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24/12/2018

Pourquoi envoyer 15 ou 16 citoyens dépenser leur argent dans les pays étrangers ? Ce n’est pas les punir, c’est punir la France. Nous avons une jurisprudence aussi ridicule que tout le reste ; cependant tout va et tout ira

... NB. -- Note remise en ligne le 25/12 pour le 24/12/2018 suite à suppression de la première édition par je ne sais qui .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

26è décembre 1763 1

Je souhaite à mon cher frère, pour l’an de grâce 1764, une santé inébranlable, quelque excellente place dans la finance, qui lui laisse le loisir de se livrer aux belles-lettres. Je lui souhaite une vinée abondante dans la vigne du Seigneur, avec l’extirpation de l’infâme.

Je souhaite à mon frère Thieriot un zèle moins tiède. Que dites-vous de ce ronfleur-là, qui ne m’a pas dit seulement un mot du conte de ma mère l’Oye, que je lui ai envoyé !

On parle de l’Anti-financier 2 ; vaut-il la peine qu’on en parle ? Je supplie mon cher frère de vouloir bien me l’envoyer. M. de Laverdy a-t-il déjà changé tout le système des finances ? Il me semble qu’on a banni quinze ou seize personnes avec le sieur Bigot. Pourquoi envoyer 15 ou 16 citoyens dépenser leur argent dans les pays étrangers ? Ce n’est pas les punir, c’est punir la France. Nous avons une jurisprudence aussi ridicule que tout le reste ; cependant tout va et tout ira.

S’il y a quelque chose de nouveau, je supplie mon cher frère de m’en faire part. Il est surtout prié de faire commémoration de moi avec frère Platon.

N’y a-t-il pas deux volumes de planches de l’Encyclopédie que l’on distribue aux souscripteurs ? Briasson et Cie m’ont oublié. J’attends cette Encyclopédie pour m’amuser et pour m’instruire le reste de mes jours.

Je vous embrasse le plus tendrement du monde.

Ecr. l’inf. » 



1 L'édition Correspondance littéraire donne une version incomplète sans nom de destinataire .

Ils n’ont regardé et traité comme frères que ceux qui étaient habillés de leur couleur . Quiconque portait leur livrée était regardé comme un saint . Celui qui ne l’était pas était saintement égorgé en ce monde et damné pour l’autre

... NB. -- Note remise en ligne le 25/12 pour le 24/12/2018 suite à suppression de la première édition par je ne sais qui .

 

 

 

« A Élie Bertrand

Ferney 26 décembre 1763

Je conviens avec vous que les Juifs et les chrétiens ont beaucoup parlé de l’amour fraternel . Leur amour ressemble assez par les effets à la haine . Ils n’ont regardé et traité comme frères que ceux qui étaient habillés de leur couleur . Quiconque portait leur livrée était regardé comme un saint . Celui qui ne l’était pas était saintement égorgé en ce monde et damné pour l’autre. Vous croyez, mon cher ami, que c’est de l’essence même du christianisme qu’il faut tirer toutes les preuves pour la nécessité de la tolérance . C’est cependant sur les préceptes et les intérêts de cette religion que les charitables persécuteurs fondent leurs droits cruels. Jésus-Christ me paraît, comme à vous, doux et tolérant ; mais ses sectateurs ont été dans tous les temps inhumains et barbares . Le parti le plus fort a toujours vexé le plus faible au nom de Jésus-Christ, et pour la gloire de Dieu. Lorsque nous vous persécutons, nous papistes, nous sommes conséquents à nos principes, parce que vous devez vous soumettre aux décisions de notre sainte Église. Hors de l’Église, point de salut. Vous êtes donc des rebelles audacieux . Lorsque vous persécutez, vous êtes inconséquents, puisque vous accordez à chaque charbonnier le droit d’examen . Ainsi vos réformateurs n’ont renversé l’autorité du pape que pour se mettre sur son trône. Aux décisions des conciles vous avez fièrement substitué celle de vos synodes, et Barnevelt a péri comme Jean Huss. Le synode de Dordrecht vaut-il mieux que celui de Trente ? Qu’importe que l’on soit brûlé par les conseils de Léon X ou par les ordres de Calvin ?

Quel remède à tant de folies et de maux qui désolent le meilleur des mondes ? S’attacher à la morale, mépriser la théologie, laisser les disputes dans l’obscurité des écoles où l’orgueil les a enfantées, ne persécuter que les esprits turbulents qui troublent la société pour des mots. Amen ! Amen !

