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24/12/2019

Qu’importe l’auteur d'un livre pourvu qu'il fasse du bien aux bonnes âmes

... Les Evangiles , et les Actes des apôtres , et l'Apocalypse sont-ils du nombre des livres qui font du bien ? et seulement à ceux qui sont de bonne volonté ? Quant aux mauvaises âmes incultes , qu'elles aillent au diable !

Joyeux réveillon et bien le bonjour au petit Jésus et à ses parents involontaires, et une caresse aux premiers témoins que sont le boeuf et l'âne .

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« Les choses prodigieuses et improbables doivent être quelquefois rapportées, mais comme des preuves de la crédulité humaine. »

Dictionnaire philosophique – Article : HISTOIREVOLTAIRE.

http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/08/citation-du-jour-8.html

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

2è novembre 1764 1

Mon cher frère, comptez que je ne me suis pas alarmé mal à propos sur ce Portatif qu'on m'imputait , et qu’il a été nécessaire de prendre à la cour des précautions qui ont coûté beaucoup à ma philosophie . Le mal vient de ce que des frères zélés m'ont nommé d'abord . Il faudrait que les ouvrages utiles n'appartinssent à personne . On doute encore de l'auteur de l'Imitation de Jésus-Christ . Qu’importe l’auteur d'un livre pourvu qu'il fasse du bien aux bonnes âmes ? Je ne sais pourquoi frère Protagoras ne m'écrit point ; je n'en compte pas moins sur son zèle fraternel . Hélas ! si les philosophes s’entendaient, ils deviendraient tout doucement les précepteurs du genre humain .

Avez-vous entendu parler de la nouvelle édition du testament du cardinal de Richelieu ? On croit m'avoir démontré que ce testament est authentique ; mais je me sens de la pâte des hérésiarques 2, je n’ai jamais été plus ferme dans mon opinion, et vous entendrez bientôt parler de moi ; cela vous amusera ; je m'en rapporterai entièrement à votre jugement . Mais surtout, mon cher frère, écr l'inf. »

1 L'édition de Kehl, suite à la copie Beaumarchais, amalgame des fragments de cette lettre avec une version abrégée de la lettre du 7 novembre 1764 : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/08/correspondance-annee-1764-partie-36.html

2 Cette phrase est citée dans les Mémoires secrets (11 novembre 1764 ) : http://obvil.lip6.fr/crit2017/1780_Bachaumont_Memoires_secrets_pour_servir_a_lhistoire_de__861_GALLICA.xml

23/12/2019

Votre ouvrage serait utile et agréable . La sagesse avec laquelle vous l'écririez serait le passeport de la vérité auprès des esprits les plus prévenus

...

 

« A Adrien-Michel-Hyacinthe Blin de Sainmore chez M.

Berda, Fermier général, rue des

Capucins

à Paris

2è novembre 1764 aux Délices

près de Genève

Les choses que j'ai vues de vous, monsieur, me persuadent toujours que vous pouvez faire une très bonne poétique théâtrale . Vous ne tomberiez pas dans le défaut de La Mothe qui dans ses remarques ingénieuses et bien écrites, n'a fait autre chose que de chercher à justifier fort mal ses très mauvaises pièces . Vous pourriez faire voir en passant combien j'ai été indulgent à l'égard de Corneille , et vous pourriez dire de l'admirable Racine tout ce je n’en ai point dit . Votre ouvrage serait utile et agréable . La sagesse avec laquelle vous l'écririez serait le passeport de la vérité auprès des esprits les plus prévenus . Un tel écrit fait avec soin pourrait vous ouvrir les portes de l'Académie 1.

Je suis très fâché d'apprendre que vous avez été malade, pour moi je redeviens aveugle dès que les Alpes et le mont Jura sont couverts de neige . Je pourrai bien ne vous pas lire, mais je me ferai lire avec un très grand plaisir tout ce qui viendra de vous ; j'aurai toujours pour vous, monsieur, les sentiments de l'estime la plus parfaite . Souffrez qu'un pauvre aveugle supprime les cérémonies .

V. »

1 Blin ne sera jamais élu à l'Académie .

22/12/2019

Je leur réponds à tous , et vous croyez bien que ce n’est pas pour leur  dire des choses qui leur déplaisent

...

