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13/08/2010

C'est une terrible tâche que d'être obligé d'avoir toujours raison dans quatorze tomes

A tort ou à raison :

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C'est une bonne raison, la seule, qui est de la perdre :

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Volti a raison, Darwin aussi :

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Allons, une Raison de Plus , sur la Rumeur , ce qui va pas trop mal avec cette lettre :

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« A Bernard-Louis Chauvelin

Aux Délices 13 aoust [1762]



Vous connaissez donc aussi , Monsieur, le prix de la santé par les maladies ! vous avez donc souffert comme moi ? Il y a quelque cinquante ans que je fais le métier [i] et je n'y suis pas encore entièrement accoutumé. Je vous crois bien persuadé que les rois et les représentants des rois [ii] n'ont rien de mieux à faire qu'à se bien porter. On parle d'une colique violente qui a délivré Pierre Ulric du petit désagrément d'avoir perdu un empire de deux mille lieues [iii]. Il ne manquera plus qu'un Ninias à votre Sémiramis pour rendre la ressemblance parfaite [iv]. J'avoue que je crains d'avoir le cœur assez corrompu pour n'être pas aussi scandalisé de cette scène qu'un bon chrétien devrait l'être. Il peut résulter un très grand bien de ce petit mal. La providence est comme étaient autrefois les jésuites. Elle se sert de tout . Et d'ailleurs quand un ivrogne meurt de la colique, cela nous apprend à être sobres.



Si vous n'avez pas les mémoires des Calas [v], ordonnez par quelle voie vous voulez qu'on vous en adresse. Cette aventure est bien mince en comparaison de tout ce qui se passe chez les grands de la terre, mais enfin c'est quelque chose qu'un vieillard, qu'un père de famille accusé d'avoir pendu son fils par dévotion et roué sans aucune preuve. Tantum religio potuit suadere malorum [vi]. Voici, en attendant, deux petites relations qui pourront vous amuser quelques moments. Elles supposent des mémoires précédents. Mais ces mémoires enfleraient trop le paquet.



La tragédie des Calas, et celle qui se joue depuis Pétersbourg jusqu'en Portugal ne m'ont pas fait abandonner la famille d'Alexandre [vii]. Je n'ai pas cru devoir laisser imparfait un ouvrage sur lequel vous avez daigné m'honorer de vos conseils. Vous m'avez rendu chère cette pièce à laquelle vous avez bien voulu vous intéresser. Si jamais il vous prend envie de la relire, vous n'avez qu'à commander.



Pierre Corneille m'occupe encore plus que Pierre Ulric. C'est une terrible tâche que d'être obligé d'avoir toujours raison dans quatorze tomes.



Il faut donc renoncer à l'espérance de voir Vos Excellences dans nos jolis déserts. Cependant le théâtre est tout prêt et quand madame l'ambassadrice voudra faire pleurer les Allobroges, il ne tiendra qu'à elle [viii]. Il faudra que mademoiselle votre fille joue dans Athalie et moi si l'on veut je ferai le confident de Mathan, qui ne sert ni Baal ni le dieu d'Israël [ix]. Ma piété en sera effarouchée mais il faut se faire tout à tous [x].



Que Votre Excellence me conserve ses bontés. J'en dis autant à madame l'ambassadrice à qui ma nièce présente la même requête. »

 

i De malade !

ii Chauvelin est ambassadeur à Turin.

iii Pierre III, tsar, a été retrouvé mort le 17 juillet après avoir été détrôné par sa femme le 9 juillet ; elle sera Catherine II. Elle est soupçonnée de l'avoir fait assassiner et publie un manifeste où elle attribue la mort de son mari aux hémorroïdes et à des coliques.

iv Selon une légende utilisée par V* dans sa tragédie Sémiramis (créée en août 1748), la reine Sémiramis aurait tué son mari pour prendre le pouvoir et aurait été tuée à son tout par Ninias qui voulait venger son père. V* surnommera Catherine « la Sémiramis du Nord ».

v V* pense peut-être aussi au premier mémoire de l'avocat Mariette qui « travaille à un nouveau (mémoire) » le 9 août. Cf. Lettre à Théodore Tronchin du 28 juillet, du 5 juillet à d'Argental et Bernis le 21 juillet.

vi Tant la religion a pu conseiller de crimes.

vii La tragédie de Cassandre-Olympie.

viii En allant prendre leur poste à Turin en novembre 1759, Chauvelin et son épouse ont assisté à Tournay à une représentation de Tancrède au cours d'une fête somptueuse donnée en leur honneur ; cf. lettre à Mme de Fontaine du 5 novembre 1759 . V* par la suite fera allusion aux représentations théâtrales données à Turin par Mme Chauvelin.

ix D'après Athalie.

xCorinthiens.

