13/12/2012
On ne parle point de la marine . Il faut espérer qu'on en parlera
... Le moins possible ! tant de la marine nationale au porte-avions fils unique, que de la Marine porte-à-faux heureusement unique (par sa grande gu..., que n'ouvrent pas son frère ni sa soeur ainés ) .
Ô mère -grand, comme vous avez de grandes dents !
« A Jean-Robert TRONCHIN
à Lyon
27 août [1757]
Mon cher monsieur, les Français boivent le vin du roi d'Angleterre dans Hanovre et je bois celui du chanoine de Soleure . Mais il n'a rien à me reprocher . Pourquoi M. Cathala m'envoie-t-il votre tonneau, pourquoi met-on vite en bouteilles, pourquoi s'empresse-t-on de le goûter ? J'ai perdu vingt bouteilles à ce mécompte car je comptais sur cent cinquante et je n'en ai que cent trente . Le chanoine avec le temps sera plus heureux que moi . Et le baron 1? N'est-ce pas lui qui a mes cent cinquante bouteilles ? C'est lui qui doit se moquer de moi et du chanoine .
On prétend à Neuchâtel que le prince de Conti veut faire valoir ses droits sur cette principauté . Il aurait raison mais il me semble qu'il n'est pas encore temps d'avoir raison 2.
Faites des annuités tout comme vous l'entendrez . Tant que les armées de France mangeront le pays ennemi je crois qu'on sera bien payé . On ne parle point de la marine . Il faut espérer qu'on en parlera . On fait aujourd'hui plus de besogne que de bruit . Adieu mon cher correspondant . L'oncle et la nièce vont à Lausanne pénétrés de vos bontés .nous reviendrons le plus tôt que nous pourrons .
Votre très honoré obéissant serviteur
V. »
1 Labat .Voir lettre du 29 juillet à J-R Tronchin à propos de ce tonneau de vin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/11/25/j-aime-mieux-elever-un-pichon-que-servir-un-roi.html
2 Frédéric II a essuyé plusieurs défaites et fait des offres de paix dont l'une consistait précisément à céder Neuchâtel à Mme de Pompadour .Voir : http://books.google.fr/books/about/La_Marquise_de_Pompadour_et_Neuch%C3%A2tel.html?id=d7zcHAAACAAJ&redir_esc=y
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12/12/2012
je m'accommode assez de ma médiocrité; on peut être heureux sans être roi ni fermier général
... Je confirme !
Médiocrité comprise car
in medio stat virtus (la vertu est éloignée des extrêmes ).
« A Marie-Elisabeth de DOMPIERRE de FONTAINE.
Aux Délices, 27 août [1757]
Ma chère enfant, je vous avoue que je suis fâché de faire venir des tableaux et des glaces pour Lausanne j'aimerais mieux les placer à Hornoi; mais me voilà Suisse pour le reste de ma vie. Mme Denis a voulu une belle maison à Lausanne; les Délices s'embellissent tous les jours. Nous jouons la comédie à Lausanne; on nous la donne aux portes de Genève. On représenta hier Alzire, et, quand j'arrivai, tous les Genevois me reçurent avec de très longs battements de mains. Il n'y a pas moyen de quitter ces hérétiques-là. Quand, avec une mauvaise santé, on est parvenu à la septième dizaine de son âge, il ne faut plus songer qu'à mourir tranquille, et tous les lieux doivent être égaux...
Je n'ai point de messe en musique comme La Popelinière je n'ai point un trio de complaisantes, mais je m'accommode assez de ma médiocrité; on peut être heureux sans être roi ni fermier général. Le bruit court, dans notre Suisse, que M. le prince de Conti veut faire revivre ses droits sur le comté de Neufchâtel 1. En effet, il était le légitime héritier, et c'est encore une province que le roi de Prusse pourrait perdre. Vos Français sont dans Hanovre; j'espère qu'ils souperont à Berlin en 1758, au plus tard. »
1 Marie de Nemours a été le dernier possesseur français de Neuchâtel, et avant elle, Jean-Louis-Charles d'Orléans avait fait un testament instituant le prince de Conti son légataire . C'est ainsi que la souveraineté de ce territoire fut réclamée sans succès par François-Louis de Bourbon, prince de Conti, grand-père de Louis François à qui V* fait ici allusion . A la mort de Marie de Nemours en 1707 les prétendants avaient été nombreux et le roi de Prusse l'avait emporté .
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vous me continuerez vos bons offices et vos soins obligeants pour m'aider à passer tranquillement ce qui me reste à vivre
... Disent en choeur Chichi et Valéry à leurs épouses respectives et au minsitère des Finances qui est le pourvoyeur de leurs retraites princières . J'exclus volontairement Sarko dont l'espérance de vie me parait trop longue pour qu'il puisse en toute sérénité faire la même demande à Carla . Qui vivra verra !
Qui fera long feu ?
« A M. Guillaume-Claude de LALEU 1
Aux Délices, 23 août 1757.
