22/02/2018
rien n'est si difficile à dire aux hommes que la vérité
...
« A Etienne-Noël Damilaville
Le 11 mars 1763
C'est donc lundi passé, sept du mois, que tout le Conseil d’État assemblé a écouté M. de Crosne . Je ne sais pas encore ce qui aura été résolu, mais j'ai encore assez bonne opinion des hommes pour croire que les premières têtes de l’État n'auront pas été de l'avis des huit juges de Toulouse . Ces huit indignes juges ont servi la philosophie plus qu'ils ne pensent . Dieu et les philosophes savent tirer le bien des plus grands maux .
Que dites-vous de l'aventure de notre nouveau Corneille ? c'est une véritable coup de théâtre . Que dit frère Thieriot l'apathique ? Vous réjouissez-vous à m'envoyer des pompignades ? On rit beaucoup à Versailles de la conversation du roi avec le marquis Simon Lefranc . On en aurait ri sous Louis XI, comment voulez-vous qu'on ne se tienne pas les côtes sous Louis XV, le plus indulgent et le plus aimable des souverains ?
Permettez-moi de vous adresser cette lettre pour M. d'Alembert 1; il est bon que Pindare-Le Brun sache le cas qu'on fait de lui .
J'embrasse tendrement mon frère et mes frères . Écrasez l'infâme .
P.-S. – Je vois par votre lettre qu'il faudra encore quelques cartons à l'Essai sur les mœurs ; rien n'est si difficile à dire aux hommes que la vérité . »
1 Cette lettre ne nous est pas parvenue .
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21/02/2018
Celui qui défriche un champ rend plus de services au genre humain que tous les barbouilleurs de papier de l’Europe.
... Il serait heureux que les fonctionnaires et parlementaires européens soient bien conscients de cet état de fait . Rendez-vous au Salon de l'Agriculture .
Qui nous nourrit ?
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
11 mars 1763, aux Délices
Pour peu que mes anges soient curieux, ils pourront se mettre au fait de mon aventure des trois brancards 1, car me voici avec trois Corneille. La véritable est madame Dupuits, les deux autres sont les descendants en ligne directe de Pierre, et sa sœur, dont on me menace, est la troisième ; mais Pierre est beaucoup plus embarrassant que les trois autres. Il n’y a pas, révérence parler, le sens commun dans ses dix dernières pièces ; et, à la réserve de la conférence de Sertorius et de Pompée, et de la moitié d’une scène d’Othon, qui ne sont, après tout, que de la politique très froide, tout le reste est fort au-dessous de Pardon et de Danchet.
L’embarras du commentateur est plus grand chez moi que celui du père de famille. Madame Dupuits m’amuse par sa gaieté et par sa naïveté ; mais son oncle Pierre est bien loin de m’amuser. M. Dupuits et elle présentent leurs très humbles et très tendres reconnaissances à leurs anges ; il y a beau temps qu’ils ont écrit au père. J’ai vraiment grand soin que mes deux marmots remplissent leurs devoirs. Savez-vous bien que je les fais aller à la messe tout comme s’ils y croyaient ?
Je ne sais si mes anges sont de la paroisse de Saint-Eustache ; je les crois de Saint-Roch , et cela est fort égal, car Roch n’a pas plus existé qu’Eustache 2; mais je hais Eustache, où l’on ne voulut point enterrer Molière, qui valait mieux que lui. Mes anges connaîtront sans doute quelque marguillier d’honneur de ce Saint-Eustache, quelque honnête dame, amie du curé, et on obtiendra aisément de lui qu’il fasse examiner les registres de la paroisse. Voici un petit mémoire 3 qui mettra au fait. N’avez-vous pas la plus grande envie du monde de savoir comment mon confrère Pierre, gentilhomme ordinaire de Louis XIV, et fils de Pierre mon maître, a eu un fils mort à l’hôpital ?
J’en reviens toujours à la destinée. L’arrière-petit-fils de Pierre Corneille demande l’aumône ; Marie Corneille, qui est à peine sa parente, a fait fortune sans le savoir.
