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24/03/2013

il n'a pas dit un mot qui puisse faire croire que les ministres de Genève ne sont pas chrétiens

...  Et pendant ce temps-là de prétendus chrétiens Français venaient encore une fois semer le désordre pour marquer leur opposition au mariage pour tous . Ces manifestants à la petite semaine, à la triste mine et au front bas ont bien entendu demandé moult démissions gouvernementales sous prétexte d'avoir été refoulés par les forces de l'ordre .

http://www.lepoint.fr/fil-info-reuters/debordements-au-rassemblement-anti-mariage-gay-24-03-2013-1645119_240.php

 

Christine Boutin a fait son caca nerveux.

Guaino est tout fiel, comme d'hab.

Wauquiez qui sans doute refuse à ses enfants l'horrible accès à Internet s'indigne de l'usage des lacrymogènes "contre des enfants", lesquels selon moi courent bien plus de dangers sous la houlette de  leurs parents obtus .

Copé chef de sous-parti (et sous bien partis aussi ! ) n'a pas manqué d'encourager les sympathisants de l'Union des Minus Présidentiels à aller grossir les rangs des manifestants ; aux dernières nouvelles, ça ne s'est pas vu .

Avant les lacrymo

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Bon , là , j'ai envisagé une participation massive de dits-chrétiens, et je dois avouer que je sais par voie directe que nos curés ont bien travaillé leurs ouailles au corps et qu'ils défendent bec et ongles le marché du mariage religieux à l'ancienne . Qu'ils le gardent , mais qu'ils fichent la paix à ceux qui veulent un lien légal sans plus, une égalité avec les monsieur-madame aux avantages légaux indiscutables que ne pouvaient avoir les vrais couples homosexuels .

J'y reviens, avec tous ces crétins chrétiens , discrétos, on devait bien trouver musulmans et juifs qui ont sur ce point une tolérance zéro, en toute hypocrisie . S'il n'y avait pas d'homosexuels à kippa ou en djellabah, ça se saurait ! Vous aussi, priez, priez pour être tolérants, mais je crois que je pisse dans un violon en demandant celà .

 

 

« A monsieur le professeur Théodore Tronchin

à Genève

Mercredi [18 janvier 1758] à midi

J'apprends le danger où est monsieur votre fils . Mon cher Esculape je compte sur votre art, vous aurez donné deux fois la vie à cet enfant si digne de vivre . Vous êtes sans doute uniquement occupé de cette négociation avec la nature, et vous laissez actuellement reposer celle de votre clergé .

Si vous écrivez une seconde fois à M. d'Alembert il vous répondra probablement qu'il m'a chargé de ses intentions et alors il ne sera peut être pas impossible de trouver un biais qui contente tout le monde .

Il vous a déjà répondu qu'il n'a pas dit un mot qui puisse faire croire que les ministres de Genève ne sont pas chrétiens etc. , c'est un commencement de paix .

Le temps calmera les esprits et je serais très heureux de pouvoir y contribuer .

Mais de quelque religion que soient vos prêtres la mienne est de vous aimer et de m'intéresser toute ma vie bien tendrement à tout ce qui vous touche . C’est aussi la profession de foi de Mme Denis .

V. »

 

je suis comme la bonne vieille qui disait « Il est vrai que je les ai mis tous deux au lit; mais je ne me mêle de rien

... Avec Sarko dans le rôle de la vieille et Henri Guaino et Jean-François Copé qui dans le même lit tirent la couverture et fricotent . S'ils font des enfants, noyez-les sans remord, cette race ne doit pas perdurer .

 Le fait que 63% des Français estiment que Sarko le vibrion a encore un destin politique n'est pour moi que le reflet de leur désir masochiste d'en prendre encore plein la g... 

