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05/12/2019

à la cour, on n’est pas si bien informé. La calomnie y arrive en poste, et la vérité, qui ne marche qu’à pas comptés, a la réputation de n’y être pas trop bien reçue

... On en a la confirmation en ce jour pourri par des syndicats qui ne répugnent jamais à travestir la vérité pour prouver qu'ils existent en prétendus défenseurs des salariés, n'est-ce pas M. Martinez ! https://www.lepoint.fr/economie/retraites-les-petits-arra...

Et d'autre part, comment ne pas pleurer sur le sort de ces "pauvres" cheminots usés avant l'âge , tant et tant, qu'il est bien juste qu'ils reçoivent plus qu'ils n'ont donné, non ? https://www.lepoint.fr/economie/le-regime-de-retraite-des-cheminots-est-il-si-special-04-12-2019-2351459_28.php

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T'ar ta gueule à la récré !

 

 

« A Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

19è octobre 1764 aux Délices

Vous avez écrit, madame, une lettre charmante à madame Denis ; j’y ai vu la beauté de votre âme et la bienfaisance de votre caractère : tous les Corneille seront heureux. Il ne m’appartient pas de l’être à mon âge de soixante-onze ans, malingre et presque aveugle au pied des Alpes ; cependant je le serais, je conserverais encore ma gaieté, et je travaillerais avec l’ex-jésuite pour vous plaire, si je n’étais un peu assommé par la persécution. La clique Fréron, la clique Pompignan crie que je suis l’auteur de je ne sais quel Dictionnaire philosophique portatif, tout farci de citations des Pères de l’Eglise et des rêveries des rabbins. On sait très bien, dans le pays que j’habite, que c’est un recueil de plusieurs auteurs, rassemblés par un libraire ignorant qui a fait des fautes absurdes ; mais à la cour, on n’est pas si bien informé. La calomnie y arrive en poste, et la vérité, qui ne marche qu’à pas comptés, a la réputation de n’y être pas trop bien reçue.

Cependant, comme M. d’Argental est à Fontainebleau, la vérité a là un bon appui. Je compte sur les bontés de M. le duc de Praslin. Pourquoi m’attribuer un livre que je renie , un recueil de dix ou douze mains différentes ? Condamne-t-on les gens sans preuve, et sur des soupçons aussi mal fondés ? Le roi est juste, il ne me jugera pas sans doute sur des présomptions si légères ; et puisqu’il fait élever une statue à Crébillon, il ne me fera pas brûler au pied de la statue, car enfin ce Crébillon a fait cinq tragédies, et j’en ai fait environ trente, et sûrement je n’ai point fait le Portatif.

Il est si vrai que le livre est de plusieurs auteurs, que j’ai en main l’original d’un des articles connus depuis quelques années.

On dit qu’un nommé l’abbé d’Estrées, autrefois associé avec Fréron, depuis généalogiste et faussaire, et qui a un petit prieuré dans mon voisinage, a donné le Portatif au procureur-général, lequel instrumente. Je vous supplie, madame, de communiquer cette lettre à M. d’Argental, qui est à Fontainebleau.

Je n’ai pas un moment à moi ; mais tous les moments de ma vie vous sont consacrés à tous deux avec le plus tendre respect. 

V.»

 

 

04/12/2019

Par là ils invitent le parlement à donner de nouveaux arrêts ; ils embouchent la trompette de la persécution 

... Tel est le sentiment que j'ai à l'écoute des syndicats appelant à la grève , vrais Caliméros "ô c'est trop inzuste !" et Satanas, tout à tour . Je n'y vois rien de constructif .

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

19 d'octobre [1764]

Non, vous ne brairez point, mon cher et grand philosophe, mais vous frapperez rudement les Welches, qui braient 1. Je vous défie d’être plus indigné que moi de la maligne insolence de ces malheureux, qui, dans leurs lettres sur l’Encyclopédie 2, vous ont attaqué si mal à propos si indignement et si mal. Je voudrais bien savoir le nom de ces ennemis du sens commun et de la probité. Ils sont assez lâches pour réimprimer à la fin de leur livre les arrêts du conseil contre l’Encyclopédie. Par là ils invitent le parlement à donner de nouveaux arrêts ; ils embouchent la trompette de la persécution ; et, s’ils étaient les maîtres, il est sûr qu’ils verseraient le sang des philosophes sur les échafauds.

