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Encore un autodafé dans ce siècle ! et que dira Candide ?

...

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 Pires que les tremblements de terre et les éruptions, les imbéciles/salopards armés , leur pouvoir de nuisance est sans limite comme leur ignorance crasse .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

24 octobre [1761]

Il était impossible mes chers anges qu'il n'y eût des bêtises dans le petit manuscrit dont je vous ai régalés 1. La rapidité d'Esdras ne lui a pas permis d'éviter les contradictions, ni à moi non plus .

Il y a un Cassandre pour un Antigone à la fin du 4è . Voici la correction toute musquée . Il n'y a qu'à la coller avec quatre petits pains rouges . Je supplie mes anges de m'avertir des autres bêtises .

J'ai lu cette pièce de couvent à M. le duc de Villars et à des hérétiques . Ô dame, c'est qu'on fondait en larmes à tous les actes, et si cela est joué, bien joué, joué, vous m’entendez, avec ces sanglots étouffés, ces larmes involontaires, ces silences terribles, cet accablement de la douleur, cette mollesse, ce sentiment, cette douceur, cette fureur qui passent des mouvements des actrices dans l'âme des écoutants, comptez qu'on fera des signes de croix . Cependant si on ne joue pas Le Droit du seigneur je renonce au tripot . Je crois, Dieu me pardonne, que j'aime Mathurin autant qu'Olympie .

Je ne suis pas fâché qu'on ait brûlé frère Malagrida 2, mais je plains fort une demi-douzaine de Juifs qui ont été grillés . Encore un 3 autodafé dans ce siècle ! et que dira Candide ? Abominables chrétiens, les nègres que vous achetez douze cents francs valent douze cents fois mieux que vous ! Ne haïssez-vous pas bien ces monstres ?

Et l'Espagne ! Pour Dieu un petit mot de l'Espagne . »

1 Charlotte Constant écrit à minuit le 23 octobre 1761 à son mari : « [,,,] Nous avons dîné à Ferney avec le duc [de Villars] . Voltaire nous a lu son admirable tragédie qui est son chef-d’œuvre au dire de tous ceux qui l'ont entendue, même du duc qui comme tu sais n'est pas flatteur . Elle a été imaginée, fait[e] , finie et envoyée à Paris dans six jours ni plus ni moins, tous les actes en feraient un beau cinquième quoiqu’ils s'amènent merveilleusement les uns les autres et que l'intérêt croisse toujours . Le sujet est tout neuf, l'appareil superbe et presque tous les vers admirables . [,,,] ayant pleuré depuis la quatrième scène jusqu'à la dernière j'en suis encore émue et étonnée . Je voudrais bien t'en savoir faire l'analyse mais viens la lire si tu veux . Le titre est Statira fille de Darius et veuve d'Alexandre . »

2 Étrange oraison funèbre de Malagrida, étranglé le 21 septembre au cours d'un autodafé ; il était âgé de soixante-douze ans . Voir lettre de février 1759 à François Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/03/20/tachez-de-nous-honorer-dimanche-de-votre-presence-reelle-5327905.html

3 Texte corrigé ; le manuscrit porte dans pour un .

 

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13/10/2016 | Lien permanent

quand M. Sar… promettrait par-devant notaire, il ne serait pas sûr de tenir sa parole, et que la mauvaise volonté est ex

... M. Sarkozy ? En l'occurrence, non , mais cette description  va comme un gant à l'ami des Balkany, asinus asinum fricat , les fripons s'entendant comme larrons en foire . 

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Quand un voyou rencontre un autre voyou, qu'est-ce qu'ils se racontent ? ... des histoires de voyous !

https://www.youtube.com/watch?v=odkZVO_J1TE

 

 

 

« A Gabriel Cramer

[avril 1764]

M. Dal 1 … dit que quand M. Sar 2… promettrait par-devant notaire, il ne serait pas sûr de tenir sa parole, et que la mauvaise volonté est extrême .

