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28/02/2024

tout est net et clair ; je ne dois presque rien, et on me doit beaucoup

... Ioulia Navalnaïa  pourrait le clamer haut et fort à juste titre ; l'assassin Poutine l'a privée de son mari et poursuit tous ceux qui haïssent la corruption et prônent la liberté . Il va disparaitre , sans aucun doute les femmes ne le laisseront jamais en paix jusqu'à son dernier souffle . Vlad, toi et tes comparses vous allez voir bientôt votre fin . Les femmes russes sont les descendantes de celles qui ont vaincu le nazisme les armes à la main , ne l'oublions pas : https://fr.wikipedia.org/wiki/Femmes_sovi%C3%A9tiques_pen...

Voir : https://www.francetvinfo.fr/monde/russie/alexei-navalny/r...

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« A Marie-Louise Denis

A Ferney par Lyon et Versoix 23 juillet 1768

M. Du Buisson n'est point encore venu, ma chère nièce, mais j'ai reçu votre lettre du 16è juillet . Si nous avions, vous vingt-cinq ans et moi quarante, il serait fort doux de passer l'hiver à Paris et les trois autres saisons à Ferney; mais il ne me faut plus qu'un tombeau, et à vous une société consolante et des secours prompts pour votre santé qui commence à se déranger . Vous croyez à la médecine, Joly 1 en qui vous aviez confiance a quitté cette profession pour la perruque de conseiller . Il n'y a plus à Genève de médecin, et bientôt il n'y aura plus de chirurgien . Pour moi je me passe à merveille de tous ces messieurs, j'ai vécu sans eux et malgré eux soixante-quatorze ans ; je mourrai très bien de même . Tous les lieux me sont égaux pour finir ma carrière . Il ne me faut qu'un bon feu en hiver, et quelques prairies en été . S'il n'avait été question que de moi, je n'aurais jamais bâti Ferney . Le mieux qu'on puisse faire est de le vendre au plus tôt, pourvu qu'on en donne de quoi vous faire toucher sur-le-champ une somme considérable. Cela vous procurerait tout d'un coup toutes les commodités de la vie, en attendant vos rentes sur M. le duc de Virtemberg et sur M. l’Électeur palatin, qui ont assurées de la manière la plus juridique, et qui vous seront payées par des fermiers de trois mois en trois mois . L'arrangement que j'ai fait pour moi ne sera consommé que dans deux ans, mais tout est en sûreté, tout est net et clair ; je ne dois presque rien, et on me doit beaucoup .

M. d'Hornoy ne m'a point fait savoir s'il faut une procuration en forme, ou une simple prière de signer le compte de M. de Laleu . Je pense qu'il faudrait plutôt savoir simplement si M. de Laleu me doit quelque chose ; car peut-être après avoir rendu son compte ne voudrait-il plus avoir l'embarras de se charger de mes rentes . Je ferai sur cela ce qu'on voudra . Conférez-en bien avec votre neveu . Je le prie instamment d'éclaircir l'affaire de M. de Maulevrier . C'est M. de Maulevrier le fils qui doit deux mille livres de rente, et qui n'a point payé depuis dix années . Il est très riche par son mariage et fort en état de payer .

Je crois que le procureur boiteux pourra très bien faire payer M. de Maulevrier comme il a fait payer M. de Lézeau .

Ce sont encore des ressources pour vous et pour moi en attendant le temps où les arrangements pris avec M. le duc de Virtemberg auront leur exécution .

Je prie M. d'Hornoy de vouloir bien s'instruire de cette petite affaire, et d'engager M. de Laleu à faire réponse à ma dernière lettre, ce qui n'est pas trop aisé .

Après ce fatras de mes affaires temporelles, il faut dire un mot des affaires de griffonnage . J'ai bien peur que Damila se trompe quand il dit qu'on lui rendra son paquet . Il est vraisemblable qu'on ne le lui rendra point, puisque depuis deux mois on ne l'a point rendu . C'est tout ce qu'il pourrait espérer s'il était l'intime ami de M. de Sartines . Il doit savoir combien cette affaire est délicate . Je ne devrais pas y être mêlé . Il y avait trois petits paquets, l'un qui ne contenait pour vous qu'une lettre indifférente non signée ; les deux autres pour d'Alemb. et pour Damila, contenant, je crois des ouvrages suspects qu'un correspondant de Genève leur envoyait par cet étourdi de Delorme . Je crois que parmi ces livres il y avait une Princesse de Babylone, ce qui pourrait donner lieu de soupçonner que j'ai part aux autres ouvrages . Ces soupçons seraient à la vérité mal fondés, mais enfin on les aurait . Vous pouvez être sûre que M . de Sartines rend compte de tout . La sécurité de ce pauvre Damila donne de l’épouvante .

Je ne sais si M. de Chimène qui était ami de M. de Sartines pourrait le sonder en général sur mon compte, en se gardant bien de lui dire se quoi il est question ; et en s'en gardant d'autant mieux qu'il ne faudrait pas le dire, même à M. de Chimène . M. de Chabanon pourrait aussi beaucoup servir . M. de Sartines l’aime et pourrait lui dire si cette affaire est assoupie . Le mieux serait peut-être de vous ouvrir à Marin.

Il me paraît bien ridicule de m'imputer la foule innombrable de brochures que Marc-Michel Rey imprime, tandis que je passe comme vous savez, les jours et les nuits à faire Le Siècle de Louis XIV et celui de Louis XV . Je puis vous assurer que cet ouvrage sera utile à quiconque aime la vérité, la patrie et le roi . Je vous l'aurais déjà envoyé s'il n'avait plu à Cramer d'aller voyager uniquement pour son plaisir dans le temps que je me tue le corps et l’âme pour ses beaux yeux . Il est vrai pourtant que ce n'est pas pour lui précisément que je travaille .

Vous ne vous souciez guère, je crois, des colimaçons 2. Cependant j'ai coupé la tête à plusieurs de ces messieurs et ces têtes sont revenues . Comment a-t-on ignoré ce prodige depuis qu'il y a des colimaçons dans le monde ? Comment des têtes reviennent-elles ?

Adieu, je vous embrasse vous et les vôtres.

V. »

1Après avoir résigné ses fonctions de conseiller le 12 avril 1768 ; Gaspard Joly en a été de nouveau chargé à sa propre demande le 21 juin .Voir : https://gw.geneanet.org/rossellat?lang=fr&n=joly&oc=3&p=gaspard

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