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

2è novembre 1764

Les neiges sont sur nos montagnes, et me voilà redevenu aveugle ; Dieu soit béni !

Mon divin ange me parle de Mlle Doligny 1 et de Mlle de Luzy 2 ; je le supplie de mander quels rôles il faut donner à l’une et à l’autre : j’exécuterai vos ordres sur-le-champ. En attendant, elles peuvent apprendre ceux que vous leur destinez.

M. le maréchal de Richelieu aura peut-être oublié qu’il m’a écrit que je pouvais disposer de tous ces rôles ; mais heureusement j’ai sa lettre, ainsi que des preuves convaincantes que le Testament politique n’est point du cardinal de Richelieu. Je brave M. le maréchal, et madame la duchesse d’Aiguillon, et M. de Foncemagne 3, et le dépôt des Affaires étrangères. Je leur réponds à tous 4, et vous croyez bien que ce n’est pas pour leur  dire des choses qui leur déplaisent. Ma réponse est bien respectueuse, bien flatteuse, mais, à mon gré, bien curieuse. J’espère qu’elle vous amusera, et que M. le duc de Praslin n’en sera pas mécontent. J’y dis un petit mot sur les livres qu’on impute à de pauvres innocents 5.

Au reste, mon cher ange, je n’ai point prétendu que M. le duc de Praslin débutât, dans une séance du Conseil Le Portatif n’est pas de V. ; mais il est indubitable, il est démontré, que le Portatif est de plusieurs mains ; et si vous en doutez, je vous enverrai l’original de Messie avec la lettre de l’auteur, tous deux de la même écriture. Alors, étant convaincu de la vérité, vous la ferez mieux valoir  et M le duc de Praslin, convaincu par ses yeux, serait plus en droit de dire dans l’occasion : V. n’a point fait le Portatif ; il est de plusieurs mains.

Je sais qu’on fait actuellement une très belle édition de ce Portatif en Hollande, revue, corrigée, et terriblement augmentée. C’est un ouvrage très édifiant, et qui sera fort utile aux âmes bien nées.

Au reste, que peut-on dire à V. quand V. n’a donné cet ouvrage à personne, et quand il a crié le premier au voleur, comme Arlequin dévaliseur de maisons ? V. est intact, V. s’enveloppe dans son innocence 6. V. reprendra les Roués en considération, quand il pourra avoir au moins la moitié d’un œil. V. remercie tendrement son ange pour notre gendre  , lequel est assigné à comparoir au Grand-Conseil, et à plaider contre les religieux corsaires de Malte. Nous sommes très disposés à en passer par ce que M. l’ambassadeur de Malte voudra. Je suis persuadé que l’ordre dépenserait beaucoup d’argent à cette affaire, et y gagnerait très peu de chose. V. remercie surtout pour la grande affaire des dîmes, dans laquelle heureusement son nom ne sera point prononcé , ce nom fait un assez mauvais effet quand il s’agit de la sainte Église.

Sub umbra alarum tuarum. »

1 Louise-Adélaïde de Berthon de Maisonneuve, appelée Louise Doligny a fait ses débuts à la Comédie-Française le 3 mai 1763, et est sociétaire depuis le10 avril 1764. Voir : https://www.comedie-francaise.fr/fr/artiste/mlle-doligny#

2 Dorothée Luzy a fait ses débuts le 26 mai 1763 et est aussi reçue le 10 avril 1764 . Voir : https://www.comedie-francaise.fr/fr/artiste/mlle-luzy#

3 Foncemagne, éditeur de l'ouvrage est soutenu dans son entreprise par Anne-Charlotte de Crussol-Florensac, duchesse d'Aiguillon : voir la lettre qu'il lui adresse à ce propos en 1761 ; l'ouvrage fut publié sous le titre Maximes d’État ou Testament politique d’Armand du Plessis, cardinal de Richelieu, 1764, et comporte un essai de Foncemagne sur l’authenticité du document. Voir : https://books.google.fr/books?id=8hnWqJsGDJIC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b52507326d/f9.image

4 Sous le titre Doutes nouveaux sur le testament attribué au cardinal de Richelieu, daté Genève 1765, paru en novembre 1764 . Voir : https://books.google.fr/books?id=8jAHAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

5 Vers la fin des Doutes nouveaux …, page 64, V* écrit : « Jamais on ne parla à Louis XIII du Testament politique attribué au cardinal de Richelieu, et on parle quelquefois à Louis XV et à sa cour d'écrits qu'on m'attribue, et auxquels je n'ai pas la moindre part . ».