1 D'Alembert .

2 Sartines .

 

 

« A Gabriel Cramer

à Genève

[avril 1764]

M. de Voltaire fait bien ses compliments à monsieur Cramer, il le prie de vouloir bien faire tenir un exemplaire de Guillaume Vadé à M. d'Alembert s'il ne l'a déjà fait . »

 

 

« A Gabriel Cramer

[avril 1764]

J'envoie à monsieur Cramer, cette lettre de M. Héron, premier commis des bureaux du Conseil . Il y a plusieurs personnes dans le même cas que lui . Si malheureusement Duchesne vend des exemplaires au lieu de les donner aux souscripteurs, ce sera un beau cri dans tout Paris . Monsieur Cramer doit être accablé de tous ces petits détails, mais j'espère que cela ne nous privera pas du plaisir de voir aux Délices . Je le supplie de mander ce que je dois répondre à M. Héron . »

 

 

« A Gabriel Cramer

[avril 1764]

Mais mon cher caro M. Héron a souscrit . Je vous l'ai écrit deux fois de Ferney, je vous ai prié de mettre son nom sur la liste , comment voulez-vous que je lui dise, allez chez Merlin acheter le livre si vous voulez. M. Héron est premier commis du Conseil d’État du roi . C'est un homme à qui d'ailleurs je dois toutes sortes d'égards . Je ne sais pas seulement où demeure Merlin, il n'est pas libraire . Je vous prie très instamment de me tirer de cet embarras . Je vous embrasse de toute mon âme .

V. »

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers avril 1764]

J'envoie à monsieur Cramer Ba et Be, avec la relation du désastre de Saint-Domingue 1, que je le supplie de me renvoyer .

Il aura la bonté de se souvenir qu'il a le bœuf Apis 2. Il y aura quelque chose à y ajouter . Il ne faut pas attendre l'épreuve, ce qui dérangerait le gros Suisse . Il vaut mieux me renvoyer le bœuf Apis . Je tâcherai de dorer ses cornes . »

1 A ce propos on peut voir : http://ufdc.ufl.edu/AA00021668/00001/2j

2 Certainement l’article « Apis » du Dictionnaire philosophique, comme le montre la lettre suivante . Mais on observera aussi que l'expression donnée par V* à sa pensée est déjà celle dont il suera à satiété au moment de la composition du Taureau blanc .

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers avril 1764 ]

Pour peu que le remaniement d'Apis gène la typographie monsieur Cramer peut très bien le réserver pour le B, Bœuf Apis 1.

1 La suggestion de V* ne fut pas suivie .

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14/05/2019 | Lien permanent

Nous savons que les commencements sont toujours difficiles, et qu’il faut se roidir contre les obstacles

... C'est ce qu'a fait Mam'zelle Wagnière-LoveVoltaire en se lançant  courageusement dans l'édition de son blog remarquable http://www.monsieurdevoltaire.com/archive/2008-11/ et en le maintenant contre vents et marées , fidèlement .

Je suis toujours heureux de son amitié .

Bon treizième anniversaire .

16 Cartes Joyeux anniversaire âge 13 ans (Gratuits) | 123 cartes

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

31 auguste 1766 1

Nous vous remercions, monsieur, ma famille et moi, de la part que vous voulez bien prendre à l’établissement que nous projetons. Nous savons que les commencements sont toujours difficiles, et qu’il faut se roidir contre les obstacles . Je conseillerais à M. Tonpla de faire un petit voyage par la diligence de Lyon . C’est l’affaire de huit jours ; il verrait les choses par lui-même . Il s’aboucherait avec votre ami. On saurait précisément sur quoi compter. Il est certain que cet établissement peut faire un très grand bien, et que l’utile y serait joint à l’agréable. La liberté entière du commerce le fait toujours fleurir . La protection dont on vous a parlé est sûre. Le petit voyage que je propose peut se faire dans un grand secret ; et M. Tonpla, allant à Lyon, sous le nom de Tonpla, ou sous celui de M. son cousin, ne donnera aucune alarme à aucun négociant.

Nous avons reçu des lettres d’Abbeville qui sont très-intéressantes. Nous aurons du drap de Vanrobais 2 qui sera de grand débit, et nous espérons n’avoir point à craindre la concurrence.

