20/03/2013
le Grand Turc est jeune , vigoureux, et a autant de filles qu'il veut. Sans ce petit avantage, je ne lui envierais rien
... Passons sur ce "petit avantage" et gardons-le, ce grand Turc, encore un peu, autant que possible hors de la CEE .
D'un autre côté, pour rejoindre l'actualité, il me semble que François il papa peut faire sienne cette citation , ce qui rassurerait bien des croyants et incroyants : "Omitto mirari beatae
Fumum et opes strepitum que Romae"
« A M. le président Germain-Gilles de RUFFEY
à Dijon
De Lausanne, le 12 janvier 1758.
Votre souvenir, monsieur, m'est bien sensible, et vous devez penser que j'applaudis de tout mon cœur au parti que vous avez pris d'être entièrement libre 1. Si jamais il vous prend fantaisie d'user de cette liberté pour venir voir nos cantons, je tâcherai de vous recevoir un peu mieux que je n'ai fait à Colmar. J'ai une maison assez agréable à Lausanne; j'y vois de mon lit ce beau lac, qui baigne cent jardins au-dessous de ma terrasse, qui forme à droite et à gauche un canal de douze lieues, une mer tranquille vis-à-vis de mes fenêtres, et qui arrose les campagnes de la Savoie, couronnées des Alpes dans le lointain. Le Grand Turc n'a pas une plus belle vue; mais le Grand Turc est jeune 2, vigoureux, et a autant de filles qu'il veut. Sans ce petit avantage, je ne lui envierais rien. Je passe l'hiver à Lausanne, nous y jouons la comédie, et quelquefois assez bien. Ensuite nous allons passer la belle saison dans l'autre ermitage des Délices, où nous trouvons la troupe de Lemoine 3. Le petit ermitage des Délices me plaît encore plus que Lausanne. Le paysage est moins vaste, mais beaucoup plus pittoresque. Quelques livres dans ces deux retraites, quelques bouteilles de vin de M. Le Bault, votre compatriote, et de temps en temps bonne compagnie, voilà de quoi ne pas regretter Paris.
Omitto mirari beatae
Fumum et opes strepitum que Romae.4
Ces retraites surtout conviennent à un malade qui ne peut guère sortir de chez lui. Si j'avais de la santé, je viendrais vous voir à Dijon. Mais vous, qui vous portez bien, vous devriez bien venir faire un pèlerinage chez nos bons Suisses.
Adieu, monsieur; il n'y a point de Suisse qui vous soit plus sincèrement attaché que l'ermite
V. »
1 M. de Ruffey venait de résigner sa charge de président à la chambre des comptes de Dijon, dont il demeura président honoraire. Il rendra visite à V* aux Délices quelques mois pu tard .
2 Le sultan Mustapha III vient de succéder à Osman III . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Moustapha_III
3 Voir lettre à d'Hermenches du 9 août 1757 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/11/30/quand-on-a-debauche-quelqu-un-monsieur-il-est-bien-juste-d-a.html
4 Pour moi je n'admire pas la fumée, les richesses et le tumulte de l'opulente Rome .Horace, Epîtres, II,I,166.
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19/03/2013
Tout ce qui me viendra de vous, monsieur, me sera toujours très-précieux
... Mon cher Voltaire , tout autant que ce qui me vient de Mam'zelle Wagnière .
V comme Voltaire
Double V comme Wagnière
« A Charles PALISSOT de MONTENOY
Lausanne, 12 janvier[1758]
Tout ce qui me viendra de vous, monsieur, me sera toujours très-précieux, et j'attends avec impatience les lettres 1 que vous m'annoncez. Si vous revenez chez les hérétiques, après vous être muni d'indulgences à Avignon, je vous ferai les honneurs de Lausanne, mieux que je ne vous fis ceux de Genève. Vous y verrez une plus belle situation. J'y possède une maison charmante. Mes retraites sont un peu épicuriennes, mon ermitage des Délices, auprès de Genève, est un peu mieux qu'il n'était. Celui de Lausanne est pour l'hiver, les Délices pour les belles saisons; et en tout temps je serai charmé de vous recevoir. Je suis bien fâché que votre aimable compagnon de voyage 2 nous ait été enlevé. Nous le regretterons ensemble, et vous me consolerez de sa perte. Ma mauvaise santé me laissera assez de sensibilité pour être bien vivement touché des agréments de votre commerce. Je parle souvent de vous avec M. Vernes. Vous avez dans nous deux vrais amis.
V.
1 Petites lettres sur de grands philosophes, 1757 : http://books.google.fr/books?id=U_sAAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
2 Patu : voir lettre à Vernes du 26 octobre 1757 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/01/17/je-suis-toujours-etonne-de-vivre-quand-je-vois-des-jeunes-ge.html
18:02 | Lien permanent | Commentaires (0)
un peu de souvenir je vous prie
... Comme chantait Johnny
http://www.youtube.com/watch?v=C_uOBS9kbhI
Ce ne sont pas des paroles impérissables, mais bon, ça donne la pêche !
J'espère que le "Raymond" et le "Pingouin" de miss Carla seront des flops de première grandeur ; gratteuse de guitare, OK, parolière peu inspirée, on pense peu le ventre et le coffre-fort trop pleins .
