15/12/2018
J'ai bien peur que les tracasseries politiques ne nuisent aux travaux typographiques
... NB. -- Note remise en ligne le 25/12 pour le 15/12/2018 suite à suppression de la première édition par je ne sais qui .
« A Gabriel Cramer
[décembre 1763]
Monsieur Caro est supplié de recommander l'observation exacte des corrections que j'ai faites sur la feuille P. Je n'ai point la feuille O qui était pleine de fautes .
J'avais envoyé un paquet où il y avait des pompignades , monsieur Caro l'a-t-il reçu ? J'ai bien peur que les tracasseries politiques ne nuisent aux travaux typographiques . Je conseille à monsieur Cramer de venir dîner à Ferney avec M. le syndic Cramer le plus tôt qu'il pourra . »
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On aurait des choses agréables peut-être à leur dire
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« A Gabriel Cramer
à Genève
[décembre 1763]
Monsieur Cramer ne m'a point envoyé la dernière épreuve O . Il y avait beaucoup de fautes . Il serait triste qu'on l'eût tirée .
On va examiner la feuille P qu'on renverra demain matin .
Il ne serait pas mal que monsieur Cramer vint dîner à Ferney avec son parent le syndic 1 avant dimanche . On aurait des choses agréables peut-être à leur dire . »
1 Jean Cramer (1701-1787) qui fut syndic en 1759, 1763 et 1770 . Voir : http://w3public.ville-ge.ch/bge/odyssee.nsf/Attachments/cramer_jeanframeset.htm/$file/cramer_jean.pdf
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Tout Ferney lui fait les plus tendres compliments
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« A Gabriel Cramer
à Genève
[décembre 1763]
Monsieur Gabriel Cramer a sans doute reçu le paquet qu'on lui a envoyé de Ferney . Il est prié d'en accuser réception . Je suppose qu'il a aussi les 78 livres pour M. Paul Vaillant 1. Tout Ferney lui fait les plus tendres compliments . »
1 On trouve effectivement dans le Grand Livre des Cramer la trace d'un paiement fait à Paul Vaillant, de Londres, en date du 17 décembre 1763 . Voir aussi page 13 : https://hal-ujm.archives-ouvertes.fr/ujm-01490359/document
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des gens accrédités, qui étant dans le secret seront intéressé à prévenir le public si favorablement, que les méchants n'osent lever la tête
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« A Gabriel Cramer
à Genève
[15 décembre 1763]
Si nous avions, mon cher ami, pris seulement la précaution de faire tenir une Tolérance à M. Marin, par M. d'Argental, votre Tolérance serait à Paris depuis longtemps ; et je vois au succès qu'elle a, et à l'approbation des ministres , que si vous en aviez tiré quatre mille exemplaires, vous n'en auriez pas tiré assez . Cet ouvrage n'est point d'ailleurs, un oiseau de passage, il paraît être de toutes les saisons . J'ai écrit à M. d'Alembert de donner quelques coups d'éperon au cheval qui a rué contre vous à Lyon . Je pense en ce cas, que vous ne feriez pas mal d'en tirer sur-le-champ mille exemplaires, que vous enverriez par Lyon tout droit à Paris . Vous pourriez employer un plus petit caractère, tel que celui de la Lettre du quakre . Il y aurait de plus quelques corrections à faire, ce qui ne serait pas indifférent pour le débit . Le saint prêtre qui a fait cet ouvrage, ne songe qu'à vous être utile . Mandez-moi vos résolutions, afin que je me mette au travail . J'espère avoir aujourd'hui les douze exemplaires que j'ai demandés ; je ne les envoie qu'à des personnes sûres qui ne les laisseront pas parvenir à des libraires, et il est bon qu'on en fasse tenir à des gens accrédités, qui étant dans le secret seront intéressé à prévenir le public si favorablement, que les méchants n'osent lever la tête .
Si vous avez encore quelques quakres, je vous prie de les ajouter à votre paquet . Madame votre femme s'est engagée à nous obtenir par Mylord Monsstuart , la souscription de Mylord Bute 1. Vous devez avoir celle de Mylord Holdernesse . Toute notre famille fait mille tendres amitiés à la vôtre . »
1 Le nom de John Stuart, lord Mountstuart (qui deviendra marquis de Bute ) , et celui de Robert d'Arcy, quatrième comte d'Holderness, apparaissent effectivement dans la liste des souscriptions, mais non celui de John Stuart, troisième comte de Bute, le père de Mountstuart .
