14/09/2025
Les lettres aux ministres dans lesquelles on ne leur demande rien, et qui les instruisent simplement des faits, sont toujours bien reçues
... On en a la preuve chaque jour, quelque soit le ministre, du premier au plus obscur ministre délégué . Combien d'illustres inconnus allons-nous voir bientôt ?
« A François de Caire
A Ferney jeudi matin [ 5 avril 1770 ]
Bideleux 1 qui loge au château de Ferney, ce même homme qui fait baptiser son fils comme Français, et qui prend huit bannis pour parrains, s'est avisé de faire porter à Genève hier par mon courrier un paquet contenant trois exemplaires de la lettre circulaire des Natifs 2 . Un auditeur à arrêté mon courrier dans la rue et lui a pris son paquet .
Ce courrier que j'ai l’honneur d'envoyer à monsieur de Caire, dit que l'auditeur lui demanda : N'êtes-vous pas le courrier de Versoix ? Et qu'il répondit : Je le suis . J'ignore si l'auditeur est instruit que ce garçon soit mon courrier . Mais il est vrai qu'il ne l'a arrêté que comme messager venant de Versoix, que comme Français venant de Genève et qu'il lui a pris son paquet, au hasard, sans pouvoir savoir ce qu'il contenait . Il est donc clair que ce polisson d''auditeur a cru insulter les Français, qu'il a cru quand il lui a pris son paquet, prendre celui d’un Français, et peut-être un paquet de monsieur de Caire .
Ce n'est que dans une guerre ouverte qu'on en use ainsi . Je pense que monsieur de Caire peut écrire le fait au ministre, sans dire de quelle part venait le courrier . Il suffit qu'un auditeur ait eu l’insolence d'arrêter un homme et de le voler sous prétexte que cet homme venait de Versoix . Cet excès d’impertinence redoublera les bons sentiments que le ministre conserve pour cette cohue ; et ne peut faire qu'un effet avantageux . On s'en remet entièrement à la prudence de monsieur de Caire . Les lettres aux ministres dans lesquelles on ne leur demande rien, et qui les instruisent simplement des faits, sont toujours bien reçues . L'auditeur qui a dévalisé un Français, et qui a cru dévaliser un Français de la nouvelle ville où monsieur de Caire commande, s'appelle Naville 3 .
On présente ses respects à monsieur de Caire .
V. »
1 Antoine Bideleux ; voir Genève ACL, LXXXIX, 286-287. Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b100000282/f161.item
et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b100000282/f162.item
2 Lettre circulaire des Natifs de Genève sur la dernière révolution de cette république, 1770 ; elle a été composée par Jean-Pierre Bérenger, mais également signée par Auzières et d'autres : https://books.google.fr/books?id=h9QCFAGNWA0C&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
3 Pierre Naville ; les archives de Genève ARC, CCLXXI, 261-262, mentionnent la saisie de sept exemplaires de la Lettre circulaire opérée par ses soins .Voir : https://gallica.bnf.fr/services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&startRecord=0&maximumRecords=15&page=1&query=%28gallica%20all%20%22pierre%20naville%22%29%20and%20%28subgallica%20all%20%221770%20gen%C3%A8ve%20saisie%22%29%20and%20%28subgallica%20all%20%22naville%22%29
et : https://www.geni.com/people/Pierre-Naville/6000000090024900920
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