M. Sirven me charge de vous présenter ses très humbles remerciements. Quelques étrangers ont pris beaucoup de part à son malheur ; mais on ne s’est adressé à aucun homme de votre pays : on craint que la pitié ne soit un peu épuisée. Nous espérons grâce à vos bontés avoir bientôt le mémoire de M. de Beaumont . J'en ai vu la première esquisse, elle promettait un chef-d’œuvre . Son mémoire pour M. de La Luzerne est très bien fait ; mais il n'est pas étonnant que les juges n'ayant encore aucune preuve contre le porteur des pistolets, aient 3 condamné à un an de prison celui qui a donné les coups d'épée . Toutes les apparences sont en faveur de M. de La Luzerne ; mais enfin il n'y a point de preuves juridiques que les pistolets appartinssent à son adversaire . M. de Beaumont sera vraisemblablement plus heureux dans l’affaire des Sirven . Votre ami nous a écrit pour vous supplier de lui envoyer le plus tôt que vous pourrez le mémoire de M. de Gennes pour feu M. de La Bourdonnais . Il veut avoir une suite des causes célèbres, et il ne lui manque que le factum . Ma femme, mon neveu, et moi, nous vous embrassons de tout notre cœur.

Votre etc.

Boursier. »

1 Dans l'édition de Kehl manque la fin depuis Nous espérons grâce à […] , omise dans la copie Beaumarchais .

3 Correction du texte de Besterman qui notait ayant, mauvaise lecture pour aient .

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Il serait à souhaiter que le public donnât dans le même panneau, et qu’il relût nos auteurs du bon temps, au lieu de se

...  Les éditeurs, et plus particulièrement leurs lecteurs qui doivent faire un tri, sont bien du même avis . Le recherche de la perle dans le fumier n'est vraiment pas rigolote . La saison des prix littéraires arrive quand tombent les feuilles, notre ministresse de la culture va pouvoir papillonner .

Antoine Chereau Cartoonist auf Twitter: "#edition #auteur #critique #Humour  #humour #livres #libraires #librairie @antoinechereau1 @le_Parisien  @lemondefr @librairiefrance @librairie Mollat @lagrandelibrairie…  https://t.co/nbTucuH0Nz"

https://twitter.com/jokesmanager/status/903637924327047168

 

 

 

« A Nicolas-Claude Thieriot

Mon cher et ancien ami, j’aurais plus de foi à votre régime qu’à l’eau de M. Vyl. La véritable eau de santé est de l’eau fraîche, et tous ceux qui prétendent faire subsister ensemble l’intempérance et la santé sont des charlatans. Une meilleure recette est celle qu’on vous envoie de Brandebourg tous les trois mois 1. Votre arrangement me paraît très bien fait et très adroit : il n’y a personne auprès de votre correspondant qui puisse l’avertir qu’on lui donne du vieux pour du nouveau. Il serait à souhaiter que le public donnât dans le même panneau, et qu’il relût nos auteurs du bon temps, au lieu de se gâter le goût par les misérables nouveautés dont on nous accable.

Vous êtes sans doute informé du nouveau livre qui paraît sous le nom de Fréret ; c’est un excellent ouvrage qui doit déjà être connu en Allemagne. Les citations sont aussi fidèles que curieuses, les preuves claires, et le raisonnement si vigoureux qu’il n’y a qu’un sot qui puisse y répliquer. Les Lettres sur les miracles 2 de Beaudinet et de Covelle ne sont point encore connues en France.

Si je trouve dans mes paperasses quelques petits morceaux qui puissent figurer dans vos envois, je ne manquerai pas de vous en faire part ; mais à présent je suis si occupé de l’édition in-4° que les Cramer font de mes anciennes sottises, je suis si enseveli dans des tas de papiers, que je ne peux rien débrouiller . Mais quand je serai défait de cet embarras désagréable, je chercherai tous les matériaux qui pourront vous convenir. Nous comptons avoir incessamment un des neveux de votre correspondant. J’aime bien autant les voir chez moi que de les 3 aller chercher chez eux. Nous avons eu l’abbé Morellet ; c’est un homme très aimable, très instruit, très vertueux. Voilà comme les vrais philosophes sont faits, et ce sont eux qu’on veut persécuter ! Adieu, mon cher ami ; vivez tranquille et heureux.

V.

26 juin [1766].4 »

1 Le payement de ce que lui donnait le roi de Prusse, dont il était le correspondant littéraire.

3 Le manuscrit écrit d'une main non identifiée ( voir fin de la lettre du 22 juin 1766 à d'Argental : ) porte ici des pour de les .

