10/03/2022
vous ne vous souciez guère des affaires de Genève ; elles sont fort ridicules
... La preuve : https://www.20min.ch/fr/story/referendum-de-la-droite-con...
« A Jean-François-René Tabareau
[vers le 10 décembre 1766]1
Je fais mon compliment, monsieur, à la ville de Lyon sur les droits qui lui sont rendus ; mais je ne lui fais point mon compliment si elle pense qu'il y ait jamais eu un projet de déclarer Jean-Jacques le Cromwel de Genève . Il est vrai qu'on a trouvé dans les papiers du sieur Nieps un mémoire de ce polisson pour bouleverser sa taupinière, et je vous réponds que si Jean-Jacques s'avisait de venir, il courrait grand risque de monter à une échelle qui ne serait pas celle de la fortune . Mais vous ne vous souciez guère des affaires de Genève ; elles sont fort ridicules ; elles finiront de façon ou d'autre, comme le roi voudra . »
1 On a ici la première lettre à Tabareau conservée . Jean-François Tabareau fut directeur de la poste [aux lettres] de 1751 à 1792, d'abord avec un collègue jusqu'en 1760, puis seul . Son frère Nicolas-Jean-Gratien fut un moment contrôleur provisoire des postes . Ces renseignements ont été fournis par Alice Joly, conservatrice de la ville de Lyon . On sait qu'il existe à Lyon une rue Tabareau , qui conserve le nom de cette famille .
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La chose presse ; j’attends tout d’un cœur comme le vôtre
... Appel à chaque dirigeant en Europe et au-delà, tous les démocrates encore actifs . Le coeur parlera sans doute, obligatoirement soutenu par le portefeuille, si on veut bien rester réaliste . Seul le résultat sera pris en compte .
« A Marie-Françoise-Catherine de Beauvau-Craon, marquise de Boufflers-Remiencourt 1
Au château de Ferney, par Genève, 10è décembre [1766]
Madame,
Si mon âge et mes maladies me l’avaient permis, je serais sûrement venu vous faire ma cour, et à M. le prince de Beauvau, quand vous avez passé par Lyon. Vous allez en Languedoc ; votre premier plaisir sera d’y faire du bien. Je vous propose, madame, une action digne de vous, et dont tous les honnêtes gens de France vous auront obligation.
Il y a dans Toulouse un avocat célèbre, nommé M. de Sudre, qui osa seul défendre les Calas 2 contre l’abominable fanatisme qui a fait expirer sur la roue un vieillard innocent. Les Toulousains, ayant enfin ouvert les yeux, ont élu d’une voix unanime M. de Sudre pour premier capitoul ; la ville en présente trois, le roi en choisit un . Les deux autres n’ont point été nommés unanimement comme M. de Sudre. Il a pour lui de longs services, et l’honneur d’avoir seul protégé l’innocence, lorsque tout le monde l’abandonnait et la calomniait.
Je vous conjure, madame, d’obtenir que M. le prince de Beauvau soit le protecteur de ce digne homme auprès de M. le comte de Saint-Florentin . C’est une très grande obligation que je vous aurai à tous deux, et que je partagerai avec quelques millions d’hommes. La chose presse ; j’attends tout d’un cœur comme le vôtre.
Je suis avec un profond respect et un attachement inviolable,
de vous et de M. le prince de Beauvau
madame
le très humble et très obéissant serviteur.
Voltaire. »
2 Voir : Mémoire pour le sieur Jean Calas , négociant de cette ville, dame Anne-Rose Cabibel son épouse & le sieur Jean-Pierre Calas un de leurs enfants : https://tolosana.univ-toulouse.fr/fr/recherche/solr?page=...
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