 


Fin en queue de poisson, comme les vacances finissant dans les bouchons :

Si vous avez écouté jusqu'au bout vous aller trouver les chansons de ¨Patrick Sébastien aussi belles que du Victor Hugo !

PS : j'ai honte, mais bon ça me passera ...

Je suis dans les horreurs de la persécution que la canaille littéraire me fait depuis quarante ans

Canaille(s) en tout genres !

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De Paris ?

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En douceur ?

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Sans douceur ? ça râpe le rap !

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental


13 août [1755]


Mon cher ange, je ne suis pas en état de songer à une tragédie. Je suis dans les horreurs de la persécution que la canaille littéraire me fait depuis quarante ans. Vous m'aviez assurément donné un très bon avis. Ce Grasset [i] était venu de Paris tout exprès pour consommer son iniquité. Il n'est trop vrai que Chevrier était très instruit de ce maudit ouvrage, et de toute cette manœuvre . Fréron n'en avait parlé dans sa feuille que pour préparer cette belle entreprise [ii]. Vous savez de quelles abominations on a farci ce poème [iii]. On a voulu me perdre et gagner de l'argent. Je n'y sais autre chose que de déférer moi-même tout scandale qu'on voudra mettre sous mon nom en quelque lieu que je sois. Pour comble de douleur on m'apprend que Lyon est infecté d'un premier chant aussi plat que criminel dans lequel il n'y a pas quarante vers de moi. Mon malheur veut que monsieur votre oncle [iv] que je n'ai jamais offensé ait depuis un an écrit au roi plusieurs fois contre moi, et ait même montré les réponses. Il a trop d'esprit et trop de probité pour m'imputer les misères indignes qui courent, mais il peut sans les avoir vues écouter la calomnie. L'abbé Pernetti m'a écrit de Lyon qu'on me forcerait à quitter mon asile, qui m'a déjà coûté plus de quarante mille écus. Madame Denis se meurt de douleur et moi de colique.


J'écris un mot à Mme de Pompadour au sujet des cinq pagodes [v] que vous lui faites tenir de ma part.


Je me flatte qu'elle ne trouvera rien dans la pièce qui ne plaise aux honnêtes gens et qui ne déplaise à Crébillon. Je me flatte que si elle l'approuve, elle sera jouée malgré le radoteur Lycophoron [vi]. Adieu mon très cher ange qui me consolez. »



iCf. lettre du 28 juillet.

ii Fréron a parlé de La Pucelle dans l'Année littéraire du 12 septembre 1754 ; cf. lettres du 15 octobre et 20 novembre 1754.

iii « … Dort en Bourbon la grasse matinée / … Et saint Louis, là-haut mon compagnon / M'a prévenu qu'un jour certain Bourbon / M'en donnerait à pardonner bien d'autres ... » annotés par V* dans la marge de la copie de La Pucelle : « Quel est le laquais qui a fait la plupart de ces vers ? Quel est le maraud de la lie du peuple qui peut écrire ces insolentes bêtises ? »

iv Le cardinal de Tencin .

vL'Orphelin de la Chine, dans sa version en cinq actes.

vi C'est « le vieux Crébillon ». Lycophoron avait écrit un poème tragique d'une obscurité proverbiale.

 

 

Cool , p'tit' canaille :

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Et une curiosité qui me ramène à mes années estudiantines :

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12/08/2010

Savez-vous que les rois et les beaux esprits se rencontrent ?

Grands esprits :

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Pour bébé qui est un grand esprit en devenir :

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Esprit, soutiens de mon pouvoir/espoir ! comme le prie/crie actuellement un président en déroute, et ses collègues :

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Bien que je ne sois pas fan de rap, surtout parce que c'est la négation de la musique, et que j'arrive rarement à comprendre les paroles, un petit exemple d'esprits contestataires qui ont eux aussi leur grandeur :

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Et puis aussi parce que j'apprécie certains esprits félés, alliance de deux esprits poétiques et excessifs : Higelin et Trenet, ce dernier inspirant le premier !

