31/07/2010
Il s'agit de favoriser les blondes
http://www.dailymotion.com/video/x3ncxa_sylvie-vartan-quest-ce-qui-fait-ple_music
vs/
http://www.youtube.com/watch?v=fsTln9RF-D0
« A Anne-Madeleine-Louise-Charlotte-Auguste de La Tour du Pin de Saint-Julien
31è juillet 1772
Je vous avais dit, Madame, que je n'aurais jamais l'honneur de vous écrire pour vous faire de vains compliments, et que je ne m'adresserais à vous que pour exercer votre humeur bienfaisante ; je vous tiens parole. Il s'agit de favoriser les blondes.[dentelle exécutée d'abord en soie écrue, d'où son nom] Je ne sais si vous n'aimeriez pas mieux protéger les blondins, mais il n'est question ici ni de belles dames ni de beaux garçons ; et je ne vous demande votre protection qu'auprès de la marchande qui soutient seule l'honneur de la France, ayant succédé à Mme Duchapt.[célèbre couturière]
Vous avez vu cette belle blonde façon de dentelle de Bruxelles qui a été faite dans notre village. L'ouvrière qui a fait ce chef-d'œuvre est prête d'en faire autant, et en aussi grand nombre qu'on voudra, et à très bon marché pour l'ancienne boutique Duchapt. Elle prendre une douzaine d'ouvrières avec elle s'il le faut, et nous vous aurions l'obligation d'une nouvelle manufacture. Vous nous avez porté bonheur, Madame, ; notre colonie augmente, nos manufactures se perfectionnent [surtout celle de montres]. Je suis encore obligé de bâtir de nouvelles maisons. Si le ministère voulait un peu nous encourager et me rendre du moins ce qu'il m'a pris, Ferney pourrait devenir un jour une ville opulente. Ce sera une assez plaisante époque dans l'histoire de ma vie qu'on m'ait saisi mon bien de patrimoine [l'argent des rescriptions « pris » par l'abbé Terray] entre les mains de M. de La Borde et de M. Magon, tandis que j'employais ce bien sans aucun intérêt, à défricher des champs incultes, à procurer l'eau aux habitants, à leur donner de quoi ensemencer leurs terres, à établir six manufactures, et à introduire l'abondance dans le séjour de la plus horrible misère. Mais je me consolerai si vous favorisez nos blondes, et si vous daignez faire connaître à l'héritière de Mme Duchapt qu'il y va de son intérêt et de sa gloire de s'allier avec nous.
Quand vous reviendrez, Madame, aux États de Bourgogne,[son frère fut commandant militaire de Bourgogne] si vous daignez vous souvenir encore de Ferney, nous vous baignerons dans une belle cuve de marbre, et nous aurons un petit cheval pour vous promener, afin que vous ne soyez plus sur un genevois. Tout ce que je crains, c'est d'être mort quand vous reviendrez en Bourgogne. Votre écuyer Racle a pensé mourir ces jours-ci, et je pense qu'il finira comme moi par mourir de faim, car M. l'abbé Terray qui m'a tout pris, ne lui donne rien [pour paiement des travaux entrepris à Versoix, où il est ingénieur architecte, sous le ministère de Choiseul], du moins jusqu'à présent. Il faut espérer que tout ira mieux dans ce meilleur des mondes possibles. Je me flatte que tout ira toujours bien pour vous ; que vous ne manquerez ni de perdrix [elle chassait beaucoup, et V* aura l'occasion de lui décerner un prix de tir à l'oiseau], ni de plaisirs. Vous ne manqueriez pas de vers ennuyeux si je savais comment vous faire tenir Systèmes, Cabales, etc., avec des notes très instructives.[cf. lettre du 13 juillet à d'Alembert et du 10 août à Mme du Deffand]
En attendant, recevez, Madame, mon très tendre respect.
Le vieux malade de Ferney. »
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30/07/2010
un étranger qui demeurerait trois mois chez moi ne s'apercevrait pas qu'il y a deux religions différentes
Jetez-vous sans retenue sur cette revue qui vous rappelle (vous fait découvrir ? ) Volti !
Si vous lisez un peu les lettres que j'ai déjà mises en ligne, si vous lisez le blog de LoveVoltaire, c'est-à-dire monsieurdevoltaire dont le lien est ici, à côté, vous vous rendrez compte que les titres de couverture sont fondés.