Je préfère cette autre brune autrement plus vivante :
http://www.youtube.com/watch?v=pBU7VvCYZIY
« A Jean-Louis LABAT, baron de GRANDCOUR
à Genève
A Lausanne 12 [janvier 1758]
Vous m'abandonnez, mon cher baron . Ne soyez pas si cruel . Tâchez je vous en supplie que le précepteur de monsieur votre fils me rende à votre recommandation le petit service que je demande 1. C'est pour un article de l'Encyclopédie qui presse . Vous ne vous en souciez guère, mais si vous me refusez, sachez qu'à l'article Indes 2, compagnie des Indes, je ne dirai pas un mot de vous . Adieu, un peu de souvenir je vous prie . Mme Denis vous embrasse .
Mille respects à Mme Labat .
V. »
1 Voir lettre du 1er janvier 1758 au même : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/03/03/j-ai-bien-peur-que-les-annuites-les-loteries-les-rentes-ne-s.html
17:26 | Lien permanent | Commentaires (0)
18/03/2013
Je vous supplie de vouloir bien me mander si c'est votre commodité de me faire payer des six premiers mois de ma rente échus au premier janvier
... Et pendant que vous y êtes, le versement de ma pension de retraite se fera-t-il toujours à terme échu ? Je vous préviens que le premier qui s'avise de la rogner me mettra en rogne , stade suivant de ma grogne .
http://leslapinsgovin.over-blog.com/article-35286630.html
« A Son Excellence monsieur le baron Heinrich Anton von BECKERS
ministre d’État
et de conférence
à Manheim
A Lausanne 12 janvier 1758
Monsieur, j'ai l'honneur de renouveler à Votre Excellence au commencement de cette année tous les sentiments qui m'attachent à elle . Je vous supplie de vouloir bien me mander si c'est votre commodité de me faire payer des six premiers mois de ma rente échus au premier janvier, c'est-à-dire la somme de 6500 livres de France sur M. de Montmartel à Paris . Cet arrangement vous serait aisé ; et me serait très convenable . Sinon , monsieur, j'attends vos ordres pour savoir à quel banquier de Francfort vous souhaitez que je m'adresse .
Je me flatte que vous voudrez bien en user avec moi comme Mgr le duc de Virtemberg qui me fait une pareille rente et qui me fait toujours toucher ce qui m'est dû, libre et dégagé de tous frais . C'est une bagatelle pour Son Altesse électorale . Je vous supplie de me mettre à ses pieds et de me continuer votre bienveillance.
J'ai l'honneur d'être avec respect
Monsieur
de Votre Excellence
le très humble et très obéissant serviteur .
Voltaire. »
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Ne vous laissez entamer par personne et songez qu'il faut faire justice
... Messieurs les juges et avocats !
Exit les jurés populaires en correctionnelle, voulus par Sarko le Démago, dit Mme Taubira ; jurés qui entravent plus qu'ils ne servent, jurés que ne peut s'offrir le tiroir caisse de la justice . Personnellement, je ne me vois pas discutailler face à un procureur ou tout autre acteur de la justice, à chacun son métier . Combien de justiciables ont-ils eu le sentiment d'avoir été mieux traités grâce ou malgré des jurés populaires ? Je serais curieux de le savoir .
« A Denis Diderot
Voilà deux lettres de suite, monsieur, mais il le faut . Je me confie à votre discrétion, à votre probité, et à votre zèle pour la philosophie . On vous engage à demander une rétractation à M. d'Alembert . Il se déshonorerait à jamais lui et le dictionnaire . S'il avait révélé un secret, il aurait eu tort, mais il a imprimé publiquement ce qui est très public . Le livre où le professeur Vernet, professeur de la science absurde2, dit que la révélation est de quelque utilité et ne dit pas un mot de l'enfer ni de la très sainte et individuelle trinité . Ce livre 3 est imprimé à Genève : on ne le lit point je l'avoue, mais il existe . De quoi s'avisent aujourd'hui les prédicants de Genève de renier leur foi ? craignent-ils de manquer de soutiens ? ne pense -t-on pas comme eux dans toute l'Angleterre, dans la moitié de la Hollande, dans tous les états du roi de Prusse ?
On touche à une grande révolution dans l'esprit humain et on vous en a, monsieur, la principale obligation . L'article dont on fait semblant de se plaindre est un coup important dont il ne faut pas perdre le fruit . Il démasque les ennemis de l’Église et c'est beaucoup . Il les force ou à s'avilir en reniant leur créance, ou à convenir tacitement qu'on ne les a pas calomniés . En un mot, il serait infâme que le dictionnaire philosophique se rétractât d'une assertion avancée en connaissance de cause par un témoin oculaire . Il est de la dernière importance que M. d'Alembert continue à vous aider et qu'on ne souffre 4 dans le dictionnaire rien de ce qu'on dit dans l'article en question . Ne vous laissez entamer par personne et songez qu'il faut faire justice des Garasse . »
1 Diderot la date « vers le 10 ».Voir lettre du 5 janvier au même :
http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/03/14/des-libelles-diffamatoires-qui-devraient-servir-a-allumer-le.html
3 Voir lettre à d'Alembert du 29 décembre 1757 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/02/27/il-serait-necessaire-que-je-le-revisse-afin-que-ne-placasse.html
4 Compte tenu que V* approuve l'article Genève, un nommé Charrot a proposé de corriger souffre en supprime, mais le manuscrit original met bien souffre .
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