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« A Marie-Jean-Antoine-Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet


12è auguste 1774


Je ne vous écris aujourd'hui, Monsieur le Secrétaire,[de l'Académie des Sciences] ni sur les sciences et les beaux-arts, qui commencent à vous devoir beaucoup, ni sur la liberté de conscience dont on a voulu dépouiller ces beaux-arts qui ne peuvent subsister sans elle.


Vous avez rempli mon cœur d'une sainte joie quand vous m'avez mandé que le Roi avait répondu aux pervers qui lui disaient que M. Turgot est encyclopédiste : il est honnête homme et éclairé, cela me suffit


Savez-vous que les rois et les beaux esprits se rencontrent ? Savez-vous, et M. Bertrand [pseudonyme pour d'Alembert] sait-il que le poète Kien-Long, empereur de la Chine,[i] en avait dit autant il y a quelques années?


Avez-vous lu dans le trente-deuxième recueil des prétendues Lettres édifiantes et curieuses la lettre d'un jésuite imbécile nommé Benoît à un fripon de jésuite nommé Dugad ? Il y est dit en propres mots [ii] qu'un ministre d'État accusant un mandarin d'être chrétien, l'empereur Kien-Long lui dit : « La province est-elle mécontente de lui ? - Non. -Rend-il la justice avec impartialité ? -Oui. -A-t-il manqué à quelque devoir de son état ? -Non. -Est-il bon père de famille ? Oui. -Eh bien donc ! pourquoi l'inquiéter pour une bagatelle ? »


Si vous voyez M. Turgot, faites-lui ce conte.


Je vous envoie la copie d'une requête que j'ai barbouillée pour tous les ministres [iii]. Il n'y a que le roi à qui je n'en ai pas envoyé. Je souhaite passionnément que cette requête soit présentée au conseil de Commerce, dans lequel M. Turgot pourrait avoir une voix prépondérante. J'ai du moins la consolation de voir que malgré les grands hommes tels que Fréron, Clément [iv] et Sabatier [v], Ferney est devenu, depuis que vous ne l'avez vu, un lieu assez considérable, qui n'est pas indigne de l'attention du ministère. Il y a non seulement d'assez grandes maisons de pierre de taille pour les manufactures , mais des maisons de plaisance très jolies qui orneraient Saint-Cloud et Meudon. Tout cela va rentrer dans le néant d'où je l'ai tiré si le ministère nous abandonne. Je suis peut-être le seul fondateur de manufactures qui n'ait pas demandé de l'argent au gouvernement. Je en lui demande que d'écouter son propre intérêt. Je vous en fais juges, vous et M. Bertrand.


Je voudrais bien venir vous consulter tous deux sur une affaire qui vous intéressera davantage et que je vais entreprendre [vi]. J'invoque Dieu et vous pour réussir. Il s'agit de la bonne cause. Vous la soutiendrez toujours avec Bertrand. Je m'incline devant vous deux.


V. »

iSur le poème de Kien-Long et la réponse de V*, voir lettres à Thiriot et Catherine du 26 novembre 1770, à d'Hornoy le 28 novembre 1770 et à Frédéric le 20 décembre 1770.

ii A peu près !

iii Au roi en son Conseil ; V* voudrait obtenir pour Ferney et Versoix une exemption d'impôts qu'il juge indispensable pour la survie des manufactures fondées.

iv Cf. lettres du 30 décembre 1773 à d'Argental et du 6 janvier 1774 à d'Hornoy.

vCf. lettres des 1er janvier et 19 novembre 1773 à d'Alembert et du 30 avril 1774 à d'Argental.

vi La réhabilitation de d'Etallonde condamné avec de La Barre, mais par contumace, et qui après avoir demandé un congé au roi de Prusse, est venu travailler à Ferney sous la direction de V*. V* recommande l'affaire au chancelier Maupéou vers le 14 août.

 

Déclaration un peu déjantée :

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Je monte à cheval dans mes rêves, et je vais le grand galop à Andrinople.

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Au galop !

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D'un fabuleux guitariste, Manitas de Plata .

