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17/09/2014

Il faut se nourrir de son blé, se chauffer de son bois et manger ses poulets en plaignant le genre humain qui n'a pas le sens commun

... Et qui se jette sur le dernier gadget d'Apple en perdant du temps, et de l'argent . Gogos à gogo, le monde est plein de jobards (qui enrichissent Steve J... !)

 

 

 

« Au président Germain-Gilles-Richard de Ruffey

à Dijon

Aux Délices 15 août [1759]

Il y a longtemps mon cher président, que M. Tronchin est informé qu'il doit payer . Nous n'y faisons pas tant de façon . Quand M. Lebault m'envoie de son burgundien 1 il tire sur Tronchin sans que je m'en mêle . Vous auriez été payé sur un simple ordre de votre part . Je vous demande pourtant pardon de la petite inadvertance . Vous n'avez qu'à faire mettre l’adresse de M. Robert Tronchin sur le billet de change, et toute loi sera accomplie . Il faudra je crois vivre dorénavant de ses terres . Cette copie de la bataille d'Oested 2 que M. de Contades vient de nous donner, pendant qu'on prépare ce dangereux embarquement, va nous mettre tous à la besace . Il faut se nourrir de son blé, se chauffer de son bois et manger ses poulets en plaignant le genre humain qui n'a pas le sens commun . Interim vale .3 »

1 Néologisme voltairien pour désigner le vin de bourgogne .

2 Höchstädt ; c'est la bataille qui est connue en Angleterre comme celle de Blenheim (13 août 1704, pendant la guerre de succession d'Espagne).Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_H%C3%B6chst%C3%A4dt_%281704%29

3 Entre temps porte toi bien .

 

16/09/2014

il faut que les gens qu'il bat soient de grands imbéciles

... Dit-on au PS et autres partis de l'extrême droite à l'extrême gauche) à propos de Nicolas Sarkozy présidentiable de la piteuse/miteuse UMP (Union de Minus Pitoyables) .

 

 

 

« A Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

Aux Délices 15 août [1759]

Vraiment, madame, il est bien temps de s'occuper de chevalerie, pendant que M. de Contades en vrai Angevin 1 mène à la boucherie tous les descendants de nos anciens chevaliers, et leur fait attaquer quatre-vingts pièces de canon comme don Quichotte attaquait des moulins à vent . Cette horrible journée perce l'âme . Je suis français à l'excès surtout depuis mon beau brevet dont j'ai l'obligation à vous mes divins anges et à MM. de Choiseul . Luc, vous savez qui est Luc, donne probablement bataille aux Autrichiens et aux Russes au moment que j'ai l'honneur de vous écrire . Du moins il m'a mandé que c'était sa royale intention, s'il est battu, comme cela peut arriver . Quelle honte pour nous de l'avoir été par ce prince de Brunswik ! Je voudrais que vous connussiez ce prince, vous seriez bien étonnée et vous diriez : il faut que les gens qu'il bat soient de grands imbéciles . La vérité du fait est que toutes ces troupes-là sont mieux disciplinées que les nôtres . Quiconque ne suivra pas entièrement les maximes du maréchal de Saxe sera infailliblement battu comme à Rosbac . Voilà ce que j'ai l'impudence de vous dire en qualité d'historiographe et je vous dis encore que je tremble pour votre descente en Angleterre .

Nous allons être réduits à la besace . Heureux qui a des fromages de Parmesan, et des terres .

Vous croyez, madame, que l'affaire de mon centième denier est un petit objet . C'en est un très grand pour moi . Il s'agit de tous mes droits que le président De Brosses m'a garantis . Si je me laisse entamer sur un de mes privilèges je les perds tous . Que veut dire le très opiniâtre M. l'intendant de Chauvelin quand il prétend que M. De Brosses n'a pu me garantir un droit qui lui est personnel ? Il n'y a dans un marché que ce qu'on y met . Il m'a vendu à vie sa terre comme libre et indépendante . S'il m'a trompé il faut qu'il en porte la peine .

Mon accident n'a pas duré . Il m'a laissé encore des passions vives, celle d'être libre chez moi est très forte . Mais la plus grande de mes passions c'est l'attachement que j'ai pour mes divins anges .

J'ai envoyé d'énormes paquets à M. d'Argental sous l'enveloppe de M. de Courteilles . J'abuse des bontés de M. d'Argental et de M. de Chauvelin .

