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10/11/2011

Royer, ne pouvant me tuer, a tué un de mes enfants ; je souhaite que le sien vive .

NDLR :  Une lettre de plus pour laquelle il va falloir que je prenne le temps d'ajouter des notes .

Si j'oublie, rappelez-le moi !

Scusi !!

Je laisse vos oreilles en accord/désaccord avec Pancrace Royer - l'assassin sus-nommé-, champion des triples croches (et plus ) :

http://www.deezer.com/listen-2745870

 

 

 

« A M. le marquis de Ximenès

 

 

 

Au château de Prangins, pays de Vaud, 19 janvier [1755]

 

 

 

Vous voyez, monsieur, que tous les maux sont sortis pour moi de la boîte de Pandore avec les doubles croches de M. Royer . Il ne savait pas seulement que Pandore fût imprimée, et il fit faire , il y a un an, des canevas par M. de Sireuil son ami, qui crut que j'étais mort , comme les gazettes l'avaient annoncé . Royer, ne pouvant me tuer, a tué un de mes enfants ; je souhaite que le sien vive . Il m'écrivit, il y a trois mois, que son opéra était gravé . Il le sera sans doute dans la mémoire, mais il ne l'était pas encore en papier . Je fis les plus humbles remontrances ; je n'ai rien obtenu . On me regarde comme mort ; on vend mon bien, on le dénature . M. de Sireuil m'a écrit ; il me paraît un homme sage et modeste, très fâché de la peine qu'on l'a engagé à prendre et à me faire . Je ne crois pas qu'il soit possible d'empêcher cette nouvelle tribulation, qu'il faut bien que j'essuie . Je n'ai pas même l'espérance qu'on disait être au fond de la boîte . C'est un nouveau malheur, et , qui pis est, un malheur ridicule . Vous m'offrez généreusement votre secours ; vous voulez qu'un M. de La Salle, sous vos ordres, remédie autant qu'il pourra à cette déconvenue . J'accepte vos bontés ; il faudrait que tout se passât sans choquer personne ; il faut craindre un ridicule de plus . Royer dit qu'il ne veut rien changer à sa musique . Il a obtenu une approbation pour faire imprimer le poème sous le nom de Fragments de Prométhée, avec les changements et additions que M. Royer a cru propres à sa musique ; c'est à peu près ce que porte le titre .

 

 

 

Voilà où en est cette aventure . Si, dans de telles circonstances, vous croyez que je puisse être reçu à me mêler de mon ouvrage, et que ma procuration à M. de La Salle soit valable, je suis prêt à vous l'envoyer signée d'un notaire suisse, et légalisée par un bailli .

 

 

 

Adieu, monsieur ; je vous remercie bien tendrement ; je suis très malade . Mme Denis qui a eu le courage de me suivre et d'être ma garde, vous fait les plus sincères compliments . Vous savez par combien de titres je vous suis attaché . Permettez-moi de présenter mes respects à madame votre mère . »

 

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