Je vous renvoie ci-joint, monsieur, mon testament, que j'avais mis en dépôt chez vous en juin 1750. S'il y a quelque codicille à faire, je serai obligé de suivre la jurisprudence du pays où je suis, et la loi de France établie pour les testaments faits en pays étranger. Il n'y aura ni discussion, ni embarras, ni dettes, et puisque vous voulez bien être mon exécuteur testamentaire, vous trouverez que vous n'êtes pas chargé d'une régie difficile; ce qu'il y aura à recevoir de Cadix, ce qu'on devra de mes rentes viagères, les liquidations de mes droits sur la succession de Bernard 2 et dans la régie de Goesbriant 3, seront au profit de mes héritiers.
Vous ne devez pas douter de ma reconnaissance et de celle de Mme Denis. Je me flatte que vous me continuerez vos bons offices et vos soins obligeants pour m'aider à passer tranquillement ce qui me reste à vivre.
Votre très-humble et très-obéissant serviteur,
Voltaire »
1 Laleu : http://en.wikipedia.org/wiki/User:EE_Project/Guillaume_Claude_de_Laleu . http://gw1.geneanet.org/fbg3?lang=fr;p=guillaume+claude;n=de+laleu
http://www.dencheres.fr/400172507204/ex-libris-de-guillaume-claude-de-laleu.html
2 Samuel-Jacques Bernard, comte de Coubert : voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Samuel-Jacques_Bernard_%281686-1753%29
3 Le comte de Goesbriant à qui V* a prêté de l'argent il y a environ 20 ans . Voir : http://books.google.fr/books?id=qEM6AAAAcAAJ&pg=PA334&lpg=PA334&dq=goesbriant+voltaire&source=bl&ots=Omu9uOM1F2&sig=A7tKG1EkjII0zoc8zq-JnxluvnU&hl=fr&sa=X&ei=pIrIUI2eN8XKhAfnt4DQDg&ved=0CEQQ6AEwAw#v=onepage&q=goesbriant%20voltaire&f=false
Voir lettre du 18 mars 1737 à Moussinot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/03/18/je-suis-dans-une-situation-a-avoir-toujours-besoin-d-une-som.html
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11/12/2012
c'est peu de chose d'exister en peinture
... Et ça l'est encore moins d'être (ou plutôt "paraitre") sur fesses de bouc et/ou à la télévision !
Miroir aux alouettes ?
« A Pierre-Joseph THOULIER d'OLIVET
de l'Académie française
rue de la Sourdière
à Paris
Aux Délices près de Genève 22 août [1757]
Un Cramer, mon cher maître, m'a dit de vos nouvelles, que vous vous portiez mieux que jamais, que vous vous souvenez encore de moi, et que [vous] voulez que j'envoie mon maigre visage pour mettre à côté de votre grosse face. Tout cela est-il vrai? et ma physionomie ne sera-t-elle point de contrebande? Que faites-vous de tant de portraits? Bientôt le Louvre ne les contiendra pas. Portez-vous bien et conservez-vous, voilà le grand point ; c'est peu de chose d'exister en peinture. Si j'avais un portrait de Cicéron, je l'encadrerais avec le vôtre. Mais pour moi, je ne serai tout au plus qu'avec Capistron ou Crébillon. Dites-moi, je vous prie, si, révérence parler, vous n'êtes pas notre doyen ? Il me semble que cette sublime dignité roule entre M. le maréchal de Richelieu et vous 1.
J'ai bien une autre question à vous faire. Olivet n'est-il pas dans mon voisinage près de Saint-Claude 2? N'allez-vous jamais chez vous? Ne pourrait-on pas espérer de vous voir dans mon ermitage des Délices? Je mourrais content. Interim vale et tuum discipulum ama.
Le Suisse V.»
2 Non, c'est plus au nord à Salins : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Joseph_Thoulier_d'Olivet
15:30 | Lien permanent | Commentaires (0)
je le remercie de l'ouvrage aussi solide que bien écrit
... Que j'attends avec impatience, à savoir le livret 2012 édité par la société "Voltaire à Ferney" et qui est le cinquième d'une série devant en comporter 21 : http://voltaire-a-ferney.org/13.html
Petit papa Noël, etc, etc ... j'y crois encore ! il reste 20 jours pour être dans les temps .
Mais j'ai les crocs !!
le 22 août 1757
Je suis très sensible de la confiance que monsieur Luc a bien voulu me témoigner et je le remercie de l'ouvrage 2 aussi solide que bien écrit qu'il m'a prêté . Je serais venu le lui rapporter moi-même et lui faire mes remerciements si ma mauvaise santé avait pu me le permettre . »
1 Une copie de cette lettre fut envoyée par Luc à Rousseau le 24 septembre qui lui répondit le 10 octobre .
2 Observations sur les savans incrédules et sur quelques uns de leurs écrits , Genève 1762 : http://books.google.fr/books?id=aqQFAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
14:51 | Lien permanent | Commentaires (0)