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11/04/2019

jamais la dispute n’a convaincu personne ; on peut ramener les hommes en les faisant penser par eux-mêmes, en paraissant douter avec eux, en les conduisant comme par la main, sans qu’ils s’en aperçoivent

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Forget-me-not !

 

 

« A François Achard Joumard Tison, marquis d'Argence

Je vous conjure, mon cher monsieur, de ne point disputer avec les gens entêtés . La contradiction les irrite toujours, au lieu de les éclairer ; ils se cabrent, ils prennent en haine ceux dont on leur cite les opinions ; jamais la dispute n’a convaincu personne ; on peut ramener les hommes en les faisant penser par eux-mêmes, en paraissant douter avec eux, en les conduisant comme par la main, sans qu’ils s’en aperçoivent. Un bon livre qu’on leur prête, et qu’ils lisent à loisir, fait bien plus sûrement son effet, parce qu’alors ils ne rougissent point d’être subjugués par la raison supérieure d’un antagoniste. Cette méthode est la plus sûre, et on y gagne encore l’avantage de se procurer le repos.

Je suis très édifié, monsieur, de voir que vous érigez un hôpital, et que, par les justes mesures que vous avez prises, vous guérirez trois cents personnes par année. Nous ne sommes dans ce monde que pour y faire du bien.

Je vois que l’affaire des jésuites a effarouché quelques esprits ; mais tout sera calmé par la sagesse du roi. Vous savez sans doute qu’on a condamné au bannissement l’abbé de Caveyrac, qui avait fait l’apologie de la Saint-Barthélemy, et qui s’était mis à faire celle des jésuites. Vous savez que ces pères ne sont plus à Versailles ; leur éloignement semble dissiper tout esprit de faction : mais ce qu’il y a de plus heureux, c’est que les finances sont en très bon état ; les voisins de la France s’y intéressent autant que les Français ; le crédit public renaît , jamais on n’a été plus en droit d’espérer des jours heureux.

Il faut qu’il y ait eu quelques manœuvres secrètes de la part des jésuites, qui ont donné un peu d’alarmes, et qui ont peut-être fait saisir, dans le bureau des postes, des paquets indifférents qui ont pu être soupçonnés d’avoir quelques rapports à ces tracasseries. C’est un mal très médiocre dans la félicité publique.

Je ne sais ce que c’est que la Lettre du quakre ; j’en ai entendu parler, mais je ne l’ai point vue, et, sur ce qu’on m’en a dit, je serais fâché qu’on l’attribuât à mes amis ou à moi.

Vous savez, monsieur, avec quels sentiments je vous suis dévoué pour la vie. 

14è mars 1764 .»