Le malade de Ferney, qui ne voudrait persécuter personne que les brouillons, embrasse tendrement l’hérétique charitable et bienfaisant.

V. »

23/12/2018

Tout Ferney souhaite les bonnes fêtes

... NB. -- Note remise en ligne le 25/12 pour le 23/12/2018 suite à suppression de la première édition par je ne sais qui .

 

 

« A François Tronchin,

Conseiller d’État

rue des Chaudronniers

à Genève

24è décembre 1763

J'ai eu l'honneur d'envoyer à monsieur Tronchin un paquet pour M. Gilly, à l'adresse de monsieur son frère le fermier général . Je le supplie de vouloir bien m'informer s'il l'a reçu, et s'il a la bonté de s'en charger .

Voici de vilains jours pour les tableaux 1 . Tout Ferney souhaite les bonnes fêtes à monsieur et madame Tronchin . S'il a quelques ordres à me donner il est supplié de les adresser chez M. Souchay au Lyon-d'Or, rue Basse .

V. »

1 François Tronchin est un amateur de peinture et un collectionneur ; voir « Les collections de tableaux du conseiller François Tronchin et le musée de l'Ermitage » de Michel N. Benisovich, 1953 ;

et : http://piprod.getty.edu/starweb/pi/servlet.starweb?path=pi/pi.link5.web&search2=6220

 

22/12/2018

M. de Laverdy ayant harangué tout Versailles, a dit à Mgr le Dauphin qu'il mourrait, ou qu'il rétablirait les finances dans trois ans, à quoi Mgr le Dauphin a répondu que l'un était plus aisé que l'autre

... NB. -- Note remise en ligne le 25/12 pour le 22/12/2018 suite à suppression de la première édition par je ne sais qui .

 

 

https://www.dailymotion.com/video/x2d5hoy

Joe Cocker : With a little help from my friends

 

 

« A François Tronchin

23è décembre 1763 1

L'ermite de Ferney présente ses hommages à monsieur François Tronchin . Voilà sa réponse à M. Gilly 2 . M. Tronchin peut sans doute la faire parvenir par monsieur le fermier général, sous le couvert de M. le secrétaire d’État Bertin . Nous sommes tous ici assez gais, aimant beaucoup monsieur François, M. Jean-Robert, M. Jacob, M. Tron le procureur général, M. Tron l'Esculape général, et toute la tribu .

N.B. – Vous savez sans doute que M. de Laverdy 3 ayant harangué tout Versailles, a dit à Mgr le Dauphin qu'il mourrait, ou qu'il rétablirait les finances dans trois ans, à quoi Mgr le Dauphin a répondu que l'un était plus aisé que l'autre . »

1 L'édition Cayrol est limitée au second paragraphe et donnée comme adressée à Jean-Robert Tronchin ; l'édition Tronchin est limitée au premier paragraphe abrégé .

21/12/2018

Nous parviendrons infailliblement au point où nous voulions arriver, qui est d'ôter tout crédit aux fanatiques dans l'esprit des honnêtes gens . C'est bien assez, et c'est tout ce qu'on peut raisonnablement espérer

... NB. -- Note remise en ligne le 25/12 pour le 21/12/2018 suite à suppression de la première édition par je ne sais qui .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

21è décembre 1763 1

On m'envoie du Languedoc cette chanson, sur l'air de L'Inconnu

Simon Lefranc qui toujours se rengorge

Traduit en vers tout le Vieux Testament,

Simon les forge très durement :

Mais pour la prose écrite horriblement

Simon le cède à son puîné Jean-Georges .

 

Cependant, on me mande aussi de Paris que l'édition publique de la Lettre du quakre pourrait faire grand tort à la bonne cause, que les doutes proposés à Jean-Georges sur une douzaine de questions absurdes, rejaillissent également contre la doctrine, et contre l'endoctrineur, que le ridicule tombe autant sur les mystères que sur le prélat, qu'il suffit du moindre Gauchat, du moindre Chaumeix, du moindre polisson orthodoxe, pour faire naître un réquisitoire de maître Omer, que cet esclandre ferait grand tort à la Tolérance, qu'il ne faut pas sacrifier un bel habit pour un ruban, que ces ouvrages sont faits pour les adeptes, et non pour la multitude .

C'est à mon très cher frère à peser mûrement ces raisons . Je me souviens d'un petit bossu qui vendait autrefois des Meslier sous le manteau, mais il connaissait son monde et n'en vendait qu'aux amateurs .