M. le comte de Choiseul m'a fait l'honneur de m'écrire 2. Je le crois bien affligé . Ah pauvres Français !

V. »

1 Allusion aux guerres sanglantes de la dynastie angevine .Voir : http://www.francebalade.com/anjou/ctanjou1.htm

2 Lettre inconnue à ce jour .

 

15/09/2014

c'est un lambin qui ne m'était bon à rien, non plus qu'à lui-même

...Qui a dit :  "c'est Thévenoud" ? 

http://www.lexpress.fr/actualite/politique/ps/le-plus-deprime-le-plus-courageux-le-plus-vaniteux-la-presse-decerne-ses-ps-d-or_1574797.html

 

 

 

« A Jean Vasserot de Châteauvieux

mardi au soir [14 août 1759] arrivant aux Délices 1

Mon cher Cicéron, vous êtes compatissant. Pignier père est un ivrogne, Pignier fils un fripon, Betens un imbécile.

Je ne parle point de Pasteur et Choudens, ce sont citoyens seigneurs que je respecte.

L'argent pour la terre Choudens est tout prêt et déposé depuis longtemps. Il se trouve que j'ai déjà avancé à Pignier fils de l'argent sur son hypothèque. Nouvel embarras, nouvelle friponnerie de Pignier fils. Quant à la vente pure et simple que Choudens m'a faite d'un bien qui ne lui appartient pas, et qui lui est seulement engagé par Pasteur pour une somme très modique, n'est-ce pas une espèce de stellionat 2, ou pis? Ce bien qui n'est pas à lui est le seul bon champ de son domaine. Autre impaccio 3.

Pour ce pauvre Betens, je le plains, mais quand je lui prêterai 4 375 livres, unique somme qu'on puisse lui avancer avec apparence de sûreté, le tirera-t-on de la geôle?

Je suis prêt de l'en tirer à ce prix, non que j'aie le moindre besoin de lui, car c'est un lambin qui ne m'était bon à rien, non plus qu'à lui-même, et un quart d'heure après que je le sus encagé je me pourvus d'un autre régisseur installé à Tournay 4. Mais je suis comme vous, j'ai compassion de ce pauvre diable. Indépendamment de tout ce tracas, j'ai une envie extrême d'avoir l'honneur de diner avec vous.

V. »

2 Le stellionat est une « fraude qui consiste à vendre comme libres des biens hypothèqués, ou à hypothèquer des biens dont on sait n'être pas propriétaire ».

3 Embarras .

4 V* avait d'abord écrit Ferney .

 

 

 

 

 

 

14/09/2014

cela ne peut ni se comprendre, ni être assez déploré ; une faute de jugement fait donc le deuil et la ruine de la France !

... J'ose espérer que ceci ne s'appliquera pas aux décisions/indécisions/vals(es) hésitations gouvernementales .

 

 

 

« A Marie-Ursule de Klinglin, comtesse de Lutzelbourg

Par Genève au château de Tournay

pays de Gex 14 août 1759

Ma douleur, madame, est encore plus forte que ma maladie . Il faut que mon état me permette au moins de dicter mes sentiments , si je ne peux les écrire moi-même . Je partage toute votre inquiétude . Vous avez sans doute dépêché un exprès pour vous informer du sort de monsieur votre fils . J'ai été saisi à la nouvelle de cette abominable journée 1, s'il est vrai que M. de Contades ait exposé son armée à une batterie de 80 canons , comme on le dit, cela ne peut ni se comprendre, ni être assez déploré ; une faute de jugement fait donc le deuil et la ruine de la France ! Vos chagrins dans ce moment occupent toute mon âme . Si vous avez un moment à vous , je vous demande en grâce d'envoyer chercher Collini et de m'instruire par lui de l'état de votre fils et du vôtre . Adieu, madame, ceux qui disent que tout est bien, sont des fanatiques bien haïssables . Ce que je souffre de corps et d'esprit, m'empêche de vous en dire davantage, mais je n'en suis pas moins sensible à tout ce qui vous touche, et personne ne vous est attaché, madame, avec un plus tendre respect que moi .

L'ermite des Délices V. »

1 Dans la bataille de Minden, du 1er août 1759, dans laquelle l'armée française sous les ordres du marquis de Contades subit une défaite décisive de la part de l'armée anglo-allemande commandée par Ferdinand de Brunswick . Mais la façon dont V* présente les faits est inexacte . C'est l'infanterie anglaise qui, quoique exposée au feu de l'artillerie de Contades, défit la cavalerie française et l'aurait peut-être mise en déroute sans l'indiscipline de Lord George Sackville .

