27/03/2025
confondre le fanatisme des sots et [d’]enhardir la timidité des sages
... Vaste programme, comme aurait-dit le Général !
« A Jean-François-René Tabareau
Je ne vous appellerai plus mon cher ami, puisque vous m’appelez monsieur , mais je prie instamment votre raison, votre zèle pour la bonne cause et vos bontés pour moi, de confondre le fanatisme des sots et d’enhardir la timidité des sages.
On me mande que Les Guèbres doivent être joués à Fontainebleau, mais j’en doute beaucoup. Tout ce que je sais certainement, c’est qu’un de mes amis doit en parler avec vigueur à M. de Sartines. Il doit le prévenir sur le dessein de représenter la pièce à Lyon, afin que les fanatiques de Paris aient moins de prétextes pour crier. Je pense qu’il suffira que M. de Sartines vous mande qu’il ne s’oppose point aux spectacles que vous donnez dans votre ville, et qu’il s’en remet au goût et à la volonté de vos magistrats.
Je demandais le nom d’un médecin de Lyon pour avoir un prétexte de faire un petit voyage, en cas qu’on joue Les Guèbres. Comme je suis toujours malade, le prétexte est valable. La véritable raison était de venir vous embrasser.
Je pourrais comme un autre vous dire, monsieur, que je suis votre très humble et très obéissant serviteur , mais j’aime bien mieux être votre ami.
Voici un exemplaire 1 où il se trouve des changements qui n’étaient pas dans l’autre.
13 septembre 1769.2»
1 Des Guèbres.
2 Original ; éd. Voltaire à Ferney qui suppose la lettre écrite à Marin, ou peut-être à Tabareau . Nous pensons, avec Moland, que la seconde identification est la bonne ; Tabareau est lyonnais, non pas Marin .
15:40 | Lien permanent | Commentaires (0)
Vous savez quel brigandage a régné ... Voilà ce qui m’avait déterminé à sortir de France
... Déclaration impossible de Gérard Depardieu qui cherche par ailleurs tous les faux-fuyants possibles pour échapper à sa punition d'agresseur sexuel .
« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu
13è septembre 1769 à Ferney
En voici bien d’une autre, monseigneur ; M. de Chimène me mande que vous avez la bonté de faire jouer à Fontainebleau Les Guèbres. Je prends donc la liberté de vous les envoyer, quoiqu’ils me soient dédiés.
Vraiment, je vous serais très obligé si, au lieu de Tancrède ou de Mérope, qu’on connaît assez, on jouait Les Guèbres et Les Scythes, qu’on ne connaît point. Cela mettrait, ce me semble, plus de vivacité dans vos amusements de Fontainebleau ; et ce serait pour moi une grande consolation et beaucoup d’honneur de contribuer un moment à vos plaisirs.
Si vous avez lu l’Histoire du Parlement, vous avez trop de pénétration et de goût, avec trop de connaissance du temps présent, pour ne pas vous apercevoir que ces chapitres ne sont pas de la même main qui a écrit les premiers. Presque toutes les anecdotes sont fausses. On a pris le conseiller Vesigny pour le vieux président de Nassigny. On suppose que tous ceux qui ont assisté au procès de Damiens ont eu des pensions, ce qui est également faux et ridicule. D’ailleurs, ces chapitres sont écrits très grossièrement, et avec une impropriété de langage qui révolte 1.
Vous savez quel brigandage a régné dans la Compagnie des Indes et au Canada ; il n’y en a pas moins dans la république des lettres. Voilà ce qui m’avait déterminé à sortir de France, et si j’y suis rentré, ce n’est pas bien avant. Vos bontés me consolent de tout. Agréez le tendre respect de votre vieux serviteur, qui sera pénétré pour vous tant qu’il vivra de son inutile et inviolable attachement.
V. »
1 On voit que V* a exploité une idée jetée en passant par Mme Du Deffand , et il cherche à faire croire que la fin de l'Histoire du Parlement n'est pas de lui .Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1769/Lettre_7645
15:19 | Lien permanent | Commentaires (0)