Enfin , je me repose toujours sur le zèle éclairé de mon frère . Nous parviendrons infailliblement au point où nous voulions arriver, qui est d'ôter tout crédit aux fanatiques dans l'esprit des honnêtes gens . C'est bien assez, et c'est tout ce qu'on peut raisonnablement espérer . On réduira la superstition à faire le moindre mal qu'il soit possible . Nous imiterons enfin les Anglais qui sont depuis près de cent ans le peuple le plus sage de la terre comme le plus libre .

Je n'entends point parler de frère Thieriot . Je sais l'aventure des bigots . Voilà le seul bigot qu'on ait puni . Pardon de cette mauvaise plaisanterie . Bonsoir, mon cher frère .

Ecr l'inf. »

1 L'édition Lettres curieuses est limitée aux vers ; l’édition Correspondance littéraire donne une version abrégée de la prose seule ; on a ici la version des Lettres inédites .

20/12/2018

Leur impertinente démarche ne mérite que des croquignoles . Cependant vous voyez bien quel esprit d'animosité et de vertige les anime

... NB. -- Note remise en ligne le 25/12 pour le 20/12/2018 suite à suppression de la première édition par je ne sais qui .

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 20 décembre 1763] 1

Vous savez caro que votre f. consistoire a dénoncé la lettre de l'autre quakre, à votre Conseil 2. Il faut que ces gens-là soient enragés . Il m'est tombé entre les mains une de ces lettres . Il n'y a rien qui regarde ces polissons ni qui puisse offenser directement le premier établissement de leur polissonnerie . Leur impertinente démarche ne mérite que des croquignoles . Cependant vous voyez bien quel esprit d'animosité et de vertige les anime . Ils se doutent que vous avez imprimé le Lettre du quakre . Ils veulent la faire condamner pour vous exclure de l'auditorerie 3. J'ai donné à M. Bertrand la seule lettre quakerienne qui me restât . Si vous n'en avez pas laissé courir de copie je ne conçois pas comment ces animaux-là en ont attrapé une . Attendez, je me souviens encore que j'en ai donné une à Constant qui peut-être l'aura donnée au professeur qui l'aura donnée à un prêtre .

Je serais fâché qu'il y eût un éclat et d'autant plus fâché que je rends actuellement un service important au Conseil 4.

Vous pourriez engager M. le syndic Cramer 5 à diriger le Conseil dans cette affaire ; le parti le plus sage serait de répondre aux cuistres qu'on veillera sur l'écrit dénoncé, qu'on empêchera le débit s'il y en a dans Genève, et de s'en tenir là .

Quant aux barbares du consistoire de Berne vous savez qu'ils sont gomaristes, et qu'ils ont pu être choqués d'une note de la Tolérance qui déclare le dogme de Gomar un dogme infernal 6 . Or comme ces messieurs sont très infernaux, ils ont agi suivant leur vocation .

Je croyais que vous étiez instruit du changement de scène à Versailles et de la nomination d'un conseiller du parlement à l'Administration des finances 7.

Puisque vous voulez des nouvelles de notre pays, Bigot, intendant du Canada, et trois consorts condamnés au bannissement perpétuel, confiscation et restitution, les autres accusés à un bannissement limité 8, et la France condamnée à perdre le Canada .

Pour vous messieurs vous êtes condamnés éternellement aux tracasseries . Interim vale et me ama .

N.B. – Tâchez de déterrer le délateur . Voyez à qui vous avez donné des quakres, car vous savez que je n'en ai pas envoyé à Genève . »

1 Si la date proposée est tardive par rapport à celle du conseil (8 décembre 1763 ) c'est que le 16 et le 18 V* paraît n'être encore au courant de rien ; voir lettre du 15 décembre 1763 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/12/16/cet-ouvrage-n-est-point-d-ailleurs-un-oiseau-de-passage-il-p-6113378.html

2 Le 8 décembre 1763, le consistoire fait porter cette mention dans ses registres : « Qu'il paraît aussi une feuille imprimée contenant une épître d'un quakre de Pennsylvanie, adressée à M. Pompignan évêque de France de Puy-en-Velay, qui a fait imprimer un livre sur la religion contre les incrédules . Cette feuille est pleine d'indécence et d'impiété, et contient des invectives atroces contre la religion en général, et en particulier contre le Vieux Testament, et est un tissu d'objections contre la religion . Qu'il était du bon ordre et du devoir de cette vénérable assemblée d'informer le magnifique conseil qu'il y a de tels écrits qui se répandent dans cette ville et que ces écrits sont contraires à la religion et aux bonnes mœurs. »

Cette requête fut transmise au conseil le 10 ; le résultat de l'enquête ordonnée par le conseil – négatif comme il se doit – fut annoncé le 14 et la réponse à la requête parvint à ce dernier le 15 .