Laissez-moi rire

 

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« A M. Jean-Robert TRONCHIN,

à LYON
Lausanne, 17 janvier [1758].
Malgré les housards d'Hildbourghausen, voici encore une lettre 1, et les mesures sont prises pour que ce petit commerce de galanterie ne soit pas interrompu. S'il y a du mal, je m'en lave les mains je suis comme la bonne vieille qui disait « Il est vrai que je les ai mis tous deux au lit; mais je ne me mêle de rien. »
L'évêque de Breslau s'est enfui en Moravie et a abandonné son troupeau. L'impératrice 2 court les processions, et fait des neuvaines pour son carnaval. Le roi de Prusse a fait mettre en prison un certain Kiou ou Kieu 3, général d'infanterie, le lendemain qu'il a été nommé général.
La personne respectable 4 à qui mon cher correspondant donnera l'incluse apprendra peut-être une autre nouvelle en lisant cette lettre, c'est qu'on désire la paix très-sincèrement. La paix et la Silésie sont deux bonnes choses. Le roi de Prusse en a déjà une, et qui sait si Son Éminence ne pourrait pas parvenir à donner l'autre ? Ses conseils ne doivent-ils pas être écoutés ? N'est-il pas à portée de les donner ? Et n'en a-t-on pas un besoin qui deviendra tous les jours plus grand ? Pour moi, j'espère en sa prudence et en ses lumières.
On dit en Allemagne que si le roi de Prusse envoie quinze mille hommes du côté de Cassel, l'armée française, délabrée, pourra se trouver en presse entre messieurs de Prusse et messieurs de Hanovre. Franchement, il serait bien humiliant d'être frotté deux fois par le marquis 5.
En vérité, il serait digne de Son Éminence de prévenir tous les désastres mais je dois me borner à faire des souhaits, et m'en tenir au rôle de la bonne vieille.
J'ai pourtant une chose assez grave à dire, et sur laquelle Son Éminence peut compter c'est que le roi de Prusse n'aime point du tout les Anglais, et se soucie fort peu de Hanovre. Je serais fâché que Son Excellence se souciât aussi peu de remédier à nos fautes . Je suis persuadé qu'il peut faire beaucoup de bien et qu'il peut empêcher qu'on se conduise par dépit et par pique .

Que sont devenus cependant ces tapis de Turquie pris aux Anglais et vendus à Marseille ? S'ils étaient à bon marché je serais charmé de fouler aux pieds les richesses anglaises .

Adieu mon cher ami . L'oncle et la nièce vous embrassent de toutes leurs forces .

V. »

1 Cette lettre de Frédéric II transmise par Wilhelmine avec sa lettre du 2 janvier ne nous est pas parvenue .

2 Marie-Thérèse d'Autriche .

3 Le lieutenant général baron Friedrich Wilhelm Kyau fut mis en prison avec deux autres généraux pour la façon dont ils avaient capitulé à Breslau en novembre 1757 .

4 Le cardinal de Tencin .

5 Frédéric II est marquis de Brandebourg et Voltaire s'en moque .

 

23/03/2013

C'est cet amas de dogmes absurdes toujours expliqués et toujours contredits qui est encore le fléau du genre humain

 ... Que ce soit en politique, en matière de religions, en options financières et économiques, les dogmes montrent leurs limites mais on continue de les soutenir, d'en créer de nouveaux si besoin , et d'aller droit dans l'irrationnel et le chaos .

 Petite dédicace aux fans de Sarko qui hurlent à la manipulation, au coup monté, à l'injustice : "Où est donc cette haine et ce mépris public dont vous parlez ?", n'en seriez-vous pas les premiers auteurs ?

 

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Rassurez-vous : nascetur ridiculus mus , et vous retournerez à vos luttes intestines sereinement , n'est-ce pas Copé copain-clopant ?

 

 

 

« A monsieur le professeur Théodore TRONCHIN

à Genève

A Lausanne 15 janvier [1758]

Oui, sans doute il en faut une 1 mon cher ami et même il la faudrait meilleure que la vôtre , moins souillée d'une scolastique impertinente qui est l'arsenal des fripons et plus ornée d'augustes cérémonies qui imposent aux sots . Le sultan va tous les vendredis à la mosquée de Sophie entouré de solaks 2 et d'azamoglans 3. Mais jamais il n'y eut de sédition à Stamboul au sujet de la consubstantiabilité 4 de Mahomet . Depuis cinq mille ans que les Chinois existent en corps de peuple, la religion simple des lettrés n'a pas souffert la moindre altération et leurs annales ne font mention d'aucune querelle . Il n'en est pas ainsi chez vous autres misérables qui avez changé  presque chaque année depuis dix-sept-cent-cinquante-sept ans et qui êtes divisés en autant de sectes absurdes que la partie du globe où vous rampez a de provinces .