Aujourd'hui, une lettre qui expose la validité de la tolérance .
"...dans le siècle éclairé où nous vivons, cette tolérance ne peut avoir aucun effet dangereux."
Siècle éclairé ?
Oui! nous pouvons dire que nous avons des lumières pour nous gouverner ! Dommage que ce soient des feux follets, des clignotants, des feux d'artifice ( = discours, écrits brillants, mais qui n'ont pas de fond ! ), des quinquets de taverne (comme disait Aragon par la voix de Jean Ferrat), des lanternes-sourdes ... Eclat bling-bling ! De phares, point!
Quelques lueurs d'espoir, Gandhi, l'abbé Pierre, Théodore Monod, Voltaire, voici ceux que je mets au premier plan . Vous pourrez y ajouter tous ceux qui ont joint le geste à la parole pour améliorer la coexistence humaine .
A l'heure où les juristes ne savent plus où donner de la tête pour pondre de nouveaux textes répressifs (-je m'aperçois que ce n'est pas avec la tête qu'habituellement pond un oiseau, mais plutôt avec le c.. !-), à l'heure où des cervelles obtuses croient faire plaisir à Dieu en imposant leurs rites, lâches qui veulent acheter leur paradis et imposent leur religion, ennemis de la liberté et de la tolérance, à cette heure, vous êtes en retard sur la vie, la vraie vie . Vous êtes petits, minuscules, microscopiques dans cet univers et vous disparaitrez en laissant un goût de fiel .
Allez, je me console, il y a de belles choses encore :
http://www.youtube.com/watch?v=-CA2L_LQLmM
« A Pierre-Samuel Dupont de Nemours
Ferney ce 16 juillet 1770
M. Bérenger m'a fait le plaisir, Monsieur, de m'apporter votre ouvrage, qui est véritablement d'un citoyen [Éphémérides du citoyen , 1768-1772]. Bérenger l'est aussi, et c'est ce qui fait qu'il est hors de sa patrie. Je crois que c'est lui qui a rectifié un peu les première idées qu'on avait données d'abord sur Genève [@]. Pour moi qui suis citoyen du monde, j'ai reçu chez moi une vingtaine de familles genevoises, sans m'informer ni de quel parti, ni de quelle religion elles étaient. Je leur ai bâti des maisons, j'ai encouragé une manufacture assez considérable [manufacture de montres], et le ministère et le roi lui-même m'ont approuvé. C'est un essai de tolérance, et une preuve évidente que dans le siècle éclairé où nous vivons, cette tolérance ne peut avoir aucun effet dangereux ; car un étranger qui demeurerait trois mois chez moi ne s'apercevrait pas qu'il y a deux religions différentes. Liberté de commerce et liberté de conscience, Monsieur, voilà les deux pivots de l'opulence d'un État petit ou grand.
Je prouve par les faits dans mon hameau ce que vous et M. l'abbé Roubaud [Pierre-Joseph Roubaud auteur de Représentations aux magistrats, contenant l'exposition raisonnée des faits relatifs à la liberté du commerce des grains , 1769] vous prouvez éloquemment par vos ouvrages.
J'ai lu avec l'attention que mes maladies me permettent encore tout ce que vous dites de curieux sur la Compagnie des Indes et sur le système [Dupont a écrit Du commerce et de la Compagnie des Indes, 1769]. Tout cela n'est ni à l'honneur de la nation ni à celui du Régent. Vous m'avouerez au moins que cet extravagant système n'aurait pas été adopté du temps de Louis XIV, et que Jean-Baptiste Colbert avait plus de bon sens que Jean Law.
A l'égard de la Compagnie des Indes je doute fort que ce commerce puisse jamais être florissant entre les mains de particuliers. J'ai bien peur qu'il n'essuie autant d'avanies que de pertes, et que la Compagnie anglaise ne regarde nos négociants comme de petits interlopes qui viennent se glisser entre ses jambes. Les vraies richesses sont chez nous ; elles sont dans notre industrie. Je vois cela de mes yeux. Mon blé nourrit tous mes domestiques ; mon mauvais vin qui n'est point malfaisant les abreuve ; mes vers à soie me donnent des bas ; mes abeilles me fournissent d'excellent miel et de la cire ; mon chanvre et mon lin me fournissent du linge. On appelle cette vie patriarcale, mais jamais patriarche n'a eu de grange telle que la mienne ; et je doute que les poulets d'Abraham fussent meilleurs que les miens. Mon petit pays que vous n'avez vu qu'un moment est entièrement changé en très peu de temps.