3 Ce mot est une création amusante ; on a vu dans la lettre du 15 novembre 1763 à Cramer ce que sont les fonctions d'un auditeur : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/11/07/prenez-garde-d-avoir-contre-vous-les-trois-cent-cinquante-tr-6103064.html

5 Sur ce personnage, cousin de Gabriel, voir lettre de décembre 1763 à Cramer : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/12/17/on-aurait-des-choses-agreables-peut-etre-a-leur-dire-6113536.html

8 Le jugement a été rendu le 10, et communiqué au roi le 11 ; voir Barbier, VIII, 120 .

19/12/2018

le roi aura-t-il plus d’argent ? le public sera-t-il soulagé ? Voilà des questions qu’on peut faire à un homme de finances

... NB. -- Note remise en ligne le 25/12 pour le 19/12/2018 suite à suppression de la première édition par je ne sais qui .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

19 décembre 1763

Mon cher frère, pourquoi M. Bertin a-t-il quitté ? est-ce M. de Laverdy qui a sa place ? le roi aura-t-il plus d’argent ? le public sera-t-il soulagé ? Voilà des questions qu’on peut faire à un homme de finances . Mais j’aime encore mieux vous parler de la Tolérance et de Ce qui plaît aux Dames. Peut-être n’est-il pas convenable qu’une bagatelle aussi gaie que le conte de messire Jean Robert paraisse dans le même temps qu’un ouvrage aussi sérieux que celui de la Tolérance. L’un ne fera-t-il pas tort à l’autre, et ne dira-t-on pas que ces deux écrits sont des jeux d’esprit, et qu’un homme qui traite à la fois de la religion et des fées est également indifférent pour ces deux objets ? Cette réflexion ne peut-elle pas faire quelque tort à la tolérance qu’on attend des plus honnêtes gens du royaume et des mieux disposés ?

D’ailleurs, en imprimant le conte, n’est-ce pas lui ôter sa fleur, et vous priver du plaisir d’en être dépositaire ? Vous êtes le maître absolu, faites comme vous voudrez ; tâchez que mon nom ne soit pas à la tête du conte. Je vois bien que vous me forcerez d’en faire de nouveaux, car un conte tout seul est trop peu de chose 1, et l’hiver est bien long . Ce qui plaît aux Dames est tiré en partie d’un vieux roman, et a même été traité en anglais par Driden 2. Tous les autres seront de ma façon, et n’en vaudront pas mieux.

Je fais des vœux au ciel pour que le livre de Du Marsais 3 public. Je m’en remets à votre sagesse qui égale votre zèle. Ce livre d’une morale saine, sera appuyé par quelques ouvrages de nos frères qui travaillent dans les pays étrangers. On sert de tous côtés la bonne cause ; et si son ennemie l’infâme subsiste encore chez les sots et chez les fripons, ce ne sera pas chez les honnêtes gens.

Que fait le tiède Thieriot ? Embrassez, je vous prie, pour moi, le grand frère Platon 4, que j’aime et que j’honore comme je le dois. Si on imprime le quaker, il ne faut pas oublier de mettre Shafsterburi, petit-fils et non fils du comte Shafsterburi, chancelier d’Angleterre.

C’est à la page 13 : « Celui que tu appelles le héros du parti philosophiste était le fils du comte Shafsterburi. ». Mettez à la place de ces mots :

Celui que tu appelles le héros du parti philosophiste était petit-fils du comte Shafsterburi, grand-chancelier d’Angleterre , le grand-père n’était qu’un politique, le petit-fils était un philosophe, 5 etc.

Pour mieux faire et pour vous épargner de la peine, mon cher frère, voici un exemplaire corrigé. »

1 Le conte parut dans le volume intitulé Contes de Guillaume Vadé quelques mois après la présente lettre .

2 D'après le conte de la femme de Bath, de Chaucer, dans les Canterbury tales, basé lui-même sur une source médiévale .Voir : https://lyricstranslate.com/fr/conte-de-la-femme-de-bath-lyrics.html

3 Il semble que Wagnière a encore oublié un mot, comme soit ou devienne, sinon plusieurs mots . Le « livre » est l'Analyse de la religion chrétienne .

4 Diderot .

5 La correction fut apportée à la fin de l'Instruction pastorale de l'humble évêque d'Alétopolis .