Les hommes dites-vous sont pour la plupart des coquins et des bêtes . Vous ne voudriez pas les rencontrer dans un bois et moi je ne voudrais pas les rencontrer dans un temple après les assassinats de Jean Hus, de Dubourg, de Servet, d'Antoine et de Barneveldt, après leurs autodafés et leurs Saint Barthélémy .

Ce sont pourtant des disputes puériles qui ont fait couler ces torrents de sang et qui troublent encore la terre . C'est cet amas de dogmes absurdes toujours expliqués et toujours contredits qui est encore le fléau du genre humain . Les scélérats de la populace et les princes disent qu'il n'y a point de religion parce que leurs bonzes prêchent une religion ridicule 5. Ils ne tireraient point cette conclusion funeste si les bonzes se contentaient de crier qu'il y a un dieu rémunérateur et vengeur 6. Quel est l'homme qui oserait s'élever contre un dogme si naturel, si saint et si utile ? M. d'Alembert a le courage de vous dire que vous approchez de ce culte simple et divin et vous auriez la lâcheté de lui en savoir mauvais gré messieurs ! et cela de peur qu'il ne vienne quatre Anglais de moins par an monter de mauvais chevaux de votre académie 7! Et moi je vous dis qu'il en viendra davantage puisque tout le parlement d'Angleterre pense comme vous . Le duc de Savoie viendra-t-il vous assiéger parce que vous serez du sentiment de Sabellius, d'Eusèbe et d'Origène ? Craignez-vous votre peuple ? La plus saine partie embrasse votre opinion . Oui mon cher ami il se fait une révolution dans les esprits et à Berne , à Lausanne les plus éclairés disent ce que M. d'Alembert vous fait l'honneur de vous attribuer . Où est donc cette haine et ce mépris public dont vous parlez ? Quelques bœufs de Hollande , quelques prédicants d'un peuple qui foule aux pieds le crucifix quand il va vendre du gérofle au Japon, ne flétriront pas la réputation d’une ville de gens d'esprit et d'honnêtes gens .

Il faut partir d'où l'on est et ne se point faire d'illusion . Tout le monde sait la manière dont vous pensez à Genève . Ce père Maire 8 que vous avez eu la bonté de guérir en parlait souvent . Tous vos ministres chez qui je n'ai jamais mangé et chez qui d'Alembert dinait tous les jours se sont expliqués hautement avec lui . S'ils désavouent leur croyance c'est alors qu'ils seront couverts du mépris public et M. d'Alembert ne se taira pas dans Paris .

S'il est vrai qu'on ait proposé de se plaindre au ministère de France on a eu certainement l'idée la plus ridicule et la plus dangereuse qui pût tomber dans des têtes égarées .

Je puis vous répondre qu'un homme comme M. de Bernis ne prendra pas leur parti et si les choses s'aigrissaient je crois savoir de bon lieu qu'on s'élèverait contre une certaine contrebande et un certain manège de contrefaçon qui est bien d'une autre importance pour le gouvernement de France que la profession de foi des hérétiques .

Je vous parle à cœur ouvert parce que je connais votre probité . Je vous ouvre mon cœur . Vos prêtres feront ce qu'ils voudront mais il est de votre intérêt de conserver votre crédit sur eux en les empêchant de faire des sottises . Gagnez du temps je vous en conjure . Le temps est le maître de tout .