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s’il me vient quelque bonne pensée, je la soumettrai à votre hiérarchie
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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
Jeudi au soir 15è décembre 1763
Je reçois une lettre céleste et bien consolante de mes anges, du 8 Décembre. Je ne me plains plus, je ne crains plus ; mais je n’ai plus de quakres. Il faudrait engager quelque honnête libraire à imprimer ce salutaire ouvrage à Paris.
Je rêverai à Olympie. Je demande quinze jours ou trois semaines ; car actuellement je suis surchargé, et les yeux me font beaucoup de mal.
J’avertis par avance que maman 1 n’est point de l’avis de M. de Thibouville ; mais je prierai Dieu qu’il m’inspire, et s’il me vient quelque bonne pensée, je la soumettrai à votre hiérarchie.
Songeons d’abord aux conjurés et aux roués. Je commence à n’être pas si mécontent de cette besogne, et je crois que si mademoiselle Dumesnil jouait bien Fulvie, et mademoiselle Clairon pathétiquement Julie, la pièce pourrait faire assez d’effet. Cependant j’ai toujours sur le cœur l’ordre qu’on donne à Julie, au 4è acte, d’aller prier Dieu dans sa chambre : c’est un défaut irrémédiable. Mais où n’y a-t-il pas des défauts ! Peut-être cet endroit défectueux rebutera Mlle Clairon ; elle aimera mieux le rôle de Fulvie ; en ce cas, Julie serait, je crois, à Mlle Dubois, et cet arrangement vaudrait peut-être bien l’autre.
Je suis enchanté que l’affaire de la Gazette littéraire soit terminée 2 ; mais je crains bien d’être inutile à cette entreprise . Il faut lire plusieurs livres, et je deviens aveugle . Heureusement un aveugle peut faire des tragédies ; et, si les Roués ne me découragent pas, vous entendrez parler de moi l’année prochaine.
Laissons là Icile, je vous en supplie ; c’est un point sur un i. Ne me parlez point d’une engelure, quand le renvoi de Julie dans sa chambre me donne la fièvre double tierce.
Le Corneille est entièrement fini depuis longtemps ; on l’aura probablement sur la fin de Janvier. La petite-nièce à Pierre avance dans sa grossesse, tantôt chantant, tantôt souffrant. Notre petite famille est composée d’elle, de son mari, d’une sœur, et d’un jésuite . Voilà un plaisant assemblage ; c’est une colonie à faire pouffer de rire. Je souhaite que celle de M. le duc de Choiseul, à la Guyane 3 (qui est, ne vous déplaise, le pays d’Eldorado), soit aussi unie et aussi gaie. La nôtre se met toujours à l’ombre de vos ailes, et je vous adore du culte d’hyperdulie ; et si les Roués réussissent, j’irai jusqu’à latrie 4. Mettez-moi, je vous en conjure, aux pieds de M. le duc de Praslin pour l’année prochaine, et pour toutes celles où je pourrai exister.
J'écrirai à M. de Thibouville incessamment. »
1 Mme Denis .
2 Les auteurs du Journal des Savants , protégés par le duc de Choiseul s'opposaient à la publication de la Gazette littéraire protégée par le duc de Praslin , opposition surmontée par celui-ci .
3 Sur ces projets de Choiseul concernant la Guyane, voir lettre du 6 décembre 1763 aux d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/11/29/ce-prince-reste-la-pendant-cinq-actes-comme-un-grand-nigaud-6109034.html
4 Sur le culte de latrie, « dulie = culte de respect et d'honneur, par opposition au culte de latrie, qu'on rend à Dieu seul. », dulie qui donne « aduler » et latrie qui donne « idolâtrie ». Voir lettre du 1er octobre 1760 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/10/01/n-b-il-n-y-a-que-moi-dans-le-monde-qui-joue-bien-les-peres-5969699.htm
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l'ouvrage du saint prêtre sur la tolérance ayant été très toléré des ministres et des personnes plus que ministres, et ayant même été jugé fort édifiant, quoiqu'il ait peut-être quelques endroits dont les faibles pourraient se scandaliser
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« A Jean Le Rond d'Alembert
15è décembre 1763
Mon très cher philosophe, c'est pour vous dire que l'ouvrage du saint prêtre sur la tolérance ayant été très toléré des ministres et des personnes plus que ministres, et ayant même été jugé fort édifiant, quoiqu'il ait peut-être quelques endroits dont les faibles pourraient se scandaliser, il a semblé bon au Saint-Esprit et à nous , mon cher frère, de vous supplier de donner une saccade, et un coup d'éperon, au cheval qui a rué contre la Tolérance, et qui l'a empêchée d'entrer en France par Lyon . Figurez-vous que ce ballot est actuellement sur l'avare mer, exposé à être pris par les Numides, avec qui nous sommes en guerre ; si votre ami M. Bourgelat avait un mors de votre façon, son allure deviendrait plus aisée . Les frères Cramer feraient au plus vite une nouvelle édition qu'ils enverraient en la cité de Lyon en guise d’un ballot de soie, et les fidèles jouiraient bientôt de l’œuvre honnête dont ils sont privés . Dieu sait quand vous recevrez votre exemplaire .