Vous avez bien raison, Monsieur, la terre et le travail sont la source de tout, et il n'y a point de pays qu'on ne puisse bonifier. Continuez à inspirer le goût de la culture, et puisse le gouvernement seconder vos vues patriotiques.
Mettez-moi, je vous prie aux pieds de M. le duc de Saint-Mégrin [auteur du Portrait de Mgr le dauphin, 1766, fort admiré, qui vint voir V* à l'automne 1768,V* qui lui envoya ensuite le 4 novembre une lettre flatteuse] qui m'a paru fait pour rendre un jour de véritables services à sa patrie, et dont j'ai conçu les plus grandes espérances [effectivement il deviendra ministre des Affaires étrangères de Louis XVI].
J'ai l'honneur d'être avec la plus haute estime et tous les autres sentiments que je vous dois, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire.
P.-S. Voulez-vous bien, Monsieur, faire mes tendres compliments à M. l'abbé Morellet, quand vous le verrez ? »
@J.-P. Était un des Natifs de Genève bannis par l'édit du 22 février 1770. il avait écrit la Lettre circulaire des natifs de Genève sur la dernière révolution de cette république. Il devait encore publier un Mémoire justificatif pour les citoyens de Genève connus sous le nom de Natifs.
Pour les idées données sur les natifs : cf. lettre du 4 juin1770 à d'Argental ; et au sujet des violences qui ont provoqué cette émigration, cf. lettres depuis le 16 février.
Après lecture, que dites-vous des pensées et actions de Volti ?
Qu'attend- on pour y adhérer encore ?
PS . Petit rajout du 31 juillet : Voltaire menant à tout et l'actualité présidentielle sarkozienne menant à l'impasse (remplaçant le cul-de-sac que V* n'aimait pas ), un article de 2007 qui montre que ce n'est pas d'hier que couvaient le malaise et la violence qui l'accompagne :
Laïcité : un héritage en péril
Au pays de Voltaire, il est désormais interdit de ne pas croire. Tel est le credo des religieux fondamentalistes qui veulent imposer leurs propres règles à une République aux valeurs mises à mal.
http://www.historia.fr/content/recherche/article?id=16433
09:43 | Lien permanent | Commentaires (2)
29/07/2010
il y a des gens capables de dire : qu'importe qu'on ait roué ou non, un calviniste ? C'est toujours un ennemi de moins dans l'État.
http://mathematique.hautetfort.com/fractal-zoom-mandelbro...
Oui, tout est dans tout, et le désordre ordonné .
Petit fait divers du pays de Gex au XXème siècle.
Dans le merveilleux petit village des irréductibles gaulois(es) de Cessy , réfrénant toujours leur envie d'adhérer à la CCPG (Communauté de Communes du Pays de Gex), dans ce fief disais-je de Jojo Emery, maire par droit divin (ou plutôt droit du vin, "honnête" marchand de vin et autres liquides ! ), des gens du voyage vinrent s'installer dans la plus parfaite illégalité .
Prise courant sauvage sur un poteau d'éclairage public, prise d'eau aux toilettes du stade de foot, dépot d'ordure à tout-va et bris de lavabos publics sont très vite constatés.
Les Bleus, si prompts à venir si vous laissez votre radio clamer trop bruyamment votre goût pour le reggae ou Mireille Matthieu, ces Bleus qui, vous le remarquez sont dotés d'une majuscule respectueuse, sont forts vigilants (si, si !! ), cette foi encore restent sur la touche ( au sens propre, nous sommes sur un stade de foot ).
Devinez qui seul fut capable de les renvoyer sans violence, sans contrainte : le service fiscal de la douane, ou plutôt exactement la crainte du contrôle dont , fort astucieusement les menaça un élu . L'annonce du contrôle fut faite le soir, et au matin il ne restait aucune caravane, seulement les traces de dégats imbéciles faits par des malotrus, geignards pour se faire assister et menaçants pour abuser du bien d'autrui, collectif ou privé .