J'aurais plus que personne le droit de me plaindre de M. d'Alembert . Il a renouvelé dans son article cette lettre écrite à Thieriot qui m'attira des libelles diffamatoires de la part de vos ministres de paix , lettre que je n'ai jamais écrite telle qu'elle a été imprimée, lettre que je désavoue, monument du Mercure galant 9 qui ne devait pas être cité dans l'Encyclopédie . Mais je suis loin de me plaindre de M. d'Alembert et même de vos prêtres qui m'ont insulté d'une manière si lâche et si odieuse . Il est vrai que je n'ai pas lu leurs libelles et que j'ai lu l'article Genève avec un grand plaisir .

Je sais que quelques-uns de vos prêtres font courir le bruit dans les rues basses que j'ai part à l'article Genève dans lequel je suis loué . Je ne mérite certainement pas ce ridicule . Mais vous voyez que je leur rends le bien pour le mal puisque je vous supplie d'empêcher qu'ils se déshonorent . Je ne m'ouvre qu'à vous ; je me tais avec tout le monde et je dois me flatter que rien ne troublera la tranquillité du peu de jours qui me restent à vivre .

Comptez que tant que je vivrai vous n'aurez jamais de plus zélé partisan et d'ami plus tendrement attaché que moi .

N.B. Il y a des ministres qui disent , qui écrivent qu'à une ou deux lignes près on ne doit que des remerciements à M. d'Alembert . Pourquoi donc tout ce bruit ? Nascetur ridiculus mus10. Pardon, j'ai voulu vous dire une fois tout ce que j'ai sur le cœur . Je suis bien malingre et je prends encore cet état patiemment . »

1 Une religion .

2 V* écrit dans l'Histoire de Charles XII roi de Suède : « Le grand seigneur va tous les vendredis à la mosquée entouré de ses solaks, espèce de gardes dont les turbans sont ornés de plumes si hautes qu'elles dérobent le sultan à la vue du peuple. »

3 Selon le Littré : « dans le sérail, enfant chargé des fonctions les plus basses et les plus pénibles. »

4 Ce terme ainsi orthographié est retrouvé dans la lettre à d'Argental du 5 février 1758 : page 388 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411355v/f391.image

5 Il semble que V* ait d'abord écrit absurde qui figure deux fois déjà dans cette lettre .

6 Sur cette formulation du déisme ou théisme, voir les Notebooks, I, 71 et références complémentaires ; voir aussi : http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9isme

7 Il s'agit de l'école d'équitation de Pierre-Adolphe d'Hervilly de Malapert très fréquentée par les étrangers .

9 Terme moqueur employé par V* pour le Mercure de France .

10 Il naitra une souris ridicule ; Horace, Art poétique ; équivalent du proverbe : la montagne accouche d'une souris et la fable de La Fontaine : http://www.eternels-eclairs.fr/jean-de-la-fontaine-les-fables-livre-V.php#La+Montagne+qui+accouche

 

On a écrit à son oncle le prêtre qui a été fort renommé en son temps pour faire des enfants dans les maisons où il était précepteur . C'est probablement une bonne tête, un homme de bon conseil

 ... Sans aucun doute avec un tel curiculum vitae !

 On parle ici d'un pasteur protestant, ce qui est quand même moins choquant que s'il s'agissait d'un prêtre catholique, sans toutefois lui accorder l'absolution ( dont il se fiche éperdument , ne croyant pas à la rémission des péchés par un quelconque prêtre ) . Volti a encore trouvé le défaut de la cuirasse de l'adversaire religieux .

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« A M. Jean-Robert TRONCHIN,

de LYON

Lausanne, 13 janvier [1758].

Voici la réponse à Son Éminence 1. Ce n'est pas sans peine que les lettres arrivent. Madame la margrave m'apprend qu'une lettre de son frère à moi et une de moi à lui ont été prises par les housards 2 du prince d'Hildbourghausen, qui saisissent tout ce qu'ils trouvent. Heureusement, je n'écris rien que la cour de Vienne et celle de Versailles ne puissent lire avec édification.