Le prince Ferdinand de Brunswick nous a battus pendant quatre ou cinq ans, et son frère 4, régent de Russie, est en prison depuis vingt-trois ans, dans une île de la mer Glaciale. L’empereur Ivan 5 est enfermé chez des moines, et la fille de cette princesse de Zerbst 6, que vous avez vue à Paris gouverne gaiement deux mille lieues de pays. George III nous a pris le Canada, tandis que le prétendant 7 dit son chapelet à Rome, et que son fils 8 s’enivre à Bouillon, et donne des coups de pied au cul à toutes les femmes qu’il rencontre. Ne voilà-t-il pas un monde bien arrangé !
Vivez gaiement mes anges ; jouissez tranquillement de cette courte vie. Tout ce que j’ai vu et tout ce que j’ai fait n’a pas l’ombre du bon sens. Celui qui a pris le nom de Salomon pour dire que tout est vanité 9, et que tout va comme il peut, était un philosophe d’Alexandrie bien raisonnable. Il faut que l’Église ait eu le diable au corps pour attribuer cet ouvrage à Salomon, et pour le mettre dans le canon 10.
Les hommes sont bien fous, mais les ecclésiastiques sont les premiers de la bande. Je n’ai fait qu’une chose de raisonnable dans ma vie, c’est de cultiver la terre. Celui qui défriche un champ rend plus de services au genre humain que tous les barbouilleurs de papier de l’Europe.
Madame Denis est toujours bien malingre, et moi toujours un petit Homère, un petit La Motte 11, versifiant et n’y voyant goutte, me moquant de tout, et surtout de moi, vous aimant de tout mon cœur, et persistant pour vous dans mon culte de dulie, jusqu’à ce que je rende mon corps aux quatre éléments qui me l’ont donné.
V. »
1 Dans le Roman comique de Scarron, I, 7 : http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Gallica&O=NUMM-27788
2 La rue de la Sourdière était dans la paroisse St Roch, ce saint qui a certainement existé est mort en 1327 .
Eustathius vivait au début du IVè siècle, mais en l'absence de documents pour cette époque, son existence n'est connue que par des traitions incertaines .
3 Voir lettre du 5 mars 1763 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/02/12/est-il-vrai-que-la-mauvaise-foi-et-l-avarice-aient-succede-a-la-superstitio.html
4 Antoine-Ulrich de Brunswick-Wolfenbüttel était le père de Ivan VI qu'il avait eu d'Anna Leopoldovna . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine-Ulrich_de_Brunswick...)
5 Voir lettre du 7 août 1762 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/07/02/je-voudrais-que-quelque-bonne-ame-put-dire-au-roi-sire-voyez-5959449.html
6 La mère de Catherine II, est Sophie Frédérique Augusta d' Anhalt-Zerbst . Zerbst est une petite ville du Anhalt, ancienne principauté rattachée de nos jours à la Saxe par le gouvernement mis en place par les Russes en 1945 . voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Anhalt-Zerbst
7 James Francis Edward Stuart, dit « le vieux prétendant » (1688-1766) . https://www.saor-alba.fr/le-prince-jacques-francois-stuart-le-vieux-pretendant/
8 Charles Edward (1720-1788) , le « jeune prétendant », qui, après l'échec de ses tentatives antérieures au traité d'Aix-la-Chapelle, avait trouvé refuge dans les voyages et l'ivrognerie .https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_%C3%89douard_Stuart
9 Ecclésiaste, I, 2 et passim . http://saintebible.com/ecclesiastes/1-2.htm
10 Le déplaisir manifeste de V* à l'égard de la Bible annonce Le Taureau blanc .
11 La Motte, dans sa vieillesse était aveugle .
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20/02/2018
Bon anniversaire François
... le vrai, le seul François qui compte : François-Marie Arouet, monsieur de Voltaire !
324 ans ...
... Aujourd'hui .
N'en déplaise aux historiens qui le disent né le 21 novembre . Je me fie à l'intéressé lui-même, premier témoin de l'évènement s'il en fut . Et puis tant pis, quelques mois d'écart ne sont pas grand-chose , au fond, sur quatre-vingt-quatre ans d'une vie bien occupée .
