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20/11/2009

la mort seule peut s’opposer au désir extrême que j’ai

Il va sans dire que ce doit être une mort par décapitation ! Et sachez que je donne tout ce qui peut sauver encore une vie et dont je n'aurai plus besoin dans l'autre monde ...

Je ne conçois pas une mort lente qui me rende crapoteux d'abord, lamentable à fréquenter, un vieux con pour tout résumer !!

Le jour où je n'aurai plus de désir(s) , je demande qu'on appelle le vétérinaire et qu'on me pique ! Ce jour là je ne vaudrai pas mieux que Stewble ... http://www.youtube.com/watch?v=LjQgdFhz8lE

 

En  fait, vous qui ne fréquentez pas Volti, vous qui - oh ! malheur - le détestez peut-être !  je vous le dis : Volti est un élixir de longue vie et j'en prends une dose quotidienne . Plus fort que le Bio ! Plus efficace que les toubibs !

 

 

 

rose rouge.jpg

 

 

 

 

« A Charles-Joseph Panckoucke

Libraire, etc. à l’hôtel de Thou à Paris

 

                            Je reçois, Monsieur, avec autant d’étonnement que de reconnaissance, votre lettre du 10è novembre et vos paquets [le premier volume de l’Encyclopédie méthodique, que V* disait. « attendre avec empressement le 23 août, et les Mémoires de l’Académie des Sciences qui lui manquent et qu’il demanda le même jour] .Vous faites revivre le temps des Robert Estienne, vous rendez la typographie aussi estimable qu’elle doit l’être. Bien d’autres libraires sont éloignés de vous ressembler.

 

                            Je commence par vous dire que je veux absolument connaitre le prix des volumes de l’Académie des Sciences, et vous les payer.

 

                            J’ajoute que je vous prie très instamment de retrancher les louanges que je ne mérite pas ; elles ont comme mes statues et comme les beaux vers dont M. de Saint-Lambert m’honora [dans le poème Les saisons qui entraina une polémique avec Clément], tout cela m’attira des ennemis et des libelles. Vous connaissez la rage de la canaille de la littérature. Je ne crois pas qu’il y ait rien dans Paris de plus lâche et de plus méprisable. Non seulement je travaillerai pour vous, mais j’y travaille dans l’instant même. J’y passerai les jours et les nuits tant que la nature m’accordera des nuits et des jours. Vous aurez avant trois mois huit ou dix volumes conformes à votre plan, remplis de pièces nouvelles, et de pièces corrigées. Je vous fournirai, à moins que je ne meure, de quoi faire une édition assez curieuse qui fera amende honorable pour toutes ces éditions suisses, genevoises, hollandaises, dans lesquelles on m’a défiguré [V* commence la révision de la collection de ses Œuvres complètes, et on en a trouvé trace  sur deux exemplaires de sa bibliothèque. La réédition ne se fera que par « l’édition de Kehl » ].

 

                            Ne soyez point surpris si je vous promets tant de volumes dans trois mois. Quand on travaille dans la solitude douze heures par jour, on ne laisse pas de faire de la besogne quelque faible et quelque malade que l’on soit .On oublie ses quatre-vingt-quatre ans, on rajeunit avec vous. Enfin la mort seule peut s’opposer au désir extrême que j’ai de mériter ce que vous faites pour moi.

 

                            Adieu, sans cérémonie, mon cher ami.

                            LE VIEUX MALADE V.

 

A Ferney 20 novembre 1777. »

 

 

Et puis quoi ?

So  what ? http://www.youtube.com/watch?v=qlIU-2N7WY4&feature=re...

 

 

19/11/2009

Consolez par un mot une âme qui en a besoin

http://www.youtube.com/watch?v=zuHQgmoSKGs

 

 

 

J'ai eu droit à quelques réflexions : "comment ça se fait ? pas de notes depuis plusieurs jours, ce n'est plus tolérable ! quel manque d'assiduité ! " , etc ...

J'exagère un petit peu , mais je l'ai ressenti ainsi, sans m'en sentir coupable pour autant croyez moi !

