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14/01/2010

O malheureux mortels! ô terre déplorable!

Ceux qui me lisent parfois, qui me relisent,  s'en sont peut-être (du moins je l'espère ) rendu compte : je peux être un parfait couillon, limite con (c'est vous qui voyez ! ). Circonstances atténuantes : je tente de me soigner avec l'un des meilleurs médecins : Voltaire .

Je disais donc, que dans ma grande anerie, j'ai parlé hier trop longtemps d'un évènement comme il s'en passe à chaque seconde dans le monde : une naissance, qui n'avait de remarquable que la nature "people" des parents . Passons...

Dans la même note juste quelques mots pour Haïti ! Vous le voyez, je perds parfois le sens des proportions, ou est-ce un vieux réflexe de survie ?

Je vous conseille , que dis-je, je vous conjure de lire et comprendre ce que Voltaire a écrit suite au désastre du tremblement de terre qui détruisit Lisbonne le 1er novembre 1755 . Suivez ce lien , réactualisez votre vision du monde s'il en est besoin !

http://athena.unige.ch/athena/voltaire/volt_lis.html

 

Extrait , premiers vers du poème :

POEME
SUR LE DESASTRE DE LISBONNE

 

OU EXAMEN DE CET AXIOME:
"TOUT EST BIEN"

 

 

   O malheureux mortels! ô terre déplorable!
O de tous les mortels assemblage effroyable!
D'inutiles douleurs éternel entretien!
Philosophes trompés qui criez: "Tout est bien"
Accourez, contemplez ces ruines affreuses
Ces débris, ces lambeaux, ces cendres malheureuses,
Ces femmes, ces enfants l'un sur l'autre entassés,
Sous ces marbres rompus ces membres dispersés;
Cent mille infortunés que la terre dévore,
Qui, sanglants, déchirés, et palpitants encore,
Enterrés sous leurs toits, terminent sans secours
Dans l'horreur des tourments leurs lamentables jours!
Aux cris demi-formés de leurs voix expirantes,
Au spectacle effrayant de leurs cendres fumantes,
Direz-vous: "C'est l'effet des éternelles lois
Qui d'un Dieu libre et bon nécessitent le choix"?
Direz-vous, en voyant cet amas de victimes:
"Dieu s'est vengé, leur mort est le prix de leurs crimes"?
Quel crime, quelle faute ont commis ces enfants
Sur le sein maternel écrasés et sanglants?

 

Je n'ai rien contre ceux qui ont la foi en dieu(x), mais je crains que quelques sectes ne profitent de ce terrible évènement et que quelques aigrefins ne tirent profit de la peur qui en découle .

Ah ! tremblez vous qui croyez à une divinité vengeresse ! Et n'oubliez pas votre obole au gourou -loup-garou qui vous promet le paradis !!!

 gourou.jpg

 

13/01/2010

nous ne redoutons rien des plus détestables engeances de la terre, c’est-à-dire des commis et des prêtres

Je me régale d’observer les réactions infantiles de certains hommes et femmes politiques, dont la dernière à ma connaissance est le refus de la famille de Jean Sarkozy de communiquer le nom du bébé qui leur est arrivé .

La cigogne avait l’adresse, mais comme tout bon « Transporteur » s’est bien gardée d’ouvrir le colis pour lire la plaque d’identité .

Qu’y avait-il dans la Darty-box ?

En tout cas Jean a eu une connexion de qualité et ne se plaint pas du service après-vente .

Notre droite politicienne ( que Dieu nous protège ! et que le Diable la patafiole ! ),  dont l’ex-ministre de la justice, après avoir caché le nom du père de la fameuse petite Zora (j’ai failli mettre la petite Souris ! ), nous offre un presque président aux dents longues , dit Jean S., qui, soit est déjà atteint d’Alzheimer et a oublié le prénom de son enfant (au fait : garçon ou fille ? ), soit a trop honte pour assumer le choix ( vous voyez le coup : Marx - Lénine  ou Marine - Ségolène !! ).

 

darty-box-snut.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dernière seconde ! Je viens de lire : Solal, prénom choisi pour le petit nouveau-né .

Belles initiales : S.S. !!

Est-ce un remerciement tacite à la Sécurité sociale, ou un hommage à la Schutzstaffel de triste mémoire ? Cette deuxième solution n'est guère envisageable, ne croyez-vous pas !! Mais à mes yeux, ce choix dénote une fois de plus l'inculture (?) de ce Jean (que j'aime à imaginer comme le prince Jean du dessin animé Robin des Bois de Disney ) .