6 Odes, III, xxiv, 54-55, d'Horace .

21/12/2019

rien ne saurait être fait en Hollande qui puisse déplaire à un prince

...

 

« A Friedrich Wilhelm von Thulemeier

[vers le 1er novembre 1764] 1

[Il a été informé que la correspondance dont l’a honoré le roi de Prusse est en cours d'impression à Utrecht . Il est sûr que rien ne saurait être fait en Hollande qui puisse déplaire à un prince auquel un très grand respect serait dû même s'il n’était qu'un particulier ; néanmoins il estime de son devoir d'avertir l'ambassadeur de Prusse .]

1 Les détails donnés ici sont tirés d'une lettre de Thulemeier à Frédéric II en date du 9 novembre 1764, dans laquelle on lit : « J'ai lieu de croire , que le sieur Voltaire ayant appris que j'avais fait saisir la copie [de la collection appartenant à Mme du Châtelet des lettres échangées entre V* et Frédéric] […] a pris le parti de m'écrire pour me persuader que ce manuscrit a été envoyé en Hollande sous [sans ?] son avis. » Le 20, Thulemeier ajoute : « Sans faire paraître au sieur de Voltaire les soupçons que je conserve à si juste titre, je l'ai assuré que les États généraux avaient trop de déférence pour tout ce qui pourrait intéresser Votre Majesté pour ne point mettre obstacle à la publication d'un ouvrage qui devait lui déplaire . » Faire recherche : 9. November dans : https://archive.org/stream/publikationenaus86prusuoft/publikationenaus86prusuoft_djvu.txt

20/12/2019

la liberté vaut mieux que le métier de courtisan

...

 

« A Élie Bertrand

29è octobre 1764 à Ferney 1

Mon cher philosophe, j'aurai bien de la peine à vous trouver le livre que vous demandez . C’est un recueil de plusieurs mains . Il y a des pièces déjà connues . Il est détestablement imprimé, il fourmille de fautes . J'en fais venir un exemplaire de Francfort . Je vous l'enverrai dès que je l'aurai reçu . Je l'attends après-demain . On m'assure qu’on en fait une édition beaucoup plus correcte et plus ample , à La Haye . Dieu le veuille, car la mauvaise édition que j'ai vue a achevé de me perdre les yeux .

Votre neveu me paraît un vrai philosophe . S'il l'est toujours il sera assez riche , et la liberté vaut mieux que le métier de courtisan .

L'accident de M. et Mme de Freudenreich me fait frémir : je remercie Dieu qu'ils en soient quittes pour des contusions, encore ces contusions me paraissent de trop ; personne ne s'intéresse plus tendrement que moi à leur conservation . Je vous supplie de les en assurer ; je leur serai attaché, comme à vous, jusqu’au dernier moment de ma vie . »

1 Le 30 , Charlotte Constant écrit à son mari : « Voltaire va partir pour Stugard pour l'arrangement de ses affaires . Ses coffres étaient faits la semaine passée mais il prit mal aux yeux ce qui l'a fait renvoyer. »

19/12/2019

certainement il ne peut mieux faire . Quel autre consulterait-on quand il s’agit de faire du bien ?

...

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

29è octobre 1764 aux Délices

J’écris aujourd’hui à mon ange comme un ange de paix. Nous sommes voisins d’un commandeur de Malte, Savoyard de nation, chicaneur de profession 1. Une partie des terres de la commanderie est enclavée dans celles de notre gendre Dupuits. Le père de notre gendre par convenance s’était chargé de l’administration de la commanderie. Le bail est rompu ; le commandeur assigne notre gendre par devant le Grand-Conseil à Paris.

J’ai écrit à M. l’ambassadeur de Malte , pour le supplier d’engager le commandeur savoyard à s’en remettre à des arbitres. Nous avons M. le bailli de Grollier 2, dans le voisinage, qui peut être arbitre au nom de l’ordre , et M. le marquis de Billac 3, l’un des plus honnêtes hommes du monde, serait nommé par notre gendre, qui a promis d’en passer par leur sentence.