Ce qui fait que je trouve l'idée de faire contrôler fiscalement ces gens là me semble opportune, même si elle vient bien tardivement . Dix contrôleurs pour trois cents camps ! Je sens quand même l'efficacité d'un coup d'épée dans l'eau . L'adversaire n'est pas un modeste salarié ou commerçant qui dit "amen" quand le fisc vient lui chercher noise . A suivre ...
« A Théodore Tronchin
[vers le 28 juillet 1762]
Voici, mon cher grand homme, le mémoire tel qu'il est fait pour les catholiques [Mémoire de Donat Calas pour son père, sa mère et son frère, du 22 juillet]. Nous nous faisons tout à tous, avec l'apôtre [cf. Corinthiens] ; il m'a paru qu'un protestant ne devait pas désavouer sa religion, mais qu'il devait en parler avec modestie et commencer par désarmer, s'il est possible, les préjugés qu'on a en France contre le calvinisme [%], et qui pourraient faire un très grand tort à l'affaire des Calas. Comptez qu'il y a des gens capables de dire : qu'importe qu'on ait roué ou non, un calviniste ? C'est toujours un ennemi de moins dans l'État 1.
Soyez très sûr que c'est ainsi que pensent plusieurs honnêtes ecclésiastiques. Il faut donc prévenir leurs cris par une exposition modeste de ce que la religion protestante peut avoir de plus raisonnable. Il faut que cette petite profession de foi honnête et serrée laisse aux convertisseurs une espérance de succès. La chose était délicate, mais je crois avoir observé les nuances.
Nous avons une viande plus crue pour les pays étrangers [Histoire d'Élisabeth Canning et des Calas, dont la margravine de Bade-Dourlac accuse réception le 24 août]. Ce mémoire-ci est pour la France, et il est au bain-marie. Je crois que je serai obligé de mettre en marge à la main la déposition qui fait parler Calas après être étranglé, comme dans Le Maure de Venise.[dans Othello, Desdémone prononce quelques mots après avoir été étranglée !]
Je vous prie de considérer que Pierre Calas , à la fin de sa déclaration, insiste sur la raison qui doit déterminer le conseil à se faire représenter les pièces. Cette raison n'est point l'intérêt de Pierre Calas, ni la mémoire de Jean Calas, dont le conseil se soucie fort peu, c'est le bien public, c'est le genre humain que le conseil doit avoir en vue, et c'est surtout la dernière idée qui doit rester dans l'âme du lecteur.[%%]
Je doute fort que je puisse venir chez vous de bonne heure ; faites moi savoir, je vous prie, par le porteur, jusqu'à quelle heure vous gardez la maison. »
1 Il ne faut pas oublier que la France est en guerre avec des pays protestants (Angleterre et Prusse), et que, comme dans les guerres de la fin du règne de LouisXIV, des accusations de trahison avaient été portées contre certains protestants français de l'intérieur ou de l'extérieur .
% Le mémoire débute par : « Je commence par avouer que toute notre famille est née dans le sein d'une religion qui n'est pas la dominante. On sait assez combien il en coûte à la probité de changer. Mon père et ma mère ont persévéré dans la religion de leurs pères. On nous a trompés peut-être ... »
%% Déclaration de Pierre Calas, du 23 juillet, se terminant ainsi : « … le conseil confirmera l'arrêt du public, s'il daigne seulement voir les pièces … je sens qu'il importe au genre humain qu'on soit instruit jusque dans les derniers détails de tout ce qu'a pu produire le fanatisme, cette peste éxécrable du genre humain. »
15:30 | Lien permanent | Commentaires (0)
28/07/2010
Voilà donc de tous les côtés l'amour qui est la cause d'un si grand malheur
"Il est doux de cultiver son jardin, mais il me semble qu'on y jette de grosses pierres"
Et dans le rôle du jeteur de pierres, votre serviteur, qui ne craint pas les nains de jardin ...
http://www.youtube.com/watch?v=flmoa2dVOSU
Si vous ne vous êtes pas endormi , ou si les applaudissements vous ont réveillé,vous pourrez lire la suite !...
Après une autre grande preuve d'amour de ma part , pour le plus beau (je ne vous dirai pas quoi ! ) :
http://www.youtube.com/watch?v=aag4LLGXECs&feature=re...
