16/09/2012
Comment faites-vous, madame, pour nous donner à la fois tant de plaisir et tant de jalousie?
... Vous écrivez ! ...
Vous écrivez sans relache, chère Mam'zelle Wagnière, vous nous aidez à connaitre Voltaire, sans fard, brut de décoffrage oserais-je dire, et c'est bien . J'ai mis mes pas dans les vôtres , hier et aujourd'hui, au château, et je fais des voeux pour vous y revoir bientôt .
Je vous suis fort attaché
« A madame Marie-Anne du BOCCAGE. 1
Aux Délices, route de Genève, 30 décembre [1756].
Comment faites-vous, madame, pour nous donner à la fois tant de plaisir et tant de jalousie? Nous avons reçu, Mme Denis et moi, votre présent 2 avec transport; nous le lisons avec le même sentiment. C'est après la lecture du second chant que nous interrompons notre plaisir pour avoir celui de vous remercier. Ce second chant surtout nous parait un effort et un chef-d'œuvre de l'art. Nous ne pouvons différer un moment à nous joindre avec tous ceux qui vous diront combien vous faites d'honneur à un art si difficile, à notre siècle, que vous enrichissez, et à votre sexe, dont vous étiez déjà l'ornement. Que vous êtes heureuse, madame! Tout le monde, sans doute, vous rend la même justice que nous. On ne falsifie point, on ne corrompt point les beaux ouvrages dont vous gratifiez le public, tandis que moi, chétif, je suis en proie à des misérables qui, sous le nom d'une certaine Pucelle, impriment tout ce que la grossièreté a de plus bas, et ce que la méchanceté a de plus atroce. Je me console en vous lisant, madame et, permettez-moi de le dire, en comptant sur votre justice et votre amitié. Vous la devez, madame, à un homme qui sent aussi vivement que moi tout ce que vous valez, qui s'intéresse à votre gloire, et qui vous sera toujours attaché malgré l'éloignement.
Mme Denis vous dit les mêmes choses que moi nous vous remercions mille fois. Nous allons reprendre notre lecture nous vous aimons, nous vous admirons. Comment vous dire que je suis comme un autre, madame, avec respect, etc. »
1 Marie-Anne du Boccage : http://fr.wikipedia.org/wiki/Anne-Marie_du_Boccage
2 La Colombiade, ou la Foi portée au nouveau monde, poême épique en dix chants dédié au pape Benoit XIV ; 1756, in-8*. http://books.google.fr/books?id=YUtFAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false
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15/09/2012
(In)Culture , patrimoine et forte femme
Je sais que les occasions de rire ne demandent qu'à être multipliées, qu'elles ne sont cependant pas si nombreuses, qu'elles se présentent à l'improviste, comme celle de ce jour dont je vous fais profiter .
Après ma visite du château de Voltaire, -journée du patrimoine oblige-, j'ai parcouru encore une fois le parc et contrairement à mes dernières périgrinations, j'ai pris le temps de lire tous les panneaux indicatifs . L'allée des charmilles , qui est naturellement et joliment fleurie de petits cyclamens, va m'offrir une fleur de réthorique originale .
... Demi étonnement car je connais les limites des salariés de la culture, puis doute, puis joie de chasseur de perles . ... Cherchez l'erreur !
Après enquête auprès du maître des lieux -Voltaire himself-, j'ai eu la confirmation de ce dont je me doutais déjà (facile au vu des portraits d'époque ) : Mme Marie-Louise Denis était une forte femme à qui "la manutention" d'un château ne faisait pas peur ! Fille de Popeye et Superwoman sans aucun doute !
Moi, ce qui me fait peur, c'est de voir le patrimoine de la langue française aussi mal utilisé .
Reste à savoir combien de têtes se sont alliées pour pondre cette anerie .
Monsieur l'administrateur du château , ton français fout le camp !
PS - En date du 30 mars 2017, voir http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/03/27/3... , il n'est jamais trop tard pour s'amender .
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14/09/2012
Quand on s'est fait à notre âge, madame, une retraite agréable, il faut en jouir
... Que dire de plus ?