4 Manuscrit original avec initiale et date autographes, année ajoutée par Thieriot . La lettre à laquelle répond V* est du 16 juin 1766

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20/09/2021 | Lien permanent

Il est digne d'un homme de votre probité et de vos grands talents de refuser à un scélérat une protection qui honorerait

... Les scélérats ne manquant pas, où trouver un homme probe et de talent ?

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« Au baron Albrecht von HALLER 1.
« Nous soussignés déclarons que le nommé François Grasset nous ayant volé pendant l'espace de dix-huit ans, ou à peu près, qu'il nous a servi en qualité de commis, le magnifique Conseil nous fit demander en l’année 1756 une déclaration de ce qui s'était passé ; que nous nous conformâmes à cet ordre, et la donnâmes à M. l'auditeur de Normandie ; en l'accompagnant des pièces qui pouvaient constater ses friponneries . Ensuite de quoi le magnifique Conseil le décréta de prise de corps .

Les Frères Cramer .

Genève le 11 février 1759 »

 
Voici, monsieur, un petit certificat qui peut servir à faire connaître ce Grasset pour lequel on réclame très-instamment votre protection. Ce malheureux a fait imprimer à Lausanne 2 un libelle abominable contre les mœurs, contre la religion, contre la paix des particuliers, contre le bon ordre. Il est digne d'un homme de votre probité et de vos grands talents de refuser à un scélérat une protection qui honorerait des gens de bien. J'ose compter sur vos bons offices, ainsi que sur votre équité. Pardonnez à ce chiffon de papier . Il n'est pas conforme aux usages allemands, mais il l'est à la franchise d'un Français qui vous révère plus qu'aucun Allemand.
Un nommé Verleche ou Lervèche, ci-devant précepteur de M. Constant, est auteur d'un libelle sur feu M. Saurin. Il est ministre d'un village, je ne sais où, près de Lausanne. Il m'a écrit deux ou trois lettres anonymes sous votre nom. Tous ces gens-là sont des misérables bien indignes qu'un homme de votre mérite soit sollicité en leur faveur 3.
Je saisis cette occasion de vous assurer de l'estime et du respect avec lesquels je serai toute ma vie,

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur
VOLTAIRE

gentilhomme ordinaire de la chambre

du roi, comte de Tournay

A Tournay au pays de Gex par Genève, 13 février [1759] »

1Le certificat de la main de Wagnière est signé par Gabriel Cramer ; on ne connait pas moins de seize autres copies manuscrites de cette lettre que V* dut faire largement circuler .

Le texte inexact des éditions modernes dérive de Kehl, qui place la lettre en 1755, et qui l'emprunte aux Lettres de 1766 comme le montre la coupure ; le texte, marqué pour l'omission, est restitué par Condorcet qui note : « Il s'agissait de ce manuscrit de La Pucelle que Grasset voulait faire acheter à M. de Voltaire en le menaçant de le publier . Si M. de Haller s'était rappelé combien la conduite de ce Grasset était infâme, combien la crainte de M. de Voltaire était fondée, il aurait sans doute , tout bon calviniste qu'il était, répondu d'un ton moins magistral .

Un étranger se présente chez M. de Voltaire, et lui raconte qu'il a vu à Berne M. de Haller . m. de Voltaire le félicite sur le bonheur qu'il a eu de voir un grand homme . Vous m'étonnez dit l'étranger, M. de Haller ne parle certainement pas de vous de la même manière . Eh bien, répliqua M. de Voltaire, il est possible que nous nous trompions tous deux. » Condorcet s'était, bien sûr, trompé en rapportant cette lettre à l'incident de La Pucelle en 1755 .

 

2 V* a ajouté de sa main Lausanne au dessus de la ligne .

3 Le 17 février 1759, Haller répondra en souhaitant à V* « la tranquillité qui fuit devant le génie, qui ne le vaut pas par rapport à la société, mais qui vaut bien davantage par rapport à nous-mêmes. »

 

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16/03/2014 | Lien permanent

Servez-la de votre mieux

... Pour certains, c'est leur vocation envers notre république, et c'est remarquable .

