avril 1768,- aux éditeurs de Kehl , où V* le félicitait d’avoir « ajouté à l’histoire du jeune Fabre tout ce qui peut la rendre plus touchante » . Fenouillot ajoute une note : « M. de Voltaire avait été mal informé … L’histoire du héros … est exactement telle qu’elle fut imprimée à la tête de le seconde édition que M ; de Falbaire donna de cette pièce en mars 1768 … ; M. le maréchal-prince de Beauvau … a entre les mains le certificat du sergent qui permit l’échange et reçut le fils à la place  du père … Cette jeune victime de l’amour filial et de l’intolérance religieuse ayant passé sept ans aux galères … en était sortie en 1762… ; il lui était , selon l’usage, défendu d’approcher de plus de six lieues » « de Paris et de tous lieux où le roi fait  son séjour … ».

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