 

 

Eh ! Oh ! Quelqu'un veut-il bien m'offrir le haut débit et l'ordi qui va avec ?

 

Je fais comme je peux, quand je peux ! Et si je veux, d'abord !

 

 ... Et dire que je me décarcasse pour vous offrir le meilleur : un peu d'intimité avec Volti (ceux qui me fréquentent savent déjà depuis longtemps que j'ai donné ce surnom affectueux à Voltaire ), un ami qui vous veut du bien .

 

Profitez-en, tant que je peux garder un peu de bon sens et deux doigts pour le clavier.

 

Il parait que Job sur son tas de fumier estimait que le bonheur était d'avoir une puce et encore un doigt pour se gratter . Moi, vous voyez, je suis plus exigeant : avec  la puce du PC, j'ose demander encore deux doigts, dont un pour gratter la souris (quelle ménagerie ! ) .

 

 

Allez ! instruisez-vous et suivez ce sacré bonhomme que j'admire .

 

Histoire de Lyon populaire

 

  LA FAUTE AUX ANGLAIS 
 

"Un de nos correspondans nous avait prié de demander à nos lecteurs le nom de la servante qui fut condamnée à Lyon vers 1772 , et dont Voltaire parle dans son Dictionnaire philosophique , art. Supplices , 3.e section . et la date de l'arrêt ( Voy. plus haut, p. 72 ). Ce renseignement nous est enfin parvenu. La servante condamnée à être pendue et étranglée , et qui le fut en effet sur la place des Terreaux , se nommait Antoinette Toutan. Son crime était d'avoir volé à Antoinette Drivet, veuve Obriot, tenant l'auberge du Palais royal , non pas douze , comme l'a dit Voltaire, mais vingt-huit serviettes ; elle était en outre véhémentement soupçonnée d'avoir aussi volé à un Anglais , logé dans ladite auberge , une tabatière de porcelaine, et à la fille de cet Anglais , une manchette de mousseline brodée. La sentence de mort prononcée contre elle, par le lieutenant criminel de la sénéchaussée de Lyon , le 6 mars 1772, et dont elle s'était rendue appelante, fut confirmé par arrêt du conseil supérieur , en date du 13 du même mois."

 

 

 

 

 

 

 

 A lire, et relire, impérativement :

 

 

http://www.voltaire-integral.com/Html/20/supplices.htm

 

 

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

Conseiller d’honneur du Parlement

Rue de la Sourdière à Paris.

 

A Lyon au Palais Royal [c’est une auberge] 20 novembre 1754.

 

                            Me voilà à Lyon, mon cher ange [depuis le 15 novembre ; il partira le 10 décembre pour Genève]. M. de Richelieu a eu l’ascendant sur moi de me faire courir cent lieues. Je ne sais où je vais ni où j’irai. J’ignore le destin de La Pucelle et le mien [le 7 novembre, il écrivait : « On me mande qu’on imprime La Pucelle, que Thiriot en a vu les feuilles, qu’elle va paraitre … Fréron semble avoir annoncé cette édition … Ce qu’il y a de plus affreux, c’est qu’on dit que le chant de l’âne s’imprime tel que vous l’avez vu d’abord, et non tel que je l’ai corrigé depuis ». Dans ce chant, V* décrivait les relations de Jeanne avec un âne .]. Je voyage tandis que je devrais être au lit ; et je soutiens des fatigues et des peines qui sont au-dessus de mes forces. Il n’y a pas d’apparence que je voie M. de Richelieu dans sa gloire aux Etats de Languedoc [lettre du 23 octobre à la comtesse de Lutzelbourg : « M. de Richelieu fait ce qu’il peut pour que j’aille passer l’hiver en Languedoc et Mme la margrave de Bareith (qu’il a vue le 23 octobre à Colmar) voulait m’y mener. »]. Je ne  le verrai qu’à Lyon en bonne fortune ; et je pourrais bien aller passer l’hiver sur quelque coteau méridional de la Suisse.

