23/01/2018
faire un nouveau mémoire qui résumant tous les autres achèvera de convaincre
... Dure , dure, plus que dure sera la réforme des régimes de retraite , mais pas impossible , notre président a lancé le chantier et compte réussir avant sa propre retraite .
http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2018/01/22/20002-20180...
« A Philippe Debrus
[vers le 20 février 1763] 1
Je pense qu'il est absolument nécessaire que la servante de M. Calas vienne chez moi . Elle y sera très bien, on lui donnera des gages plus forts qu'à Toulouse . On les lui assurera pour sa vie, on aura soin d'elle si elle tombe malade .
Elle pourra répondre devant mon juge que je ferai déléguer par le Conseil pour recevoir ses dépositions .
Alors on pourra en vertu de ses dépositions faire un nouveau mémoire qui résumant tous les autres achèvera de convaincre le Conseil et le public . »
1 Dans l'édition Lettres inédites, 1863, la lettre est datée de janvier-février, et d'environ le 10 février par le catalogue du British Museum . Elle semble de peu antérieure à celle du 25 février 1763 à Debrus .
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22/01/2018
l'ouvrage est beaucoup plus long qu'on ne croyait
... Cinquante-cinq ans d'âge et encore beaucoup d'autres à venir, j'espère :
http://www.lemonde.fr/europe/article/2018/01/22/il-y-a-ci...
Kiss me , vieille branche !
« A Gabriel Cramer
à Genève
[vers le 20 février 1763]
M. de Voltaire renvoie à monsieur Cramer la première feuille de la Tolérance ; et il demande à la revoir encore avant qu'on la tire . Il y joint de la copie , et ne laissera pas chômer le compositeur . Il demande la plus grande diligence, parce que l'ouvrage est beaucoup plus long qu'on ne croyait . »
« A Gabriel Cramer
[vers le 20 février 1763]
On envoie le Commentaire sur Œdipe ; il faudra peut-être y ajouter encore quelque chose, mais ce sera probablement la dernière pièce où l'on sera obligé de remanier . On enverra incessamment l'autre ouvrage, dès qu'on y aura mis les additions et les adoucissements nécessaires .
Au reste, l'affaire des Calas sera jugée cette semaine , ou dans l'autre au plus tard ; et il serait bon de profiter de l'attention d'un moment que le public donne à cette affaire, et que le public de Paris oubliera bientôt . On fait mille compliments à monsieur Cramer . »
« A Gabriel Cramer
[vers le 20 février 1763]
Je supplie monsieur Cramer de faire renvoyer A, et B, pour les confronter .
Je renvoie aussi la détestable feuille de Pertharite, où il n'y a pas un vers qui soit digne seulement du théâtre de la Foire .
J'oubliai hier de lui dire que le roi ne veut point du tout qu'on lui envoie deux cents exemplaires, qu'il n'en demande que douze ; qu'il honore notre mariage de son approbation, et qu'il fera plus qu'on ne croyait . »
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21/01/2018
Il faut m’en croire quand je me condamne moi-même
...Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa ....
« A Henri-Louis Lekain
A Ferney 20è février 1763
Mon grand acteur, je proteste contre Adélaïde pour bien des raisons ; une des plus fortes, c’est qu’il n’est pas permis d’imputer à un prince du sang un crime qu’il n’a pas fait. Cette fiction révolta le public, et m’obligea de changer la pièce. L’aventure sur laquelle cette tragédie est fondée arriva en effet à un duc de Bretagne, mais non à un prince du sang de France. Les gens sensés qui savent l’histoire seront révoltés à la cour, je vous en avertis, et je présente requête par cette lettre à M. le duc de Duras ; je le supplie très instamment de faire jouer Le Duc de Foix, que je crois incomparablement moins mauvais qu’Adélaïde.
Mademoiselle Corneille, devenue madame Dupuits, vous fera de petits Corneilles, qui vous donneront de bonnes tragédies dont vous avez besoin. Je vous embrasse du meilleur de mon cœur.
J’ajoute à ma lettre qu’il y a encore dans cette Adélaïde un héros blessé dans le combat ; que cette blessure, étant absolument inutile au dénouement, n’est qu’une puérilité ; que cela seul suffirait pour gâter une pièce. Il faut m’en croire quand je me condamne moi-même. Je vous demande en grâce de montrer cette lettre à M. le duc de Duras. Bonsoir ; je suis fort occupé avec Pierre Corneille ; il me fait trouver Racine admirable.
V. »
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20/01/2018
ne vous effarouchez pas de cet énorme fardeau
... Mark Zuckerberg et son trop célèbre Fesses de bouc va tenter de faire le ménage, nettoyer ses écuries d'Augias électroniques avec l'aide de ses utilisateurs : la chasse aux fake news est ouverte . Ce qui m'intrigue, c'est que les nettoyeurs sont ceux-là même qui ne se font pas prier pour diffuser, consciemment ou pas, le pire du Net . Mark se fait juge et partie, le résultat ne sera qu'une nouvelle biaisée à coup sûr, et n'est pas Hercule qui veut .
http://www.20minutes.fr/high-tech/2205495-20180120-fake-n...
Facebook au quotidien
« A Carlo Goldoni
Au château de Ferney, 19 février 1763
J’ai respecté longtemps vos occupations, monsieur ; mais la meilleure raison qui m’ait empêché de vous écrire, c’est qu’on dit que je deviens aveugle . Ce n’est pas comme Homère, c’est comme La Mothe-Houdart, dont vous avez peut-être entendu parler à Paris, et qui faisait des vers médiocres tout comme moi. Je suis menacé de perdre la vue, et ce petit accident me prive d’un grand plaisir, qui est celui de lire vos pièces.
Un homme de beaucoup d’esprit, et qui entend parfaitement l’italien, m’a mandé qu’il était extrêmement satisfait de la dernière comédie dont vous avez gratifié notre public de Paris. Si elle est imprimée, je vous demande en grâce de me l’envoyer. Mes yeux feront un effort pour la lire, ou bien ma nièce nous la lira.
Au cas que vous ayez livré cet ouvrage à l'impression, je vous demande en grâce de l'envoyer par la petite poste, à M. Damilaville, premier commis des bureaux du vingtième, quai Saint-Bernard à Paris .
Je vous destine une quarantaine de volumes.
Nardi parvus onix eliciet cadum.1
Mais ne vous effarouchez pas de cet énorme fardeau . Il y a vingt volumes de votre serviteur que vous pourrez jeter dans le feu ; et, pour vous consoler, le reste est de Corneille.
Je reçois quelquefois des nouvelles de votre ami M. le marquis Albergati. Si j’étais jeune, je vous accompagnerais à votre retour pour aller l’embrasser ; mais j’ai soixante et dix ans, et il faut que je meure entre les Alpes et le mont Jura, dans ma petite retraite. Vous aurez un vrai serviteur jusqu’au dernier moment de ma vie.
Voltaire. »
1 Un petit onyx plein de nard fera sortir une jarre ; Odes, IV, xii, 17, Horace .
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19/01/2018
on dit que les aveugles sont gais
... Voltaire a précédé , et peu être inspiré Joseph Joubert qui déclare : " Les aveugles sont gais, parce que leur esprit n'est pas distrait de la représentation des choses qui peuvent leur plaire et qu'ils ont encore plus d'idées que nous n'avons de spectacles. C'est un dédommagement que le ciel leur accorde."
Génial trait d'union avec le monde, le chien-guide
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
19 février 1763 1
Mes anges, ceci vous amusera peut-être ; du moins en ai-je été amusé 2. Ce n’est qu’une chanson d’aveugle , mais on dit que les aveugles sont gais. J’enverrai bientôt quelque chose à mes anges de fort sérieux, car je ne laisse pas de l’être parfois. Vous savez que mon patron est L’Intimé 3, qui avait plusieurs tons.
Corneille m’ennuie à présent autant que Marie m’amuse. Quel exécrable fatras que quinze ou seize pièces de ce grand homme ! Pradon est un Sophocle en comparaison, et Danchet un Euripide. Comment a-t-on pu préférer à un homme tel que Racine un rabâcheur d’un si mauvais goût, qui, jusque dans ses plus beaux morceaux, qui ne sont, après tout, que des déclamations, pèche continuellement contre la langue, et est toujours ou trivial ou hors de la nature ? Que Boileau avait bien raison de ne faire nul cas de toutes ces amplifications de rhétorique ! Qu’il est rare, dans notre nation, d’avoir du goût !
Madame Denis est toujours bien malade : il y a quinze jours qu’elle a la fièvre. Nous espérons que, dans peu, elle sera en état de vous écrire. Nous vous promettons d’appeler Pierre Corneille le premier enfant mâle qu’aura Manon Cornélie. Il y a en effet un pape nommé Corneille, dont on a fait un saint, parce que, dans les premiers siècles, tous les évêques prenaient le nom de saint, au lieu de celui de monseigneur 4.