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 Et dédicace, spécialement pour Catherine  : http://www.deezer.com/listen-2639285

 

 

« A Catherine II

A Ferney 12è auguste 1773


 

       Madame,


 

      Que votre Majesté Impériale me laisse d'abord baiser votre lettre de Peterhof du 30 juin de votre chronologie grecque qui n'est pas meilleure que la nôtre. Mais de quelque manière que nous supputions les temps vous comptez vos jours par des victoires. Vous savez combien elles me sont chères. Il me semble que c'est moi qui ai passé le Danube. Je monte à cheval dans mes rêves, et je vais le grand galop à Andrinople. Je ne cesserai de vous dire qu'il me paraît bien étonnant, bien inconséquent, bien triste, bien mal de toute façon, que vos amis l'Impératrice reine et l'Empereur des Romains et le héros de Brandebourg [= Frédéric II], ne fassent pas le voyage de Constantinople avec vous. Ce serait un amusement de trois ou quatre mois tout au plus. Après quoi vous vous arrangeriez ensemble, comme vous vous êtes arrangés en Pologne [par son partage !].


 

Je demande bien pardon à Votre Majesté, mais cette partie de plaisir sur la Propontide me paraît si naturelle, si facile, si agréable, si convenable que je suis toujours stupéfait que les trois puissances aient manqué une si belle fête. Vous me direz, Madame, que je pourrai jouir de cette satisfaction avec le temps, mais permettez-moi de vous représenter que je suis très pressé, que je n'ai que deux jours à vivre, et que je veux absolument voir cette aventure avant de mourir. L'auguste Catherine ne peut-elle pas dire amicalement à l'auguste Marie-Thérèse : « Ma chère Marie, songez donc que les Turcs sont venus deux fois assiéger Vienne [ 1529 et 1683], songez que vous laissez passer la plus belle occasion qui se soit présentée depuis Ortogul ou Ortogrul, et que si on laisse respirer les ennemis du saint nom chrétien et de tous les beaux-arts, ces maudits Turcs deviendront peut-être plus formidables que jamais ? Le chevalier de Tott qui a beaucoup de génie, quoiqu'il ne soit pas ingénieur, fortifiera toutes leurs places sur la mer Égée et sur le Pont-Euxin [i1], quoique Moustapha et son grand vizir ignorent que ces deux petites mers se soient jamais appelées Pont-Euxin et mer Égée. Les janissaires et les Lévanti se disciplineront. Voilà notre ami Alibey mort, Moustapha va être maître absolu de ce beau pays de l'Égypte qui adorait autrefois les chats et qui ne connait point saint Jean Népomucène.


 

Profitons d'un moment favorable qui reste encore, Russes, Autrichiens, Prussiens, fondons sur ces ennemis de l'Église grecque et latine ; nous accorderons au roi de Prusse qui ne se soucie d'aucune Église une ou deux provinces de plus et allons souper à Constantinople. »



 

Certainement l'auguste Catherine fera un discours plus éloquent et plus pathétique, mais y a-t-il rien de plus raisonnable et de plus plausible? Cela ne vaut-il pas mieux que mes chars de Cyrus [proposés à Catherine, sans succès ; cf. lettre du 26 février 1769]? Hélas, l'idée de cette croisade ne réussira pas mieux que celle de mes chars ! vous ferez la paix, Madame, après avoir bien battu les Turcs. Vous aurez quelques avantages de plus, mais les Turcs continueront d'enfermer les femmes et d'être les amis des Welches [encore allusion à l'aide de la France aux Turcs], tout galants que sont ces welches.



 

Je ne suis donc qu'à moitié satisfait.



 

Mais ce n'est pas à moitié que je suis l'adorateur de Votre Majesté Impériale, c'est avec la fureur de l'enthousiasme, qu'elle pardonne ma rage à mon profond respect.



 

Le vieux malade de Ferney »



1iLe gouvernement Choiseul l'a envoyé avec des ingénieurs pour renforcer entre autres les fortifications de Constantinople ; cf. lettre du 20 décembre 1770 à Frédéric.

 

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11/08/2010

Voilà comme sont faits les talents, ma chère enfant, ils violent . Gardons qu'ils ne tuent.

 http://www.youtube.com/watch?v=XgDuH2bA1iw&feature=related

 http://www.youtube.com/watch?v=b8Zjj6mM0LE&feature=related

 http://www.youtube.com/watch?v=NPpgrJWqMvQ&feature=related

And so on !...