 

                            Je vous avouerai que je n’ai pas trouvé dans M. le cardinal de Tencin les bontés que j’attendais de votre oncle [Le cardinal avait fait savoir publiquement qu’il ne recevrait pas V* à diner . Celui-ci s’en plaint encore à Richelieu le 5 janvier 1755.]. J’ai été plus accueilli et mieux traité de la margrave de Bareith qui est encore à Lyon. Il me semble que tout cela est au rebours des choses naturelles. Mon cher ange, ce qui est bien moins naturel encore c’est que je commence à désespérer de vous revoir. Cette idée me fait verser des larmes. L’impression de cette maudite Pucelle me fait frémir ; et je suis continuellement entre la crainte et la douleur. Consolez par un mot une âme qui en a besoin et qui est à vous jusqu’au dernier soupir.

 

 

                             Mme Denis devient une grande voyageuse, elle vous fait les plus tendres compliments.

 

 

 

                            V.

15/11/2009

Mes tentations sont allées au diable d’où elles venaient

Ce jour est à marquer d'une pierre blanche , ce qui est paradoxal en découvrant Kamini .
Je suis à priori contre le rap, comprenez-moi, la musique rap !
Pour les textes, pour autant que j'arrive à les capter (NDLR : les comprendre ! ) j'ai des moments de grande solitude et d'autres de grande joie . Kamini m'offre la  deuxième option : entre autres perles (non , non ! je ne trouve pas que j'exagère ) : http://www.youtube.com/watch?v=OWgZu4WW64Q
Décalé, déjanté ? oui, comme a paru Newton aux yeux de certains !
Volti fait un petit mea culpa, suivi d'un belle profession de foi ! Alléluiah !!!
IsaacNewton-1689.jpg

 

 

 

« A Pierre-Louis Moreau de Maupertuis

 

                            Pardon, Monsieur. . Votre première lettre m’a baptisé dans la religion newtonienne, votre seconde m’a donné la confirmation. En vous remerciant de vos sacrements. Brûlez, je vous prie mes ridicules objections, elles sont d’un infidèle. Je garderai à jamais vos lettres. Elles sont d’un grand apôtre de Newton. Lumen ad revelationem gentium.[Luc, évangile ]. Je suis avec bien de l’admiration, de la  reconnaissance et de la honte votre très humble et indigne disciple [Maupertuis vient de publier le Discours sur les différentes figures des astres    … avec une exposition abrégée des systèmes de M. Descartes et de M. Newton . V* et Maupertuis se brouilleront pendant le séjour en Prusse vingt ans plus tard ]

 

 

                            Voltaire.

A Fontainebleau ce samedi [15 novembre 1732]. »

14/11/2009

quand James ne peut, LoveV le fait

O rage ! O documentation ennemie !

Que n'ai-je donc cherché avec ma mie !

J'eusse trouvé sans peine cette lettre

Qui se dérobe, et ne peut mettre

En ligne, ce quatorze novembre,

Qu'un lien . Nul ne peut le distendre ,

Pas plus que celui qui nous unit,

Et fait de nous des amis.

Belle sans fard, vive sans méchanceté,

Elle aime Voltaire , et depuis l'été, peut-être,

Un peu James , grand copieur de lettres.

Du moins, le rêve-t-il !

 

 

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Courrier du jour :

Lettre à M. l’Abbé Desfontaines

A Cirey,le 14 Novembre.

 

http://www.monsieurdevoltaire.com/pages/Annee_1735_Partie... 

 

 

 

 

 

13/11/2009

je tremble toutes les fois que je vous présente un article

http://www.wat.tv/video/ray-charles-for-mama-1jd8u_18ept_...

Si vous n’avez pas les larmes aux yeux, vous êtes des cœurs de pierre !

Seul le hasard m’a fait trouver cette version de La Mamma, et mon affection pour Ray ne fait qu’en grandir, si c’était encore possible .

ray charles.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

«A Jean Le Rond d’Alembert

 

                   Aux Délices, où nous voudrions bien vous tenir, 13 novembre 1756

 

 

                            Mon cher Maître, je serai bientôt hors d’état de mettre des points et des virgules à votre grand trésor des connaissances humaines [l’Encyclopédie]. Je tâcherai pourtant, avant de rejoindre l’archimage Yebor [anagramme de Boyer mort en 1755, et nom d’un personnage de Zadig] et ses confrères, de remplir la tâche que vous vouliez me donner.