Vous souvenez-vous en quels termes s’exprima Omer dans son réquisitoire ? On l’aurait pris pour l’avocat-général de Dioclétien et de Galérius : on n’a jamais joint tant de violence à tant de sottises. Il prétendait que, s’il n’y avait pas de venin dans certains articles de l’Encyclopédie, il y en aurait sûrement dans les articles qui n’étaient pas encore faits . Les renvois indiquaient visiblement les impiétés des derniers volumes ; au mot Arithmétique, voyez Fraction ; au mot Astre, voyez Lune ; il était clair qu’aux mots Lune et Fraction la religion chrétienne serait renversée : voilà la logique d’Omer.

Votre intérêt, celui de la vérité, celui de vos frères, ne demande-t-il pas que vous mettiez dans tout leur jour ces turpitudes, et que vous fassiez rougir notre siècle en l’éclairant ?

Il vous serait bien aisé de faire quelque bon ouvrage sur des points de philosophie intéressants par eux-mêmes, et qui n’auraient point l’air d’être une apologie ; car vous êtes au-dessus d’une apologie. Vous exposeriez au public l’infamie de ces persécuteurs ; vous ne mettriez point votre nom, mais ils sentiraient votre main, et ils ne s’en relèveraient pas. Permettez-moi de vous parler encore de ce Dictionnaire portatif ; je sais bien qu’il y en a peu d’exemplaires à Paris, et qu’ils ne sont guère qu’entre les mains des adeptes. J’ai empêché jusqu’ici qu’il n’en entrât davantage, et qu’on ne le réimprimât à Rouen ; mais je ne pourrai pas l’empêcher toujours. On le réimprime en Hollande. Vous me demandez pourquoi je m’inquiète tant sur un livre auquel je n’ai nulle part : c’est qu’on me l’attribue, c’est que par ordre du roi le procureur-général prépare actuellement un réquisitoire ; c’est qu’à l’âge de soixante et onze ans, malade, et presque aveugle, je suis prêt à essuyer la persécution la plus violente ; c’est qu’enfin je ne veux pas mourir martyr d’un livre que je n’ai pas fait. J’ai la preuve en main que M. Polier, premier pasteur de Lausanne, est l’auteur de l’article Messie ; ainsi c’est la pure vérité que ce livre est de 3 plusieurs mains, et que c’est un recueil fait par un libraire ignorant.

Par quelle cruauté a-t-on fait courir sous mon nom, dans Paris, quelques lignes de cet ouvrage ? Enfin, mon cher maître, je vous remercie tendrement d’élever votre belle voix contre celle des méchants. Je vous avertis que je serais très fâché de mourir sans vous revoir.

N.B. – Un abbé d’Estrées 4, jadis confrère de Fréron, a donné un Portatif au procureur-général. »

1 D'Alembert concluait sa lettre du 10 octobre 1764 par :  « Adieu, mon cher confrère, soyez tranquille, comptez que je vais braire comme un âne ... » , voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/02/correspondance-avec-d-alembert-partie-33.html

2 Lettres sur l’Encyclopédie, pour servir de supplément aux sept volumes de ce dictionnaire (par l’abbé Saas). L’Encyclopédie, comme on l’a vu, avait été arrêtée au septième volume. (Georges .Avenel.)

3Ce de est omis dans l'édition Besterman .

4 Jacques Destrées, dont parle V* dans les Honnêtetés littéraires, XVIII 

03/12/2019

Ainsi j'avais rempli toutes mes promesses avant d'avoir de vos nouvelles

... Ainsi dit Emmanuel Macron lorsqu'il intervient aux Assises de la mer à Montpellier , confirmant le renforcement de notre marine .

D'autre part, il fait fort bien aussi  de mettre Trump en face de la réalité en parlant de "mort cérébrale de l'OTAN" . Je pense que subconsciemment ou malicieusement notre président parle du cerveau de comptable de Donald qui rabâche une suite de chiffres de dépenses sans aucune justification humaine .

 

 

« A François-Louis Jeanmaire

16è octobre 1764 à Ferney

Il y a longtemps monsieur que M. Camp a 79 995 livres en dépôt pour vous et M. Dupont a pu vous remettre une lettre de change de la même somme de 79 995 livres payable au 12 octobre préfix à votre ordre par M. Camp à Lyon .

Les 20 005 livres restantes pour compléter vos 200 000 livres ont été prêtes dès le 1er octobre, ainsi que l'argent déposé chez M. Camp .