Madame la margrave me dit qu'elle écrit beaucoup de coquetteries à Son Éminence, mais point de coquineries. 3 Il est assez difficile, en effet, de faire des coquineries à présent. On craint de manquer à ses alliés, on craint de se trouver seul, et je crois que tous les partis sont un peu embarrassés. Il ne m'appartient pas assurément de prévoir, il m'appartient à peine de voir, mais bien des gens, qui ont des yeux, disent qu'après les actions inouïes du roi de Prusse il est moralement impossible que l'Autriche prévale. Voilà un bel exemple de ce que peut la discipline militaire, et de ce que peut la présence d'un roi qui court entre les rangs de ses troupes avant la bataille, et qui appelle beaucoup de ses soldats par leur nom. Il a quarante mille prisonniers, madame sa sœur me le certifie encore. Sa célérité et ses armes ont donc, en moins de quatre mois, rétabli cette balance que nous voulions si prudemment détruire. Il est vrai que c'est par des miracles qu'il l'a rétablie; mais nous ne pouvions pas les prévoir, et si la maison d'Autriche n'est pas absolue en Allemagne, ce n'est pas notre faute. La France s'épuise et a dépensé trois cents millions d'extraordinaire en deux ans. J'ai été témoin des déprédations et du brigandage des finances dans la guerre de 1741. Ce talent s'est bien perfectionné dans la guerre présente. La paix paraîtra bientôt nécessaire à tout le monde.

Si Son Éminence veut écrire, et si les choses viennent au point qu'elle écrive sérieusement, on pourra trouver une voie plus sûre que celle dont je me suis servi jusqu'ici, et cette voie sera praticable incessamment. Je me ferai toujours un honneur et un devoir d'être le grison de ce petit commerce .

D'ailleurs je ne me mêlerai ni des affaires des rois ni de celles des filles . Elles sont un peu sujettes à caution . Le ventre de Mlle Catherine Borri 4 a paru d'une si jolie rotondité, elle a tant dit à ses amies qu'elle allait à Lyon, et c'est un péché si capital d'envoyer une fille de Jérusalem accoucher en Samarie que je n'ose plus la faire passer en terre papale à moins que ses parents ne le veuillent . On a écrit à son oncle le prêtre qui a été fort renommé en son temps pour faire des enfants dans les maisons où il était précepteur . C'est probablement une bonne tête, un homme de bon conseil ; on verra ce qu'on pourra faire pour Catherine Bori et pour son ventre .

Adieu mon cher ami, je vous embrasse de tout mon cœur .

V. »

1 Le cardinal de Tencin .

2 En réalité, dans une lettre du 15 janvier 1758 (à peu près) la margravine fait savoir à V* que c'était par sa propre inadvertance à elle que la lettre n'a pas été transmise à Frédéric .

3 Wilhelmine écrivait le 27 décembre 1757 : « Pour des coquineries il n'y en a point ; pour des douceurs, je n'en réponds pas. » : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/02/28/je-vous-adresse-la-lettre-ci-jointe-pour-le-chapeau-rouge-3.html

 

22/03/2013

les domestiques jurèrent sur l’Évangile que le roi n'avait pris avec Agnès que des libertés honnêtes

... Tandis que d'autres jurèrent que le président n'a pris avec Liliane que des privautés malhonnêtes ; suivez mon regard !  Scandale à l'hospice ! Heureusement, Carla aime Nicolas Raymond et le chante sussurre , belle consolation d'être aimé pour ce que l'on pourrait être .

 

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« A Jacob VERNES

A Lausanne 12 janvier [1758]

Votre ode est pleine de beautés mon cher confrère en Apollon et Sabellius, Eusébius et autres graves personnages . Je vous conseille de la mettre dans un volume de votre choix littéraire et de faire présenter ce volume au roi de Prusse . Je me chargerais avec un grand plaisir de lui envoyer votre ode et je m'en ferais honneur . Mais vous sentez bien que je ne puis en conscience lui adresser par la poste un ouvrage où vous dîtes tant de mal des pauvres Français, vos compatriotes et les miens , des Autrichiens dont la cour me comble de bontés, et des Russes qui m'envoient tant de médailles d'or . Mon paquet pourrait bien être pris par des housards et je me brouillerais tout d'un coup avec trois puissances sans être mieux avec Frédéric . Je n'ambitionne que de passer le reste de ma vie dans la paix et dans l'obscurité .