Pauvre gosse ! Enfin quand je dis pauvre entendons-nous bien : cuiller en or dans la bouche mais parents en fer blanc (je n'ai pas osé mettre : "en tôle", quoique ça ne soit pas impossible, un jour qui sait ? )

Je lui dédie ceci : Caravan ! : http://www.youtube.com/watch?v=LYdJO-mB1lw, joué par un Solal de talent .

Caravan ! que sa route soit longue !!

 

 

caravan.jpg

Tout ceci ne me fait pas oublier le tremblement de terre d’Haïti !

N’y voyons pas de lien de cause à effet avec les turbulences de l’accouchement de Darty-box ! J’espère que les forces armées ne vont pas tuer ces quelques pillards de magasins . Oseront-ils tirer pour défendre quelques boites de conserves ou de l’électro-ménager ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Longue lettre de Volti qui est sur les charbons ardents, et pour tout dire a le feu aux fesses .

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

12è janvier 1767

 

                            Vous serez peut-être impatienté, mon adorable ange, de recevoir si souvent de mes lettres ; mais c’est que je suis bien affligé d’en recevoir si peu de vous. Pardonnez, je vous en conjure, aux inquiétudes de Mme Denis et aux miennes.

 

                   Voyez encore une fois dans quel embarras cruel nous a jetés le délai de faire parler à M. le vice–chancelier [Maupéou ; à propos de l’affaire Lejeune : contrebande de livres prohibés], que dis-je, mon cher ange, de lui faire parler ! On s’est borné à lui faire écrire, et il n’a reçu la lettre de recommandation qu’après avoir porté l’affaire à un bureau de conseillers d’Etat. Voilà certainement de ces occasions où M. le duc de Praslin aurait pu parler sur le champ, interposer son crédit, donner sa parole d’honneur et finir l’affaire en deux minutes.

 

                            Vous nous mandâtes quelque temps auparavant à propos de M. de Sudre [avocat de Toulouse qui avait fait un factum en faveur des Calas, qui briguait la place de premier capitoul, et V* avait demandé aux d’Argental le 10 janvier 1766 de le faire recommander à St Florentin, dont dépendait l’affaire, par les ducs de Praslin et de Choiseul] que les ministres s’étaient fait une loi de ne point compromettre pour leurs amis, et de ne se rien demander les uns aux autres. Ce serait assurément une loi bien odieuse que l’indifférence, la mollesse et un amour propre concentré en soi-même auraient dictée. Je ne puis m’imaginer qu’on n’ait de chaleur que pour des vers de tragédie, et qu’on n’en mette pas dans les choses les plus intéressantes pour des amis tels que vous.

 

                            Il ne m’appartient  [pas] de me dire l’ami de M. le duc de Choiseul, comme Horace l’était de Mécène, mais il m’honore de sa protection.   Sachez que dans le temps même que vous ne vous adressiez pas à votre ami pour  une affaire essentielle qui peut vous compromettre [Mme Lejeune était la « protégée »  de d’Argental, et elle avait, dit V* à d’Argental le 4 janvier « laissé par malheur (à un libraire) la note de son mari (qui spécifiait les livres qu’elle devait acheter), signée Lejeune, valet de chambre de M.D. » (d’Argental).] autant que moi-même, M. le duc de Choiseul, accablé d’affaires, parlait à M le  vice-chancelier pour un maître des comptes, beau-frère de Mlle Corneille [Pajot de Vaux] qui a épousé M. Dupuits. M. le duc de Choiseul qui ne connait ni M. Dupuits, ni ce maître des comptes, faisait un mémoire à ma seule recommandation, le donnait à M. de Maupéou, m’envoyait copie du mémoire, m’envoyait une lettre de quatre pages de monsieur le vice-chancelier sur cette affaire de bibus [= cette affaire de peu d’importance]. Voilà comme on en agit quand on  veut obliger et quand on veut se faire des créatures. M. le duc de Choiseul a tiré deux hommes des galères à ma seule prière, et a forcé M. le comte de Saint-Florentin à faire cette grâce [sans doute  les protestants Claude Chaumont et Jean-Pierre Espinas ; ou alors deux hommes condamnés pour un délit de chasse dans un domaine de la Couronne. Saint Florentin était chargé du département de la Maison du roi et des affaires des réformés.]. Je ne connaissais assurément pas ces deux galériens, ils m’étaient seulement recommandés par un ami.

 

                            Est-il possible que dans une affaire aussi importante que celle dont il s’agit entre nous, votre ami qui pouvait tout soit demeuré tranquille ! Pensez-vous qu’une lettre de Mme la duchesse d’Anville écrite après  coup ait fait une grande impression, et ne voyez-vous pas que le président du bureau peut, s’il le veut, faire un très grand mal ?