"« Il n’y a, dit Zadig, qu’à faire danser tous ceux qui se présenteront pour la dignité de trésorier, et celui qui dansera avec le plus de légèreté sera infailliblement le plus honnête homme."
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on peut y faire tant de fautes qu'on voudra sans que personne s'en aperçoive
... aurait pu tout à fait déclarer Laurent Wauquiez à propos de son rôle de président LR, avant son intervention en Ecole de management (et dire que les étudiants ont payé fort cher pour avoir face à eux un guignol dangereux ).
http://actuendessins.fr/?p=4374
« A Gabriel Cramer
[vers le 10 mars 1763]
On peut tirer les deux premières feuilles de la Tolérance, je ne crois pas qu'il y ait de faute .
À l'égard de Pertharite , on peut y faire tant de fautes qu'on voudra sans que personne s'en aperçoive .
Mme Denis est fort inquiète, mais nous ne le sommes point, nous espérons que dans peu de jours, elle sera en état de recevoir ses amis .
Les malins attendent les lettres du sieur de Pompignan et du sieur de L’Écluse avec la chanson .
Imprimez-vous de la musique ? en ce cas, on vous enverrait la chanson notée, et on imprimerait à la fin un couplet noté . Mais ayez toujours la bonté de m'envoyer une quarantaine d'exemplaires . Je vous prie surtout, mon cher monsieur, de me donner des nouvelles de votre santé . »
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19/02/2018
envoyer aujourd'hui tout ce qu'on aura fait de la Tolérance
... Cette qualité, ce savoir-vivre qui semble parfaitement échapper aux politicards de tout poil !
« A Gabriel Cramer
Genève
[vers le 10 mars 1763] 1
Je ne peux envoyer à monsieur Cramer la Sophonisbe que demain soir, ou après-demain matin . Je la revois et j'y travaille encore . Il faut la comparer à celle de Mairet 2 et cela demande un peu d'application .
Je prie instamment monsieur Cramer de m'envoyer aujourd'hui tout ce qu'on aura fait de la Tolérance . Il doit certainement avoir Mariamne, mais s'il ne l'a pas, je vais envoyer chercher à Ferney le seul exemplaire qui me reste . »
1 La moitié inférieure du manuscrit a été déchirée, ce qui affecte l'adresse et peut-être aussi le texte de la lettre .
2 La Sophonisbe de Mairet, jouée en 1629, imprimée en 1635, avait eu un succès considérable une trentaine d'années avant celle de Corneille . C'est la première tragédie régulière française .Voir : http://www.idt.paris-sorbonne.fr/html/Mairet-Sophonisbe-Preface.html
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18/02/2018
nous sommes des gens excessivement médiocres
... en général ! et heureusement les Jeux Olympiques nous montrent qu'il y a quelques exceptions et qu'un travail , des efforts acharnés méritent d'être reconnus, même chez ceux qui n'ont pas remporté de médailles . Bravo à eux !
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
Aux Délices 9 mars 1763 1
Assurément vous êtes bien anges, et je suis bien payé pour le croire et pour le dire. Vous me traitez précisément comme Gabriel 2 traita Tobie, vous m’enseignez un remède pour mes yeux ; mais ce n’est pas du fiel de brochet. Je vous remercie bien tendrement, mes chers anges.
Je vois qu’il faut abandonner le tripot pour longtemps. Vous n’ignorez pas sans doute que mademoiselle Clairon est dans le cas de l'hémorroïsse 3, et que le sauveur Tronchin lui a mandé qu’il ne pouvait la guérir, si elle ne venait toucher le bas de sa robe. Il la déclare morte, si elle joue la comédie. Je me bornerai donc à commenter Corneille et à admirer Racine.
Mais admirez dans quel embarras me jette Pierre Corneille. Ce n’est pas assez pour lui d’avoir fait Pertharite, Théodore, Agésilas, Attila, Suréna, Pulchérie, Othon, Bérénice, il faut encore qu’un arrière-petit-fils de tous ces gens-là vienne du pays de la mère aux guines 4 me relancer aux Délices. C’est réellement l’arrière-petit-fils de Pierre. Il se nomme Claude-Etienne Corneille, fils de Pierre-Alexis Corneille, lequel Alexis était fils de Pierre Corneille, gentilhomme ordinaire du roi ; lequel Pierre était fils de Pierre, auteur de Cinna et de Pertharite.
Claude-Etienne, dont il s’agit ici, est né avec soixante livres de rente mal-venant 5. Il a été soldat, déserteur, manœuvre, et d’ailleurs fort honnête homme. En passant par Grenoble, il a représenté son nom et ses besoins à M. de Montferrat, 6 que vous connaissez. Ce président, qui est le plus généreux de tous les hommes, ne lui a pas donné un sou, mais lui a conseillé de poursuivre son voyage à pied, et de venir chez moi, l’assurant que ce conseil valait beaucoup mieux que de l’argent, et que sa fortune était faite.
Claude-Etienne lui a représenté qu’il n’avait que quatre livres dix sous pour venir de Grenoble aux Délices. Le président a fait son décompte, et lui a prouvé qu’en vivant sobrement, il en aurait encore de reste à son arrivée.
Le pauvre diable enfin arrive mourant de faim, et ressemblant au Lazare ou à moi. Il entre dans la maison, et demande d’abord à boire et à manger, ce qu’on ne trouve point chez le président de Montferrat. Quand il est un peu refait, il dit son nom et demande à embrasser sa cousine. Il montre les papiers qu’il a en poche ; ils sont en très bonne forme. Nous n’avons pas jugé à propos de le présenter à sa cousine ni à son cousin M. Dupuits, et je crois que nous nous en déferons avec quelque argent comptant. Il descend pourtant de Pierre Corneille en droite ligne, et mademoiselle Corneille, à la rigueur, n’est rien à Pierre Corneille 7. Nous aurions pu marier Marie à Claude-Etienne, sans être obligés de demander une dispense au pape.
Mais comme M. Dupuits est en possession, et qu’il s’appelle Claude, l’autre Claude videra la maison. Voilà, je crois, ce que nous avons de meilleur à faire.
On nous menace d’une douzaine d’autres petits Cornillons 8, cousins-germains de Pertharite, qui viendront l’un après l’autre demander la becquée. Mais Marie Corneille est comme Marie sœur de Marthe ; elle a pris la meilleure part 9.
Le bon de l’histoire, c’est que c’est un nommé Du Molard 10, pauvre diable de son métier, qui est le premier auteur de la fortune de Marie. Tout cela, combiné ensemble, me fait croire plus que jamais à la destinée.
Heureusement le roi s’est moqué des beaux arrangements de M. Bertin ; il nous envoie de l’argent comptant, autre destinée encore très singulière.
Celle de la veuve Calas ne l’est pas moins ; elle ne se doutait pas, il y a un an, que le conseil d’État s’assemblerait pour elle.
Olympie a encore sa destinée ; elle sera jouée à Moscou avant de l’être à Paris. Une très mauvaise copie a été imprimée en Allemagne et j’ai été obligé d’en envoyer une moins mauvaise. La pièce me paraît singulière, et assez rondement écrite. Je la trouve admirable quand je lis Attila ; mais je la trouve détestable quand je lis les pièces de Racine, et je voudrais avoir brûlé tout ce que j’ai fait. Mes divins anges, il n’y a que Racine dans le monde : s’il me vient quelqu’un de sa famille, je vous promets de le bien traiter : mais pour Campistron, La Grange Chancel, Crébillon, et moi, nous sommes des gens excessivement médiocres. Ce n’est pas qu’il n’y ait de très belles choses dans Corneille ; mais pour une pièce parfaite de lui, je n’en connais point. Mes chers anges, je baise le bout de vos ailes avec tendresse et respect.