 

13/09/2014

Jugez quel est mon attachement pour ces deux ministres, et à quel point je suis bon Français

... Oups ! Ex-ministres ! Montebourg-Filipetti les rois des galipettes pour lesquelles ils semblent avoir plus de disposition que pour le travail . Les paris sont ouverts, combien de temps vont-ils rester ensemble ? Plus ou moins qu'au gouvernement ?

 

 

 

« A Charlotte-Sophie von Altenburg, comtesse Bentinck

14 août [1759]1

Il n'y a pas moyen, madame, de songer à d'autres tragédies qu'à celle qui vient d’ensanglanter les environs de Minden 2 et de plonger toute la France dans la douleur et dans le deuil . Je me flatte qu'au moins vos braves autrichiens et les russes répareront cette perte, et je me flatte surtout que notre ministère ne se découragera pas . On a mené à la boucherie une armée florissante, on l'a fait combattre pendant quatre heures contre quatre-vingts pièces de canon, il n'y a d'autre parti à prendre qu'à envoyer une nouvelle armée avec un nouveau général .

Je suis très persuadé que M. le comte de Choiseul vous assurera bientôt combien la cour de France est inébranlable . Il n'appartient pas à un solitaire obscur tel que je le suis d'oser dire ce qu'il pense sur des objets si importants , mais je peux dire au moins ce que je souhaite . Je suis pénétré des bontés de mon roi ; il m'a fait une grâce bien singulière, il a déclaré ma terre de Ferney, qui est sur la lisière de France, indépendante et libre . Elle l'avait été autrefois, mais de si beaux privilèges étaient perdus . Je dois même à M. le comte de Choiseul cette faveur dont M. le duc de Choiseul m'a fait honorer par le roi . Jugez quel est mon attachement pour ces deux ministres, et à quel point je suis bon Français, quoique moitié genevois et moitié suisse . Soyez bien sûre que je suis pas moins autrichien . Je pousse mon zèle jusqu'à être russe car je fais imprimer à présent l'histoire de Pierre premier . Ce n'est pas assez d'être autrichien, russe et français, je suis surtout aldembourgeois, et je m'intéresse plus que jamais à votre procès .

Je me garderai bien d'oser écrire à cet illustre avocat plein de génie dont vous me faites l'honneur de me parler . Il est vrai que j'écris quelquefois à l'adverse partie, mais ce n'est pas sans raison ni sans permission expresse de la part des intéressés . Voilà ce que vous pouvez assurer madame au généreux triangle 3. Je lève les mains au ciel pour lui depuis cinq ans, je ne me connais point en affaires . Mais s'il ne s'agissait que de la production de certaines pièces je pourrais me féliciter de n’avoir pas nui à la cause . Vous connaissez mes sentiments, vous savez tout ce que j'ai eu l'honneur de vous dire sur votre procès . Il s'est passé depuis des choses uniques et qui certainement vous plairaient autant qu'elles vous surprendraient . Je ne suis point , madame, comme ce M. de Larré qui ne voulait pas que vous eussiez votre terre de Knip-hausen, et qui vous trahissait pour M. de Bentheim . En un mot votre avocat doit être très content de moi .

M'est-il permis de présenter ici mes très humbles respects au grand homme dont vous me faites de si justes éloges ? Je le crois dans une grande crise au moment que j'ai l'honneur de vous écrire . Je ne serai point étonné d'apprendre bientôt qu'il y a eu une bataille près de Francfort-sur-l'Oder .

La nièce saucée dans les ruisseaux de Francfort-sur-le-Mein vous est toujours tendrement attachée . L'oncle dont les sentiments ne changent jamais, et à qui vous accordez de la mémoire, est à vos pieds pour toute sa vie, et vous prie de brûler sa lettre . »

1 La lettre à laquelle celle-ci répond ne nous est pas connue .

2 Le 1er août 1759, à la bataille de Minden l'armée française sous les ordres du marquis de Contades subit une défaite décisive de la part de l'armée anglo-allemande commandée par Ferdinand de Brunswick . Mais la façon dont V* présente les faits est inexacte .c'est l'infanterie anglaise qui, quoiqu'exposée au feu de l'artillerie de Contades, défit la cavalerie française et l'aurait peut être mise en déroute sans l'indiscipline de lord George Sackville .