Au reste, mes divins anges, ne soyez nullement en peine de François Corneille ni de sa petite femme . Je suis toujours le maître des arrangements, et je proportionnerai la part du père à la recette. Ai-je eu l’honneur de vous mander que le roi ne prend que douze exemplaires, et non pas cent, comme disait M. le contrôleur-général ? Sa Majesté approuve beaucoup ce mariage, et fera les choses noblement.
Le sang me bout sur les Calas ; quand la révision sera-t-elle donc ordonnée ?
N’entendrai-je parler que du triste succès de l’impression de Dupuis et Desronais ?5 Le tripot a bien fait ses affaires ; mais le libraire, dit-on, fait mal les siennes. Il n’y a que la pièce de M. le duc de Praslin qui réussisse parfaitement 6.
Toute la famille se met sous les ailes des anges .
J'attends des nouvelles de M. le président de La Marche.
V.»
1 L'édition de Kehl omet la dernière phrase .
2 C'est l'Hymne chanté au village de Pompignan, 1763 : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/06/poesie-hymne-chante-au-village-de-pompignan.html
3 Personnage des Plaideurs, de Racine ; voir acte III, sc. 3 : http://www.theatre-classique.fr/pages/pdf/RACINE_PLAIDEURS.pdf
4 Cornélius ( 251-253 ) : https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article14166 . Il est exact que les premiers papes ont été automatiquement canonisés .
5 Privée des prestiges de la représentation, la pièce de Collé ne pouvait guère soutenir la comparaison avec l'histoire de Robert Challe, dont les Illustres françaises se lisaient encore ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Illustres_Fran%C3%A7aises et http://data.bnf.fr/11949188/robert_challe_les_illustres_f... )
; l'ouvrage avait eu plus d'une douzaine d'éditions depuis l'originale de 1713, dont les dernières n'étaient pas très anciennes (1748 et 1756 , si on en croit certains bibliographes ) . La fin du siècle allait encore voir les éditions de Néaulme en 1775 et de Leboucq en 1780 .
6 La paix définitive a été signée à Paris le 10 février 1763 .
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18/01/2018
Il faut bien s'égayer un peu
... LR a son nouveau dirigeant, le PS est en quête du premier secrétaire avec un embarras du choix croquignolet , voir http://www.lepoint.fr/invites-du-point/michele-cotta/cott...
Cinq candidats et quadrature du cercle au PS
« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville
Mon cher, et ancien ami, a sans doute ouï parler du beau sermon de M. le marquis de Pompignan 1. Voici ce qu'on m'a envoyé de Montauban . Je le confie à mon ami ; c'est à peu près une chanson d'aveugle ; mais cela convient fort à l'état de mes yeux . Il faut bien s'égayer un peu,
Et je me sens par ma planète
A la malice un peu porté 2.
Bonjours mon cher ami, je retourne vite à Corneille afin de reprendre mon sérieux . Mme Denis a été bien malade .
18 février 1763. »
1 Voir lettre du 9 février 1763 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/02/09/je-ne-peux-rendre-ni-les-hommes-ni-les-filles-raisonnables.html
2 Amphytrion , III, 2, vers 1495, de Molière ; http://www.theatre-classique.fr/pages/pdf/MOLIERE_AMPHITRYON.pdf
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17/01/2018
très bon discours contre la persécution
... ( ou peu s'en faut ) qui met fin à l'interminable et couteux feuilleton de Notre-Dame-des-Landes . Reste à résoudre le problème des Zadistes ( qui signent d'un Z qui veut dire Zéro ! ), hors-la-loi tolérés et encore impunis ; pour autant que je sache les troubles à l'ordre public sont des délits et la dégradation des biens aussi, souffrez qu'on détruise ce que votre illégalité a permis . Messieurs et mesdames vous êtes priés de rendre cet endroit aussi propre que vous l'avez trouvé en arrivant , c'est la moindre des choses .
Bel exemple d'abus ! à raser
« A Paul-Claude Moultou
J'ai l'honneur de renvoyer à monsieur Moultou ce très bon discours contre la persécution, dont je le remercie . Je le supplie de vouloir bien faire remettre chez M. Souchay, la pièce sacerdotale 1 cachetée .
L'affaire des Calas a été rapportée, et très bien rapportée par M. de Crosne . Si monsieur Moultou a quelques nouvelles, je le prie d’avoir la bonté de m'en faire part . Je suis toujours aveugle, je ne sais pas quand cela finira .
Ferney 17è février [1763] »
1 Voir lettre du 5 janvier 1763 à Moultou : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/11/16/il-n-y-a-d-autre-moyen-d-obtenir-la-tolerance-que-d-inspirer-6000009.html
22:03 | Lien permanent | Commentaires (0)