Ne recevant point de vos nouvelles, j'ai adressé par la messagerie de Genève à Strasbourg les 20 005 livres savoir 833 louis d'or, et le reste en écus . Ils devaient partir il y a huit jours, mais j'apprends qu'ils ne sont partis qu’aujourd’hui  de Genève . Le paquet est de toile cirée, ficelé, avec deux cachets de mes armes et deux cartes, portant que le group contient 833 louis d'or et 2 écus de six francs pour être rendus à Strasbourg , à l’ordre de M. Jeanmaire receveur de Mgr le duc de Virtemberg .

Ainsi j'avais rempli toutes mes promesses avant d'avoir de vos nouvelles .

Je reçois aujourd'hui votre lettre du 4 octobre par laquelle vous me mandez de vous faire tenir à Montbéliard la lettre de change sur Lyon . Vous voyez bien que cela est impossible, puisqu’elle vous attend à Colmar depuis si longtemps . Je pense monsieur que le plus court moyen et le plus convenable de toute façon, est de vous transporter à Colmar et d'y faire venir le paquet d'or de Strasbourg . C'est bien dommage que nous soyons si éloignés l'un de l'autre . Si j'avais pu m'établir auprès de Montbéliard comme j'en avais grande envie, notre affaire aurait été consommée en un jour . Je me flatte que votre amitié me dédommagera de cet éloignement .

Au reste monsieur si vous n'avez pu toucher la moitié des deux cent mille livres aussitôt que nous l'aurions désiré, M. le comte de Montmartin verra aisément que ce n'est ni votre faute ni la mienne, et il rendra toujours justice à votre diligence et à votre zèle .

Ne doutez pas de la sincère amitié avec laquelle je serai toute ma vie

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

On veut persécuter un vieillard

... C'est l'opinion de Bernard Tapie qui  garde toujours son côté commerçant / rapace, et que j'ai entendu, -après qu'il ait clamé sa foi chrétienne,- dire qu'il mérite indubitablement une place au paradis en récompense de ses bonnes actions . Nanard toujours intéressé, catholique en peau de lapin, tu ne changeras jamais, pognon ou paradis tu es prêt à tout pour le gagner : faux jeton !

 

« A Antoine Malvin de Montazet 1

[octobre 1764]

[Désavoue le Dictionnaire philosophique] On veut persécuter un vieillard et mettre une malheureuse famille qui ne peut subsister sans lui dans le cas de désirer d'entrer dans le tombeau où on veut le forcer de descendre [...] 2»

2 Ce fragment de lettre à l'archevêque de Lyon, dont V* fait souvent l'éloge, nous est connu par une lettre de Marie-Louise-Madeleine de Brémond d'Ars, marquise de Verdelin, à JJ Rousseau du 6 novembre 1764 ; voir J.-J. Rousseau, ses amis et ses ennemis, 1865 de G. Streckeisen-Moultou . On peut douter que la citation soit exacte ; outre que la marquise parle d'après une tierce personne, on observera qu'une expression comme mettre […] dans le cas est lourde et que , quoique fréquente à l'époque, elle est évitée par les bons écrivains . Mais le fond de la lettre est certainement authentique .

Voir : http://valmorency.fr/75.html

et : https://fr.wikisource.org/wiki/Livre:Streckeisen-Moultou_-_J.-J._Rousseau,_ses_amis_et_ses_ennemis,_t1,_1865.djvu

et : page 517 : https://books.google.fr/books?id=7RcUAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=nl&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q=6%20novembre&f=false

02/12/2019

Notre grand intérêt est que les hommes qui existent soient heureux autant que la nature humaine et l’extrême disproportion entre les différents états de la vie le comportent

... Cet intérêt semble bien être le cadet des soucis de bien des gouvernements en ce monde (pour ne pas dire tous), ce qui pourrait expliquer le succès des religions prometteuses de bonheur dans l'au-delà, et des partis politiques extrémistes revanchards .

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« A la « Gazette littéraire de l'Europe »

[octobre 1764] 1

Je vois, messieurs, par la Gazette littéraire, tome III, page 80 2, que le gouvernement de la Suède a depuis plus de vingt ans persévéré dans l'entreprise utile de connaître à fond les forces du pays et de commencer par un dénombrement exact . Il est dit qu'on a trouvé dans toute l'étendue de la Suède, sans compter la Poméranie, deux millions trois cent quatre-vingt-trois mille habitants . Ce calcul étonne . La Suède avec la Finlande est deux fois aussi étendu que la France, qui passe pour contenir environ vingt millions de personnes ; il est même certain par le relevé de tous les intendants du royaume en 1698, qu'on trouva à peu près ce nombre, et la Lorraine n’était point encore ajoutée à la France . Comment un pays qui n'est que la moitié d'un autre peut-il avoir environ dix fois plus de citoyens .