3Le chancelier Kaunitz, appelé ainsi par V*, parce qu'il a réalisé la triple alliance entre la France, l'Empire austro-hongrois et la Russie ; et aussi allusion à sa maison : voir lettre du 15 mai 1756 à la comtesse :

et voir lettre du 9 septembre 1758 à Mme de Bentinck : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/10/22/tout-le-monde-avoue-qu-il-faut-etre-philosophe-qu-il-faut-et.html

Et : http://fr.wikipedia.org/wiki/Wenzel_Anton_von_Kaunitz-Rie...

 

12/09/2014

il n'y a pas d'apparence que j'aille à Paris. Le rôle d'un homme de lettres y est trop ridicule, et celui de philosophe trop dangereux

... Et je ne vous parle pas des risques que court l'homo automobilus !

 

 

 

« A Marie FEL 1

Aux Délices, 7 août [1759]

Très-aimable rossignol, l'oncle et la nièce, ou plutôt la nièce et l'oncle, avaient besoin de votre souvenir. Les gens qui n'ont que des oreilles vous admirent; ceux qui, avec des oreilles, ont du sentiment, vous aiment. Nous nous flattons d'avoir de tout cela. Et sachez, malgré toute votre modestie, que vous êtes aussi séduisante quand vous parlez que quand vous chantez. La société est le premier des concerts, et vous y faites la première partie.

Nous savons bien que nous ne jouirons plus de votre commerce, dont nous avons senti tout le prix ; les habitants des bords de notre lac ne sont pas faits pour être aussi heureux que ceux des bords de la Seine. Voici ce que notre petit coin des Alpes dit de vous :


De rossignol pourquoi porter le nom?
Il est bien vrai qu'ils ont été ses maîtres;

Mais tous les ans, dans la belle saison,
L'Amour les guide en nos réduits champêtres.
Elle n'a pas tant de fidélité;
Elle nous fuit, peut-être nous oublie.
C'est le phénix à jamais regretté,
On ne le voit qu'une fois dans sa vie.


C'est ainsi qu'on vous traite, mademoiselle ; et, quand vous reviendriez, vous n'y gagneriez rien : on vous traiterait seulement de phénix qu'on aurait vu deux fois. Pour moi, quelque forte envie que j'aie de venir vous rendre mes hommages, il n'y a pas d'apparence que j'aille à Paris. Le rôle d'un homme de lettres y est trop ridicule, et celui de philosophe trop dangereux. Je m'en tiens à achever mon château, et ne veux plus en bâtir en Espagne.

Vraiment, vous faites à merveille de me parler de M. de La Borde 2. Je sais que c'est un homme d'un vrai mérite, et nécessaire à l'État. Sono pochissimi signori 3 de cette espèce.

Adieu, mademoiselle ; recevez sans cérémonie les assurances de l'attachement très-véritable de l'oncle et de la nièce. Nos compliments à monsieur votre frère 4. »

1 Marie Fel, née à Bordeaux en 1716, débuta à l'Opéra en 1733, et fit les délices du public jusqu'en 1759, année où elle se retira. (Clogenson.)

Voir lettre du 11 juin 1759 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/07/30/je-me-soumets-d-ailleurs-au-pape-et-a-l-eglise-avec-toute-la-5419958.html

2 Jean Benjamin de La Borde, http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Benjamin_de_La_Borde#cite_ref-5

auquel est adressée, dans la Correspondance, une lettre du 4 novembre 1765.

Ou http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Joseph_de_Laborde#cite_note-13

3 Il y a très peu de gens .

4 Mort fou, à Bicêtre, selon MM. Choron et Fayolle, auteurs du Dictionnaire historique des musiciens.

 

11/09/2014

empêcher la lésion qui nous dévore de tous les côtés dans une année fort mauvaise

...

 

 

 

« A [Louis-Gaspard Fabry]

Aux Délices 19 août 1759

Voici monsieur la lettre du procureur de Bellai . Mme Denis et moi nous vous supplions de l'examiner . Nous ne voulons point importuner monsieur l'intendant pour cette bagatelle, nous comptons assez sur votre amitié et sur votre crédit pour nous flatter que vous voudrez bien avoir la bonté de lui écrire, et empêcher la lésion qui nous dévore de tous les côtés dans une année fort mauvaise . Je joindrai ma reconnaissance à celle de Mme Denis . J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments qui vous sont dus

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »