21/07/2025
Il est bien flatteur pour la France que l'Italie, la mère des beaux-arts, daigne nous traiter en sœur
... Si 61% des Français.es ont les yeux de Chimène pour l'Italie, seuls 53% des Italien.nes ont une opinion favorable pour la France et les Français : perché ? https://lepetitjournal.com/milan/actualites/ipsos-ce-que-...
« A Giovanni Marenzi
à Bergame
Italie
12è février 1770 à Ferney 1
Monsieur,
Je vous aurais remercié plus tôt de l'honneur que vous me faites, si j'avais été assez heureux pour être en état de lire la traduction dans laquelle vous m'embellissez 2 . Des fluxions très dangereuses qui me tombent sur les yeux dans le temps des neiges me privent alors entièrement de la vue .
Dès que je les ai pu ouvrir ils m'ont servi à lire votre belle traduction . Je suis partagé entre l'estime et la reconnaissance . Je compte bien faire imprimer votre ouvrage à Genève . Il est bien flatteur pour la France que l'Italie, la mère des beaux-arts, daigne nous traiter en sœur, mais elle sera toujours notre sœur aînée . Pour moi, je la regarderai toujours comme ma mère .
Agréez mes sincères remerciements, et tous les sentiments avec lesquels j'ai l'honneur d'être,
monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire
gentilhomme ordinaire
de la chambre du roi. »
1 Original, mention de service « franco Milano » et « Romano » ; éd. Giuseppe Meltramelli : Elogio des cavaliere Girolamo Tiraboschi, 1752 .
2Cette traductio de La Henriade, envoyée en manuscrit par Marenzi avec une lettre du 18 septembre 1769 , ne sera pas publiée . Une copie du manuscrit est conservée à la Biblioteca civila de Bergame .
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20/07/2025
je vous remercie de l'extrême plaisir que vous avez bien voulu me faire
... De Thierry Ardisson à Laurent Baffie et amis réunis pour ses obsèques : voir https://www.msn.com/fr-fr/divertissement/celebrites/avant...
https://www.lunion.fr/id733499/article/2025-07-18/lactual...
« Au comte Alessandro Carli
à Vérone
Italie
12 février 1770 1
Monsieur,
Ce n'est que depuis peu de jours que j'ai pu lire votre belle tragédie des Lombards 2. D'horribles fluxions sur les yeux qui me persécutent tous les ans dans le temps des neiges m'ont privé longtemps de cette satisfaction , j'ai oublié tous mes maux en vous lisant, et je vous remercie de l'extrême plaisir que vous avez bien voulu me faire .
Pardonnez à mon âge et à mes maladies si ces remerciements ne sont pas plus longs, ils n'en sont pas moins vifs .
J'ai l'honneur d'être avec toute l’estime et la reconnaissance possible
monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire.
gentilhomme ordinaire
de la charme du roi . »
1Copie ( Biblioteca civica, Verona ) ; éd. Franco Piva, « Voltaire e la cultura veronese nel settecento, : il conte Alessandro Carli », 1968 .
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19/07/2025
Il me semble que cet arrangement est beaucoup plus net et plus commode
... L'UE contre Poutine et ses oligarques , capitalisme de l'ouest contre celui de l'est : https://www.france24.com/fr/europe/20250718-guerre-ukraine-sanctions-sans-precedent-ue-russie-secteur-petrolier-prix
Mais qu'en est-il du capitalisme, que faire et ne pas refaire ? Petite lecture éclairante : https://theconversation.com/polanyi-un-auteur-pour-mieux-comprendre-ce-qui-nous-arrive-257393
« A Charles-Henri Chrétien Rosé
Je vous envoie, monsieur, mes deux quittances, et je vous remercie . C'est à M. Jeanmaire à vous allouer les quatorze mille livres qu'il a pris 1 pour compléter le principal qu'il me rembourse en quatre années . Il me semble que cet arrangement est beaucoup plus net et plus commode .
J'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire
A Ferney 11è février 1770. »
1 Pas d'accord du participe passé comme il arrive à l'époque lorsqu'il ne termine pas le groupe de mots .
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18/07/2025
Dites-moi laquelle de vos défuntes maîtresses vous voulez que je tire du purgatoire
... La discrétion et la bonne éducation font que je ne vous citerai aucun nom, d'autant qu'elles ont vécu déjà l'enfer sur terre .
« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu
9è février 1770 1
Je présume, monseigneur, que vous reçûtes en son temps le petit livre de Mme de Caylus 2 que j’eus l’honneur de vous envoyer. Vos occupations et vos plaisirs ne vous ont pas laissé le temps de m’en instruire. C’est un livre fort rare ; je ne crois pas qu’il y en ait encore à Paris d’autre exemplaire que le vôtre. Vous y aurez vu que monsieur le duc votre père mettait les portraits de ses anciens serviteurs au grenier ; mais si j’étais dans votre grenier, je me tiendrais encore très heureux.