À territoire égal il faudrait que le France fût dix fois meilleure que la Suède ; et le territoire n'étant que la moitié, il faut que la France soit vingt fois meilleure .

Considérons d'abord qu'on doit retrancher de la carte de la Suède la mer Baltique, le golfe de Finlande et le golfe de Bothnie, qui remplissent près de la moitié de ce qui constitue la Suède . Otons-en le Lapmerck et la Laponie, que l'on doit compter pour rien ; retranchons encore des lacs immenses, et il se trouvera que le territoire habitable de la France sera plus grand d'un tiers que le terrain habitable de la Suède .

Or ce terrain habitable étant dix fois plus fertile, il n'est pas étonnant qu'il ait dix fois plus de citoyens .

Ce qui me parait mériter beaucoup d'attention, c'est que dans la Gothie, province la plus méridionale et la plus fertile de la Suède, il y a 1248 habitants par chaque lieue carrée de Suède . Or la lieue carrée de Suède, de dix et demi au degré, est à la lieue carrée de France, de vingt-cinq au degré, comme quatre et deux tiers environ est à un .

Il résulte du dénombrement de la France fait par les intendants du royaume en 1698, que la France a six cent trente-six personnes par lieue carrée .

Or la lieue carrés de France, qui est à la lieue carrée de Suède comme un est à quatre et deux tiers environ, a six cent tente-six habitants, et la lieue carrée suédoise en a douze cent quarante-huit . Il est clair que la lieue carrée de Gothie qui devrait avoir quatre fois et deux tiers autant de colons, en nourrit à peine le double ; donc la même étendue de terrain en France a plus de la moitié de colons ou d’habitants que la même étendue n'en a dans la Gothie .

Cette prodigieuse supériorité d'un pays sur un autre peut-elle avec le temps être réduite à l'égalité ? Oui, si les habitants du climat disgracié peuvent trouver le secret de changer la nature de leur sol et de se rapprocher du tropique .

Le pays pourrait-il être peuplé du double, du triple ? Oui, si l'on faisait deux fois, trois fois plus d'enfants ; mais qui les nourrirait si la terre ne rend pas deux ou trois fois davantage ?

Au défaut d'une récolte triple pour nourrir ce triple d'habitants, il faudrait donc avoir un commerce, par le bénéfice duquel on pût acquérir deux et trois fois plus de denrées qu'on n'en consomme aujourd'hui . Mais comment faire de commerce avantageux, si la nature refuse de quoi exporter à l'étranger ?

La commission établie pour rendre compte aux États assemblés de la dépopulation de la Suède affirme dans son mémoire, sur des preuves historique, que le pays était il y a trois cents ans presque trois fois plus peuplé qu'aujourd'hui . Il est de l’intérêt de tous les hommes de connaître les preuves de cette étrange affection . Se pourrait-il que la Suède sans commerce, sans industrie, et plus mal cultivée qu'à présent, eût pu nourrir trois fois plus d'habitants ?

Il paraît que les pays du Nord n'ont jamais été plus peuplés qu'ils ne le sont, parce que la nature a toujours été la même .

César dans ses Commentaires dit que les Helvétiens, désertant leur pays pour aller s'établir vers la Saintonge, partirent tous au nombre de trois cent soixante et huit mille personnes . Je ne crois pas que l’Helvétie en ait aujourd’hui davantage . Et si elle rappelait tous ses citoyens répandus dans les pays étrangers, je doute qu’elle eût de quoi leur fournir des aliments .

On parle beaucoup de population depuis quelques années . J'ose hasarder une réflexion . Notre grand intérêt est que les hommes qui existent soient heureux autant que la nature humaine et l’extrême disproportion entre les différents états de la vie le comportent . Mais si nous n'avons pu encore procurer ce bonheur aux hommes, pourquoi tant souhaiter d'en augmenter le nombre ? Est-ce pour faire de nouveaux malheureux ? La plupart des pères de famille craignent d'avoir trop d'enfants, et les gouvernements désirent l'accroissement des peuples . Mais, si chaque royaume acquiert proportionnellement de nouveaux sujets, nul n'acquerra de supériorité .

Quand un pays a un superflu d'habitants, ce superflu est employé utilement aux colonies de l'Amérique . Malheur aux nations qui sont obligées d'y envoyer les citoyens nécessaires à l’État ! C'est dégarnir la maison paternelle pour meubler une maison étrangère . Les Espagnols ont commencé ; ils ont rendu ce malheur indispensable aux autres nations .

