03/02/2024
le gouvernement a-t-il six millions à dépenser, toutes charges payées ? c’est de quoi je doute fort. Ce serait à ceux qui ont des milliers de quarante écus de rente à se charger de ce grand ouvrage ; ils y gagneraient encore
... Voltaire doute, à juste titre, et moi aussi . Chose promise : les impôts ne vont pas augmenter , mais comment faire plus avec moins, mon peu de sens arithmétique est bousculé, aurait-on trouvé la pierre philosophale à l'Elysée ?
Quant aux actionnaires des riches multinationales , je les vois mal renoncer à leurs dividendes présents pour de possibles dividendes d'entreprises utiles pour beaucoup mais risquées . La dette de la nation n'est pas leur principal souci .
Quand mettra-t-on fin au lamentable et criant manque de logements pour les démunis ?
« A Antoine Deparcieux
A Ferney, le 17 Juin 1768.
Je déclare, monsieur, les Parisiens des Welches intraitables et de francs badauds, s’ils n’embrassent pas votre projet 1. Je suis de plus assez mécontent de Louis XIV, qui n’avait qu’à dire Je veux, et qui, au lieu d’ordonner à l’Yvette de couler dans toutes les maisons de Paris, dépensa tant de millions au canal de Maintenon.
Comment les Parisiens ne sont-ils pas un peu piqués d’émulation, quand ils entendent dire que presque toutes les maisons de Londres ont deux sortes d’eau qui servent à tous les usages ? Il y a des bourses très fortes à Paris, mais il y a peu d’âmes fortes. Cette entreprise serait digne du gouvernement ; il taille aux Parisiens leurs morceaux comme à des enfants à qui on ne permet pas de mettre la main au plat . Mais le gouvernement a-t-il six millions à dépenser, toutes charges payées ? c’est de quoi je doute fort. Ce serait à ceux qui ont des milliers de quarante écus de rente à se charger de ce grand ouvrage ; ils y gagneraient encore ; mais l’incertitude du succès les effraie, le travail les rebute, et les filles de l’Opéra l’emportent sur les naïades de l’Yvette . Je voudrais qu’on pût les accorder ensemble ; il est très aisé d’avoir de l’eau et des filles.
Comment M. Bignon 2 le prévôt des marchands, d’une famille chère aux Parisiens, qui aime le bien public, ne fait-il pas les derniers efforts pour faire réussir un projet si utile ? On bénirait sa mémoire. Pour moi, monsieur, qui ne suis qu’un laboureur à quarante écus, et au pied des Alpes, que puis-je faire, sinon de plaindre la ville où je suis né, et conserver pour vous une estime très stérile ? Je vous remercie en qualité de Parisien ; et quand mes compatriotes cesseront d’être welches, je les louerai en mauvaise prose et en mauvais vers tant que je pourrai.
J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que vous méritez, etc., serviteur
Voltaire.
Si M. Delalande 3 est à Paris, je vous supplie de vouloir bien lui présenter mes remerciements et mes respects . »
1 Voir lettre du 17 juillet 1768 à Depercieux : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/03/14/on-ne-plaint-point-son-argent-pour-avoir-un-opera-comique-et-6433073.html
2 Armand-Jérome Bignon d'uen illustre famille parisienne . Voir : https://www.academie-francaise.fr/les-immortels/armand-jerome-bignon
et https://fr.wikipedia.org/wiki/Armand-J%C3%A9r%C3%B4me_Bignon
3 Joseph-Jérôme Le François de Lalande : https://fr.wikipedia.org/wiki/Joseph_J%C3%A9r%C3%B4me_Lefran%C3%A7ois_de_Lalande
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