Bon, plus plaisant :
http://www.deezer.com/listen-744280
Et parce qu'il me vient de bons souvenirs (très personnels ) :
http://www.deezer.com/listen-4304184
« A Philippe-Antoine de Claris, marquis de Florian
au château d'Hornoy par Abbeville.
Aux eaux de Rolle en Suisse, par Genève
28è juillet 1766
Je viens de lire le mémoire signé de huit avocats [sur l'affaire La Barre et que V* réclamait]. Il ne parle point d'une abbesse, mais d'une supérieure de couvent [cf. lettre à Damilaville du 14 juillet et récit dans la prétendue lettre d'Abbeville]. Il dit que le juge devait se récuser lui-même, parce que de cinq accusés il y en avait quatre dont les familles avaient avec lui de violents démêlés. Le mémoire porte que ce juge voulait marier son fils unique à une demoiselle qui voulait épouser le frère ainé d'un des accusés même. Cette demoiselle était dans le couvent, et la supérieure favorisait les prétentions du rival. Il y a bien plus, ce juge était curateur de cette jeune personne, et on avait tenu une assemblée des parents de la demoiselle pour ôter la curatelle à ce juge.
Voilà donc de tous les côtés l'amour qui est la cause d'un si grand malheur. Voilà un lieutenant de l'élection, âgé de soixante ans [Belleval], amoureux d'une religieuse, et voilà un jeune homme amoureux d'une pensionnaire, qui ont produit toute cette affaire épouvantable.
Ce qui nous étonne encore dans ce procès, c'est que la procédure, ni la sentence, ni l'arrêt n'ont fait aucune mention de l'audace sacrilège avec laquelle on avait mutilé un crucifix ; il n'y a eu aucune charge sur ce crime contre les accusés, et cette action est probablement d'un soldat ivre de la garnison, ou de quelque ouvrier huguenot de la manufacture d'Abbeville. Mais les enquêtes faites sur cette profanation ayant été jointes aux autres corps du délit, ont produit dans les esprits une fermentation qui n'a pas peu contribué à l'horreur de la catastrophe.
Un des principaux corps du délit est une vieille chanson grivoise qu'on chante dans tous les régiments ; l'une intitulée La Magdeleine, et l'autre La Saint-Cyr.
Il est peu parlé dans la Consultation des avocats de l'infortuné jeune homme qui a fini ses jours d'une manière si cruelle, et avec une fermeté si héroïque [le chevalier de La Barre].
Il est très constant que de vingt-cinq juges il n'y en a eu que quinze qui aient opiné à la mort. Si les seigneurs d'Hornoy ont appris quelque chose qui puisse éclaircir cette horrible affaire, nous leur serons bien obligés de nous en faire part.
Ils vont donc faire une tragédie avec le jeune La Harpe. Il vaut mieux faire des tragédies que d'être témoin de celle qui vient de se passer dans votre voisinage.
Nous vous embrassons très tendrement.
Il est doux de cultiver son jardin, mais il me semble qu'on y jette de grosses pierres. »
15:45 | Lien permanent | Commentaires (0)
27/07/2010
tout le monde est content de moi hors les filles.
http://www.deezer.com/listen-2296931
"si la douane des pensées le permet.", vous pourrez lire ce que j'ai noté sur le livre d'or du Centre des Monuments Nationaux .
C'est ce que je pensais il y a plus de dix jours, j'étais encore dans le monde des illusions, le monde des Bisounours comme me dit LoveV !
Foin d'illusions, il me reste des certitudes : le livre d'or dort !!
Vous qui laissez un message au CMN oubliez tout espoir! à moins que vous n'écriviez des louanges dithyrambiques sur un site, un document d'information, ou que vous soyez à la recherche d'un livre, d'une brochure qui, oh! miracle, figure dans la liste de ce qui est disponible en boutique !
