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26/06/2016

Ah mon ami défiez-vous des charlatans qui ont usurpé en leur temps une réputation de façade

... Et pourchassez sans cesse et sans pitié ceux qui les soutiennent . Je pense particulièrement ici aux Balkany et consorts soutenus par  Les Républicains et donc le détestable et inutile Sarkozy . Il semblerait bien qu'il n'en soit plus à une compromission près, quel beau panier de crabes ! écoeurant !

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A croire que Balkany le tient par les c... (s'il en avait! )

 

 

« A Claude-Adrien Helvétius

22 juillet [1761]

Mon cher philosophe, l'ombre et le sang de Corneille vous remercient de votre noble zèle . Le roi a daigné permettre que son nom fût à la tête des souscripteurs pour deux cents exemplaires . Ni maître Le Dains, ni maître Omer ne suivront ni l'exemple du roi ni le vôtre . Il y a l'infini entre les pédants orgueilleux et les cœurs nobles, entre des convulsionnaires et des esprits bien faits . Il y a des gens qui sont faits pour honorer la nation, et d'autres pour l'avilir . Que pensera la postérité quand elle verra d'un côté les belles scènes de Cinna, et de l'autre le discours de maître Le Dains prononcé du côté du greffe ?1 Je crois que les Français descendent des centaures qui étaient moitié hommes et moitié chevaux de bât . Ces deux moitiés se sont séparées . Il est resté des hommes , comme vous par exemple, et quelques autres ; et il est resté des chevaux qui ont acheté des charges de conseiller, ou qui se sont faits docteurs de Sorbonne .

Rien ne presse pour les souscripteurs de Corneille . On donne son nom et rien de plus , et ceux qui auront dit je veux le livre , l'auront . On ne recevra pas une seule souscription d’un bigot 2. Qu'ils aillent souscrire pour les Méditations du révérend père Croizet 3.

Peut-être que les remarques qu'on mettra au bas de chaque page seront une petite poétique mais non pas comme La Motte en faisait à l'occasion de mon Romulus, à l'occasion de mes Maccabées 4. Ah mon ami défiez-vous des charlatans qui ont usurpé en leur temps une réputation de façade .

Je vous embrasse en Épicure, en Lucrèce, Cicéron, Platon, e tutti quanti .

V. »

1 La Conversation de M. l'intendant des menus en exercice avec M. l'abbé Grizel commence comme suit : « Il y a quelque temps qu'un jurisconsulte de l'ordre des avocats ayant été consulté par une personne de l’ordre des comédiens pour savoir à quel point on doit flétrir ceux qui ont une belle voix [...] , l'avocat examina l'affaire dans l'ordre des lois . Le Dains est celui dont il a été parlé dans la lettre du 21 mai 1761 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/04/21/ce-qu-il-y-a-de-pis-c-est-que-cet-abominable-proces-me-fait-5791479.html

2 Effectivement la liste des souscripteurs contient très peu de noms d'ecclésiastiques .

4 Allusion au « Discours sur la tragédie» qui précède la collection des pièces de La Motte .Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Houdar_de_La_Motte

 

 

25/06/2016

Qu’on me montre un homme qui soutienne la gloire de la nation

... Et je consentirai à reprendre le chemin du bureau de vote !

Oups ! je réalise que si un tel homme/telle femme existe, il/elle se gardera bien de briguer les suffrages de pékins tels que moi et autres mous-du-genou pour obtenir un poste de dirigeant . Inévitablement, il serait à la merci d'un parti et de la bonne ou mauvaise volonté du monde des fonctionnaires, deux mondes capables du meilleur et du pire .

 

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« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise du Deffand

M. le président Hénault, madame, m’instruit de votre beau zèle pour Pierre Corneille. Je quitte Pierre pour vous remercier, et je vous supplie aussi de présenter mes remerciements à madame de Luxembourg. Je romps un long silence ; il faut le pardonner au plus fort laboureur qui soit à vingt lieues à la ronde, à un vieillard ridicule qui dessèche des marais, défriche des bruyères, bâtit une église, et se trouve entre deux Pierre-le-Grand : savoir, Pierre Corneille, créateur de la tragédie ; et l’autre, créateur de la Russie. Ce qu’il y a de bon, c’est que mademoiselle Corneille n’a nulle part à ce que je fais pour son grand-oncle. Elle n’a pas encore lu une scène de Chimène ; mais cela viendra dans quelques années, et alors elle verra que j’ai eu raison. Maître le Dains et maître Omer auront beau dire et beau faire, Pierre est un grand homme et le sera toujours, et nous sommes des polissons. Qu’on me montre un homme qui soutienne la gloire de la nation,

Qu’on me le montre, et je promets d’aimer.1

Il faut en revenir, madame, au siècle de Louis XIV en tous genres : cela me perce le cœur au pied des Alpes ; et, de dépit, je fais faire un baldaquin 2, et je lis assidûment l’Ecriture sainte, quoique j’aime encore mieux Cinna.

