08/11/2009
Elles s’en retournent guéries et embellies
http://www.youtube.com/watch?v=a5zUqpK65p0&feature=related
Surprise ?!
« A Jean –Robert Tronchin
à Lyon
8 novembre 1757 aux Délices
Mon cher correspondant, je vous fais mon compliment sur le galga. [Le bateau anglais qu’on a pris en Méditerranée est chargé de tapis de Turquie que V* peut avoir à « fort bon compte » par J-R Tronchin et Ami Camp.] . C’est à vous d’avoir des tapis de Turquie. Que le baron [Labat, baron de Grancour] prenne les plus larges, les plus beaux et moi chétif je me contenterai de ceux de dix pieds, onze pieds, douze pieds carrés, attendu que j’en ai d’immenses de vile et misérable moquette. Grand merci des deux paniers de vin de liqueur. Mme de Montferrat en boit fort peu. Elle est actuellement chez moi et M. de Montferrat couche à Genève auprès de son petit inoculé. Esculape Tronchin nous attire ici toutes les jolies femmes de Paris. Elles s’en retournent guéries et embellies. Il est allé au devant de Mme d’Epinay qui s’est trouvée mal sur le chemin de Lyon à Genève. Il lui rendra la santé, comme aux autres. Je ne crois d’autres miracles que les siens. Nous avons aussi l’abbé de Nicolaï qu’il arracha dans Paris à dix-huit saignées et à la mort. Enfin je vis et je le remercie pour ma part. Je vous dois aussi quelques actions de grâce pour vos bâtons de casse. Vous avez pris en ma faveur la dignité d’apothicaire. Vivons et que les annuités soient bien payées. Bonsoir, mon cher Monsieur.
V.
"Vivons et que les annuités soient bien payées" : ce voeu de Volti je l'adopte, bien que non actionnaire en quoi que ce soit . Vivons avec ce que nous avons serait plutôt mon crédo actuel .
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07/11/2009
de petits brouillons, de petits intrigants, à qui les petits talents qui font parvenir aux grandes places ne servent qu’à montrer leur ineptie aussitôt qu’ils y sont parvenus
Après l’orage d’hier (tempête sous un crâne, exactement !), un peu de calme sans mollesse, quand même , et le choix du titre de ce jour n'y est pas étranger (NDLR : je parle de la note).
Pour les plus doués d'entre vous, vous pourrez tout à votre guise, mettre le nom qui vous plait sur "petit intrigant" , je n'assure pas le SAV (Sarkozy A Venir ).
Relax:
http://www.youtube.com/watch?v=0mKV-mL0Mgg&NR=1&f...
Quant à la lettre de ce jour, je vous invite à aller voir illico la page de ce jour sur le "Dictionnaire philosophique" : article "P comme ..." http://www.monsieurdevoltaire.com/
(non pas comme ce que dit sans discontinuer un copain qui a décidé d'arrêter de fumer ; on se croirait à Amsterdam ! oui, à cause des p'tains, s'il faut que je vous explique mes blagues à deux balles !! Ignares que vous êtes !! )
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental et à Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental
7è novembre 1766
Vraiment, ça n’allait pas mal, j’étais en train. Je me disais : il y a là des choses qui plairont à mes anges [Allusion aux Scythes] ; cette idée me soutenait. Mais ô mes anges ! les tracasseries viennent en foule, elles tarissent la source qui commençait à couler. On me conteste la turpitude de notre ami Jean-Jacques. On soutient que Jean-Jacques était secrétaire d’ambassade à Venise, et qu’il avait seul le secret du ministère. M. le chevalier de Taulès [Barrau-Taulès, à Genève, collaborateur de l’ambassadeur Beauteville ; il avait fait d’intéressantes remarques sur le Siècle de Luis XIV] m’a apporté les originaux des lettres de Jean-Jacques [adressées à du Teil les 8 et 15 août 1744] où il n’est question que de coups de bâton, et point du tout de politique. Il s’est avéré que ce grand homme, loin d’avoir le secret de la cour [c'est-à-dire être le secrétaire d’ambassade], était copiste chez M. le comte de Montaigu, à deux cents livres de gages. M. l’ambassadeur et M. le chevalier de Taulès sont d’avis qu’on imprime ces lettres pour les joindre à l’éducation de l’Emile, dès qu’Emile sera reçu maître menuisier, et qu’il aura épousé la fille du bourreau [allusion à Emile, V].