Je vous invite à aller sur
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
27 juillet 1768
Vous savez, mon cher ange,que vos ordres me sont sacrés, et que le souffleur de la Comédie aura son petit recueil si la douane des pensées le permet. J'ai adressé le paquet à Briasson le libraire, et l'ai prié de le faire rendre au dit souffleur. Le succès de cette affaire dépend de la chambre syndicale. Vous savez que j'ai peu de crédit dans ce monde. J'espère en avoir un peu plus dans l'autre, grâce aux bons exemples que je donne.[allusion à ses Pâques; cf. lettres à d'Argental du 22 avril, du 1er mai à d'Alembert, du 25 juin aux d'Argental]
Je ne suis pas revenu de ma surprise quand on m'a appris que ce fanatique imbécile d'évêque d'Annecy [Biord], soit-disant évêque de Genève, fils d'un très mauvais maçon, avait envoyé au roi ses lettres et mes réponses [au sujet de la communion de V* considérée comme une comédie et du sermon fait à la messe, cf. lettre du 25 juin ]. Ces réponses sont d'un Père de l'Eglise qui instruit un sot. Je ne sais si vous savez que cet animal-là a encore sur sa friperie un décret de prise de corps du parlement de Paris, qu'il s'attira quand il était porte-Dieu à la Sainte-Chapelle basse [le 6 février 1769, à son neveu d'Hornoy, il demandera des précisions sur cette affaire ; cf. lettre du 24 juin à Mme Denis . Le parlemnt poursuivit les prêtres qui refusaient les sacrements à qui ne présentait pas de « billet de confession »]. En tout cas, je suis très bien avec mon curé, j'édifie mon peuple ; tout le monde est content de moi hors les filles.
Que Dieu vous ait en sa sainte garde, mes chers anges ! Je ne sais ce que c'est que la vie éternelle, mais celle-ci est une mauvaise plaisanterie.
A propos j'ai coupé la tête à des colimaçons, leur tête est revenue au bout de quinze jours ; le tonnerre les a tués [voir sa brochure Les colimaçons du révérend père l'Escarbotier, 1768]. Dites à vos savants qu'ils m'expliquent cela. »
http://www.voltaire-integral.com/Html/27/12_Colimacons.html
09:57 | Lien permanent | Commentaires (0)
26/07/2010
C'est contre les persécuteurs et les hypocrites qu'il faut s' élever, et non pas contre les opprimés.
Leny Escudero, auteur, compositeur, interprête,que je préfèrais à Johnny vers mes 18 ans, dont j'ai un autographe quelque part dans le fouillis de mes paperasses, Leny qui m'est revenu en tête et au coeur ce matin ...
http://www.deezer.com/listen-237009 : Van Gogh
http://www.openfilm.com/videos/starry_night/
http://www.deezer.com/listen-236997 : Vivre pour ses idées !
S'il y en a eu un qui l'a fait c'est bien Volti !
Que nombreux soient ceux qui comme Leny Escudero allient idées généreuses et actions de bien .
http://www.deezer.com/listen-236998: Le bohémien ; celui de Leny ne correspond pas tout à fait à celui de l'actualité française , et encore moins à celui de Nicolas S...
http://www.deezer.com/listen-237010 : Le siècle des réfugiés
Et que dire des réfugiés, dont ceux de Leny sont du XXème siècle, et qui sont encore ici, vivants du XXIème avec toujours aussi peu d'espoir de s'en sortir, qui n'ont d'avenir que triste et clandestin. Quand trouvera-t-on de nouveaux Voltaire capables d'accueillir à leurs frais des réfugiés sans distinction de religion, de couleur, d'opinion?
« A Charles Palissot de Montenoy
à Argenteuil par Paris.
26è juillet 1764
Votre lettre, Monsieur, est pleine de goût et de raison. Vous connaissez votre siècle, et vous le peignez très bien. Les sentiments que vous voulez bien me témoigner me flattent d'autant plus qu'ils partent d'un esprit très éclairé. Vous méritez d'être l'ami de tous les philosophes, au lieu d'écrire contre les philosophes [pièce Les Philosophes, représentée le 2 mai 1760, où Diderot est attaqué nominalement ; cf. lettre du 15 avril 1760 à Mme d'Epinay]. Je vous avoue que j'aurais voulu, surtout, que vous eussiez épargné M. Diderot. Il a été persécuté et malheureux. C'est une raison qui devrait le rendre cher à tous les gens de lettres.