L'Allemagne est une pépinière d'hommes, et n'a point de colonies ; que doit-il en résulter ? Que les Allemands qui sont de trop chez eux peupleront les pays voisins . C'est ainsi que la Prusse et la Poméranie ont réparé la disette des hommes .

Très peu de pays sont dans le cas de l'Allemagne . L'Espagne et le Portugal , par exemple, ne seront jamais fort peuplés; les femmes y sont peu fécondes, les hommes peu laborieux, et le tiers de la contrée est aride .

L’Afrique fournit tous les ans environ quarante mille nègres à l'Amérique, et ne paraît pas épuisée . Il semble que la nature ait favorisé les Noirs d'une fécondité qu’elle a refusée à tant d'autres nations . Le pays le plus peuplé de la terre est la Chine sans qu'on y ait jamais fait de livres ni de règlements pour favoriser la population dont nous parlons sans cesse . La nature fait tout sans se soucier de nos raisonnements.3 »

1 Edition « Lettre aux auteurs de la Gazette littéraire », Gazette littéraire de l'Europe du 4 novembre 1764, Supplément .

2 Il s'agit du supplément au numéro du 30 septembre 1764.

3 Ces réflexions de V* montrent l'intérêt qu'il prend depuis quelque temps aux problèmes socio-économiques ; elles tournent court ici après des développements dont la ligne n'est pas très nette . La pensée de V* se sera quelque peu éclaircie quant il composera L'Homme aux quarante écus .Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-conte-l-homme-aux-quarante-ecus-partie-1-69199895.html

01/12/2019

il n’y en ait pas un qui s’empresse à porter au moins un peu d’eau quand il voit la maison de ses voisins en flammes. La sienne sera bientôt embrasée, et alors il ne sera plus temps de chercher du secours

... Voltaire a peut-être inspiré Jacques Chirac quand il disait "La maison brûle et nous regardons ailleurs !", paroles qui doivent être suivies d'effets, et qui ne le sont que rarement .

https://www.dailymotion.com/video/x7lqyto

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« A Etienne-Noël Damilaville

15è octobre 1764

J’ai parcouru, mon cher frère, la critique   des sept volumes de l’Encyclopédie 1. Je voudrais bien savoir qui sont les gadouards 2 qui se sont efforcés de vider le privé d’un vaste palais dans lequel ils ne peuvent être reçus . Je leur appliquerai ce que l’électeur palatin me faisait l’honneur de m’écrire au sujet de maître Aliboron , Tel qui critique l’église de Saint-Pierre de Rome n’est pas en état de dessiner une église de village 3Belles paroles, et bien sensées, et qui prouvent que la raison a encore des protecteurs dans ce monde.

Je crois que le public ne se souciera guère qu’une des îles Mariannes s’appelle Agrignon ou Agrigan, ni qu’il faille prononcer Barassa ou Bossera . Mais je crains que les ennemis de la philosophie ne regardent cette critique comme un triomphe pour eux.

Je suis surtout indigné de la manière dont on traite M. d’Alembert, pages 172 et 178 4.

Pour M. Diderot, il est maltraité dans tout l’ouvrage. Ce qu’il y a de pis, c’est que ces misérables sonnent le tocsin. Ils sont bien moins critiques que délateurs ; ils rappellent, à la fin du livre, quatre articles des arrêts du Conseil et du parlement contre l’Encyclopédie . Ils ressemblent à des inquisiteurs qui livrent des philosophes au bras séculier. Voilà donc la persécution visiblement établie ; et si on ne rend pas ces satellites de l’envie aussi odieux et aussi méprisables qu’ils doivent l’être, les pauvres amis de la raison courent grand risque. Je ne conçois pas que, parmi tant de gens de lettres qui ont tous le même intérêt, il n’y en ait pas un qui s’empresse à porter au moins un peu d’eau quand il voit la maison de ses voisins en flammes. La sienne sera bientôt embrasée, et alors il ne sera plus temps de chercher du secours.

Je voudrais bien que M. d’Alembert suspendît pour quelques jours ses autres occupations, et que, sans se faire connaître, sans se compromettre, il fît, selon son usage, quelque ouvrage agréable et utile, dans lequel il daignerait faire voir en passant l’insolence, la mauvaise foi et la petitesse de ces messieurs. Il est comme Achille qui a quitté le camp des Grecs ; mais il est temps qu’il s’arme et qu’il reprenne sa lance, je l’en prie comme le bon homme Phœnix 5, et je vous prie de vous joindre à moi.