Je conçois bien que la publication de la honte de Jean-Jacques pourrait servir à ramener à la raison le parti qu’il a encore dans Genève, et refroidirait des têtes qu’il enflamme, et qui s’opposent à la médiation [V* attribuait un rôle à JJ Rousseau dans le début des dissensions de Genève dès le 30 janvier 1766]. Mais comme ces lettres sont tirées du dépôt des Affaires étrangères je n’ose rien faire sans le consentement de M. le duc de Praslin et de M. le duc de Choiseul. Je remets cette affaire, mes divins anges, comme toutes les autres, à votre prudence et à vos bontés. Il me parait essentiel que le ministère de France soit lavé de l’opprobre qui rejaillirait sur lui, d’avoir employé un Jean-Jacques ; c’est trop que des d’Eon et des Vergy [accusés d’avoir desservi d’Argental, par V* ; Treyssac de Vergy notamment dans les Lettres à Monseigneur le duc de Choiseul, Liège 1764]. La manière insultante dont ce malheureux Rousseau a parlé dans plusieurs endroits de la cour de France exige qu’on démasque ce charlatan aussi méchant qu’absurde [il écrivait le 6 novembre au chevalier de Taulès : « il n’est pas juste que Jean-Jacques passe pour avoir été une sorte de ministre de France, après avoir dit dans son contrat insocial, page 165, que ceux qui parviennent dans les monarchies ne sont que de petits brouillons, de petits intrigants, à qui les petits talents qui font parvenir aux grandes places ne servent qu’à montrer leur ineptie aussitôt qu’ils y sont parvenus. »]. Nous verrons si Mme la duchesse de Luxembourg et Mme de Boufflers le soutiendront encore ; on me mande qu’il est en horreur à tous les honnêtes gens, mais je sais qu’il a encore des partisans.
Dites-moi, je vous en prie, des nouvelles de Mlle Durancy. On est toujours fou d’Olympie à Genève ; on la joue tous les jours, le bucher tourne la tête, il y avait beaucoup moins de monde au bucher de Servet quand vingt-cinq faquins le firent brûler.
Je me mets au bout de vos ailes.
V. »
http://www.youtube.com/watch?v=B1wxGPn75ok&NR=1
Et maintenant, en toute sérénité je vais tirer quelques flèches bien concrètes, elles …
14:04 | Lien permanent | Commentaires (0)
06/11/2009
il n’y a point de fautes qui ne soient bien chères quand le cœur les fait commettre
"...il n’y a point de fautes qui ne soient bien chères quand le cœur les fait commettre"
Certains ont un portefeuille à la place du coeur, et ceux-là, pour ceux qui m'ont déjà lu, je considère que leurs fautes sont à mes yeux impardonnables . M.H. désormais le sait ! Ce que je raye est le nom d'un infréquentable qui sait de ce jour tout le bien que je pense de lui et je ne veux même pas écrire son nom ni le dire (sauf pour nécessité de service, comme on dit !).
Grosse colère, rage qui devait sortir . Mort aux faux-culs !
Mais je n'oublie pas dans mon ire : le lèche-cul !
Ouf, ça fait du bien parfois de s'exprimer, même mal. Les aigreurs d'estomac devront trouver une autre victime .
Et puis, merci Volti , je te lis et tu me permets de retrouver un humain que j'aime (sans oublier une humaine que j'aime itou ! )
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental
Dans un cabaret hollandais sur le chemin de Bruxelles ce 4 novembre [1743]
Mon cher et respectable ami, voilà horriblement de bruit pour une omelette [Allusion à une histoire que raconte V* dans ses Lettres à S. A. Mgr le prince de *** sur Rabelais : « Le conseiller au parlement Des Barreaux … passa… pour un athée … sur un conte qu’on a fait de lui … Un jeune homme … peut très bien dans un cabaret manger gras un samedi, et pendant un orage mêlé de tonnerre jeter le plat par la fenêtre en disant : Voilà bien du bruit pour une omelette au lard, sans … mériter l’affreuse accusation d’athéisme. » . Mme du Châtelet s’est plainte à plusieurs reprises à d’Argental, disant que V* ne lui avait écrit depuis longtemps qu’un billet en passant dans un cabaret et qu’il tardait à revenir. Elle demandera à d’Argental d’écrire à V*.]. On ne peut être ni moins coupable ni plus vexé. Je n’ai pas manqué une poste. Ce n’est pas de ma faute si elles sont très infidèles dans les chemins de traverse de l’Allemagne, et puisqu’on envoya en Touraine une de vos lettres adressée en Hollande, on peut avoir fait de plus grandes méprises dans la Franconie et dans la Vestphalie. J’ai été un mois entier sans recevoir des nouvelles de votre amie [Mme du Châtelet], mais j’ai été affligé sans colère, sans croire être trahi, sans mettre toute l’Allemagne en mouvement [Pour avoir des nouvelles de V*, Mme du Châtelet envoie un courrier en Hollande et en Allemagne ; V* le dit dans une lettre à Amelot de Chaillou le 10 octobre.] . Je vous avoue que je suis très fâché des démarches qu’on a faites .Elles ont fait plus de tort que vous ne pensez, mais il n’y a point de fautes qui ne soient bien chères quand le cœur les fait commettre. J’ai les mêmes raisons pour pardonner, qu’on a eu de se mal conduire. Vous auriez grand tort, mon cher ange, de m’avoir condamné sans m’entendre. Et quel besoin même aviez-vous de ma justification ? Votre cœur ne devait-il pas deviner le mien ? et n’est-ce pas au maître à répondre du disciple ? Je me flatte que vous me reverrez bientôt à l’ombre de vos ailes, que vous me rendrez plus de justice, et que vous apprendrez à votre amie à ne point obscurcir par des orages un ciel aussi serein que le nôtre. Mille tendres respects à tous les anges.