Jugez si un homme qui pense ainsi peut avoir la moindre part à l'article de l'Encyclopédie qui fait tant de bruit dans votre ville . C'est une calomnie bien maladroite de dire que j'aie conduit la plume de M. d'Alembert . Je donne un démenti formel à quiconque répand une telle imposture . M. d'Alembert n'est pas homme à se laisser conduire : il est public qu'il se chargea de cet article quand il vint dans ce pays . Il connait Genève beaucoup mieux que moi . Je n'y vais jamais . Mes maladies me forcent de rester chez moi . Il a beaucoup fréquenté tous vos ministres et je n'ai pas l'honneur d'en connaître un seul excepté M. Vernet que j'ai vu deux ou trois fois . En un mot je n'ai vu qu'avec le public l'article Genève . On y cite une lettre de moi imprimée dit-on dans le Mercure Galant 1, que je ne lis jamais, et le mot atroce dont je ne me suis jamais servi dans cette lettre . Ce n'est pas que je ne pense avec vous que la conduite de Calvin envers Servet fut d'une atrocité abominable . Je l'ai dit en qualité d'historien et tout homme qui ne sera pas un monstre doit le penser . Mais jamais je n'ai écrit la lettre à Thieriot telle qu'on l'a imprimée dans le Mercure . Jamais je n'ai lu un mot de tout ce qu'on a écrit dans d'autres mercures au sujet de cette lettre . Jamais je n'ai eu la moindre connaissance de l'article de M. d'Alembert qu'avec le public . Quiconque dit le contraire est un calomniateur . Voilà la pure vérité et une autre vérité c'est que je ne m’embarrasse point de toutes ces misères et que je veux vivre tranquille dans des retraites qui m'ont coûté fort cher mais que j'abandonnerai comme une grange dès qu'on m'y fera la moindre peine 2.

Je vous embrasse de tout mon cœur .

V .

Pourriez-vous m'envoyer le livre de M. Palissot par la messagerie ou bien le donner à M. Catala votre voisin qui me fera l'amitié de me le faire tenir ?

Le Journal encyclopédique parle fort mal de ces lettres 3. On dit qu'elles attaquent beaucoup de gens de mérite . On traite ce livre de libelle diffamatoire . Pourquoi M. Palissot veut-il se faire des ennemis ? Vous devriez bien l'empêcher de prendre un parti si dangereux .

J'ai un besoin pressant de savoir si c'est Froissard ou Monstrelet ou Alain Chartier qui dit avoir fait prêter serment aux domestiques de Charles VII en qualité d'historiographe pour savoir d'eux si Charles avait couché avec Agnès Sorel 4 dont il laissa trois enfants ; les domestiques jurèrent sur l’Évangile que le roi n'avait pris avec Agnès que des libertés honnêtes . Par quoi Alain, car je crois que cela est d'un Alain, certifie que jamais Agnès ne fit ce que vous savez avec Sa Majesté très chrétienne 5. La chose presse . C'est pour un article de l'Encyclopédie . M. Roustan 6 ne pourrait-il pas consulter ces trois historiens à la bibliothèque publique ? M. Abauzit ne pourrait-il pas consulter sa mémoire ? Je vous demande en grâce de me déterrer ce passage . Je vous aurai une extrême obligation . »

1 V* nomme ainsi par moquerie le Mercure de France ; d'Alembert cite dans son article Genève le texte de la lettre de Thieriot tel qu'il parut dans le Mercure ; voir lettre du 12 septembre 1757 à Constant de Rebecque : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/12/19/il-y-a-bien-du-temps-que-j-ai-fait-voeu-de-ne-lire-aucun-jou.html

2 V* tiendra parole en se portant acquéreur de Tournay et de Ferney , en territoire français, cette même année .

3   Dans son numéro du 15 décembre 1757 , VIII, iii, 87-96

4   A propos d'Agnès Sorel, voir lettre du 9 octobre 1755 à la duchesse de Saxe-Gotha : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/04/05/ceux-qui-disaient-qu-il-s-etait-passe-entre-eux-quelque-chos.html

5  On trouve cette référence dans l'article Historiographe écrit pour l'Encyclopédie, mais cet article ne parut pas quoique d'Alembert en eut explicitement chargé V* . Il paraitra à la fin du second volume des Nouveaux mélanges , 1765.