M. de Marmontel s'est trouvé dans le même cas [Palissot, le 9 août répondra qu'il lui « est impossible de regarder Marmontel comme un bon poète, lorsqu'(il) li(t) ses tragédies et (celles de V*) »]. C'est contre les persécuteurs et les hypocrites qu'il faut s' élever, et non pas contre les opprimés. Je pardonne à Guillaume Vadé et à Jérôme Carré [pseudos de V* pour éditer les Contes de Guillaume Vadé ; cf. lettres de février-mars à Cramer et 5 mai 1764 aux d'Argental] de s'être un peu moqué des ennemis de la raison et des lettres. Je trouve même fort bon que quand un évêque fait un libelle impertinent sous le nom d'Instruction pastorale, on tourne Monseigneur [Jean-Georges Lefranc de Pompignan ; cf lettre du 4 novembre 1763] en ridicule ; mais nous ne devons pas déchirer nos frères. Il me paraît affreux que des gens de la même communion s'acharnent les uns contre les autres. Le sort des gens de lettres est bien cruel, ils se battent ensemble avec les fers dont ils sont chargés [rappel de son Poème sur la loi naturelle], ce sont des damnés qui se donnent des coups de griffes. Maître Aliboron, dit Fréron, a commencé ce beau combat. Je veux bien que tous les oiseaux donnent des coups de bec à ce hibou, mais je ne voudrais pas qu'ils s'arrachassent les plumes en fondant sur la bête.
Le Crevier, dont vous me parlez, est un cuistre fanatique, qui a écrit un livre impertinent contre le président de Montesquieu [observations sur le livre de L'Esprit des lois, 1764]. Tous les gens de bien vous auraient embrassé si vous n'aviez frappé que de telles canailles. Je ne sais pas comment vous vous tirerez de tout cela, car vous voilà brouillé avec les philosophes [par la pièce Les Philosophes] et les anti-philosophes [par la Dunciade, où il avait notemment attaqué le janséniste Crevier qui après plainte au parlement l'a fait exiler ; cf. lettre du 14 avril 1764]. J'ai toujours rendu justice à vos talents, j'ai toujours souhaité que vous ne prissiez les armes que contre nos ennemis, je persiste dans ces sentiments, et je vous prie de me croire très sincèrement, Monsieur, v[otre] t[rès] h[umble et] o[béissant] s[erviteu]r
V. »
Poésie , amour, nostalgie, révolte :
09:51 | Lien permanent | Commentaires (3)
25/07/2010
Je n'aurais pas à présent de quoi me faire enterrer. Je prie Messieurs d'attendre.
http://www.deezer.com/listen-5745274
http://www.deezer.com/listen-5605477
http://www.deezer.com/listen-5605490
http://www.deezer.com/listen-5745282
http://www.deezer.com/listen-5745265
C'est dimanche, un peu de soleil exotique ne fait pas de mal et si vous suivez le rythme vous aurez la pêche !
« A Marie-Louise Denis
22 juillet [1769]
Ma chère amie, mon indignation redouble chaque jour sur l'aventure des lettres [®] et des derniers chapitres [®®]. Comment n'avez-vous pas remarqué que dans une de ces lettres il semble que le comte du Châtelet soit mon fils ? Il était pourtant né avant que je connusse sa mère [né le 20 novembre 1727]. Vraiment, ce serait là le dernier coup dans les circonstances où la fortune se plait à me placer. Plus je réfléchis sur cette complication d'infidélités et de dangers, plus je me dis qu'il faut me taire car si je crie : « On m'a volé, on m'a falsifié ! -Ah! Ah! me répondra-t-on, ces choses là sont donc de vous ! » Que faire donc encore une fois ? Ne se plaindre de personne pour ne point faire de nouveaux ennemis ; mieux serrer ses papiers, ; condamner hautement des chapitres détestables auxquels il est impossible qu'un homme instruit et qui sait un peu écrire ait la moindre part.