Pour d'autres, il s'agit simplement de servir la soupe, tels Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, histoire de garder encore un moment leurs places de premiers de partis politiques dont on se passerait bien .

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Ceci n'est pas une louche . C'est louche ?

 

 

« A Joseph-Marie Balleidier

Je me flatte monsieur que la famille de MM. de Crassy entendra assez ses intérêts pour ne pas abandonner une affaire qui doit les faire rentrer dans leur bien .

Voici encore la dame Burdet qui veut faire nouvelles subhastations, et qui s'adresse à vous. Servez-la de votre mieux . Je suis autorisé à vous payer .

Voltaire . 

1er juin[1763] 1

1 L'édition Vézinet est limitée au 1er paragraphe . Sur le manuscrit original Balleidier a complété la date et ajouté : « Concernant Mme Burdet . Led[it] jour je lui ai écrit de ne point se mêler des affaires de lad[ite] et de ne rien acheter . Portant promesse de me payer . »

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01/06/2018 | Lien permanent

l'histoire deviendrait un beau recueil de mensonges si l'on [n'] osait rapporter ce qu'ont fait les rois et les ministre

... Il serait bon que la famille royale de Grande Bretagne s'en fasse une raison . So shoking Harry and Meghan !

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

14 novembre 1764 1

Mon gendre et moi, nous sommes aux pieds des anges et avant que j'aie fermé ma lettre, je compte bien que M. Dupuits aura écrit celle de remerciements qu'il vous doit, après quoi il fera de point en point tout ce que vous avez eu la bonté de lui conseiller .

Je ne suis pas aussi heureux que lui dans la petite guerre avec M. le maréchal de Richelieu, puisque je lui ai déjà envoyé les choses que vous voulez que je supprime . Il me permet depuis quarante ans de disputer contre lui ; et je ne me souviens pas d'avoir jamais été de son avis ; mais heureusement il m'a donné toujours liberté de conscience .

Je conçois bien, mon cher ange qu'on oublie aisément les anciennes petites brochures écrites à propos du Testament : il y était question du capucin Joseph, et de sa prétendue lettre à Louis XIII . Je répondis en 1750 ce que je dis aujourd'hui avoir répondu en 1750 2, parce que je l'ai trouvé dans mes manuscrits reliés, écrit de la main du clerc que j’avais en ce temps-là . Comment avez-vous pu imaginer que j’eusse voulu antidater cette réponse ? Quel bien cette antidate aurait-elle pu faire à ma cause ? Croyez que je dis aussi vrai sur cette petite brochure que sur le Portatif 3. Croyez que M. Abauzit, auteur de l'article Apocalypse et d'une partie de Christianisme, est non seulement un des plus grands savants homme de l'Europe, mais à mon gré le mieux savant .

Croyez que M. Polier, premier pasteur de l’Église de Lausanne, auteur de Messie, entend très bien sa matière , et ne ressemble en rien à vos évêques qui n'en savent pas un mot .

Croyez que Middleton, ce même Middleton qui a fait cette belle vie de Cicéron, a fait un excellent ouvrage sur les miracles, qu'il nie tous, exceptés ceux de Notre Seigneur Jésus-Christ . C'est de cet illustre Middleton qu'on a traduit le conte du miracle de Gervais et de Protais 4, et celui du savetier de la ville d'Hippone 5. Remerciez Dieu de ce qu'il s'est trouvé à la fois tant de savants personnages, qui tous ont contribué à démolir le trône de l’erreur, et à rendre les hommes plus raisonnables et plus gens de bien .

Enfin , mon cher ange, soyez bien convaincu que je suis trop idolâtre et trop enthousiaste de la vérité pour l'altérer le moins du monde .

À l'égard du Testament relié en maroquin rouge 6, la faute en est faite . Cette petite et innocente plaisanterie pourrait-elle blesser M. de Foncemagne, surtout quand ce n'est pas une viande sans sauce, et quand j'assaisonne la raillerie d'un correctif et d'un éloge ? J'ai envoyé l'ouvrage à M. de Foncemagne, l'estimant trop pour croire qu'il en fût offensé .

