26/09/2025
Je ne sais pas à quoi aboutiront toutes les secousses que l’on donne aux fortunes des particuliers. J’imagine toujours que le gouvernement sera prudent et équitable
... Comment imaginer que ces propos si actuels ont été déjà dans le vif du sujet au XVIIIè siècle . Vous voulez un auteur actuel, lisez Voltaire !
L'histoire bégaie .
« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu
Par Versoix, pour le château de Ferney, 20è avril 1770
Je suis enchanté quand vous avez la bonté de m’écrire, mais je ne me plains point quand vous me négligez. Il faudrait que je radotasse cent fois plus que je ne fais pour exiger que mon héros, vice-roi d’Aquitaine, premier gentilhomme de la chambre, entouré d’enfants, de parents, d’amis, d’affaires considérables domestiques et étrangères, eût du temps à perdre avec ce vieux solitaire qui vous sera attaché jusqu’à son dernier moment.
Je m’attendais bien, monseigneur, que les Souvenirs de madame de Caylus 1 vous en rappelleraient beaucoup d’autres. Ils ne disent presque rien ; mais ils rafraîchissent la mémoire sur tout ce que vous avez vu dans votre première jeunesse. Tout est précieux du siècle de Louis XIV, jusqu’aux bêtises du valet de chambre La Porte 2. Je ne crois pas qu’il y ait un seul nom des personnes dont sa cour était composée qui ne puisse exciter encore de l’attention, non-seulement en France, mais chez les étrangers.
Il faut à présent aller en Russie pour voir de grandes choses. Si on vous avait dit, dans votre enfance, qu’il y aurait à Moscou des carrousels d’hommes et de femmes plus magnifiques et plus galants que ceux de Louis XIV ; si on avait ajouté que les Russes, qui n’étaient alors que des troupeaux d’esclaves, sans habits et sans armes, feraient trembler le Turc dans Constantinople, vous auriez pris ces idées pour des contes des Mille et une Nuits.
L’impératrice me faisait l’honneur de me mander, il n’y a pas quinze jours 3, qu’elle ne manquait et ne manquerait ni d’hommes ni d’argent. Pour des hommes, il y en a en France ; et pour de l’argent, votre contrôleur général doit en avoir, car il nous a pris tout le nôtre. La bombe a crevé sur moi : il m’a pris deux cent mille francs qui faisaient tout mon patrimoine, et que j’avais mis entre les mains de M. de Laborde. Si cet holocauste est utile à l’État, je fais le sacrifice sans murmurer.
J’avais déjà partagé mon bien comme si j’étais mort. Mes besoins se réduiront à peu de chose pour quelques jours que j’ai encore à vivre ; ainsi je ne regrette rien.
Vous avez eu trop de bonté de vous arranger si vite avec ma famille . Vous savez que j’étais bien éloigné de demander pour elle un paiement si prompt. Je serais extrêmement affligé que vous vous fussiez gêné.
Je ne sais pas à quoi aboutiront toutes les secousses que l’on donne aux fortunes des particuliers. J’imagine toujours que le gouvernement sera prudent et équitable.
Je ne m’attendais pas que mon neveu, qui a eu l’honneur de vous parler, fût jamais juge de M. le duc d’Aiguillon ; cela me paraît ridicule. Je suis entouré de ridicules plus sérieux. Vous savez sans doute qu’il y a eu du monde de tué à Genève, et que ces pauvres enfants de Calvin sont sous les armes depuis deux mois. Genève n’est plus ce que vous l’avez vue. Mon petit château, que vous avez daigné honorer de votre présence, et que j’ai beaucoup agrandi depuis, est plein actuellement de Genevois fugitifs à qui j’ai donné un asile. J’ai eu chez moi des blessés, la guerre a été à ma porte. La république a envoyé mon libraire 4 en ambassade à Versailles ; je m’imagine que le roi lui enverra son relieur pour mettre la paix chez elle.
Je conçois que vous avez des affaires qui doivent vous occuper davantage ; les tracasseries de ce monde ne finissent point tant qu’on est sur le trottoir. La Fontaine avait bien raison de dire :
Jamais un courtisan ne borna sa carrière 5.
On n’attrape jamais le repos après lequel tout le monde soupire ; le repos n’est que dans le tombeau. J’ai été sur le point de le trouver au milieu de mes neiges, il n’y a pas longtemps . J’en suis encore entouré l’espace de quarante lieues ; il y en a actuellement de trente pieds de hauteur dans les abîmes du mont Jura. La Sibérie est le paradis terrestre, en comparaison de ce petit morceau.
Franchement, j’aurais mieux aimé vous faire ma cour dans votre beau palais, qui est aussi brillant que votre Place-Royale était triste ; mais je vois bien que je mourrai sans avoir eu la consolation de vous revoir, et cela me fâche.
Si vous êtes le doyen de notre Académie 6, je suis, moi, le doyen vos courtisans ; il n’y a personne en France qui puisse me disputer ce titre.
Je suis enchanté que vous ayez rendu Mlle Clairon au théâtre 7. Je ne jouirais pas à la vérité de cette conversion, mais le public vous en saurait gré (si le public sait jamais gré de quelque chose). On passe sa vie à travailler pour des ingrats ; on voit deux ou trois générations passer sous ses yeux : elles se ressemblent comme deux gouttes d’eau . J’entends pour les vices du cœur, car pour les beaux-arts et le bon goût, c’est autre chose. Le bon temps est passé, il faut en convenir. Enveloppez-vous dans votre gloire et dans les plaisirs, c’est assurément le meilleur parti. Vous pourriez très bien, quand vous serez dans le royaume du prince Noir 8, vous donner l’amusement de faire jouer Les Guèbres. Il y a là un jeune avocat général, M. Dupaty 9, qui pétille d’esprit, et qui déteste cordialement les prêtres de Pluton. Il est idolâtre de la tolérance. Mon apostolat n’a pas laissé de faire fortune parmi les honnêtes gens ; c’est ce qui berce ma vieillesse. Mais ce qui la bercerait avec plus de charmes, ce serait de vous apporter ma maigre figure, avec mon très tendre et très profond respect.
En attendant, je prierai Dieu pour vous, en qualité de bon capucin. Cette nouvelle dignité, dont je suis décoré, a beaucoup réjoui Ganganelli, qui est en vérité un homme de beaucoup d’esprit.
Daignez recevoir ma bénédiction, comme vous la reçûtes à Notre-Dame de Cléry 10.
Frère François, capucin indigne. »
1A ce sujet, voir lettre du 10 octobre 1769 à Richelieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/04/22/je-commence-a-croire-que-nous-devenons-trop-anglais-et-qu-il-6544621.html
2 V* a même inclus ce personnage dans les écrivains du Siècle de Louis XIV ; il aurait mieux fait de lui substituer Guilleragues qui fut à la fois auteur des lettres portugaises et « secrétaire de la chambre et du cabinet » du roi .
Il y a un article tome XIV, page 95 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome14.djvu/115
3 Voir note dans la lettre du 10 avril 1770 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/09/18/il-ne-reste-plus-d-autre-ressource-a-vos-ennemis-que-de-ment-6563213.html
4 Philibert Cramer ; voir lettre du 11 mars 1770 à Hennin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/08/23/du-boeuf-du-mouton-du-veau-du-bois-et-de-la-chandelle-cela-e-6560002.html
5Dans son Élégie pour M. Fouquet, vers 29 , cité approximativement « Jamais un favori ne borne sa carrière » : https://www.bonjourpoesie.fr/lesgrandsclassiques/Poemes/jean_de_la_fontaine/elegie_aux_nymphes_de_vaux
6 Il y a été reçu le 12 décembre 1721 ; voir lettre du 21 août 1757 à Richelieu : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/12/02/ce-que-je-sais-c-est-que-vous-etes-dans-la-necessite-de-fair.html
7 La nouvelle était fausse ; Mlle Clairon joua seulement à Versailles pour les fêtes données à l’occasion du mariage du Dauphin . Ce passage depuis si vous êtes jusqu'à ingrats a été biffé sur la copie Beaumarchais-Kehl et imprimé ainsi puis rectifié bon quoique rayé et imprimé ainsi : « serais enchanté que vous pussiez rendre Mlle Clairon au théâtre »
8 La Guyenne, dont Richelieu était gouverneur.
9Sur Dupaty, voir lettre du 23 janvier 1769 à Gaillard : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2024/08/05/je-suis-charme-que-vous-ayez-eu-le-prix-et-qu-il-ait-eu-l-accessit-quiconqu.html
Le membre de phrase en italique est souligné dans l’original,on ne sait pourquoi .
10 Il existe à Cléry, près d'Orléans, une église du XVè siècle mais le rapport avec Richelieu nous échappe .
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25/09/2025
Le peu qu'on en sait vient des catalogues
... Tel est l'avis des syndicats après leur entrevue jugée improductive avec le premier ministre Lecornu , et expliquerait leur mot d'ordre de mettre encore du dés-ordre sous peu : https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/les-syndi...
« [Destinataire inconnu ]
Ferney 19 avril 1770 1
[Fait mention d'Anacréon et de Platon .]
1Le manuscrit olographe de cette lettre de deux pages signée est passée aux ventes Eliot Danforth à Philadelphie le 6 décembre 1912 et Gable à New York le 13 février 1924 . Le peu qu'on en sait vient des catalogues . Si on pouvait expliquer l'erreur de date, on en conclurait que cette lettre est la même que celle que l'on donne comme adressée à Laus de Boissy le 28 avril 1770 : https://www.monsieurdevoltaire.com/2015/12/correspondance-annee-1770-partie-13.html
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24/09/2025
j’ai le plaisir de décupler les habitants de mon hameau, de faire croître du blé où il croissait des chardons, d’attirer des étrangers
... On est loin de la politique d'un Trump ( le plus exécrable bouffi de suffisance , d'ignorance et de mensonge ) ou de partis extrêmes de tous pays .
« A Jean-Joseph de Laborde
A Ferney 16è avril 1770 1
Je n’ai l’honneur de vous connaître, monsieur, que par votre générosité. Vous commençâtes par m’aider à marier la petite-fille de Corneille 2 ; vous avez eu toujours la bonté de me faire toucher mes rentes, sans souffrir que je perdisse un denier par le change ; vous avez bien voulu encore placer mon petit pécule : qu’ai-je fait pour vous ? Rien.
Si j’étais jeune je viendrais en poste vous embrasser à La Ferté ; mais j’ai bientôt soixante-dix-sept ans, et je suis très malade.
Je ne savais pas un mot des belles choses qui se sont faites, quand je vous écrivis le 5 de mars 3. Je n’ai encore vu ni édit, ni déclaration . Je suis enterré dans les neiges, où je meurs.
Je comprends un peu à présent, et je conçois qu’on a jeté sur votre maison une grosse bombe 4, dont un éclat est tombé sur ma chaumière.
Dans ce désastre, vous voulez encore rétablir mon toit, que les ennemis ont brûlé. C’en est trop, monsieur, il ne faut pas que vous payiez tous les frais de la guerre ; vous êtes trop noble. J’accepte tout ce que vous me proposez, excepté ce dernier trait de grandeur d’âme.
Oui, monsieur, votre idée des rentes sur la ville est très bonne, et je vous supplie de donner ordre qu’on l’exécute.
Vous savez les desseins de M. le duc de Choiseul sur la fondation d’une ville dans mon voisinage. Vous êtes instruit des meurtres commis à Genève, et de la protection que la cour donne aux émigrants.
Je n’ai pas déplu à M. le duc de Choiseul, en recueillant chez moi plusieurs habitants de Genève. En six semaines ils ont fait des montres, j’en ai envoyé une caisse à M. le duc de Choiseul lui-même. J’établis une manufacture considérable . Si elle tombe, je ne perdrai que l’argent que je prête sans aucun profit.
Les 16500 livres dont vous me parlez viendraient très bien au secours de notre manufacture au mois d’août .
Si vous pouviez m’indiquer quelque manière d’avoir de l’or d’Espagne, en lingot ou espèces, vous me rendriez un grand service . Il ne nous en faudra que pour environ mille louis par an. Les ouvriers disent que l’or est beaucoup trop cher à Genève, et qu’on y perd trop sur les louis d’or . On donnerait des lettres sur Lyon pour chaque envoi de matière.
Tout cela est fort éloigné de mes occupations ordinaires ; mais j’ai le plaisir de décupler les habitants de mon hameau, de faire croître du blé où il croissait des chardons, d’attirer des étrangers, et de faire voir au roi que je sais faire autre chose que l’Histoire du Siècle de Louis XIV, et des vers.
Je sais surtout, monsieur, sentir tout votre mérite et toutes les obligations que je vous ai. Je vous crois fort au-dessus des revers que vous avez essuyés. Toutes les âmes nobles sont fermes.
J’ai l’honneur d’être, avec une reconnaissance inviolable, avec l’estime qu’on vous doit, avec l’amitié que vous m’inspirez,
monsieur. »
1 Minute olographe ; éd. Kehl . Voir : https://archives.bge-geneve.ch/ark:/17786/vta707fb75c7b696c5f
2 Laborde, banquier de la cour,a sollicité et obtenu du roi, de Choiseul, etc., des souscriptions pour l'édition du Corneille ; il en parle dans une lettre à V* (Besterman, D 9877 ).
3 On n’a pas cette lettre. (G.Avenel)
4 La faillite de la banque d'escompte , dans laquelle Laborde est impliqué . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Joseph_de_Laborde
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23/09/2025
il y a quelque chose de très important à corriger
... Tel est l'avis du RN qui encore une fois ne manque pas une occasion pour contrarier Emmanuel Macron, à un tel point que je verrais sans surprise ses militants s'opposer à Marine si jamais Emmanuel demandait qu'elle soit élue !
« A Gabriel Cramer
[ vers avril 1770 ]
Je m’attendais à voir une belle épreuve de l'imprimerie de monsieur Cramer, mais je vois qu'il fait trop froid . Je le prie de vouloir bien faire remettre au porteur, ou chez M. Souchay, l’article « Alphabet » où il y a quelque chose de très important à corriger .
S'il n'a pas fait imprimer l'A il serait aussi très essentiel qu'il le renvoyât, cela épargnerait la peine de remanier .
Au reste, monsieur Cramer peut être sûr qu'on ne le fera pas attendre un moment . »
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22/09/2025
employer tous ses bons offices
... pour que revienne un peu de paix .
« A Joseph Vasselier
[ avril 1770] 1
Frère François bénit plus que jamais monsieur Vasselier ; il lui envoie cette lettre toute ouverte pour M. Tabareau, et le supplie d'employer tous ses bons offices pour que toutes les lettres adressées à frère François n'aillent point à Genève . »
1 Original passé en vente chez Charavay à Paris le 15 décembre 1879.
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21/09/2025
il ne sait ce qu'il fait ; il arrivera malheur
... Valable aussi bien pour Trump et ses chouchous influenceurs , que pour Poutine et sa rapacité, et le sanguinaire Netanyahou .
« A Gabriel Cramer
[avril 1770]
On remercie sensiblement monsieur Cramer, et on le supplie d'envoyer quelques Exhortations de M. Plokof. »
« A Gabriel Cramer
[avril 1770]
On a retrouvé dix ou douze pièces qui peuvent être assez intéressantes 1 , les unes imprimées dans des journaux, les autres tirées de vieux portefeuilles . On examinera le tout avec monsieur Cramer quand il voudra . Ce sera moins indigne du public que de petits vers de société fort médiocres, et dont personne se soucie .
Panckoucke est fort aimable, mais il ne sait ce qu'il dit, et avec son grand Vocabulaire 2 il ne sait ce qu'il fait ; il arrivera malheur .
Lacombe fait une espèce de faillite pour cent mille écus 3 . Gare les suites . Que monsieur Caro me croie .
J'attendais l'article « Âme » 4 ; la mienne est très affligée de ne l'avoir pas . Elle se console par l'amitié . »
1 Probablement des pièces composant le volume X des Nouveaux Mélanges ( https://c18.net/vo/vo_pages.php?nom=vo_oe_18_liste )
2 Sur cette entreprise du Grand Vocabulaire, voir lettre du 20 juillet 1767 à Panckoucke : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/03/17/il-y-a-bien-des-fautes-qu-il-faudra-corriger-dans-une-second-6433684.html
3 Ce n'est pas Lacombe , mais Panckoucke qui était menacé de faillite : «Le libraire Panckoucke, qui voit toujours ses cent mille écus en l'air [ par la mise sous scellés de son édition de l’Encyclopédie ] se propose d'aller incessamment vous rendre ses hommages » écrit d'Alembert à V* le 12 avril 1770 : https://www.monsieurdevoltaire.com/2020/06/correspondance-avec-d-alembert-partie-60.html
4 Se rappeler que le manuscrit en a été envoyé avec la lettre de mars-avril : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/09/13/la-garde-qu-on-monte-a-present-n-est-qu-une-farce-de-scaramo-6562546.html
Heureusement , la mention de la faillite du libraire fournit une assez bonne approximation pour dater la présente lettre .
« A Gabriel Cramer
[ avril 1770 ]
Vraiment je vous suis très obligé mon cher grammairien . Il est clair qu'au gré des désirs plus qu'au gré des vents signifie avoir le vent contraire . Vous m'avez engagé à expliquer ce point de grammaire 1 . Il y aura une instruction de plus ; et presque point de remaniement .
Je crois avoir justifié le récit de Théramène . Ce n'est pas là où gît le défaut de Phèdre, c'est dans le sot rôle du chœur . On me demande tous les Mélanges . Comment faire ? »
1 Dans l'article « Amplification » des Questions sur l'Encyclopédie : https://artflsrv03.uchicago.edu/philologic4/toutvoltaire/navigate/938/1/35/
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On me dira peut-être qu’il faut que les citoyens se retranchent
... Charlie Kirk est en passe d'être canonisé pour le moins ( bien que dans un pays protestant ) par le pape Trump partisan convaincu que le port d'arme est un droit intouchable : on voit le résultat . Pour le reste de la population, planquez-vous :
Nouvelles icônes : les influenceur.euses aux millions de moutons : https://theconversation.com/charlie-kirk-et-le-systeme-me...
« A Jean-François-René Tabareau , Directeur
général des Postes
14è avril 1770 1
Si vous êtes à Paris encore, monsieur, votre bibliothécaire vous présente une requête au nom du pays de Gex . C’est qu’aucune des lettres qu’on nous écrit ne passe par Genève, et que tout soit adressé à Versoix, où nous les envoyons chercher.
Les lettres simples de Paris à Gex et à Versoix ne doivent coûter que neuf sous, et elles en coûtent quinze en passant par Genève. Cela fait au bout de l’année un objet très considérable pour les particuliers, surtout dans un temps où M. l’abbé Terray nous invite à l’économie.
Oserais-je encore vous supplier de vouloir bien faire insérer dans les petites affiches cet avertissement :
Tous ceux qui écrivent au pays de Gex sont avertis d’adresser leurs lettres à Versoix, et non pas à Genève, sans quoi elles courent risque d’être perdues.
Je me charge de faire passer le même avertissement au Mercure et à la Gazette 2.
On me dira peut-être qu’il faut que les citoyens se retranchent, et que la ferme des postes gagne, mais si les citoyens n’ont plus d’argent pour payer les pensées de leurs amis, que deviendrons-nous ? Un peu de commisération, messieurs, je vous en supplie.
Je fais toujours de sincères vœux dans ce saint temps de Pâques 3 pour la délivrance de saint Grizel et de saint Billard ; mais je fais encore plus de vœux pour être en état de vous recevoir à Versoix ou à Ferney , si les nouveaux établissements vous engagent encore à faire quelque voyage dans notre pays . Vous trouverez des amis véritables, car vous êtes aimé partout où vous allez, et surtout de Mme Denis, et de frère François . »
1 Original ; éd. Kehl, voir lettre du 1er avril 1770 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2025/09/13/il-attend-apparemment-qu-il-y-ait-quelque-chose-de-decide-6562562.html
2 Ni le Mercure ni la gazette de France ne publièrent cet avis .
3 Le dimanche de Pâques tombe le 15 avril 1770 .
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