Il est assez triste que le Dictionnaire philosophique paraisse dans ce temps-ci, et il est bien essentiel qu’on sache que je n’ai nulle part à cet ouvrage, dont la plupart des articles sont faits par des gens d’une autre religion et d’un autre pays.

Avez-vous à Paris la traduction du plaidoyer de l’empereur Julien contre les Galiléens, par le marquis d’Argens 6? Il serait à souhaiter que tous les fidèles eussent ce bréviaire dans leur poche. Adieu, mon cher frère, recommandez-moi aux prières des fidèles, et surtout écr. l’inf. »

2Mot en usage dans la région lyonnaise pour vidangeurs .

3 La citation de cette lettre de l’Électeur palatin, du 1er octobre 1764, est exacte, à la modification du temps des verbes près .

4 Page 172, l'auteur des Lettres sur l'Encyclopédie préfère les Mélanges d'histoire et de littérature de Vigneul-Marville (pseudonyme de Bonaventure d'Argonne) aux Mélanges de d'Alembert ; à la page 178, il accuse d’Alembert d'avoir suggéré que les pasteurs de Genève qui avaient fait brûler Servet méritaient de l'être au même titre que lui . 

Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8626481s/f7.image

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bonaventure_d%27Argonne

et : https://classiques-garnier.com/export/html/melanges-de-litterature-d-histoire-et-de-philosophie-avertissement.html?displaymode=full

5 Iliade, IX, 424, d'Homère .Voir Phoinix dans : https://mediterranees.net/mythes/troie/iliade/chant9.html

6 Défense du paganisme par l'empereur Julien, en grec et en français, avec des dissertations et des notes pour servir d'éclaircissement au texte et pour en réfuter les erreurs, par M. le marquis d'Argens. V* publia lui-même une nouvelle édition de ce texte sous le titre plus explicite de Discours de l'empereur Julien contre les chrétiens, 1768.

Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k61992d.texteImage

et : https://fr.wikisource.org/wiki/Discours_de_l%E2%80%99empereur_Julien/%C3%89dition_Garnier

I deserve the praise he was pleas'd to bestow upon me, when he said I am a lover of truth / je mérite l’éloge qu’il a pris plaisir à faire de moi quand il a dit que j’étais amant de la vérité

...

 

« Au journal « The Monthly Review » 1

I do return the most sincere thanks to the generous author of the Monthly review ; he has told what I would be, rather than what I am .

Yet I must own I deserve the praise he was pleas'd to bestow upon me, when he said I am a lover of truth . My passion for truth and freedom has kindled the benevolence of a free writer who gives letters of naturality to a frenchman.

I am with a due gratitude

his most humble sr

Voltaire. 2

Au château de Ferney, 14 octobre 1764. »

1 V* a noté sur le manuscrit : « Pour faire rendre à M. *** auteur du Monthly Review ». Cette revue a, dans son numéro de mars 1764, publié un long compte-rendu de la traduction anglaise de l'Histoire de l'Empire de Russie […] dont les premiers paragraphes, notamment, sont extrêmement élogieux pour V* historien . Le numéro de mars 1765 accusa réception de la lettre reçue, en assurant que V* n'avait nullement à être reconnaissant pour des éloges dus à son seul mérite .

2 Je retourne au généreux auteur du Monthly Review les plus sincères remerciements ; il a plutôt dit ce que je devrais être que ce que je suis . Pourtant je dois reconnaître que je mérite l’éloge qu’il a pris plaisir à faire de moi quand il a dit que j’étais amant de la vérité . Ma passion de la vérité et de la liberté a excité la bienveillance d'un écrivain libre qui donne des lettres de naturalisation à un Français . Je suis, avec la gratitude que je lui dois, son très humble serviteur . »

 

 

« A Paul Vaillant

Ferney, 14 octobre 1764 1

I do entreat mr Vaillant to be so kind as to send this little brief to the author of the Monthly Review, whom I have not the honour to know but to whom I am must oblig'd . I am mr Vaillant's humb. obed. servt. 2

Voltaire. »

1 Le manuscrit fut acheté par Maggs chez Sotheby le 2 avril 1928 .

2 Je supplie M. Vaillant d'être assez aimable pour envoyer cette petite lettre à l'auteur du Monthly review que je n’ai pas l'honneur de connaître, mais auquel je suis très obligé . Je suis de M. Vaillant le très humble et très obéissant serviteur.