Enfin , pourquoi voudriez-vous que je supprimasse le trait de l'hostie et du marquis Dupuis, duc de La Vieuville 7, quand cette aventure est rapportée mot pour mot dans mon Essai sur l'histoire générale 8, tome V, page 29, édition de 1761 ? supprimer un tel article dans ma réponse, après l'avoir imprimé dans mon histoire, et après l'avoir envoyé à M. le maréchal de Richelieu lui-même, ôter d'une édition ce qui est dans une autre, ce serait me décréditer sans aucune raison .

Vous voyez donc bien,mon cher ange, que la vérité et la convenance exigent que l'ouvrage paraisse dans Paris, dans le même état où je soupçonne que le roi l'a déjà vu, sans quoi je paraitrais désavouer les faits sur lesquels je me suis fondé .

Pardonnez je vous prie à mes petites remontrances ; l'histoire deviendrait un beau recueil de mensonges si l'on [n'] osait rapporter ce qu'ont fait les rois et les ministres il y a cent cinquante années, de peur de blesser la délicatesse de leurs arrière-cousins . Je vous supplie donc instamment de vouloir bien agréer la bonté de M. Marin , qui veut bien faire imprimer ma réponse à M. de Foncemagne avec les dernières additions que j'ai envoyées nouvellement .

Au reste, il résultera de toute cette dispute, ou que le testament du cardinal de Richelieu n'est point de lui, ou que s'il en est, il a fait là un bien détestable ouvrage . Je sais, à n'en pouvoir douter, que le roi a lu deux fois ce testament il y a environ vingt ans ; et je crois qu'il est bien important pour le royaume, que le roi perde l'opinion où il peut avoir été que cet ouvrage doit être la règle de la conduite d'un prince .

Quand on m'a mandé que vous aviez bien voulu corriger quelques passages, j'avais cru que c'était la faute qu'on a faite d'oublier les jeunes magistrats, et de dire que les avocats instruisent les magistrats 9 en oubliant jeunes ; que cette expression , la France est le seul pays souillé de cet opprobre, vous avait paru trop forte 10, et que c'était là ce qu'il fallait ménager les termes . Je me soumets à vos lumières et à vos bontés ; et en même temps je vous demande grâce pour l'hostie de Vieuville, pour le maroquin rouge de l'abbé de Rotelin, et pour l'histoire du capucin Joseph 11. Je vous supplie de vouloir bien faciliter et d'approuver la bienveillance de M. Marin, à qui je renouvelle mes instances de laisser imprimer l’ouvrage tel que je l'ai envoyé en dernier lieu à vous et à lui .

Voici la lettre que M. Dupuits, rempli de reconnaissance a l'honneur de vous écrire . Il a écrit en conséquence à M . de Pingon . Nous remercions ensemble M. l'ambassadeur de Malte . Respect et tendresse . »

1 L'édition de Kehl est incomplète du dernier paragraphe biffé sur la copie Beaumarchais .

2 Les Doutes nouveaux commencent comme suit : « Lorsque M. de Foncemagne , en 1750, écrivit pour soutenir l'authenticité du Testament politique, voici ce qu'on lui répondit ... »

3 Protestation assez vaine .

4 Dictionnaire philosophique article Miracles . V* possède la seconde édition des « Miscelaneous works » de Conyers Middleton, 1755 , et le passage en question apparaît au tome I, page 49, dans les « Introductory discourse to a free inquiry into the miraculous powers » . Voir : https://books.google.fr/books?id=tXFPAAAAYAAJ&pg=PA244&lpg=PA244&dq=Introductory+discourse+to+a+free+inquiry+into+the+miraculous+powers+tome+I&source=bl&ots=tW_j-jkAFM&sig=ACfU3U1L_MC2BmoybLtYsTgIl6BLOBMXVA&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwibh5Lp4PfmAhUKzIUKHRAoAb8Q6AEwAnoECAkQAQ#v=onepage&q=Introductory%20discourse%20to%20a%20free%20inquiry%20into%20the%20miraculous%20powers%20tome%20I&f=false

5 Même article du Dictionnaire ; Middleton , I, 268 .

6 Foncemagne mentionne le fait qu'un Testament relié en maroquin rouge était conservé dans la bibliothèque de l'abbé Rothelin . Dans les nouveaux doutes, V* met gentiment en doute la valeur de l'argument comme preuve d'ancienneté .