 

                            Voici Froid et une petite queue à Français [les deux dernières colonnes de l’article qui traitent de l’histoire de la langue.] par un a, Galant et Garant ; le reste viendra si je suis en vie.

 

                            Je suis bien loin de penser qu’il faille s’en tenir aux définitions et aux exemples [le 9 octobre V*  lui avait écrit : « Je suis encore fâché qu’on fasse des dissertations … Je voudrais partout la définition et l’origine du mot avec des exemples. »]  ; mais je maintiens qu’il en faut partout, et que c’est l’essence même de tout dictionnaire utile. J’ai vu par hasard quelques articles de ceux  qui se font, comme moi les garçons de cette grande boutique ; ce sont, pour la plupart, des dissertations sans méthode. On vient d’imprimer dans un journal l’article Femme, qu’on tourne horriblement en ridicule. Je ne peux croire que vous ayez souffert un tel article dans un ouvrage si sérieux : Chloé presse du genou un petit-maître, et chiffonne les dentelles d’un autre [le texte exact est : «  … à une table de jeu… elle (Chloé) répond du genou à l’un , serre la main d’un autre en louant ses dentelles , et jette en même temps quelques mots à un troisième. » L’article est signé par Desmahis.]. Il semble que cet article soit fait par le laquais de Gil Blas.

 

                            J’ai vu Enthousiasme [de Cahusac], qui est meilleur ; mais on n’a que faire d’un si long discours pour savoir que l’enthousiasme doit être gouverné par la raison. Le lecteur veut savoir d’où vient ce mot, pourquoi les anciens le consacrèrent à la divination, à la poésie, à l’éloquence, au zèle de la superstition ; le lecteur veut des exemples de ce transport secret de l’âme appelé enthousiasme ; ensuite il est permis de dire que la raison qui préside à tout, doit aussi conduire ce transport. Enfin je ne voudrais dans votre Dictionnaire  que vérité et méthode. Je ne me soucie  pas qu’on me donne son avis particulier sur la Comédie, je veux qu’on m’en apprenne la naissance et les progrès chez chaque nation : voilà ce qui plait, voilà ce qui instruit. On ne lit point ces petites déclamations dans lesquelles un auteur ne donne que ses propres idées qui ne sont qu’un sujet de dispute. C’est le malheur de presque tous les littérateurs d’aujourd’hui. Pour moi, je tremble toutes les fois que je vous présente un article. Il n’y en a point qui ne demande le précis d’une grande érudition. Je suis sans livres, je suis malade, je vous sers comme je peux. Jetez au feu ce qui vous déplaira.

 

                            Pendant la guerre des parlements et des évêques [le roi devra tenir un lit de justice le 13 décembre ], les gens raisonnables ont beau jeu, et vous aurez le loisir de farcir l’Encyclopédie de vérités qu’on n’eût pas osé dire il y a vingt ans ; quand les pédants se battent, les philosophes triomphent.

 

                            S’il est temps encore de souscrire, j’enverrai à Briasson l’argent qu’il faut : je ne veux pas de son livre autrement. Mme Denis vous fait les plus tendres compliments ; je vous en accable. Je suis fâché que le  philosophe Duclos ait imaginé que j’ai autrefois donné une préférence à un prêtre sur lui [V* a certainement soutenu l’abbé La Ville –protégé du marquis d’Argenson- contre Duclos lors d’une élection à l’Académie en juin 1746]; j’en étais bien loin, et il s’est bien trompé. Adieu, achevez le plus grand ouvrage du monde.

 

                            Voltaire. »

11/11/2009

Nous nous ramentevons ici qu’il y a six semaines en ça que nous prîmes la liberté

http://www.dailymotion.com/video/x6pvib_erroll-garner-196...

Entre quelques pots de confiture (que je fais de mes rouges mains ) et pendant le repassage, je ne sais quelle idée m'a pris de réécouter du bon vieux jazz , d'où ce morceau d'Errol Garner qui me donne envie de sautiller et qui en tout cas ne rend pas morose. J'aimerais bien toucher le clavier du PC aussi lestement que lui, celui de son piano !

