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14/04/2019

Tout ce que je souhaite à vos neveux, à vos fils, à vos petits-fils, c'est qu'il vous ressemblent tous

... Je ne fais pas cependant le même souhait pour deux individus qui ont en commun un extrêmisme qui me déplait au plus haut point, Jean-Marie Le Pen et Jean-Luc Mélenchon . Que les lois de l'hérédité soient contrecarrées et nous épargnent des bis repetita de ces individus , leurs suivants et adorateurs sont déjà suffisamment nombreux et malfaisants .

 

 

« A Claude-Philippe Fyot de La Marche

14 mars 1764, à Ferney

Mon respectable et digne magistrat, mon vrai philosophe, je ne serais pas dans ma chaumière, je serais à présent dans votre palais de La Marche, si j'avais de la santé et des yeux .

De quel neveu me parlez-vous 1, s'il vous plait ? car il me semble que vous en avez plusieurs . Tout ce que je souhaite à vos neveux, à vos fils, à vos petits-fils, c'est qu'il vous ressemblent tous .

M. le premier président actuel du parlement de Bourgogne paraît imiter vos bontés pour moi ; il daigne prendre le parti de mon petit pays de Gex, celui de Mme Denis et le mien, contre la rapacité des gens d’Église . Il se prête aux vues de M. le duc de Praslin qui veut bien soutenir nos droits ; ainsi je suis fait pour avoir obligation à tout ce qui porte votre nom .

Que je vous loue, mon respectable magistrat , de passer vos jours à La Marche ! Est-ce dans votre belle maison que se fera le mariage ? Vous faites de si jolis vers pour le roi de Pologne, que sûrement vous ferez l'épithalame . Vous n'aurez chez vous que des occupations agréables, tandis que dans Paris tout est en rumeur à l'occasion des jésuites ; on emprisonne, on exile ; c'est le revers de ce qui se passait du temps de frère Le Tellier, confesseur de Louis XIV . Ce maraud prodiguait les lettres de cachet contre les ennemis des jésuites et aujourd’hui on les prodigue contre leurs partisans .

Je crois vous avoir dit plus d'une fois qu'on finirait par lapider ces bons frères avec les décombres de Port-Royal . Le cas est arrivé . Il faut dans ce monde que chacun ait son tour . On dit que M. le duc de La Vaugayon 2 est exilé ; la cour n'a que des orages ; la paix et le bonheur sont chez vous .

Vous avez la bonté de me parler de cette petite rente . Je l'ai payée à Mme Dupuits, et puisque vous voulez me rembourser, je vous supplie de faire tenir à votre loisir, cette somme à M. Propiac, receveur général du domaine à Dijon, pour la faire parvenir à M. Camp, mon banquier à Lyon, associé de M. Tronchin . Je reconnais la bonté de votre cœur à cette attention ; vous avez pitié d'un pauvre homme qui bâtît dans un pays barbare, et qui s'est chargé d'une famille assez considérable ; car j'ai chez moi M. et Mme Dupuits et leur sœur, outre un cousin de vingt trois ans paralytique pour le reste de sa vie . J'ai de plus un aumônier jésuite ou ex-jésuite que vous connaissez peut-être, il a longtemps professé à Dijon ; ce n'est pas un père Porée , mais aussi il n'en a pas le fanatisme, car ce pauvre père Porée, tout homme d'esprit qu'il était, croyait à toutes les bêtises de la théologie, et qui pis est, il avait le malheur de s'en piquer . Vous mon vrai philosophe qui avez de la vertu sans superstition, c'est auprès de vous que je voudrais vivre et mourir . Pardonnez si je vous assure de mon tendre respect par une autre main que la mienne . Je ne suis pas encore en état d'écrire .

V. »

1 C'est Jean, fils de Jacques-Philippe, qui épouse Judith Joly de Drambon en 1764 ; voir : https://gw.geneanet.org/goiset?lang=fr&iz=3&p=jean&n=fyot&oc=1

2 Antoine-Paul-Jacques de Quélen, duc de La Vauguyon, précepteur de Louis XVI, Louis XVIII et Charles X, est un ardent défenseur des jésuites opprimés ; mais il ne semble pas qu’il ait été exilé . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_de_Qu%C3%A9len_de_Stuer_de_Caussade

et : https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr&n=de+quelen&oc=3&p=antoine+paul+jacques