7 V* a cité les mots prétendument rapportés par Richelieu lui-même : « Après avoir longtemps sollicité le marquis de La Vieuville, à qui je jurai sur l'Eucharistie une amitié inviolable, et que je fis ensuite exiler […] »

9 Ce passage des Nouveaux doutes ne fut pas modifié .

10 Cette phrase fut supprimée .

11 V* dit que «  le petit traité du capucin Joseph, De l'unité du ministre » peut être inclus dans les « mensonges imprimés » ? L'ouvrage en question est sans doute L'Homme du pape et du roi, 1634, de François Le Clerc du Tremblay, en religion Joseph de Paris ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Leclerc_du_Tremblay

et : https://data.bnf.fr/fr/12061967/joseph_de_paris/

 

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10/01/2020 | Lien permanent

Tout cela est si illégal, et l’esprit de parti se fait tellement sentir dans cette horrible aventure, les étrangers en s

...  Mais, sacré nom d'une pipe (en bois ), pourquoi tant d'années pour instruire une affaire et juger des fauteurs de troubles violents ? Voir : http://www.lexpress.fr/actualites/1/societe/amiens-les-lo...

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Tant qu'on se posera la question, il y aura du souci à se faire -grave !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

Aux Délices 15 mai 1762

Je vous écris enfin, mes divins anges, je ressuscite, et il est bon que vous sachiez que c’est vous qui m’aviez tué ; c’est le tripot, c’est un travail forcé, c’est la rage de vous plaire qui m’avait allumé le sang. J’avais, depuis trois mois, une fièvre lente, et je voulais toujours travailler et toujours me réjouir ; j’ai succombé, je le mérite bien. Je n’ai pas encore assez de tête pour vous parler d’Olympie ; mais j’entrevois que, de toutes les pièces du théâtre, ce sera la plus pittoresque, et que les marionnettes que Servandoni 1 donne au Louvre n’en approcheront jamais. Il me faudra une Statira malade, et une Olympie innocente ; Dieu y pourvoira peut-être.

Mandez-moi, je vous prie, des nouvelles du tripot, cela m’égaiera dans ma convalescence. Avez-vous quelqu’un qui remplace Grandval ? reprendra-t-on le Droit du Seigneur ?

Mais parlez-moi donc, je vous en prie, de l’œil de madame de Pompadour. Il est bien singulier qu’une femme sur qui tous les yeux sont fixés en perde un incognito. On parle encore fort mal des deux de M. d’Argenson.

M. le maréchal de Richelieu m’a écrit une grande lettre sur les Calas 2, mais il n’est pas plus au fait que moi. Le parlement de Toulouse, qui voit qu’il a fait un horrible pas de clerc, empêche que la vérité ne soit connue. Il a toujours été dans l’idée que toute la famille de Calas, assistée de ses amis, avait pendu le jeune Calas, pour empêcher qu’il ne se fît catholique. Dans cette idée, il avait fait rouer le père par provision, espérant que ce bon homme, âgé de soixante-neuf ans, avouerait le tout sur la roue. Le bon homme, au lieu d’avouer, a pris Dieu à témoin de son innocence. Les juges, qui l’avaient fait rouer sur de simples conjectures, manquant absolument de preuves juridiques, mais persistant toujours dans leur opinion, ont condamné au bannissement un des fils de Calas soupçonné d’avoir aidé à étrangler son frère ; ils l’ont fait conduire la corde au cou, par le bourreau, à une porte de la ville, et l’ont fait ensuite rentrer par une autre, l’ont enfermé dans un couvent, et l’ont obligé de changer de religion.

Tout cela est si illégal, et l’esprit de parti se fait tellement sentir dans cette horrible aventure, les étrangers en sont si scandalisés, qu’il est inconcevable que M. le chancelier ne se fasse pas représenter, cet étrange arrêt. Si jamais la vérité a dû être éclaircie, c’est, ce me semble, dans une telle occasion.