 

                            Quand je vous dis que Lejeune passe pour être l’associé de Merlin, je vous dis la vérité, parce que La Harpe l’a vu chez Merlin, parce que sa femme elle-même a dit à son correspondant qu’elle faisait des affaires avec Merlin. En un mot, pour peu que le président du bureau ait envie de nuire, il pourra très aisément nuire. Et je vous dirai toujours que cette affaire peut avoir les suites les plus douloureuses si on ne commence par chasser de son poste le scélérat Jeannin. Dès qu’il sera révoqué, je trouverai bien le moyen de lui faire vider le pays sur le champ, ne vous en mettez pas en peine.

 

                            Est-il possible que vous ne vouliez jamais agir ! Quelle difficulté y a-t-il donc à obtenir de M. de La Reynière ou M. de Rougeot [fermiers généraux] la révocation soudaine d’un misérable et d’un criminel. ? N’est-ce pas la chose du monde la plus aisée de parler ou de trouver quelqu’un qui parle à un fermier général ? Je vous répète encore ce que nous avons dit, Mme Denis et moi, dans notre dernière lettre ; demandons des délais à M. de Montyon [en poste au ministère des Affaires étrangères, et qui doit juger l’affaire dans l’état actuel des choses.]. Faites agir cependant ou agissez vous-même auprès de M. de Maupéou, qu’on lui fasse sentir l’impertinente absurdité de m’accuser d’être le colporteur de quatre-vingts (car je sais à présent qu’il y en a tout autant) exemplaires du Vicaire savoyard [qui figure dans le Recueil nécessaire] de Jean-Jacques mon ennemi déclaré ! Songez bien surtout à notre dernier mémoire, signé de Mme Denis, du 28è décembre, commençant par ces mots : Le sieur de Voltaire étant retombé malade. Observez que tous nos mémoires sont uniformes. Réparez autant que vous le pourrez le dangereux énoncé que vous avez fait que la femme Doiret [nom d’emprunt pris par Mme Lejeune après la saisie des livres ] était parente de notre femme de charge ; nous avons toujours affirmé tout le contraire selon la plus exacte vérité. Nous avons même donné à M. le vice-chancelier, et par conséquent au président du bureau, la facilité de savoir au juste cette vérité par le moyen du président du grenier à sel de Versailles, beau-frère de notre femme de charge. Nous n’avons épargné aucun soin pour être en tout d’accord avec nous-mêmes ; et cette malheureuse invention de rendre la femme Doiret parente de nos domestiques est capable de tout perdre.

 

                            Pardon, mon cher ange, si je vous parle ainsi. L’affaire est beaucoup plus grave que vous ne pensez ; et il faut en affaires s’expliquer sans détour avec ceux qu’on aime tendrement.

 

                            Ne dites point que les mots d’affaire cruelle et déshonorante soient trop forts, ils ne le sont pas assez. Vous ne connaissez pas l’esprit de province, et surtout l’esprit de notre province. Il y a un coquin de prêtre [Philippe Ancian , curé de Moëns, voir lettre du 6 janvier 1761 à d’Alembert] contre lequel j’ai fait intenter il y a quelques années un procès criminel, pour une espèce d’assassinat dévotement commis par lui ; il lui en a coûté quatre mille francs ; et vous pensez bien qu’il ne s’endort pas ; et quand je vous dis qu’il faut faire chasser incessamment Jeannin qui est lié avec ce prêtre, je vous dis la chose du monde la plus nécessaire, et qui exige le plus de promptitude.

 

                            On parle déjà d’engager l’évêque du pays [Jean-Pierre Biord] à faire un mandement allobroge. Vous ne pouvez concevoir combien le tronc de cette affaire a jeté de branches, et tout cela pour n’avoir pas parlé tout d’un coup, pour avoir perdu du temps, pour n’avoir pas employé sur-le-champ l’intervention absolument nécessaire d’un ministre qui pouvait nous servir, d’un ami qui devait vous servir.

 

                            Si la précipitation gâte des affaires, il y en a d’autres qui demandent de la célérité et du courage, il faut quelquefois saper, mais il faut aussi aller à la brèche.

 

                                      Pardon encore une fois, mon très cher ange ; mais vous sentez bien que je ne dis que trop vrai.