 

errol garner.jpg

 

 

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

                            Le vieux ministre de Statira [personnage de la tragédie intitulée Statira ou Cassandre ou Olympie] ci-devant épouse d’Alexandre ayant reçu très tard la déduction du comité [les critiques de d’Argental et ses amis] , ne peut  aujourd’hui que remercier Leurs Excellences, et leur faire les plus sincères protestations de la reconnaissance qu’il leur doit. Mais n’ayant pu consulter encore sa cour il est très fâché de ne pas apporter un aussi prompt redressement qu’il le voudrait, aux griefs de Leurs Excellences. Son auguste souveraine Statira a pris le mémoire ad referendum mais comme elle est malade d’une suffocation qui la fera mourir au quatrième acte, son conseil aura l’honneur d’envoyer incessamment à votre cour les dernières volontés de cette auguste autocratrice.

 

                            J’aurai l’honneur de vous donner part que j’envoyai il y a onze jours la feuille importante concernant les intérêts de la demoiselle Dangeville, attachée à la cour de France [c’est_à-dire : actrice de la Comédie française ; elle aurait été mécontente de n’avoir pas le premier rôle], et pour laquelle nous aurons tous les égards à elle dus ; que cette pièce importante était adressée à M. de l’Amilaville [Damilaville] avec un gros paquet de Grizel,[Conversation de M. l’intendant des menus en exercice avec M. l’abbé de Grizel, datée du 20 mai 1761 ; elle répond au réquisitoire de maître de Dains qui attaquait le théâtre, les comédiens et leur défenseur Huerne ; voir lettres des 6 mai, 31 mai, 21 juin, 7 août 1761], de Car, de Ah ah [qui attaquent Lefranc de Pompignan (et ses œuvres) qui avait prononcé un discours de réception à l’Académie antiphilosophique], et de chansons intitulées Moïse Aaron [à savoir la Chanson en l’honneur de maître Lefranc de Pompignan, qui commence par : « Moîse, Aaron, / Vous êtes des gens d’importance » ; Lefranc aurait « prié M. Dupré de Saint-Maur, qui (le) recevait à l’Académie , de (le) comparer à Moïse …, et M. (son) frère à Aaron. ». Tous ces pamplets sont de V*]. Nous craignons que malgré la bonne harmonie et correspondance des deux cours on  n’ait saisi notre paquet comme trop gros, et qu’on l’ait porté à Sa Majesté Très Chrétienne qui sans doute en aura ri, et auquel nous souhaitons toutes sortes de prospérités.

 

                            Nous avons aussi dépêché à Vos Excellences copie des dits mémorials intitulés Grizel, Gouju [La Lettre de Charles Gouju à ses frères au sujet des révérends pères jésuite], Car, Ah ah, Moïse et Aaron ; et nous sommes en peine de tous nos paquets, pour lesquels nous réclamons le droit des gens.

 

                            Et pour n’avoir rien à nous reprocher, non seulement nous vous expédions par le présent courrier les lettres patentes pour le cinquième acte de la demoiselle Dangeville au confident Damilaville, recommandant expressément que le tout soit intitulé Le Droit du Seigneur.

 

                            Nous nous ramentevons ici qu’il y a six semaines en ça que nous prîmes la liberté de vous adresser un paquet énorme pour Mme du Deffand duquel paquet et de laquelle dame nous n’avons depuis entendu parler.

 

                            Nous laissons le tout à considérer à votre haute prudence et nous vous renouvelons les assurances de notre sincère et respectueux attachement ; donné à Ephèse dans la cellule de  sœur Statira.

 

                            Voltaire

                            Le 11 novbre 1761 au soir. »

 

 

 

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Marie-Anne Botot Dangeville par Quentin Latour

10/11/2009

La justice rendue gratuitement...

"La justice rendue gratuitement..." : ça ne vous épate pas un tel projet ?