Je suis très fâché de mourir sans avoir pu vous donner ma bénédiction. Vous êtes tout étonné du terme dont je me sers, mais il me sied très bien . J’ai l’honneur d’être capucin. Notre général, qui est à Rome, m’a envoyé mes patentes signées de sa vénérable main. Je suis du tiers ordre, mes titres sont fils spirituel de saint François, et père temporel.
Dites-moi laquelle de vos défuntes maîtresses vous voulez que je tire du purgatoire, et je vous réponds sur ma barbe qu’elle n’y sera pas vingt-quatre heures.
Je dois vous dire qu’en qualité de capucin j’ai renoncé aux biens de ce monde, et que, parmi quelques arrangements que j’ai faits avec ma famille, je lui ai abandonné ce qui me revenait, tant sur la succession de Mme la princesse de Guise que sur votre intendant ; mais je n’ai point prétendu vous gêner, et je serais au désespoir de vous causer le moindre embarras. Ma famille recevra vos ordres, et les recevra comme des bienfaits.
Vous me parliez, monseigneur, dans votre dernière lettre, de votre beau jardin de Paris ; et je suis entouré actuellement de quatre-vingts lieues de neiges. J’aimerais mieux vous faire ma cour dans votre palais de Richelieu que dans tout autre ; mais vous n’habiterez jamais Richelieu. Vous êtes fait pour aller briller tantôt à Versailles, tantôt à Bordeaux. J’admire comme vous éparpillez votre vie. Souffrez que, du fond de ma caverne, je vous renouvelle mon très tendre respect, et que Mme Denis le fasse valoir auprès de vous.
Recevez la bénédiction de V., capucin indigne, qui n’a point de bonne fortune de capucin. »
1 Original ; éd. Lettres d'un père à un fils faisant l'auteur et le bel esprit à Paris, 1773 : https://books.google.fr/books?id=EqS8xQMjYXsC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false; Kehl .
2 Voir lettre du 10 octobre 1769 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/04/22/je-commence-a-croire-que-nous-devenons-trop-anglais-et-qu-il-6544621.html
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17/07/2025
vous pensez comme moi ; mais vous ne devez pas me le dire ...je vous garderai le secret, même sur votre silence
... Botus et mouche cousue [sic] ! Dupond et Dupont .
Au diable Tiktok et tous les bavards logorrhéiques des réseaux dit sociaux .
« Au cardinal François-Joachim de Pierre de Bernis
9è février 1770 à Ferney
Vous me tenez rigueur, monseigneur ; mais permettez-moi de vous dire que Votre Éminence a tort : tout fâché que je suis contre vous, je ne laisse pas de vous donner ma bénédiction ; recevez-la avec autant de cordialité que je vous la donne. Si vous êtes cardinal, je suis capucin. Le général 1 qui est à Rome m’en a envoyé la patente . Un gardien me l’a présentée. Je me fais faire une robe de capucin assez jolie 2. Il est vrai que la robe ne fait pas le moine, et que je ne peux m’appliquer ces vers charmants :
Je ne dis rien de mon sommeil ;
On sait bien que les gens du monde
N’en connaissent point de pareil.
À l’égard de Joad, vous pensez comme moi ; mais vous ne devez pas me le dire : aussi ne me le dites-vous pas, et vous devez être très sûr que je vous garderai le secret, même sur votre silence. Permettez seulement qu’un vieillard de soixante-seize ans vous aime de tout son cœur, indépendamment de son respect.
Vous êtes bien heureux dans la ville aux sept collines 3, dans le temps que je suis entre quarante montagnes glacées. Il ne me manque que la femme de neige 4 de saint François.
Frère V. capucin indigne. »
1 Voltaire le nomme à la fin de la lettre du 18 février à Choiseul : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1770/Lettre_7789
C’était le Père Aimé de Lamballe, mort à Paris le 17 mai 1773.
2 V* est tout à fait capable de s'être fait confectionner cette robe de capucin, quoiqu'il ne la mentionne plus ultérieurement .
3 On pense au « Vieux des sept collines » des Lettres d'Amabed presque contemporaines, ou plutôt à Rome ville aux sept collines où réside Bernis chargé d'affaires auprès du Saint -Siège depuis un an : Voir : https://septcollines.fr/project/les-villes-aux-7-collines/
et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Joachim_de_Pierre_de_Bernis
4 Saint Bonaventure, chapitre v, page 61, de sa Vie de saint François d’Assise ( Legenda sancti Francisi ) qui fait partie du second volume d’octobre des Bollandistes, publié en 1768, parle d’une femme de neige qui apparut à saint François d’Assise pendant qu’il se flagellait pour vaincre sa concupiscence. (Beuchot.)
Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b105465024/f125.item et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b105465024/f126.item
V* revient à plusieurs reprises sur ce trait légendaire ; il vient notamment de le citer dans les Homélies prononcées à Londres, II, « Sur la superstition » (Mélanges ) : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome26.djvu/325
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16/07/2025
Comme vous les enfilez !
... Oh oui, Donald ! oh oui Vladimir ! comme vous les enfilez les menaces et les coups d'épée dans l'eau , sanctions, réflexions, je-te-tiens-tu-me-tiens-par-le-porte-monnaie , t'ar ta gueule à la récré ! Pendant ce temps l'industrie du cercueil est florissante .
« A [Destinataire inconnu]
Au château de Ferney, par Genève, le 6 février [1770] 1
Vous vous adressez, monsieur, à un vieillard malade , qui a presque oublié sa langue . Messieurs vos oncles auraient bien mieux décidé que moi la question que vous me proposez . Je me souviens seulement que dans le Don Quichotte il est dit que Sancho Pança enfile des proverbes . Je crois même que dans la comédie du Menteur il est parlé des mensonges que Dorante enfile, parce qu'en effet Dorante en débite plusieurs, et son valet peut lui dire : Comme vous les enfilez 2 ! Mais on ne peut jamais se servir du mot enfiler tout seul, pour signifier mentir 3 . Voilà , monsieur, tout ce que je sais, et c’est bien peu de chose . Je ne vous fais point un mensonge en vous disant que j'ai été très sensible à l'honneur que vous m'avez fait . J'ai celui d'être avec tous les sentiments que je vous dois, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire
gentilhomme de la chambre du roi . »
1 Manuscrit olographe passé à la vente de l'American Association les 11et 12mai 1916 ; éd. Renouard qui éclaire cette lettre de la note suivante : « Le sujet de cette lettre était une discussion survenue entre deux officiers au régiment de Colonelle-générale de cavalerie . Il s'agissait de savoir si le terme d'enfiler était français pour dire imposer, mener ou mystifier . On proposa de soumettre la question à Voltaire . L'un de ces officiers lui écrivit, et reçut la réponse ci-jointe. »
2Le mot n’apparaît pas dans Le Menteur de Corneille ; pourtant Rousseau écrit dans les Confessions , chap. III : « A l'appui de ce mensonge, j'en enfilai cent autres . »
3 V* ne répond pas exactement à la question . l'emploi qui lui était proposé est relevé dans le Dictionnaire général de Hatzfeld, Darmesteter et Thomas : il est transitif, et comporte comme complément un nom de personne : « Enfiler quelqu’un, l’enjôler. » Sans doute s'agissait-il d'un usage argotique reposant sur une équivoque libre .
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15/07/2025
notre nation . Il vaut encore mieux l'amuser que la nourrir
... Pour preuve le succès du défilé de nos armées, la foule sur la route du Tour de France et la multitude des fêtes et feux d'artifices de notre fête nationale . On oublie tout, ou presque ... Précieuse soupape ...
« A Suzanne Necker
Il me paraît, madame, que le plaisir de servir le public est un excellent remède pour monsieur Necker . On dit qu'il a parlé avec la plus grande éloquence à la séance de la Compagnie des Indes . Je vois de plus en plus que vous étiez faits l'un pour l'autre .
J'ai lu l'abbé Galliani 1 ; on n'a jamais été si plaisant à propos de famine . Ce drôle de Napolitain connaît très bien notre nation . Il vaut encore mieux l'amuser que la nourrir . Il ne fallait aux Romains que panem et circences2 . Nous avons retranché panem, il nous suffit du circences, c'est-à-dire de l’opéra-comique .
Vous êtes bien bonne, madame, de tenir encore pour l'ancien goût de la tragédie ; soyez bien persuadée que vos lettres me font beaucoup plus de plaisir que les battements de mains du parterre ; vous êtres mon public .
J'ai l'honneur d'être avec plus que du respect , madame, votre très humble et très obéissant serviteur
V...
Ferney 6è février 1770.3 »
1 Ferdinando Galliani et Diderot : Dialogues sur le commerce des blés : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8626898f/f9.item
Voir lettre du 12 janvier 1770 à Grimm : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/06/21/si-j-ai-tort-le-temps-me-l-apprendra-6552328.html
2 Juvénal, Satires, X, 81 : https://remacle.org/bloodwolf/satire/juvenal/satire10a.htm
Du pain et les jeux du cirque .
3 Original, initiale autographe, ainsi que « Fern » ; l'éd. Correspondance littéraire, philosophique et critique ne date pas la lettre .
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