Peut-être faudra-t-il un jour engager doucement l'infidèle [®®®] à rendre d'autres papiers plus importants, dont il s'est emparé [®®®®]. Mais je suis très sûr qu'à présent il ne faut pas le pousser à bout. Il faut même avoir pitié de lui . M. le duc de Choiseul lui ôterait la pension dont il l'honore et qui est sa seule ressource pour lui et pour sa femme. L'indiscrétion, la mauvaise éducation, la pauvreté et non la mauvaise volonté lui ont fait commettre une assez méchante action [®®®®®]. Ensevelissons-la dans le plus profond oubli. Il sera comme Crispin [personnage de valet peu scrupuleux, peut-être inventé par Raymond Poisson, ou alors celui de Le Sage dans Crispin rival de son maître], quelquefois honnête homme et quelquefois fripon. D'ailleurs je n'ai que ma certitude, mais nulle preuve que je puisse alléguer. Quand j'en aurais, je me tairais encore. Ce serait un fracas de tracasseries, une source d'horreurs qu'on ferait naître, si on laissait seulement tomber sur lui des soupçons. Tout cela est triste, me direz-vous. Oui, sans doute, mais il me semble qu'on peut s'en tirer avec son innocence, des amis, et un peu d'attention. Il me semble qu'on peut tout réparer en peu de temps [accréditer son reniement]; et qu'on a pris toutes les précautions nécessaires. MM. de Jaucourt et de Schomberg, favoris de M. le duc de Choiseul, lui ont écrit de Ferney sans même m'en prévenir. M. Marin parlera sans doute à M. de Sartines et monsieur le chancelier.
Votre neveu [d'Hornoy, conseiller au parlement] peut aisément désabuser ses confrères. Mon petit billet à M. Marin me paraît très convenable [®®®®®®]. On peut en faire cent copies. Il en faut surtout aux avocats généraux. Voilà, je crois, les emplâtres qu'on doit mettre sur les blessures que ma facilité et le hasard m'ont faites. J'ajuste sans peine l'affaire de la Duchesne [®®®®®®®].
J'espère qu'on n'annotera rien [®®®®®®®®]. Je n'aurais pas à présent de quoi me faire enterrer. Je prie Messieurs d'attendre. Bonsoir ma chère amie. J'oubliais de vous dire que j'ai fait pour M. d'Argental ce que j'ai pu [un prêt d'argent].
V. »
® Lettres de V* « à Mme de La Neuville, etc » que la veuve Duchesne a achetées, que « bonne imbécile » elle voulait imprimer, sur lesquelles elle avait « consulté Mme Denis » qui les avait envoyées à son oncle.
®® Ceux de l'Histoire du parlement que V* renie plus particulièrement ; cf. lettre à d'Alembert du 9 juillet.
®®® La Harpe .
V* dans sa précédente lettre à Mme Denis est plus précis : « Vous savez qu'on me vola beaucoup (de papiers) , vous n'ignorez pas qui me les vola. J'ai perdu un très gros manuscrit de recherches sur l'histoire de France dont je vois bien qu'on extrait tout ce qui regarde le parlement. Le voleur a compilé tout à sa mode... »
®®®® Sans doute s'agit-il d'un manuscrit de ses Mémoires qui avait disparu et qu'on accusera La Harpe d'avoir volé ; il ne le montrait à personne et il devait n'être imprimé qu'après sa mort et celle de Frédéric II.
®®®®® La Harpe a volé à coup sûr le deuxième chant de La Guerre civile de Genève, qu'il diffusa à Paris à l'automne 1767, ce qui mécontenta fort Théodore Tronchin (dont il était question dans ce chant) … et surtout provoqua le départ de Mme Denis (de Ferney) qui soutenait La Harpe ; cf. lettres de mars-avril 1768.
®®®®®® Le 19 juillet, à Marin : « … les derniers chapitres (de l'Histoire du parlement) (lui) ont paru aussi indécents que faux et mal écrits » et en relève quelques exemples de « mauvais style » et ne déduit qu'ils « ne paraissent pas de la m^me plume que les premiers », « ils sont si mauvais en tout sens qu'ils ne méritent pas qu'on les réfute » et conclu en affirmant que « rien ne peut égaler l'indignation où (il est) ».
®®®®®®® « l'affaire » du carton, à mettre dans La France littéraire où on lui attribuait un certain nombre d'œuvres qu'il désavoue, les unes à tort, d'autres à raison ; cf. lettre du 17 avril.
®®®®®®®® En vue d'une saisie ; il demandera le 24 juillet à Christin l'avocat, entre autres, si le Parlement de Paris peut décréter de prise de corps « un jeune homme » domicilié dans un parlement de province à qui on attribue sans preuves une histoire du parlement de Paris...
Indignation, dit-il ?
Indignation, j'écoute :
http://www.deezer.com/listen-1538845
Et maintenant c'est vous qui allez être indignés ?!
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