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02/05/2019

Nous ne savons plus ce que nous voulons . Notre nation est folle et probablement le sera toujours

... Voltaire dixit , l'actualité le confirme . J'ai envie de renoncer à ma nationalité quand je vois ce dont sont capables mes compatriotes   (agresseurs de pompiers et des soignants ) pires que des charognards , à mettre en cage d'urgence .

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

27 mars 1764] 1

Eh bien mes anges gardiens, si on donne des ordures à l'Opéra-Comique, on montre donc la rareté et le curiosité 2 à la Comédie-Française ? Il est vrai qu'il faut un peu de ces facéties pour réveiller le public assoupi qui dort au théâtre depuis si longtemps . Il a fallu dissiper l'ennui de l'uniformité . Le grand malheur de notre théâtre c'est que presque toutes les tragédies se ressemblent . Comment fera-t-on d'ores en avant ?3 Voilà mon embarras . Il paraît aussi difficile de trouver des auteurs et des acteurs qu'à un contrôleur général de trouver de l'argent . Je croyais que ce serait Grandval qui grasseyerait le rôle d'Antigone mais il a été annoncé, dit-on , par ce bellâtre de Bellecour, qui avec ses gestes de province répand dit-on la glace à pleines mains . Je crois révérence parler qu'Olympie a été mieux jouée à Ferney qu'à Paris . L'exagération est un peu forte, mais il faut pardonner aux campagnards d'aimer le vin cru . Il arrivera malheur au théâtre parisien . La pompe et le grand appareil du spectacle ayant réussi on ne voudra plus donner que du Servandoni 4. Les anciennes pièces paraîtront fades et les nouvelles ne seront que les grandes marionnettes ; nous passerons en tout d'une extrémité à l'autre . Nous ne savons plus ce que nous voulons . Notre nation est folle et probablement le sera toujours , mais ce qu'il y a de plus plaisant ce sont les gens de votre pays qui veulent faire les graves . Ne riez-vous pas prodigieusement de tout ce que vous voyez ? Que vous faites à merveille de songer à vous amuser dès qu'il est quatre heures et demie, et d'aller juger les belles lenteurs de Clairon et les belles convulsions de Dumesnil ? Avouez que je suis bien bon d'abandonner ma charrue et mon râteau pour amuser MM. les Parisiens, mais c'est vous qui m'y avez forcé, c'est vous qui avez fait L'Orphelin de la Chine, Tancrède, Le Droit du Seigneur, Olympie et Les Roués . Je vous enverrai quand vous voudrez un nouveau quatrième acte pour ces Roués ; je n'ai pas actuellement mon clerc à côté de moi, mais la chose ne presse pas et vous avez du temps devant vous.

Je suis très fâché de la goutte de M. le duc de Praslin 5 et je suis très aise que Mme de Pompadour se porte mieux . Il est vrai qu’elle aimait beaucoup Catilina, mais enfin c'est toujours aimer les belles-lettres, et c'est un goût assez rare à votre cour . Avez-vous entendu parler de la palissotise 6 intitulée La Dunciade ? Je me flatte que M. le duc de Choiseul ne » 

1 On ne possède que les quatre premières pages de la lettre, le reste du texte ne peut être suppléé par aucune autre source .

2 Sur la rareté et la curiosité, voir lettre du 16 décembre 1760 à Lekain : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1760-partie-48-121093171.html

3 D'ores en avant est considéré comme archaïque par le Dictionnaire de Trévoux, 1721 ; tandis que Richelet, 1680, le donne comme « pas trop usité ».

5 Ce mot est écrit Prazlin, ce qui ne témoigne pas de la prononciation de V* puisqu'il écrit par ailleurs Pralin, par exemple dans la lettre du 21 mars 1764 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/04/28/il-n-etait-pas-juste-en-verite-que-ce-fut-moi-qui-semat-et-l-6146886.html

6 On a vu palissotise dans la lettre du 26 mars 1764 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/05/02/j-ai-toujours-dit-ce-que-j-ai-pense-et-je-ne-connais-aucun-cas-dans-lequel.html

L'édition de La Dunciade, ou la Guerre des sots, poème dont V* parle ici est de Chelsea et est présente dans sa bibliothèque ; elle ne comprend que trois livres . V* acquiert plus tard l'édition de Londres , 1771 ; voir lettre du 4 avril 1764 à Palissot : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/07/correspondance-annee-1764-partie-12.html

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