Et c'est Voltaire, au dix-huitième siècle qui demande celà . C'est un gaillard qui, - bec et ongles-, se bat contre l'injustice ( le bec et ongles est voulu, il se battait avec son arme favorite : la plume ! ), qui est outré par les frais de justice (si on peut encore parler de justice ! ) . Il serait encore malheureusement outré de nos jours .

Point de pognon, point de défense !

Point de défense = croupir dans des prisons qui font la honte d'un pays prétendu civilisé ! Songez-y, braves bloggers et lecteurs ! Pas besoin d'aller dans des pays exotiques pour connaitre l'école de la haine et du crime par l'enfermement !

Pauvre France ! Ta justice fout le camp !!! Ta justice est foutue !!!

 

 

 

justice.jpg

 

 

 

 

 

« Au chevalier Jacques de Rochefort d’Ally

 

                            9 novembre 1771

 

 

                   Vous pardonnerez sans doute, mon cher militaire philosophe [allusion au Militaire Philosophe de Naigeon, imprimé d’après un ancien manuscrit ], au vieux malade qui parait si négligent, mais il sera toujours pénétré pour vous de la plus tendre amitié. Je prends la liberté d’en dire autant  à Mme Dix-neuf ans [jeune femme du chevalier que V* appelait auparavant « madame Dix-huit ans »] qui est tout aussi philosophe que vous.

 

                            Je ne vous ai point envoyé La Méprise d’Arras [La Méprise d’Arras (Lausanne 1771), composée en faveur de Monbailli et de sa femme accusés d’avoir tué la mère de Monbailli]. Premièrement le paquet était trop gros ; en second lieu, ayant été mieux informé j’ai su que l’avocat avait fait un roman plutôt qu’un factum [Le Mémoire à consulter pour François-Joseph Monbailli, daté du 8 janvier 1771, et signé Louis ], et qu’il avait joint au ridicule de la déclamation puérile le malheur de mentir en cinq ou six endroits importants. Ce bavard m’avait induit en erreur. Ainsi on est obligé de supprimer La Méprise. Le malheureux qui a été condamné à la roue était assurément très innocent. Sa femme condamnée à être brûlée était plus innocente encore ; mais l’avocat n’en est qu’un plus grand sot d’avoir affaibli une si bonne cause par des faussetés, et d’avoir détruit des raisons pitoyables. J’ignore actuellement où cette affaire abominable en est ; je sais  seulement que la malheureuse veuve de Monbailli n’a point été exécutée [elle fut acquittée et son mari réhabilité]. Il est arrivé à cette infortunée la même chose qu’aux prétendus complices du chevalier de La Barre : le supplice de ce jeune officier qui serait certainement devenu un homme de très grand mérite arracha tant de larmes et excita tant d’horreur, que les misérables juges d’Abbeville n’osèrent jamais achever le procès criminel de ces pauvres jeunes gens qui devaient être sacrifiés au fanatisme. Ces fatales catastrophes qui arrivent de temps en temps, jointes aux malheurs publics, font gémir sur la nature humaine. Mais que mon militaire philosophe soit heureux avec Mme Dix-neuf ans : il est de l’intérêt de la Providence que la vertu soit quelquefois récompensée.

 

                            On vient de réformer le parlement de Dijon ; on en fait autant de Rennes et à Grenoble. Celui de Dombes, qui n’était qu’une excroissance inutile, est supprimé. Voilà toute cette grande révolution finie plus heureusement et avec plus de tranquillité qu’on avait osé l’espérer. La justice rendue gratuitement, et celle des seigneurs exercée aux dépens du roi, seront une grande époque et la plus honorable de ce siècle. Il y a de quoi se consoler de tant de malheurs attachés à notre pauvre espèce.

 

                            Vous ne retournerez à Paris qu’à la fin de décembre ; il faudra que vous alliez servir votre quartier, vous n’aurez guère le temps de voir M. d’Alembert ; mais si vous le voyez, je vous prie de lui dire que je voudrais passer le reste de ma vie entre vous et lui.

 

                            Notre ermitage vous renouvelle les sincères assurances de l’amitié la plus inviolable.

 

 

                            Voltaire »