Je joue avec la vie, madame ; elle n’est bonne qu’à cela. Il faut que chaque enfant, vieux ou jeune, fasse ses bouteilles de savon 3. La butte Saint-Roch, et mes montagnes qui fendent les nues, les riens de Paris, et les riens de la retraite, tout cela est si égal, que je ne conseillerais ni à une Parisienne d’aller dans les Alpes, ni à une citoyenne de nos rochers d’aller à Paris.

Je vous regrette pourtant, madame, et beaucoup, mademoiselle Clairon un peu,  et la plupart de mes chers concitoyens point du tout. Je n’ai guère plus de santé que vous ne m’en avez connu ; je vis, et je ne sais comment, et au jour la journée, tout comme les autres. Je m’imagine que vous prenez la vie en patience, ainsi que moi ; je vous y exhorte de tout mon cœur ; car il est si sûr que nous serons très heureux quand nous ne sentirons plus rien, qu’il n’y a point de philosophe qui n’embrasse cette belle idée si consolante et si démontrée. En attendant, madame, vivez le plus heureusement que vous pourrez, jouissez comme vous pourrez, et moquez-vous de tout comme vous voudrez.

Je vous écris rarement, parce que je n’aurais jamais que la même chose à vous mander ; et quand je vous aurai bien répété que la vie est un enfant qu’il faut bercer jusqu’à ce qu’il s’endorme, j’aurai dit tout ce que je sais.

Un bourgmestre de Midelbourg 4, que je ne connais point, m’écrivit, il y a quelque temps, pour me demander en ami s’il y a un Dieu ? si, en cas qu’il y en ait un, il se soucie de nous ? si la matière est éternelle ? si elle peut penser ? si l’âme est immortelle ? et me pria de lui faire réponse sitôt la présente reçue. Je reçois de pareilles lettres tous les huit jours ; je mène une plaisante vie.

Adieu, madame ; je vous aimerai et je vous respecterai jusqu’à ce que je rende mon corps aux quatre éléments. »

 

2 Que l'on peut voir encore (restauré) sur son lit du château de Ferney . Voir : http://aura.u-pec.fr/duchatelet/documentsiteduchatelet/139.jpg

3 Bouteille, au sens de bulle, est signalé par Littré : « Familièrement globule rempli d'air que forme un liquide qui rejaillit ou bouillonne » ; ceci s'explique par la façon dont on fait les bouteilles, soufflées par des verriers à l'aide de cannes creuses comparables aux pailles des enfants pour faire des bulles de savon .

4 C'est Pieter de La Rue, un Hollandais dont la lettre de la fin de 1755 est conservée, et on y trouve les questions citées par V* .

 

24/06/2016

Dieu me préserve de commenter ce que je ne peux lire

... Si tant est que Dieu existe !

Ou alors ce dieu tout puissant sur mes faits et gestes ne peut être que moi-même, et c'est déjà beaucoup et suffisant .

J'ai une pensée amusée et agacée pour les jeunes qui vont passer l'épreuve orale de Français ce vendredi, connaissant le carcan voulu par des professeurs qui, à mes yeux, ne font que dégoûter ces braves lycéens de toute littérature .

Le règne du par coeur pour l'étude de nos auteurs est vraiment la pire imbécilité pour abrutir et aller à l'encontre de la créativité, de la curiosité naturelle de ces adolescents . Tous dans le même moule, tous formatés , tous pressés d'oublier au plus vite les commentaires stéréotypés de professeurs qui rabâchent et qui notent au mieux les plus doués du copier-coller . Heureusement, je ne subirai plus jamais ce pensum .   

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Jeunes gens, lisez sans disséquer les auteurs ni leurs oeuvres ( cessez ces autopsies stériles), aimez ou détestez les, mais lisez !

 

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 20 juillet 1761] 1

Caro Gabriele, vous avez plus fait que je ne ferai jamais, vous avez lu La Galerie du palais 2, La Place royale 3Dieu me préserve de commenter ce que je ne peux lire . Mais il y a quelque chose à dire sur chaque tragédie, et même sur Agésilas 4 et Attila 5 qui sont ce que je connais de plus mauvais sur le théâtre .

Au reste, je travaille, et on ne commencera à imprimer que quand je serai sûr du paiement des souscriptions du roi et des princes, seule ressource qui puisse favoriser les commencements de cette entreprise .

Il ne sera pas mal que ma préface en forme d'épître dédicatoire à l'Académie, la préface sur Le Cid et quelques autres morceaux paraissent dans le public pour faire désirer 'ouvrage entier .

En attendant dépucelons Jeanne, achevons l'Histoire, etc., etc.

N'avez-vous pas apporté de Paris des rogatons sur le affaires du temps ? »

1 Datée d'après le retour de Cramer de Paris vers cette date .

 

23/06/2016

While you weight the interests of England and France, your great mind may at one time reconcile

... Great Britain and European Union .