Talents ! tels que Volti ne les connaissait pas .

Violent-ils nos esprits ? Tuent-ils ? Non, heureusement ...

 

Mais je veux ce jour râler un peu . Chaque année on en fait un évènement national : revenons à la réalité, ce n'est qu'un rituel, une tradition . Religieuse dites-vous ?  

Le ramdam rituel commence ce jour, l'arbitraire religieux va encore pouvoir se manifester avec éclat et de zélés musulmans opportunistes vont montrer leur dur sacrifice pour acheter le pardon divin, et l'indulgence de leurs patrons .

De plus, et je n'invente rien : si on prolonge le jeûne du ramadan de six jours de plus, non seulment on acquiert le pardon des fautes de l'année écoulée mais on a un bonus de pardon pour l'année à venir ! Bon calcul qui me rappelle furieusement les primes des abonnements téléphoniques .

Il fut un temps où les catholiques achetaient des indulgences ; puis plus démocratiquement celles-ci purent être obtenues par de simples prières assorties de conditions spirituelles (près de chez moi, une vieille croix sur le socle de laquelle on peut lire "40 jours d'indulgence à qui en état de grâce récitera un pater et un ave ", ce qui est d'un rapport qualité/prix imbattable !).

Frères musulmans praticants, cessez de marchander avec Dieu et laissez en paix ceux d'entre vous qui ne pratiquent pas . Ce sont des humains qui ne sont ni meilleurs ni pires que vous.

Je ne connais pas un(e) seul(e) musulman(e) qui finisse le mois de ramadan plus mince qu'il/elle l'a commencé . Meilleur ? Dieu seul le sait !

Pour le dire crûment, cessez de nous les gonfler en vous glorifiant d'un jeûne de quelques heures, encadré de deux périodes où vous vous remplissez la panse comme le chameau avant la traversée du désert . Après tout, vous n'êtes pas plus méritants que les malades hospitalisés qui mangent à 18h et jeûnent jusqu'au lendemain à 7 ou 8h : 13 heures de jeûne et ils n'en font pas tout un plat -sic-, et ils ne considèrent pas qu'ils sont la crême du monde .

Aurez-vous encore le front de vous réclamer de Dieu et du prophète Mohammed lorsque vos coreligionnaires feront exploser leurs bombes par aveuglement sectaire ?

http://fr.wiktionary.org/wiki/ramdam

Ah ! Volti ! accorde-moi encore une bonne dose de tolérance ! Pour la liberté de pensée et d'expression je m'en occupe .

 

 

 

« A Marie-Louise Denis

A Lunéville ce 12 [août1749]


 


 

Ma chère enfant, j'ai reçu aujourd'hui deux lettres de vous qui m'ont désolé. Je vous croyais à la campagne et vous avez été malade à Paris. Peut-être l'êtes vous encore . Vous travaillez avec un autre feu que Mme du Bocage [i]; et ce feu vous consume. Votre pièce [ii] en vaudra mieux mais il ne faut pas que l'architecte soit accablé par sa maison. Je vous donne des conseils que je n'ai pu prendre pour moi. Il y a longtemps comme vous le savez que je roulais dans ma tête il y a près d'un an [iii] le dessein de venger la France de l'infamie de Catilina. Je voulais rendre à Cicéron la gloire qu'il aimait tant et qu'on avait indignement avilie, jusqu'à le faire maquereau de sa fille ainsi qu'un certain prêtre, imaginé uniquement pour partager ce maquerellage. Je voulais venger le sénat de Rome,[iv] et tout Paris. Je voulais réparer la honte de la nation. Mais ce projet m'avait passé de la tête car comment introduire des femmes dans la conspiration de Catilina ? Enfin le 3 du présent mois un démon ennemi du repos s'empara de moi, me donna l'idée d'une femme qui fait un effet terrible [v], me fit relire Sallustre et Plutarque, me fit travailler malgré moi, et me mena si grand train qu'en huit jours de temps j'ai fait la pièce. Je suis encore épouvanté de ce tour de force. Je lisais tous les deux jours un nouvel acte à Mme du Châtelet, qui est bien difficile ; à M. de Saint-Lambert,[vi] qui a autant de goût que d'esprit ; enfin à notre petite société. La plénitude du sujet, la grandeur romaine, le pathétique affreux de la situation de ma femme, Cicéron, Catilina, César, Caton m'ont élevé au-dessus de moi-même, m'ont donné des forces que je ne connaissais pas. Si on m'avais demandé : Combien de temps vous faut-il pour cet ouvrage ? J'aurais répondu : deux ans . Il a été fait en huit jours, et, il faut tout dire, en huit nuits ; je me meurs, je vais dormir. Voilà comme sont faits les talents, ma chère enfant, ils violent . Gardons qu'ils ne tuent. Songez à votre santé. Mais songez aussi à votre pièce. Je vous enverrai quelques scènes de Catilina, mais en donnant donnant souvenez-vous de M. de La Reynière [vii]. On dit que Mérope est froide, en comparaison de Catilina, et que je n'ai encore fait que cette tragédie. Ce n'est pas tout à fait vrai. Mais entre nous, je crois que Catilina est sans contredit ce que j'ai fait de plus fort à beaucoup d'égards.



 

Il faut être bien sot et bien méchant pour m'imputer ce livre que j'ai à peine lu [viii]. Quelle impertinence ! Laissons dire et faisons ; travaillons, soyons heureux et revoyons-nous, et que je puisse dire

Vivons pour nous ma chère Rosalie [ix]



 

 Quel est donc le fat avec qui vous êtes brouillée ? Comment va la pièce à qui je m'intéresse plus qu'à Catilina [x] ? Les plates lettres que celles de Rousseau [xi]! Bonsoir. »

 



iMme du Bocage vient de faire représenter Les Amazones avec un piètre succès.


 

ii La Femme à la mode, qui deviendra La Coquette punie.


 

iii Le 21 août, à d'Argental, il dira six mois. Le Catilina de Crébillon fut représenté le 21 décembre 1748.


 

iv Il donnera le titre de Rome sauvée à sa pièce.


 

v A d'Argental, le 12 août : le « diable » lui « fit imaginer l'épouse de Catilina ».


 

vi Amant de la marquise et père de l'enfant qu'elle porte.


 

vii Par qui passer pour ne pas payer le port des lettres.


 

viii La Connaissance des beautés et des défauts de la poésie et de l'éloquence dans la langue française, 1749, de D. Durand.


 

ix Le 5 janvier, V* lui envoya le début de La Vie à Paris, Épître à Mme Denis dont il cite ici le premier vers.


 

xLa future Coquette punie.


 

xi Jean-Baptiste Rousseau : Lettres sur différents sujets, dont on attribue l'édition à « Racine le fils ou Racine fi comme disait l'abbé Gedoyn » et comme le dit V* dans ses lettres du 30 juillet à Mme Raynal et du 24 à Mme Denis.

10/08/2010

je sais qu'il a pris pour ses ministres des philosophes, à un seul près qui a le malheur d'être dévot

 Je ne sais si le remaniement ministérie annoncé (changement d'herbage rejouit les veaux !) correspondra à ce diagnostic voltairien . Je crains plutôt qu'il ne soit constitué que de dévots, dévots au Dieu-président bien entendu .

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Ce lien est juste là pour "Devot", ne cherchez pas plus loin , je ne comprends pas assez l'allemand pour être au clair sur le texte, mais un peu de hard rock de temps en temps, ça décolle la pulpe .

Et puis pour une lettre à un teuton, c'est raccord ...

 

 

« A Frédéric II, roi de Prusse


 

[Vers le 10 août 1775]


 

Lekain dans vos jours de repos

Vous donne une volupté pure [i]

On le prendrait pour un héros,

Vous les aimez, même en peinture.

C'est ainsi qu'Achille enchanta

Les beaux jours de votre jeune âge.

Marc-Aurèle enfin l'emporta.

Chacun se plait dans son image.


 

Le plus beau des spectacles, Sire, est de voir un grand homme, entouré de sa famille [ii], quitter un moment tous les embarras du trône pour entendre des vers, et en faire le moment d'après de meilleurs que les nôtres. C'est ce qui arrive souvent et ce qui n'arrive point à Versailles . Il me paraît que vous jugez très bien l'Allemagne, et cette foule de mots qui entrent dans une phrase, et cette multitude de syllabes qui entrent dans un mot, et ce goût qui n'est pas plus formé que la langue. Les Allemands sont à l'aurore ; ils seraient en plein jour si vous aviez daigné faire des vers tudesques.


 

C'est une chose assez singulière que Lekain et Mlle Clairon [iii] soient tous deux à la fois auprès de la maison de Brandebourg. Mais tandis que le talent de réciter du français vient obtenir votre indulgence à Sans-Souci, Gluck vient nous enseigner la musique à Paris . Nos Orphées viennent d'Allemagne si vos Roscius vous viennent de France . Mais la philosophie d'où vient-elle ? De Potsdam, Sire, où vous l'avez logée et d'où vous l'avez envoyée dans la plus grande partie de l'Europe.


 

 Je ne sais pas encore si notre roi marchera sur vos traces, mais je sais qu'il a pris pour ses ministres des philosophes, à un seul près qui a le malheur d'être dévot.[iv]


 

 Nous perdons le goût, mais nous acquérons la pensée. Il y a surtout un monsieur Turgot qui serait digne de parler avec Votre Majesté . Les prêtres sont au désespoir. Voilà le commencement d'une grande révolution. Cependant on n'ose pas encore se déclarer ouvertement, on mine en secret le vieux palais de l'imposture fondé depuis 1775 années. Si on l'avait assiégé dans les formes, on aurait cassé hardiment l'infâme arrêt qui ordonna l'assassinat du chevalier de La Barre et de Morival. On en rougit, on en est indigné, mais on s'en tient là, on n'a pas eu le courage de condamner ces exécrables juges à la peine du talion. On s'est contenté d'offrir une grâce dont nous n'avons point voulu. Il n'y a que vous de vraiment grand. Je remercie Votre Majesté avec des larmes d'attendrissement et de joie.[v] J'ai demandé à Votre Majesté ses derniers ordres ; et je les attends pour renvoyer à ses pieds ce Morival dont j'espère qu'elle sera très contente.[vi]


 

Daignez conserver vos bontés pour ce vieillard qui ne se porte pas si bien que Lekain le dit. »[vii]

 

 

i Lekain a quitté Paris le 13 mai et va jouer « les rôles d'Oedipe, de Mahomet et d'Orosmane. » écrit Frédéric le 24 juillet, qui ajoute : « L'année passée, j'ai entendu Aufresne ; peut-être lui faudrait-il un peu du feu que l'autre a de trop … cependant je n'ai pu retenir mes larmes ni dans Œdipe, ni dans Zaïre. »

ii Le 24 juillet, Frédéric : « Il y a eu beaucoup de spectateurs à ces représentations : ma sœur Amélie, la princesse Ferdinand, la landgrave de Hesse, et la princesse de Wurtemberg, votre voisine, qui est venue ici de Montbéliard pour entendre Lekain. »


 

iii Qui est alors la maitresse d'Auguste-Christian-Frédéric, margrave d'Anspach, puis de Bayreuth ; cf. lettre du 22 septembre 1773 à Frédéric où V* la dit « la philosophe de monsieur le Margrave »


 

iv Le « dévot » : Louis-Nicolas-Victor de Félix, comte de Muy.


 

v Morival d'Etallonde bénéficiera des bontés de V* et de Frédéric cf. lettres du 7 et 29 juillet à d'Alembert, et celle du 7 juillet à Frédéric.

vi V*, le 29 juillet « suppliait (Sa) Majesté de daigner lui mander » s'il devait « renvoyer Morival à Vesel ou l'adresser à Potsdam ».


 

vii Frédéric, le 24 juillet : « j'ai été bien aise d'apprendre de (Lekain) que vous vous promeniez dans votre jardin, que votre santé est assez bonne, et que vous avez plus de gaieté encore dans votre conversation que dans vos ouvrages ... »

Je passe mon temps à faire des gambades sur le bord de mon tombeau

Jolie fin de vie : 

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 Oui, Volti n'aurait  pas été en désaccord avec Sarcloret (Sarclo pour les amis )lui qui jusqu'au bout a apprécié la joliesse des femmes, tant actrices qu'amies .

 

 

« A Marie Vichy de Chamrond, marquise du Deffand


 

10è auguste 1772


 

J'ai tort, Madame, j'ai très tort [&]; mais je n'ai pas pourtant si grand tort que vous le pensez. Car en premier lieu je croyais que vous n'aviez plus du tout de goût pour les vers, et surtout pour les miens. Et secondement, je n'étais pas content de l'édition dont vous avez la bonté de me parler. Je vous en envoie une meilleure.