Voici ce que m'évoque cette lettre du jour, l'attitude de Volti me semble alors être "escargotesque", home sweet home !
« A Madame de Klinglin, comtesse de Lutzelbourg.
Aux Délices, 27 décembre [1756].
Je ne conçois rien, madame, à l'aventure de la lettre du 3 novembre dont vous me faites l'honneur de me parler mais aussi je n'entends pas davantage toutes les aventures de ce bas monde.
Évoques, parlements, Saxons, Prussiens, Autrichiens, Russes, tout cela me confond. Il y a douze mille ouvriers à Lyon qui mendient leur pain, parce que le roi de Prusse a dérangé le commerce de Leipsick; et ce monarque prétend que Leipsick lui a beaucoup d'obligation. La famine menace la Saxe et la Bohême.
Laissons les hommes faire leur commun malheur, et jouissons de notre heureuse tranquillité, vous à l'île Jard, et moi aux Délices. Je ne me plains que d'être trop loin de vous. Ne croyons rien de tout ce qu'on nous dit. Il est vrai qu'un misérable s'est avisé de faire une édition infâme d'une Pucelle; mais il n'est pas vrai que je dusse retourner en France. Dieu me préserve de quitter la retraite charmante que je me suis faite, et qui mérite son nom de Délices! Quand on s'est fait à notre âge, madame, une retraite agréable, il faut en jouir; c'est le parti sage que vous avez pris, et dans lequel il faut persister.
Permettez-moi de présenter mes respects à monsieur le premier président d'Alsace et à Mme de Klinglin, et surtout à monsieur votre fils. Attendons patiemment l'issue des troubles d'Allemagne. Laissons les gens oisifs écrire au nom du cardinal de Richelieu. Ce monde est un orage, sauve qui peut.
Mme Denis vous souhaite des années de santé et de tranquillité en nombre nous en faisons autant pour Mme de Brumath. Nous n'oublions pas Marie 1 mais nous craignons que les Prussiens ne troublent la maison archiducale. Adieu, madame; conservez vos bontés au bon Suisse V. »
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13/09/2012
Lorsque deux généraux disputent pour la victoire, quoiqu'ils soient également gens d'honneur, il faut nécessairement que l'un des deux soit battu
... De préférence celui d'en face .
Statu quo ?
« De M. le maréchal duc de RICHELIEU. 1
[26 décembre 1756]
Je suis très-touché, monsieur, de l'affaire de l'amiral Byng je puis vous assurer que tout ce que j'ai vu et entendu de lui est entièrement à son honneur. Après avoir fait tout ce qu'on pouvait raisonnablement attendre de lui, il ne doit pas être blâmé pour avoir souffert une défaite. Lorsque deux généraux disputent pour la victoire, quoiqu'ils soient également gens d'honneur, il faut nécessairement que l'un des deux soit battu et il n'y a contre M. Byng que de l'avoir été. Toute sa conduite est celle d'un habile marin, et digne d'être admirée avec justice. La force des deux flottes était au moins la même les Anglais avaient treize vaisseaux, et nous douze, mais beaucoup mieux équipés et plus nets. La fortune, qui préside à toutes les batailles, particulièrement à celles qu'on livre sur mer, nous a été plus favorable qu'à nos adversaires, en faisant faire un plus grand effet à nos boulets dans leurs vaisseaux. Je suis convaincu, et c'est le sentiment général, que si les Anglais avaient opiniâtrement continué le combat, toute leur flotte aurait été détruite. Il ne peut y avoir d'acte plus insigne d'injustice que ce qu'on entreprend actuellement contre l'amiral Byng. Tout homme d'honneur, tout officier des armées doit prendre un intérêt particulier à cet événement.