V.
Ce 6 novembre.
J’arrive à Bruxelles, où je jouis du bonheur de voir votre amie, en bien meilleure santé que moi, je me croirai parfaitement heureux quand l’un et l’autre nous aurons la consolation de vous embrasser.
Je sens ma joie toute troublée par la maladie de Mme d’Argental. J’ai reçu une ancienne lettre de M. le commandeur de Solare. Je vais lui répondre. Je me flatte que l’un de mes deux anges l’assurera bien qu’il n’est pas fait pour être oublié. Tous ces ministres de Sardaigne sont aimables. J’en ai vu dont je suis presque aussi content que de M. de Solare. Adieu couple charmant, adieu divinités de la société et de mon cœur.
V.
19:30 | Lien permanent | Commentaires (0)
05/11/2009
votre très humble et très pauvre secrétaire des niaiseries
http://www.youtube.com/watch?v=88dOSmJiuIs&feature=related
" Qu’est ce que tu voulais que j’lui dise ? "
D'accord, pas grand chose à voir avec la lettre qui suit .
Mais ce jour je réécoute Benabar, - et je me permets même de faire des dédicaces par mail qui pourront paraitre sottes ou pire (pourvu que non !! ), mais j'assume (trop fort ce James ;-))- et je découvre. Ses chants d'amour décoiffent et ses descriptions de la société valent le détour.
"Pas contemporain des Pharaons, ni du siècle des Lumières..." dit-il (et je vous assure qu'il ne pense pas à cet instant aux guirlandes de Noël qui se tressent en ce moment ! ), ce gars-là m'a plû, et puis a été un peu noyé, -en tout cas à mes oreilles-, dans le souk radiophonique ambiant .
Ce jour, j'ai un peu de vague à l'âme, mêlé de joie, et Benabar tombe à point. Il connait tous les sentiments et les chante bien, en tout cas, moi je trouve !
Il a une immense qualité, comme Volti, il pratique l'humour et va même jusqu'à l'autodérision.
En temps que secrétaire des niaiseries modernes, je vous laisse apprécier ce qui suit .
« A Philippe II, duc d’Orléans, régent de France
Faudra-t’il que le pauvre Voltaire ne vous ai d’autres obligations que de l’avoir corrigé par une année de Bastille ? [Du 16 mai 1717 au 14 avril 1718, condamné comme auteur du Regnante puero / Veneno et incestis famoso/ Administrante … eu d’autres « vers très exécrables » contre le régent et sa fille, sur les rapports « des sieurs d’Argenteuil et Beauregard » auxquels il avait accordé sa confiance sans se rendre compte qu’ils étaient de la police.].Il se flattait qu’après l’avoir mis en purgatoire, vous vous souviendriez de lui dans le temps que vous ouvrez le paradis à tout le monde. Il prend la liberté de vous demander trois grâces : la première de souffrir qu’il ait l’honneur de vous dédier la tragédie qu’il vient de composer [Œdipe , qui sera représentée le 18 novembre 1718, obtiendra un privilège le 19 janvier 1719, mais sera dédiée à « Son Altesse Royale Madame » = princesse Palatine, et non au Régent.], la seconde de vouloir bien entendre quelque jour les morceaux d’un poème épique [la Henriade] sur celui de vos aïeux auquel vous ressemblez le plus, et la troisième de considérer que j’ai l’honneur de vous écrire une lettre où le mot de souscription ne se trouve point.
Je suis avec un profond respect
Monseigneur
de Votre Altesse Royale
votre très humble et très pauvre
secrétaire des niaiseries
Voltaire. [Il signe encore « Arouet » en mai 1718, dès juin certaines sont signées « Arouet de Voltaire ». Celle-ci dont on possède le manuscrit autographe est signée « Voltaire ». Vers mars 1719, il explique à Jean-Baptiste Rousseau qu’il « a été si malheureux sous le nom d’Arouet qu’ (il) en (a) pris un autre surtout pour ne plus être confondu avec le poète Roy. »]
Novembre ( ?) 1718. »
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