17/11/2011
Ma philosophie ne fait guère de différence entre une cabane et un palais ; mais j'ai une Parisienne avec moi qui n'est pas si stoïcienne
Je reviens à l'instant d'une représentation théâtrale de Nanine ou Le Préjugé vaincu, comédie de Voltaire, sise ce jour et demain soir au théâtre du Châtelard à Ferney-Voltaire .
Moment très agréable, et par le texte, et par le jeu des acteurs, qui en fait sont cinq actrices , qui jouent tous les rôles, masculins y compris ( messieurs, l'appel est lancé, on manque d'acteurs mâles ).
Mise en scène moderne, très enlevée, sur ce que l'on peut appeler de nos jours un scénario sans surprises . Très bonne idée que celle des parties chantées (plutôt bien) accompagnées au piano par le compositeur lui-même – Johann Chauveau-, qui donnent un petit coté comédie musicale . Une trentaine de lycéens/nes doués d'un naturel moqueur (c'est de leur âge) ont écouté ce texte. avec attention et appprécié .
http://www.fortheatre.fr/LethleChatelard.htm
http://www.theatrelechatelard.fr/Nanine.htm
Bilan : je recommande ce spectacle donné par la compagnie Anima motrix, metteur en scène Laurent Hatat .
Pour lire Nanine , voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/categorie-12426031.html
premier pasteur à Berne
A Prangins, 31 janvier [1755]
Vous êtes philosophe , monsieur, et vous m'inspirez une très grande confiance . Tout ce que vous me dites, dans la dernière page de votre lettre du 30 janvier, est très vrai et très désagréable pour tous les honnêtes gens .
Voici le cas où je me trouve . Mon goût et ma mauvaise santé me déterminent depuis très longtemps à finir ma vie sur les bords du lac de Lausanne ii. Le Conseil d’État de Genève a la bonté de m'offrir toutes les facilités qu'il peut me donner iii. On me propose la maison que le prince de Saxe-Gotha a occupée à la campagne . Les jardins sont dignes du voisinage de Paris, la maison assez jolie, très commode et toute meublée . Mais il se pourrait faire que le dernier article de votre lettre nuisit au marché . Il se peut faire encore qu'il y ait des difficultés pour m'en assurer la possession .
On me vend quatre-vingt-dix mille livres de France ce domaine qui est presque sans revenu . C'est un prix assez considérable pour que la possession m'en soit assurée . Ma philosophie ne fait guère de différence entre une cabane et un palais ; mais j'ai une Parisienne iv avec moi qui n'est pas si stoïcienne . On me parle de la belle maison de Hauteville, dans le voisinage de Vevai . On dit que M. d'Hervart pourrait s'en accommoder avec moi, et me passer un bail de neuf années . J'ignore si la maison est meublée . Vous pourriez tout savoir en un moment . M. d'Hervart serait-il d'humeur à la vendre, ou à en faire un marché pour neuf ans ? et pourrait-il dans l'un et l'autre cas, m'en assurer la pleine jouissance ? est-il vrai qu'il y a un inconvénient, c'est qu'on ne peut aborder à Hauteville en carrosse ? Voilà bien des questions ; j'abuse de vos bontés, mais vous me donnez tant de goût pour le pays Roman que vous me pardonnerez . La chose presse un peu ; un autre fois nous parlerons des montagnes v. Si vous étiez curieux de voir une petite dissertation que j'envoyai, il y a quelques années, en italien vi, à l'institut de Bologne, vous verriez que je dois avoir un peu d'amour-propre, car je pense en tout comme vous . Il semble que j'aie pris des leçons de vous et de M. Haller vii; je préfère l'histoire de la nature aux romans .
Je vous embrasse sans cérémonie. »
i Élie Bertrand : http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lie_Bertrand
ii NDLR - A l'heure actuelle, il est très mal vu par les Suisses de tous cantons -excepté celui de Genève, bien sur-, de nommer le lac Léman : lac de Genève ; seul Voltaire osa parler de lac de Lausanne , au grand dam du reste de la Suisse , sans doute .
iii Voir note ii de la lettre du même jour à de Brenles : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/11/17/il-faut-savoir-payer-cher-son-plaisir-et-sa-convenance.html
v Allusion à l'in -4° publié par Bertrand en 1754 : Essais sur les usages des montagnes .http://books.google.com/books?id=zw1bAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false
V* n'admettait pas que la présence de fossiles de coquillages sur des crêtes montagneuses fut le signe que celles ci étaient recouvertes de mers autrefois ;
vi V* n'admettait pas que la présence de fossiles de coquillages sur des crêtes montagneuses fut le signe que celles ci étaient recouvertes de mers autrefois ; il l'écrivit dans la Lettre italienne :
vii Voir page 9 et suiv. : http://books.google.fr/books?id=BlgOAAAAQAAJ&pg=PA9&a...
23:34 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.