Je vous demande en grâce de m'envoyer copie de la lettre dont vous avez honoré Jean-Georges 1. Vous savez qu'on a imprimé un examen de notre sainte religion, attribué à Saint-Evremond et qui est de Du Marsais ; je ne l'ai point vu, mais comme je sais que Du Marsais était un très bon chrétien, je souhaite passionnément que cet ouvrage soit entre les mains de tout le monde . Soyons toujours tendrement unis dans la communion des gens de bien, lisons bien la Sainte Écriture et écr l'inf . »
1 D'Alembert a écrit le 8 décembre 1763 : « […] Jean-Georges […] a fait une réponse impertinente à la lettre par laquelle je lui mandais que j'avais envoyé son instruction pastorale à son libraire et à ses moutons . J'ai répondu à sa réponse en lui prouvant très poliment qu'il était un sot et un menteur […] »
Il enverra copie de cette correspondance à V* à la suite de la lettre du 29 décembre 1763 : « Monseigneur ,
« On vient de m’apporter de votre part un ouvrage où je suis personnellement insulté . Je ne puis croire que votre intention ait été de me faire un pareil présent . C'est sans doute une méprise de votre libraire à qui je viens de le renvoyer . J'ai l'honneur d'être avec respect etc.
« Réponse de l'évêque
« Ce n'est point par mon ordre, monsieur, que mon Instruction pastorale vous a été envoyée ; je vous le déclare volontiers et je suis fâché de cette méprise puisqu'elle vous a déplu . Je le suis aussi de ce que vous vous regardez comme personnellement insulté dans un ouvrage où vous ne l'êtes pas .
« J'ai l’honneur d'être avec les sentiments les plus sincères etc.
« Réplique
« Vous m'avez mis expressément, monseigneur, dans votre Instruction pastorale, au nombre des ennemis de la religion, que je n'ai pourtant jamais attaquée, même dans les passages que vous citez de mes écrits . J’avais cru qu'une imputation si publique, et si injuste, faite par un évêque, était une insulte personnelle, sans parler des qualifications peu obligeantes que vous y avez jointes, et qui à la vérité n'y ajoutent rien de plus.
« Quoiqu’il en soit, je vois par votre lettre que votre libraire a été peu attentif à vos ordres, puisqu'il m'a expressément écrit que vous l'aviez chargé d'envoyer votre mandement à tous les membres de l'Académie française . Vous voyez bien, monseigneur, qu'il était nécessaire de vous avertir de cette petite méprise, dont je ne suis d'ailleurs nullement blessé, non plus que de l'insulte ; j'espère qu'au moins en cela vous ne me trouverez pas mauvais chrétien . C'est dans ces dispositions que j'ai l'honneur d'être , monseigneur, votre etc. »
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14/12/2018
attaché à l'illustre république de Berne, dont j'ai toujours admiré le gouvernement doux et sage
... NB. -- Note remise en ligne le 25/12 pour le 14/12/2018 suite à suppression de la première édition par je ne sais qui .
« A l'Oekonomische Gesellschaft
13è décembre 1763 à Ferney 1
Monsieur,
J'étais déjà, comme vous le savez, bien respectueusement attaché à l'illustre république de Berne, dont j'ai toujours admiré le gouvernement doux et sage . L'honneur que la Société d'agriculture veut bien me faire redouble ma reconnaissance . Il manque à mon bonheur d'avoir des terres à cultiver sous les yeux de ceux qui ont daigné m'agréger à leur corps . Je vous supplie de leur présenter mon respect, et d'être persuadé de celui avec lequel j'ai l'honneur d'être,
monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 Voir lettre du 3 décembre à Bertrand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/11/25/le-vrai-secret-pour-bien-ameliorer-sa-terre-c-est-d-y-depenser-beaucoup.html
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