Don't leave UE !

 Course serrée entre pro et anti-Brexit après le meurtre d'une (...)

Ils se marièrent et n'eurent que les enfants qu'ils désiraient ...

 

 

« A William Pitt 1

Au château de Ferney, près de Genève

19 juillet 1761

Monsieur,

While you weight the interests of England and France, your great mind may at one time reconcile Corneille with Shakespear ? Your name at the head of Subscribers shall be the greatest honour the letters can receive, t'is worthy of the greatest ministers to protect the greatest writers . I dare not ask the name of the King ; but I am assuming enough , to desire earnestly so great a favour .2

Je suis avec un respect infini pour votre personne et pour vos grandes actions, monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

gentilhomme ordinaire de la chambre du roi . »

1 Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/William_Pitt_l%27Ancien

Pitt souscrivit pour un exemplaire .

2 Tandis que vous pesez les intérêts de l'Angleterre et de la France, votre grande âme peut d'un coup réconcilier Corneille avec Shakespeare . Votre nom à la tête des souscripteurs sera le plus grand honneur que les lettres puissent recevoir, il est digne des grands ministres de protéger les grands écrivains . Je n'ose pas demander le nom du roi ; mais je me flatte assez pour désirer sérieusement une si grande faveur .

 

the little displeasure you had caus'd to me

... Sera oublié si vous votez intelligemment ce jour .

Don't leave UE !

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L'Union Européenne, c'est chouette !

 

 

« A George Lyttelton, Ier baron Lyttelton 1

Au château de Ferney par Genève

19 juillet 1761

Mylord,

My esteem for you is so great, that I presume the name of Corneille shall be honour'd with your name . I dare sai such an attonement for the little displeasure you had caus'd to me, is a favour wich I'll ressent great deal more than my little pain 2.

Je suis avec bien du respect

Mylord

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

2 Lyttelton souscrivit pour un exemplaire .

« Mylord, mon estime pour vous est si grande, que je présume que le nom de Corneille sera honoré par le vôtre . J'ose dire qu'une telle reconnaissance pour le petit déplaisir que vous m'avez causé est une faveur que je ressens beaucoup plus que ma petite peine . »

Pour la « petite peine », voir lettre du 10 février 1761 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/02/10/vous-ne-voudriez-pas-que-je-mourusse-avec-la-do-u-leur-de-me-5758145.html

 

I dare apply to your noble soul

... Don't leave UE !

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« A John Stuart, 3è comte de Bute 1

Au château de Ferney 19 juillet 1761

My lord,

I dare apply to your noble soul . The name of Corneille, who so greatly thought, like your Shakespear, has a right to English protection . The name of the King of Great Britain, and your woud be the greatest and the noblest ornement to our undertaking .

Were it not for a great man, I durst not to write to so great a man 2 .

Je suis avec respect

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

gentilhomme ordinaire de la chambre du roi etc. »

2 Mylord, j'ose m’adresser à votre noble âme . Le nom de Corneille qui pensait si grandement, comme votre Shakespeare, a un droit à la protection anglaise . Le nom du roi de Grande Bretagne et le vôtre seraient le plus grand et le plus digne ornement pour notre entreprise . Si ce n’était pour moi un si grand homme, je n'oserais m'adresser à un si grand homme .

 

22/06/2016

Je ne sais plus comment la nation est faite

... Dit Cameron avant le proche référendum britannique . Suspense ...

 Voir pour info et pour l'humour (Amour , Gloire et Brexit ) : http://www.huffingtonpost.fr/florent-banfi/brexit-europe-...

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« A Etienne-Noël Damilaville

17 juillet [1761]1

Il y a plaisir à donner Oreste aux frères . Les frères sont toujours indulgents . Je ne sais plus comment la nation est faite . Elle souffre une Electre de quarante ans 2 qui ne fait point l'amour et qui remplit son caractère . Elle ne siffle pas une pièce où il n'y a point de partie carrée . Il s'est donc fait dans les esprits un prodigieux changement .

J'ai demandé à frère Thieriot une Poétique d'Aristote et je l'attends . Il peut l'envoyer à M. Jannel avec une bande par dessus l'enveloppe, et Poétique d'Aristote sur la bande , ou même sans bande avec Poétique d'Aristote sur l'enveloppe ad libitum .

Le sieur Bellecour me paraît un grand docteur . N'a-t-il pas quelque droit à l'estampe de l'âne qui rit ad liram ?3

Mes tendres compliments à tous les frères .

V. »

1 L'édition de Kehl remplace le 2è paragraphe par une version simplifiée de la lettre 5 août 1761 au même, supprime le 3è paragraphe et date le tout du 20 juillet, suivie par toutes les éditions ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1761-partie-30-122116418.html

2 Mlle Clairon .

3 Voir lettre d'octobre-novembre 1760 à Cramer et : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-poesie-vers-121505517.html ; ad liram peut se traduire par à la vue de la lyre .