 

                            Pour faire une diversion nécessaire au chagrin qui nous accable, et pour faire sentir à toute la province que nous ne redoutons rien des plus détestables engeances de la terre, c’est-à-dire des commis et des prêtres, nous répétons Les Scythes, nous les allons jouer, on va les jouer à Genève et à Lausanne ; nous vos conseillons d’en faire autant à Paris. J’envoie la pièce corrigée avec les instructions nécessaires en marge, sous l’enveloppe de M. le duc de Praslin. Je souhaite que la pièce soit représentée à Paris comme elle le sera chez moi [y joueront M. et Mme La Harpe, et Constant d’Hermenches]. Je me joins à Mme Denis pour vous embrasser cent fois avec une tendresse qui surpasse de bien loin toutes mes peines.

 

                            V.

 

Ah ! il est bien cruel que M. de Praslin ne se mêle que des Scythes.

 

 

 

 

http://www.youtube.com/watch?v=HPfsIjuqTZs

 

 

 

10/01/2010

Nous aurons bientôt la médiation et la comédie , ce qui raccommodera tout.

"C'est comme ça qu'on aime ! Exactement ! ... "

http://video.google.fr/videoplay?docid=914129657018377759...#

 

Cicero_Reading.jpg

 Volti dans un exercice qui lui plait, endosser une fausse identité pour informer un ami . Juste pour le fun comme on dirait de nos jours, car à première vue ses propos de doivent pas encourir les foudres de la censure . Enfin, je crois ...

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

 

         10 janvier 1766

 

                            Vous m’avez recommandé, monsieur, de vous envoyer les petites brochures innocentes qui paraissent à Neuchâtel et à Genève. En voici une que je vous dépêche [1]. Il serait à souhaiter que nous ne nous occupassions que de ces gaietés amusantes ; mais nos tracasseries toutes frivoles qu’elles sont nous attristent . M. de Voltaire, votre ami a fait longtemps tout ce qu’il a pu pour les apaiser ; mais il nous a dit qu’il ne lui convenait plus de s’en mêler quand nous avions un résident qui est aussi sage qu’aimable. Nous aurons bientôt la médiation et la comédie [2], ce qui raccommodera tout.

 

                            Le petit chapitre intitulé Du czar Pierre et de J.-J. Rousseau [3] est fait à l’occasion d’une impertinence de Jean-Jacques, qui a dit dans son Contrat insocial [4] que Pierre Ier n’avait point de génie, et que l’empire russe sera bientôt conquis infailliblement.

 

                            Le dialogue sur les Anciens et les Modernes [5] est une visite de Tullia, fille de Cicéron, à une marquise française. Tullia sort de la tragédie de Catilina [6] et est tout étonnée du rôle qu’on y fait jouer à son père. Elle est d’ailleurs fort contente de notre musique, de nos danses et de tous les arts de nouvelle invention et elle trouve que les Français ont beaucoup d’esprit, quoiqu’ils n’aient point de Cicéron.

 

                            J’ai écrit à M. Fauche [7]. Voilà, Monsieur, les seules choses dont je puisse vous rendre compte pour le présent. J’ai l’honneur d’être, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

 

                            Boursier. »

 

 

         1- Le Sentiment des citoyens, attribué à Voltaire, publié le 27 décembre 1764

 

2-     Hennin ;  sur les « tracasseries de Genève », voir lettres des 3 et 10 janvier à Damilaville et aux d’Argental.

 

3-     Il sera inclus dans l’Opinion en alphabet sous le titre de « Pierre le Grand et J.-J. Rousseau ».

 

 

4-      Contrat social.

 

5-      Les Anciens et les Modernes ou la Toilette de Mme de Pompadour, paru dans les Nouveaux mélanges, 1765.

 

6-     Tragédie de Crébillon.

 

7-     Samuel Fauche, de Neuchâtel, qui semble avoir imprimé certaines des Questions sur les miracles de Voltaire.

Fi de la morosité !...

http://video.google.fr/videoplay?docid=914129657018377759...

 

 

 

08/01/2010

la renommée ne sait souvent ce qu’elle dit

 http://www.youtube.com/watch?v=gQLtCoh5EaI&NR=1&f...

Petit clin d'oeil à Nicolas qui porte en lui un esprit voltairien ! Bon sang ne saurait mentir !

 

 

célérité guerrier warhammer.jpg

 

 

 

« A Claude-Etienne Darget    [ 1]

 

A Lausanne 8 janvier 1758

 

                            Vous me demandez, mon cher et ancien compagnon de Potsdam, comment Cinéas [ 2] s’est raccommodé avec Pyrrhus. C’est premièrement que Pyrrhus fit un opéra de ma tragédie Mérope, et me l’envoya. C’est qu’ensuite il eut la bonté de m’offrir sa clé qui n’est pas celle du paradis, et  toutes ses faveurs qui ne conviennent plus à mon âge. C’est une de ses sœurs qui m’a toujours conservé ses bontés qui a été le lien de ce petit commerce qui se renouvelle quelquefois entre le héros –poète  –philosophe –guerrier –malin –singulier –brillant –fier -modeste etc. et le Suisse Cinéas retiré  du monde [ 3]. Vous devriez bien venir faire quelque tour dans nos retraites soit de Lausanne soit des Délices. Nos conversations pourraient être amusantes. Il n’y a point de plus bel aspect dans le monde que celui de ma maison de Lausanne. Figurez-vous quinze croisées de face en cintre, un canal de douze grandes lieues de long que l’œil enfile d’un côté, et un autre de quatre à cinq lieues, une terrasse qui domine sur cent jardins, ce même lac qui présente un vaste miroir au bout de ces jardins, les campagnes de la Savoie au-delà du lac, couronnées par les Alpes qui s’élèvent jusqu’au ciel en amphithéâtre, enfin une maison où je ne suis incommodé que des mouches au milieu des plus rigoureux hivers. Madame Denis l’a ornée dans le goût d’une Parisienne. Nous y faisons beaucoup meilleure chère que Pyrrhus. Mais il faudrait un estomac, c’est un point sans lequel il est difficile aux Pyrrhus et aux Cinéas d’être heureux. Nous répétâmes hier une tragédie. Si vous voulez un rôle, vous n’avez qu’à venir. C’est ainsi que nous oublions les querelles des rois, et celles des gens de lettres : les unes affreuses, les autres ridicules.

 

                            On nous a donné la nouvelle prématurée d’une bataille entre M. le maréchal de Richelieu et M. le prince de Brunswik ; il est vrai que j’ai gagné aux échecs une cinquantaine de pistoles à ce prince mais on peut perdre aux échecs une cinquantaine de pistoles, et gagner à un jeu où l’on a pour second trente mille baïonnettes. Je conviens avec vous que le roi de Prusse a la vue basse, et la tête vive, mais il a le premier des talents au jeu qu’il joue, la célérité. Le fonds de son armée a été discipliné pendant plus de quarante ans. Songez comment doivent combattre des machines régulières, vigoureuses, aguerries qui voient leur Roi tous les jours, qui sont connues de lui, et qu’il exhorte chapeau bas à faire leur devoir ; souvenez-vous comme ces drôles-la font le pas de côté et le pas redoublé, comme ils escamotent les cartouches en chargeant, comme ils tirent six à sept coups par minute. Enfin leur maître croyait tout perdu, il y a trois mois il voulait mourir, il me faisait ses adieux en vers et en prose, et le voilà qui par sa célérité et par la discipline de ses soldats gagne deux grandes batailles en un mois, court aux Français, vole aux Autrichiens, reprend Breslau [ 4 ], a plus de quarante mille prisonniers et fait des épigrammes. Nous verrons comment finira cette sanglante tragédie si vive et si compliquée. Heureux qui regarde d’un œil tranquille tous ces grands évènements du meilleur des mondes possibles.

 

                            Je n’ai point encore tiré au clair l’aventure de l’abbé de Prades [ 5 ]; on l’a dit pendu. Mais la renommée ne sait souvent ce qu’elle dit. Je serais fâché que le roi de Prusse fît pendre ses lecteurs. Vous ne me dites rien de M. du Verney. Vous ne me dites rien de vous. Je vous embrasse bien tendrement et j’ai une terrible envie de vous voir.

 

                            Le Suisse V. »



1- Cette lettre fut publiée dans le Journal encyclopédique du 1er juillet 1758, et V* s’en plaindra à Darget le 17 juillet et le 16 septembre  et à Pierre Rousseau, directeur du Journal, le 24 août . Il se plaindra qu’elle a été « falsifiée » : il y manque effectivement le dernier paragraphe.

2- Cinéas était un habile négociateur qui conseilla à Pyrrhus de cesser de faire la guerre et profiter de la vie.

3- Wilhelmine, la margravine de Bayreuth. V* ne fait pas de référence aux négociations secrètes de paix qui se faisaient par son intermédiaire.

4- Frédéric a remporté la bataille de Rossbach le 5 novembre 1757, Leuthen le 5 novembre, Breslau en décembre.

5- On disait qu’il était accusé d’avoir conspiré contre le roi de Prusse ; Frédéric le soupçonnait seulement d’indiscrétion et l’a fait mettre à Magdebourg.

 

La renommée : sonnez trompettes !

07/01/2010

Je ne demande que le repos. Procurez-le à votre ami

 http://www.dailymotion.com/video/xa5lr1_4-chants-othodoxe...

 

Il n'est jamais trop tard pour présenter des voeux , sincères, surtout alors que nos amis orthodoxes fêtent seulement Noël, et ne verront la nouvelle année qu'avec quelque retard sur une certaine partie du monde.

http://www.ina.fr/art-et-culture/musique/video/PAC9701017...

Il se peut que je fasse une piqure de rappel "meilleurs voeux" pour le nouvel an chinois, juif, arabe et tutti quanti ... Faites m'en souvenir à l'occasion !...

http://www.touslespodcasts.com/annuaire/radio-tv/radio-na...

Pour rejoindre l'actualité, moi fidèle auditeur de la RSR (Radio suisse romande ) qui échappe donc à un certain nombre de couillonnades matraquées sur nos belles antennes françaises, je suis quand même au courant du décès du célèbrissime M. Seguin, qui sur le tard a voulu physiquement se rapprocher de la chevrette provençale de Daudet.

Non, je ne veux pas dire qu'il s'est transformé en bouc, il en a simplemement adopté le système pileux facial . Pour le reste, je ne regarde pas en dessous de la ceinture.

Toujours est-il, que jusqu'à ce matin, dans le fond de ma conscience politique, je le pensais homme de gauche ! Vu ses fonctions, si j'avais été un peu plus impliqué dans un engagement de citoyen responsable et votant, j'aurais bien dû réaliser qu'il ne pouvait être que de droite . Mais baste, où il est maintenent, ça lui fait une belle jambe .

Je souhaite qu'il soit mort en pensant qu'il a fait de son mieux.

Pour revenir à des choses terre à terre, je plains les porteurs de son cercueil ! Le poids des mo(r)ts , comme dit la revue à deux balles sensée nous informer en nous distrayant (grâce à la pub qui en constitue la plus grande surface imprimée ) !

"Et à la fin de la nuit, le loup la mangea ..."chevre-de-monsieur-seguin.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

http://www.laposte.net/thematique/actualites/france/artic...

laurent fabius site.gifEn voilà un que Volti pour qui Volti n'aurait sans doute pas levé le petit doigt : un riche père de gauche (?) est-il une circonstance atténuante pour les actes délictueux (?) d'un jeune Fabius aux comportements litigieux ? Laurent a participé en cavalier à l'émission (que les moins de quarante ans ne peuvent pas connaitre ) "La Tête et les Jambes", le fiston semble se limiter à "Prends l'Oseille et tire-toi".

Et du même auteur , dans le même esprit escrocs mais pas trop.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Voltaire a toujours aimé la conciliation, ce qui ne l'empèche pas d'être un attaquant redoutable s'il le faut .

 

 

« A Berger

 

         A Cirey 8 janvier 1739

 

                            Mons cher ami, voulez-vous me rendre un signalé service ? Il faut voir Saint-Hyacinthe. Je ne le  connais pas, direz-vous. Il faut le connaitre ; on connait tout le monde quand il s’agit d’un ami .Mais saint Hyacinthe est un homme décrié ; eh qu’importe ! Voici de quoi il s’agit. Il est cité dans le livre infâme de Desfontaines [ [1]], pour avoir écrit contre moi un libelle, intitulé : Déification d’Aristarchus [ [2]] . Or je ne l’ai jamais offensé, ce Saint-Hyacinthe. Pourquoi donc imprimer contre moi des impostures si affreuses ? Veut-il les soutenir ? Je ne le crois pas. Que lui coutera-t-il de signer qu’il n’en est pas l’auteur ? ou qu’il les déteste, ou qu’il ne m’a point eu en vue ? Exigez de lui un mot qui lave cet outrage et qui prévienne les suites d’une querelle cruelle. Faites-lui écrire un petit mot dont il résulte la paix et l’honneur, je vous en conjure. Courez, rendez-moi ce service. Je ne demande que le repos. Procurez-le à votre ami.

 

                            Voltaire. »

 

                           



[1] La Voltairomanie ou lettre d’un jeune avocat en forme de mémoire, et réponse au libelle du sieur Voltaire intitulé « Le Préservatif », 12 décembre 1738.

 

[2] L’Apothéose ou la déification d’Aristarchus, où il est question d’une rixe entre V* et un officier, Beauregard, en présence d’un acteur, au pont de Sèvres. V* demandera à Quinault de faire signer un certificat disant «  que l’affaire prétendue entre lui et un officier est une calomnie, qui n’a pas le moindre fondement etc . »

06/01/2010

Pardonnez-leur de danser toujours parce qu’ils ne peuvent marcher droit

 Ne voyez aucune allusion à l'histoire récente de certains concitoyens qui ont un peu forcé sur ces choses dont l'abus est dangereux .

 http://www.youtube.com/watch?v=ZtTJ03wuwZk

danse chatons.gif

 

 

 

 

Un certain président rassurant, comme une hyène qui vient de jeuner 6 mois, que je me suis bien gardé de voir faire son show du 1er janvier, a dit, (si mes renseignements sont exacts), 

"Nous avons évité le pire" !

Lui peut-être, nous surement pas ! La preuve , il est toujours là !

Je ne fais qu'un voeu, en réponse à cet élu :"Carla, s'il vous plait, cassez-lui les ... pour qu'il ne joue pas les prolongations en 2012 ! " . Enfin, je dis les ..., c'est vous qui voyez, vous attaquez ce qui sert le moins d'abord !

pire-cest-suis-normandie.jpg

 

 

 

http://www.dailymotion.com/video/x7cyte_pour-eviter-ca_news

 Je n'appartiens à aucun syndicat, ni parti, si ce n'est celui du rire, et ma foi, quand on fait une recherche avec "éviter" -sous entendu "le pire"-, j'ai trouvé cette bande annonce  (FO) que je dédie à tous ceux qui espèrent un mieux, que ce soit grâce à FO ou autre syndicat .

 

 

 

« A Pierre-Joseph Thoulier d’Olivet

 

A Cirey ce 6 janvier 1736

par Vassy, en Champagne

 

                            Je vous gronde de ne m’avoir point écrit mais je vous aime de tout mon cœur de m’avoir envoyé ce petit antidote [Discours prononcé le 25 août 1735 avant la distribution des prix ] contre le poison de Marivaux et consorts. Votre discours est un des bons préservatifs contre la fausse éloquence qui nous inonde.  Franchement nous autres Français nous ne sommes guère éloquents, nos avocats sont des bavards secs, nos sermonneurs des bavards diffus, et nos faiseurs d’oraisons funèbres, des bavards ampoulés. Il nous resterait l’histoire, mais un génie naturellement éloquent veut dire la vérité, et en France on ne peut pas la dire. Bossuet a menti avec une élégance et une force admirable tant qu’il a eu à parler des anciens Egyptiens, des Grecs et des Romains, mais dès qu’il est venu aux temps plus connus, il s’est arrêté tout court. Je ne connais après lui aucune histoire où je trouve du sublime, que la Conjuration de Saint-Réal [La Conjuration des Espagnols contre la république de Venise en MDCXVII, Paris 1674 ]. Le France fourmille d’historiens, et manque d’écrivains.

 

                            De quoi diable vous avisez-vous de louer les phrases hyperboliques, et les vers enflés de Balzac ? Voiture tombe tous les jours et ne se relèvera point, il n’a que trois ou quatre petites pièces de vers par où il subsiste. Sa prose est digne du chevalier d’Her [Fontenelle publia les Lettres diverses de m. le chevalier d’Her***, 1683 ], et vous allez louer la naïveté du style le plus pincé, guindé, et le plus ridiculement recherché. Laissez là ces fadaises, c’est du plâtre et du rouge sur le visage d’une poupée.  Parlez-moi des Lettres provinciales ; quoi ! vous louez Fénelon d’avoir de la variété ! Si jamais homme n’a eu qu’un style, c’est lui. C’est partout Télémaque. La douceur, l’harmonie, la peinture naïve et riante de choses communes, voilà son caractère. Il prodigue des fleurs de l’Antiquité qui ne se fanent point entre ses mains, mais ce sont toujours les mêmes fleurs. Je connais peu de génies variés tels que Pope, Adisson, Machiavel, Leibnits, Fontenelle. Pour M. de Fénelon je ne vois pas par où il mérite ce titre. Permettez-moi, mon cher abbé, de vous dire librement ma pensée. Cette liberté est la preuve de mon estime.

 

                            J’ajouterai que la palme de l’érudition est un mot plus fait pour le latin du père Jouvancy [Joseph de Jouvancy, auteur de De ratione discendi et docendi, 1706] que pour le français de l’abbé d’Olivet.

 

                            Je vous demande en grâce à vous et aux vôtres de ne vous jamais servir de cette phrase : nul style, nul goût dans la plupart sans y daigner mettre un verbe. Cette licence n’est pardonnable que dans la rapidité de la passion, qui ne prend pas garde à la marche naturelle d’une langue, mais dans un discours médité, cet étranglement me révolte. Ce sont nos avocats qui ont mis ces phrases à la mode. Il faut les leur laisser aussi bien que le Journal de Trévoux. Mais je m’aperçois que je remontre à mon curé. Je vous en demande très sérieusement pardon. Si je voulais vous dire tout ce que j’ai trouvé d’admirable dans votre discours, je serais bien autrement importun.

 

                            J’ai reçu hier la Vie de Vanini [La Vie et les sentiments de Lucilio Vanini, 1717, de David Durand que V* a demandé à d’Olivet le 30 novembre 1735 ; Vanini a été exécuté en 1619], je l’ai lue. Ce n’était pas la peine de faire un livre. Je suis fâché qu’on ait cuit ce pauvre Napolitain mais je brûlerais volontiers ses ennuyeux ouvrages, et encore plus l’histoire de sa vie .Si je l’avais reçue un jour plus tôt, vous l’auriez avec ma lettre.

 

                            Un petit mot encore, je vous prie, sur le style moderne. Soyez bien persuadé que ces messieurs ne cherchent des phrases nouvelles que parce qu’ils manquent d’idées. Hors M. de Fontenelle, patriarche respectable d’une secte ridicule, tous ces gens là sont ignorants et n’ont point de génie .Pardonnez-leur de danser toujours parce qu’ils ne peuvent marcher droit. Adieu, s’il y a quelque chose de nouveau dans la littérature, secouez votre infâme paresse et écrivez à votre ami V.

 

04/01/2010

il n’avait été qu’un enfonceur de portes ouvertes

 

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

 

Ferney 3 janvier 1766

 

M. le duc de Choiseul m’a écrit, mon cher frère, qu’il avait parlé pour la pension de M. d’Alembert [L’Académie des Sciences avait demandé le report de la pension de Clairaut, mort en mai 1765, sur d’Alembert, ce qui n’est pas encore fait .] , qu’il n’y avait nul mérite et qu’il n’avait été qu’un enfonceur de portes ouvertes.

 

                            Voilà ses propres paroles [Exact, dans le billet de Choiseul du 26 décembre 1765. Il dira ensuite qu’il ne se soucie pas de l’opinion de d’Alembert et « hait à mort la vanité et la présomption philosophique »], je vous prie instamment de les rapporter à notre cher philosophe. Avouons donc que M. le duc de Choiseul a une belle âme. Ce qu’il a fait pour les Calas le prouve assez. Rendons-lui justice. Il y a eu malentendu dans la protection qu’il a donnée à l’infâme pièce de Palissot [Les Philosophes, qui suscitent polémiques ]. Il lui avait  fait entendre que les philosophes décrieraient le ministère. Nous ne devons pas avoir de meilleur protecteur que ce ministre généreux qui a de l’esprit comme s’il n’était pas grand seigneur, qui a fait de très beaux vers [Ode contre le roi de Prusse au printemps 1759 qui répondait à une ode de Frédéric contre Louis XV ; en réalité l’ode n’est pas de Choiseul, mais sans doute de Palissot], même étant ministre, qui a sauvé bien des chagrins à de pauvres philosophes, qui l’est lui-même autant que nous, qui le paraîtrait davantage si sa place le lui permettait.

 

                            Mon cher frère, tout est tracasserie, et personne ne s’entend. On m’a rendu compte de la prétendue lettre à Mme du Deffand [Est-ce celle du 16 octobre 1765 où il lui reproche son aversion pour les pauvres philosophes, ou celle du 6 novembre 1765 où il présente sa Philosophie de l’Histoire , lettre qu’il lui demande de brûler ? ], dont quelques fragments ont couru sous mon nom. Elle n’en a point donné de copies ; quelques indiscrets en ont retenu des bribes. Il s’agissait d’une mauvaise plaisanterie que je reprochais à Mme du Deffand. Vous savez en pareil cas combien on augmente  ou combien on altère le texte.

 

                            Lisez ces vers [L’Epitre à Henri IV sur ce qu’on avait écrit à l’auteur que plusieurs citoyens de Paris s’étaient mis à genoux devant la statue équestre de ce prince, pendant la maladie du dauphin.] avec vos amis ; mais n’en laissez point prendre de copies. Je ne veux pas me brouiller avec les moines de Sainte-Geneviève ; Soufflot trouverait mes vers mauvais [l’Epître disait : « La fille qui naquit aux chaumes de Nanterre / Pieusement célèbre en ce temps ténébreux (Ste Geneviève) / De l’empire français n’est point la protectrice. » . Soufflot est l’architecte de l’église Ste Geneviève.].

 

                            Je vous embrasse tendrement.

 

                            Voltaire. »