RICHELIEU »
1 Cette lettre ou fragment de lettre (voir lettre du 13 février 1757 à Richelieu) est une réponse à celle de Voltaire à Richelieu, du 20 décembre 1756 ,elle a pu ne parvenir aux Délices que dans les premiers jours de janvier 1757. Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/07/26/si-je-voulais-transcrire-les-paroles-favorables-que-vous-m-a.html
et page 174 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411355v/f177.image
Voir aussi lettre du 2 janvier 1757 à François Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/01/01/il-s-agit-de-sauver-un-innocent-un-infortune.html
20:16 | Lien permanent | Commentaires (0)
Parmi les nouvelles affligeantes pour les bons citoyens, dans plusieurs parties de l'Europe, il y en a de bien désagréables dans la littérature
... Mais heureusement elles ne prêtent pas à conséquence . La période des prix littéraires qui chevauche celle des foires aux vins sera fertile en maux de tête dont il sera difficile de trouver la cause , indigestions de romans imbuvables ou gueules de bois de pinards dont les étiquettes sont la seule qualité , l'un n'excluant pas l'autre .
Je propose que l'on mette cet avertissement sur les certains livres "L'abus de mauvaise littérature rend idiot" , et sur les plus mauvais "A consommer avec modération" .
http://deledition.tumblr.com/post/31330169437/a-la-soiree-douverture-du-salon-du-livre-merci
« A M. Pierre ROUSSEAU 1
[décembre 1756]
Parmi les nouvelles affligeantes pour les bons citoyens, dans plusieurs parties de l'Europe, il y en a de bien désagréables dans la littérature. On se contentait autrefois de critiquer les auteurs, on a fait succéder à cette critique permise un brigandage inouï; on fait imprimer leurs ouvrages falsifiés et infectés de tout ce qu'on croit pouvoir nourrir la malignité, pour favoriser le débit. Voici comme s'explique, sur ce criminel abus, M. l'abbé Trublet, dans sa préface des Lettres 2 de feu M. de Lamotte « On donne de nouvelles éditions des ouvrages des gens célèbres, pour avoir occasion d'y répandre les notes les plus scandaleuses et les traits les plus satiriques contre leurs auteurs. Il était réservé à notre siècle de voir pratiquer dans les lettres ce brigandage. »
Le sage auteur de cette remarque parlait ainsi en 1754, à l'occasion du Siècle de Louis XIV, dont M. La Beaumelle s'avisa de faire et de vendre une édition chargée de tout ce que l'ignorance a de plus hardi, et de ce que l'imposture a de plus odieux. La même aventure se renouvelle depuis cinq ou six mois. Le même éditeur a falsifié plusieurs lettres de Mme de Maintenon, et en a supposé quelques-unes de M. le maréchal de Villars, de M. le duc de Richelieu, qu'ils n'ont jamais écrites et c'est encore là le moindre abus dont on doit se plaindre dans la publication scandaleuse des prétendus Mémoires de Mme de Maintenon. Le comble de ces manœuvres infâmes est une édition d'un poème intitulé la Pucelle d'Orléans 3. L'éditeur a le front d'attribuer cet ouvrage à l'auteur de la Henriade, de Zaïre, de Mérope, d'Alzire, du Siècle de Louis XIV; et, tandis que nous attendons de lui une Histoire générale, et qu'il travaille encore au Dictionnaire encyclopédique, on ose mettre sur son compte le poème le plus plat, le plus bas, et le plus grossier qui puisse sortir de la presse. En voici quelques vers pris au hasard
Louis s'en vint du fond des Pays-Bas
Pour cogner Charles et heurter le trépas.
(La Pucelle, Variantes du ch. II.)
Là, les lépreux, les femmes bien apprises,
Devaient changer de robe et de chemises.
L'heureux Villars, bon Français, plein de cœur,
Gagna le quitte ou double avec Eugène.
Pour les idiots ce fut une trompette
Le drôle avait étudié sa bête.
Il dit que Dieu, roulé dans un buisson,
A lui chétif avait donné leçon.
(Var. du ch. III.)
Il les pria, de la part de madame,
A manger caille, oie, et bœuf au gros lard.
(Var. du ch. IV.)
Sous le foyer d'un grand feu de charbon,
La tête hors d'un énorme chaudron.
Pendez, pendez, le vilain semblait dire
Baiser soubrette est péché dont la loi, etc.
(Var. du ch. V.)
Agnès baisait, Agnès était saillie.
A ses baisers il veut que l'on riposte,
Et qu'on l'invite à courir chaque poste.
(Var. du ch. X.)
Chandos, suant et soufflant comme un bœuf,
Tâte du doigt si l'autre est une fille;
Au diable soit, dit-il, ma sotte aiguille.
(Var. du ch. XIII.)
Lecteur, ma Jeanne aura son pucelage
Jusqu'à ce que les vierges du Seigneur,
Malgré leurs vœux, sachent garder le leur.
(Var. du ch. XXI.)
La plume se refuse à transcrire le tissu des sottes et abominables obscénités de cet ouvrage de ténèbres. Tout ce qu'on respecte le plus y est outragé autant que la rime, la raison, la poésie, et la langue. On n'a jamais vu d'écrit ni si plat, ni si criminel et c'est ce langage des halles qu'on a le front d'attribuer à l'auteur de la Henriade, contre lequel même on trouve dans le poème deux ou trois traits parmi tant d'autres qui attaquent grossièrement les plus honnêtes gens du monde. Ceux qui, trompés par le titre, ont acheté cette misérable rapsodie, ont conçu l'indignation qu'elle mérite. Si une telle horreur parvient jusqu'à vous, monsieur, elle excitera en vous les mêmes sentiments, et vous n'aurez pas de peine à les inspirer au public. »
2 L'abbé Trublet lui-même dit que l'éditeur des Lettres de M. de Lamotte, 1754, in-12, est l'abbé Leblanc, à qui est adressée la lettre 563.
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12/09/2012
Continuez à instruire ce monde, que tant de gens désolent
... Et soyez-en remerciés .
http://www.furet.com/ecoles-du-monde-se-deplacer-s-instruire-etre-ensemble-1536045.html
« A M. D'ALEMBERT.
Aux Délices, où l'on vous regrette, 22 décembre [1756] 1.
Mon cher maître, mon aimable philosophe, vous me rassurez sur l'article Femme; vous m'encouragez à vous représenter en général qu'on se plaint de la longueur des dissertations vagues et sans méthode que plusieurs personnes vous fournissent pour se faire valoir; il faut songer à l'ouvrage, et non à soi. Pourquoi n'avez-vous pas recommandé une espèce de protocole à ceux qui vous servent, étymologies, définitions, exemples, raison, clarté, et brièveté? Je n'ai vu qu'une douzaine d'articles, mais je n'y ai rien trouvé de tout cela. On vous seconde mal il y a de mauvais soldats dans l'armée d'un grand général. Je suis du nombre; mais j'aime le général de tout mon cœur. Si j'étais à Paris, je passerais ma vie dans la Bibliothèque du roi, pour mettre quelques pierres à votre grand et immortel édifice. Je m'y intéresse pour l'honneur de ma patrie, pour le vôtre, pour l'utilité du genre humain. Si j'avais eu l'honneur de voir M. Duclos 2 quand il vous donna l'article Étiquette, je l'aurais détrompé de l'idée vague où l'on est que Charles-Quint établit dans ses autres États l'étiquette de la maison de Bourgogne. Celles de Vienne et de Madrid n'y ont aucun rapport. Mais surtout, si je travaillais à Paris, je ferais bien mieux que je ne fais; je n'ai ici aucun livre nécessaire.
Les tracasseries civiles de France sont tristes, mais les guerres civiles d'Allemagne sont affreuses. La campagne prochaine sera probablement bien sanglante. Continuez à instruire ce monde, que tant de gens désolent.
L'édition infâme de la Pucelle m'afflige; mais la justice que vous me rendez, ainsi que tous les gens d'honneur et de goût, me console.
Mme Denis et moi, nous vous embrassons de tout notre cœur. »
1 Réponse à la lettre du 13 décembre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/09/10/le-cri-public-nous-autorise-a-nous-rendre-severes-et-a-passe.html
2 Charles Pinot Duclos : http://fr.wikisource.org/wiki/Auteur:Charles_Pinot_Duclos
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11/09/2012
Je n'ai jamais vu d'ailleurs d'ouvrage plus digne à la fois de mépris et de châtiment; mais je crois à présent le parlement et le public occupés de soins plus pressants que celui de juger un petit libelle
... Comme celui de Richard Millet (chez Gallimard), intitulé "Eloge littéraire d'Anders Breivik" .
et bien sûr ne pas manquer Patrick Besson : http://www.lepoint.fr/editos-du-point/patrick-besson/saint-germain-des-pres-zone-urbaine-sensible-06-09-2012-1503310_71.php
Ci-dessous mon "Eloge de l'oeuvre de Richard Millet"
Sous titre : "Vision du futur de la dite oeuvre : Garbage !"
« A M. le comte d'ARGENTAL.
Aux Délices, 20 décembre [1756].
Mon cher ange, j'ai vu cette infamie que l'on impute à La Beaumelle, et que je n'impute qu'à un diable, et à un sot diable. Il y a deux endroits assez piquants contre moi dans cette rapsodie digne des halles 1, qu'on a osé imprimer sous mon nom. Je n'ai jamais vu d'ailleurs d'ouvrage plus digne à la fois de mépris et de châtiment; mais je crois à présent le parlement et le public occupés de soins plus pressants que celui de juger un petit libelle 2. Je me console par la juste espérance que les honnêtes gens et les gens de goût me rendront justice. Vous y contribuez plus que personne, vos amis vous secondent il serait bien étrange que la vérité ne triomphât pas, quand c'est vous qui l'annoncez.
Si cette affreuse calomnie a des suites, je suis très-sûr que vous serez le premier à m'en instruire. Je crois qu'à présent je n'ai rien à faire qu'à déplorer tranquillement la méchanceté des hommes. M. le duc de La Vallière m'a mandé les mêmes choses que vous il veut bien se charger d'assurer Mme de Pompadour de mon attachement et de ma reconnaissance pour ses bontés, et il répond qu'elle ne prêtera point l'oreille à la calomnie 3.
Ce n'est pas assurément le temps que M. le maréchal de Richelieu entame ce que votre amitié généreuse lui a suggéré, et je suis bien loin de lui laisser seulement envisager que je veuille mettre ses bontés à l'épreuve 4. Pour Rome sauvée et les autres pièces, ce sont là des choses qu'on peut demander hardiment. Je n'y ai pas manqué, et j'espère que vous vous joindrez à moi.
Zulime ne sera plus Zulime, elle changera de nom sans changer de caractère 5. Le lieu de la scène ne sera plus le même. Il y aura quelques scènes nouvelles; et, comme les deux derniers actes sont absolument différents de ceux qui furent joués, la pièce sera en effet toute neuve. Le reste viendra quand il pourra, quand j'aurai de la santé, de la force, de la tranquillité; quand la calomnie ne viendra plus assiéger mon ermitage, désoler mon coeur, et éteindre mon pauvre génie. Je vous embrasse avec larmes, mon respectable ami.
Il n'est pas douteux que La Beaumelle n'ait été l'auteur et l'éditeur, avec ses associés, de cet abominable ouvrage; je le reconnais à cent traits. Voilà pour la seconde fois qu'il fait imprimer mes propres ouvrages 6 farcis de tout ce que sa rage pouvait lui dicter. Il y a des horreurs contre le roi même. Leur platitude ne les rend pas moins criminelles. Ce libelle est un crime de lèse-majesté, et il se vend impunément dans Paris. »
1 Une version de La Pucelle .
2 Voir dans le Précis du Siècle de Louis XV : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-precis-du-siecle-de-louis-xv-chapitre-xxxvi-partie-2-109987154.html
3 Allusion aux vers qui commencent ainsi, dans les variantes du chant II de la Pucelle:
Telle plutôt cette heureuse grisette
Que la nature ainsi que l’art forma
Pour le b….. ou bien pour l’Opéra,
Qu’une maman avisée et discrète
Au noble lit d’un fermier éleva,
Et que l’amour, d’une main plus adrète,
Sous un monarque entre deux draps plaça.
4 Voir lettre du 20 décembre 1756 à Richelieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/07/26/si-je-voulais-transcrire-les-paroles-favorables-que-vous-m-a.html
5 Zulime devient Médime puis Fanime .Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-zulime---avertissement-81729398.html
20:47 | Lien permanent | Commentaires (5)