M. le bailli de Froulay m’a mandé qu’il consulterait mon ange 4, et certainement il ne peut mieux faire . Quel autre consulterait-on quand il s’agit de faire du bien ?

Je crois que j’ai pris trop d’alarmes sur ce livre misérablement imprimé, qu’on sait bien ici être de plusieurs mains ; mais le pauvre Montpéroux n’a pas joué un beau rôle dans cette affaire 5.

On dit Lekain malade. On m’a parlé d’un acteur nommé Aufresne, qu’on dit très bon ; il est à La Haye. Je l’ai entendu il y a six ou sept ans ; il me parut alors n’avoir de défaut que celui de jouer tout. On dit qu’il s’en est corrigé. En ce cas, ce serait une bonne acquisition pour le tripot, que Dieu bénisse, et que je ne peux plus servir.

Je me mets bien humblement à l’ombre des ailes de mon ange. »

3 Il s'agit sans doute du personnage dont il est question dans la lettre du 29 mai 1764 à Montillet-Grenaud : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/07/08/la-religion-et-la-probite-vous-engageront-sans-doute-a-reparer-sa-faute.html

4Cette lettre de Froulay est conservée ; voir Besterman D 12160 .

5 Le duc de Choiseul écrit à V* deux jours auparavant : « pourquoi diable vous démenez-vous, Suisse marmotte, comme si vous étiez dans un bénitier ? On ne vous dit mot, et certainement l'on ne veut vous faire aucun mal ; vous désavouez le livre sans que l'on vous en parle, à la bonne heure ; mais vous ne me persuaderez jamais qu'il n'est pas de vous ; le silence sur cet ouvrage était très prudent ; vos lettres multipliées sont une preuve de plus qu'il est de vous et que vous avez peur . Soyez tranquille, et tout le sera à votre égard ; mais ne nous prenez ni pour des absurdes, ni pour des persécuteurs ; en mon particulier regardez-moi comme le serviteur de la marmotte. »

Mais de son côté le duc de Praslin a répondu à la lettre de Montpéroux (évoquée dans la lettre du 29 septembre 1764 à Damilaville ) : Il serait à désirer que le Conseil de Genève usât plus souvent de la sévérité avec laquelle il a traité le Dictionnaire philosophique . » Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/11/17/non-seulement-il-faut-crier-mais-il-faut-faire-crier-les-criailleurs-en-fav.html

 

18/12/2019

des laquais qui médisent de leurs maîtres dans l’antichambre

...

 

« Au marquis Francesco Albergati Capacelli

Senatore di Bologna

à Bologna

29 octobre 1764

Le Barlatti 1 dont vous me parlez, monsieur, m’a bien l’air d’être de la secte de ces flagellants qui, dans leurs processions, donnaient cent coups d’étrivières à ceux qui marchaient devant eux, et en recevaient de ceux qui étaient derrière. Si vous voulez m’envoyer une poignée de ses verges , on pourra le payer avec usure.

J’ai reçu la traduction de Tancrède par M. Claudio Zucchi 2, qui me paraît avoir la politesse d’un homme de qualité, et ne point ressembler du tout au sieur Baratti. Heureux ceux qui cultivent comme vous les lettres par goût et par grandeur d’âme ; les autres sont des laquais qui médisent de leurs maîtres dans l’antichambre.

Comptez-toujours, monsieur, sur mon très tendre respect.

V. »

1 Giuseppe Baretti né en 1716, mort en 1789, il publie le Fouet littéraire, La Frusta letteraria di Aristarco Scannabue , journal où il attaque Goldoni et les philosophes français ; .Voir : https://archive.org/stream/bub_gb_sQLy-j2XNyEC/bub_gb_sQLy-j2XNyEC_djvu.txt

et : http://boowiki.info/art/magazines-litteraires-italiens/fouet-litteraire.html

et : http://boowiki.info/art/les-critiques-litteraires-italiens/giuseppe-baretti.html

2 Il n'est pas encore possible de retrouver cet ouvrage qui est peut-être resté manuscrit, non plus que d'identifier cet auteur .