6   Probablement le théologien Antoine-Jacques Roustan (1734-1808) : http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine-Jacques_Roustan

 

 

21/03/2013

Gagnez du temps, du temps, du temps, et ensuite qu'on fasse … rien

 ... Superbe consigne qui semble être d'actualité dans nombre de ministères et administrations ! 

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« A Théodore Tronchin

A Lausanne 12 janvier [1758]

Il n'y a plus guère d'autodafé et il y a fort peu de fé 1 . Mon cher philosophe vous ne serez point brûlé . Nos amis Servet et Antoine 2 ont été les derniers chez certains sauvages qui sont devenus depuis fort polis . Mais si on vous prépare des fagots avertissez-moi . Nous viendrons ma nièce et moi éteindre le feu avec nos seringues ; je conçois que le neveu du frère de Mme de Tencin 3 aurait pu se dispenser de faire la profession de foi des gens 4. Il me semble autant qu'il peut m'en souvenir qu'il y a du christ dans son affaire . Or dès qu'il y a du christ, il n'y a plus personne à faire ardre . Je n'ai point le livre, je l'ai prêté . Tout le monde se l'arrache . Je n'ai encore vu personne qui fût fâché, on rit sous cape, comme vous , et moi je me tais . Dans le fond de quoi vous plaignez-vous ? et que craignez-vous ? les trois-quarts de l'Angleterre, tous les États du roi de Prusse, la moitié de la Hollande pensent et parlent comme à Genève . Voudriez-vous faire votre cour à des gomaristes 5? à vos ennemis personnels, aux assassins des aïeux de votre femme 6, aux meurtriers de Barnevelt, aux lâches scélérats qui osent justifier l'abominable meurtre de Servet et d'Antoine ? Que ceux qui pensent comme Socrate parlent comme Socrate et qu'ils ne craignent pas la ciguë. Vous n'êtes fait pour servir , ni les sots ni les fanatiques . Laissez faire dans l'esprit humain la révolution qui se prépare, menez vos gens avec votre prudence ordinaire . Gagnez du temps, du temps, du temps, et ensuite qu'on fasse … rien . C'est l'avis d'un homme qui aime tendrement deux choses excellentes, la vérité et vous .

V.

Voilà donc l'archevêque de Paris exilé en Périgord pour avoir interdit des filles 7 . Interdire c'est empêcher de parler, et traiter ainsi des filles est d'un fou . »

1   Autodafé signifie acte de foi .

2 Nicolas Antoine, prêtre catholique devint successivement protestant puis juif et fut brûlé vif à Genève en 1632 . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Antoine

3 A savoir le fils de Mme du Tencin qu'elle abandonna : Jean Le Rond d'Alembert .

4 Gens au sens hébraïque, pour désigner les peuples polythéistes, comme plus tard les chrétiens parlèrent des gentils .

5  Franz Gomarus soutenait la doctrine de la prédestination absolue par opposition à la doctrine de Jacob Arminius partisan de l'élection par la foi . Ces deux théologiens calvinistes hollandais furent appuyés respectivement par Maurice de Nassau et par le conseiller Johan van Oldenbarneveldt .

Voir : Gomarus : http://translate.google.com/translate?u=http://www.theodora.com/encyclopedia/g2/franz_gomarus.html&sl=en&tl=fr&ie=UTF-8&oe=UTF-8

Arminius : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacobus_Arminius

Maurice de Nassau : http://www.linternaute.com/histoire/motcle/4699/a/1/1/maurice_de_nassau.shtml

Barneveldt : http://fr.wikipedia.org/wiki/Johan_van_Oldenbarnevelt

6   La croyance commune mais fausse était qu'Hélène de Witt, épouse de Théodore Tronchin, était la descendante du grand pensionnaire Johan de Witt, massacré en 1672 par la foule ; en fait elle était descendante de Pieter de Witt décapité le 9 octobre 1658 .