 

Pour peu que vous vouliez connaître le système de Spinosa vous le verrez assez proprement exposé dans les notes [&&]. Si vous aimez à vous moquer des systèmes de nos rêveurs, il y aura encore de quoi vous amuser.


 

Vous verrez de plus dans les notes des Cabales, si j'ai eu si grand tort de me réjouir de la chute et de la dispersion de Messieurs [&&&]. La plupart sont comme moi à la campagne ; je leur souhaite d'en tirer le parti que j'en tire .


 

Je me suis mis à établir une colonie ; rien n'est plus amusant . Ma colonie serait bien plus nombreuse et plus brillante si M. M. l'abbé Terray ne m'avait réduit à une extrême modestie.[&&&&]


 

Puisque vous avez vu M. Huber, il fera votre portrait, il vous peindra en pastel, à l'huile, en mezzo tinto, il vous dessinera sur une carte avec des ciseaux, le tout en caricature. C'est ainsi qu'il m'a rendu ridicule d'un bout de l'Europe à l'autre. Mon ami Fréron ne me caractérise pas mieux pour réjouir ceux qui achètent ses feuilles.


 

Nous voici bientôt, Madame, à l'anniversaire centenaire de la Saint-Barthélémy. J'ai envie de faire un bouquet pour le jour de cette belle fête [&&&&&]. En ce cas vous aurez raison de dire que je n'ai point changé depuis cinquante ans que j'ai fait La Henriade [&&&&&&]. Mon corps n'a pas plus changé que mon esprit. Je suis toujours malade comme je l'étais. Je passe mon temps à faire des gambades sur le bord de mon tombeau ; et c'est en vérité ce que font tous les hommes, ils sont tous Jean qui pleure et qui rit ; mais combien y en a-t-il malheureusement qui sont Jean qui mord, Jean qui vole, Jean qui calomnie, Jean qui tue !


 

Eh ! Bien , Madame,n'avouerez-vous pas à la fin que ma Catherine Seconde n'est pas Catherine qui file ? ne conviendrez-vous pas qu'il n'y a rien de plus étonnant ? Au bout de quatre ans de guerre, au lieu de mettre des impôts, elle augmente d'un cinquième la paie de toutes ses troupes . Voilà un bel exemple pour nos Colberts.


 

Adieu, madame, quoi qu'en dise M. Huber, je n'ai pas longtemps à vivre, et quoi que vous en disiez, j'ai la plus grande envie du monde de vous faire ma cour. Comptez que je vous suis attaché avec le plus tendre respect. »

 

&Elle lui reprochait le 1er août de ne pas lui avoir envoyé la dernière édition de ses quatre derniers ouvrages.


 

&& Dans les Systèmes.


 

&&& L'ancien parlement de Paris, dissous et exilé «  à la campagne » par Maupéou, après la disgrâce de Choiseul. Mme du Deffand et ses amis blâmaient V* d'approuver la reforme de Maupéou, et en déduisaient qu'il avait l'ingratitude d'abandonner Choiseul.

Le 23 octobre, à Marmontel, il explique pourquoi il a écrit les Cabales, et ajoute : « Je n'ai prétendu … être d'aucun parti ; et c'est même ce qui m'a déterminé à faire la petite plaisanterie des Cabales … plus je me suis moqué de toutes les cabales, moins on me doit accuser d'en être. »


 


 


 

&&&& Cf. lettre du 31 juillet à Mme de Saint Julien.


 

&&&&& Stances pour le 24 août 1772, qu'il enverra le 15 août à Mme du Deffand avec commentaire : « Ce bouquet n'estpas d'oeillets et de roses, il y rentre un peu d'épines et de chardons … Il est triste qu'il entre nécessairement un peu de fleurs de lys dans ce malheureux bouquet. Mais avouez que j'ai raison quand je dis que la nature a eu beaucoup de bonté en nous rendant frivoles et vains. Si nous étions toujours occupés de l'image de nos malheurs et de nos sottises, la nature huamine serait la nature infernale. »


 

&&&&&& Qui contient une description de la Saint Barthélémy.