V. »
1 L'édition de Kehl remplace Montferrat par M***, suivie par les autres éditions .
2 Raphaël et non Gabriel, cité dans Tobie, VI, 5 : https://bible.catholique.org/livre-de-tobie/4137-chapitre-5
3 Ce terme est appliqué à la femme guérie d'un saignement en touchant la robe du Christ ; https://fr.wiktionary.org/wiki/h%C3%A9morro%C3%AFsse
4 Ou plutôt gaines : « ce pays de la mère aux gaines » est Moulins ; voir : http://dictionnaire.sensagent.leparisien.fr/Gaine/fr-fr/
5 Bien que cité par Littré, d'après la présente lettre , comme un ancien terme juridique, il semble en fait n'être ici qu'une plaisanterie sur la formule habituelle bien-venant .
6 Charles-Gabriel-Justin de Barral, marquis de Montferrat, qui n'est que conseiller du parlement de Grenoble, ou alors son frère aîné Jean-baptiste-François, qui est président à mortier mais ordinairement nommé marquis d'Arvillard . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Famille_de_Barral
7 V* a pour Marie-Françoise Corneille une affection sincère prouvée par les termes de son contrat de mariage, mais on ne peut manquer son peu d'empressement qu'il met à secourir le propre petit-fils de Corneille . Certains disent que l'aide apportée à celle-ci était une opération publicitaire alors que la même aide entreprise dans le cas du petit-fils aurait été négative sur ce plan .
8 Souriau fait de ce terme un néologisme, alors que V* l'a utilisé comme une formation plaisante, rappelant le corbillon d'Agnès .
9 Évangile de Luc , X, 42 : https://www.universdelabible.net/lire-la-segond-21-en-ligne/luc/10.38-42/
10 Charles Du Molard Bert : voir lettre du 15 janvier 1761 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1761-partie-3-121330760.html
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17/02/2018
La plus petite de toutes les méprises imprimées, et la moins importante, est l'honneur qu'on me fait
... Je doute fort qu'un jour un de nos -présidents, ministres, cardinaux, députés, sénateurs, PDG, juges et avocats de renom, footeux, artistes récemment décédés-, soit assez lucide et modeste pour en dire autant .
« A Pierre Rousseau
La plus petite de toutes les méprises imprimées, et la moins importante, est l'honneur qu'on me fait , dans le Journal encyclopédique du mois de mars 1763, d'avoir reçu de madame l'archiduchesse des bouts-rimés à remplir . Je n'ai, Dieu merci, ni reçu cet ordre, ni fait ces bouts-rimés . Cependant, comme il faut obéir aux princesses, quelque vieux qu'on soit, je déclare que je ferai de mauvais bouts-rimés quand Leurs Altesses Impériales l’ordonneront positivement .
Voltaire .
Aux Délices 8 mai [mars] 1763 .1 »
1 Voir l'édition « Éclaircissement au sujet des bouts-rimés attribués à M. de Voltaire », Journal encyclopédique du 1er avril 1763 . La lettre est précédée de l’avis suivant : « Sur la foi d'un homme très estimable et très connu dans la république des lettres, nous avons donné dans le Journal pénultième [1er mars 1763] des bouts-rimés sous le nom de M. de Voltaire ; nous nous sommes empressés de les publier, parce que nous avons appris par une expérience constante combien nos lecteurs sont avides de tout ce qui sort de la plume de ce grand homme, ne fut-ce même que des bouts-rimés . La personne qui nous a envoyé ceux dont il est question, est une de ces admirateurs zélés, et certainement M. de Voltaire n'est point dans le cas de lui dire, vous voudriez bien que je les eusse faits . Par respect et par devoir nous insèrerons ici l'apostille d’une lettre dont il a bien voulu nous honorer . Nous serions très fâchés que sur la foi de notre Journal ces vers donnassent la moindre prise à ses ennemis, car enfin qui n'a pas d'ennemis à commencer par M. de Voltaire jusqu'au chevalier de [...]. » Cette lettre est encore suivie de ceci : « A peine ces bouts-rimés ont-ils paru dans notre Journal, que nous les avons trouvés imprimés dans une feuille périodique qui paraît à Lyon chez le sieur de La Roche . Ainsi nous ne sommes pas les seuls qui ayons été dans cette erreur, et peut-être sont-ils déjà imprimés dans d'autres journaux . » La matière fut encore reprise dans une article signé Porier qui parut dans le Journal encyclopédique du 15 mai 1763 .
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