Christophe de Beaumont avait exclu de la confession et de la communion une communauté religieuse suspectée de jansénisme . Il fut exilé de Paris le 4 janvier 1758 . http://fr.wikipedia.org/wiki/Christophe_de_Beaumont

 

je me fais un plaisir de chercher toutes les raisons qui peuvent justifier le succès d'un jeune homme qui a besoin d'encouragement

... Combien d'auteurs ratés, devenus critiques par défaut, seraient capables de cet altruisme voltairien ? Aucun !

Quel remarquable pédagogue que ce Voltaire qui encourage un débutant et fait la part du bon et du moins bon, en mettant en lumière d'abord ce qui mérite des félicitations, qui sent le potentiel d'un jeune et le fait savoir . On est loin des jugements hâtifs et péremptoires de ceux qui croient être détenteurs du bon goût, du savoir faire, et mesurent tout à l'aune de leur nombril .

The lost art of encouragement

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« A M. Gabriel SÉNAC de MEILHAN 1
chez M. Sénac, premier médecin du roi, à Versailles.
A Lausanne, 12 janvier[1758]. 2
Mes yeux ne sont pas trop bons, monsieur, mais ils ont grand plaisir à lire vos lettres. Vous jugez très-bien il y a des vers un peu durs dans l'ouvrage 3 que vous avez eu la bonté de m'envoyer. Quand vous vous amusez à en faire, les vôtres ont plus de douceur, de facilité et de grâce. Mais je sens aussi l'horrible difficulté de faire une pièce telle que celle-ci; et cette difficulté me rend bien indulgent. D'ailleurs on ne doit sentir que les beautés d'un auteur qui commence, le public même a besoin de l'encourager. Probablement l'auteur est sans fortune c'est encore une raison de plus pour disposer en sa faveur. On peut même dire de lui
Spirat tragicum satis, et feliciter audet.4
Il m'a toujours paru qu'au théâtre le public était moins flatté de l'élégance continue d'une belle poésie qu'il n'était frappé de la beauté des situations. Enfin je me fais un plaisir de chercher toutes les raisons qui peuvent justifier le succès d'un jeune homme qui a besoin d'encouragement. Nous allons jouer des pièces de théâtre dans ma retraite de Lausanne, où je passe mes hivers, et nous sentons tout le prix de l'indulgence.
Je me vanterai à Mme la marquise de Gentil 5, qui est une de nos actrices, que vous voulez bien me conserver un peu de souvenir. Pour moi, je ne vous oublierai jamais.
Je vous prie de vouloir bien présenter mes obéissances à monsieur votre père et à monsieur votre frère, et d'être persuadé de mes sentiments, qui vous attachent pour jamais

 

le Suisse V.
Mme Denis vous fait ses compliments. »

 





 

 

2 Cette lettre est dans Beuchot; M. de Lescure, dans son volume les Autographes, Paris, Gay, 1865, l'a reproduite d'après l'original, que lui avait communiqué M. le comte Le Coulteux de Canteleu; il a fourni quelques corrections et additions.

 

3 Sans doute Iphigénie en Tauride de Guimond de La Touche : http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Guimond_de_La_Touche

 

4 Il respire le tragique comme il convient et il a des audaces heureuses . Horace, Épîtres, II, I, 166 .

 

5 Née Constant ; la marquise de Gentil, demeurait à Mon-Repos, dans un faubourg de Lausanne, et chez laquelle Voltaire eut une salle de théâtre où il jouait avec ses acteurs de société.

Voir lettre du 15 juin 1756 à Brenles : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/07/12/ce-fantome-de-la-vie-on-s-en-plaint-on-la-maudit-on-la-prodi.html