Je passe à d’autres objets plus intéressants. Vous me paraissez, vous autres, mépriser le nouveau czar ; mais prenez garde à vous : un homme qui vient d’ôter tout d’un coup cent mille esclaves aux moines, et qui met tous ces moines dans sa dépendance, en ne les faisant subsister que de pensions de la cour, est bien loin d’être un homme méprisable. Le voilà uni avec les Anglais et les Prussiens, gens moins méprisables encore. Prenez garde à vous, vous dis-je ; comptez que vous ne voyez point les choses à Paris et à Versailles comme on les voit au milieu des étrangers. Je suis dans le point de perspective ; je vois les choses comme elles sont, et c’est avec la plus grande douleur.

Parlons maintenant de madame la duchesse d’Anville. A peine vous eus-je envoyé, mes divins anges, la lettre par laquelle je lui offrais les Délices, que je fus attaqué d’une fièvre violente et d’une inflammation de poitrine ; Tronchin me fit transporter sur-le-champ aux Délices ; il ne me quitta presque point ; la nature et lui m’ont sauvé ; je suis encore dans la plus grande faiblesse, et je ne puis ni marcher ni écrire.

J’apprends que, pendant ma maladie, on a loué assez indiscrètement un simple appartement à Genève pour madame la duchesse d’Anville et sa compagnie, à raison de 4800 livres pour trois mois, sans compter les écuries, les remises et les chambres pour les principaux domestiques, qu’il faudra encore louer très cher. Ajoutez à cela qu’à Genève toutes les commodités, toutes les choses de recherche se vendent au poids de l’or ; qu’il faut faire cent vingt-cinq lieues pour arriver, et cent vingt-cinq pour s’en retourner et qu’une malade qui a la force de faire deux cent cinquante lieues n’est pas excessivement malade. Le paysage est charmant, je l’avoue ; il n’y a rien de si agréable dans la nature ; mais nous avons des ouragans, formés dans des montagnes couvertes de neiges éternelles, qui viennent contrister la nature dans ses plus beaux jours, et qui n’ont pas peu contribué à me mettre dans le bel état où je suis. Ces vents cruels font beaucoup plus de mal que Tronchin ne peut faire de bien.

Voilà ce qu'il faut que Mme la duchesse d'Anville sache, et ce qu'on ne lui aura sans doute pas dit .3

Adieu  mes divins anges ; je n’ai plus ni voix pour dicter, ni main pour écrire, ni tête pour penser ; mais j’espère que tout cela reviendra.

Je crois ne pouvoir mieux remercier Dieu de mon retour à la vie qu’en vous envoyant cet ouvrage édifiant 4. On devrait bien l’imprimer à Paris. »

2 Cette lettre n'est pas connue .

3 Ce paragraphe, biffé sur le manuscrit, manque dans les éditions . La duchesse d'Anville avait écrit le 8 mai 1762 à V* pour le remercier de son offre .

4 On lit sur le manuscrit cette note des éditeurs : Le Testament du curé Meslier .

 

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31/03/2017 | Lien permanent

Il n’y a pas moyen de faire un aigle d’un papillon

... Ainsi parlera Sarah Knafo à l'heure du bilan de son action de promotion de son bien-aimé Eric Zemmour . Comment faire un aigle à partir d'une mite ? Seul David Copperfield en serait capable et encore seulement pour la forme, la valeur d'un tel aigle restant celle d'un parasite . Le candidat misogyne , ne l'oublions pas, est de son propre aveu poussé par sa compagne illégitime qui me parait plus animée d'un esprit de femme jalouse que de femme d'Etat .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

15 octobre 1766

Mon cher ami, j’ai lu le factum de M. Hume 1 . Cela n’est écrit ni du style de Cicéron, ni de celui d’Addison. Il prouve que Jean-Jacques est un maître fou, et un ingrat pétri d’un sot orgueil ; mais je ne crois pas que ces vérités méritent d’être publiées . Il faut que les choses soient, ou bien plaisantes, ou bien intéressantes, pour que la presse s’en mêle. Je vous répéterai toujours qu’il est bien triste pour la raison que Rousseau soit fou ; mais enfin Abadie l’a été aussi 2. Il faut que chaque parti ait son fou, comme autrefois chaque parti avait son chansonnier.

Je pense que la publicité de cette querelle ne servirait qu’à faire tort à la philosophie. J’aurais donné une partie de mon bien pour que Rousseau eût été un homme sage ; mais cela n’est pas dans sa nature . Il n’y a pas moyen de faire un aigle d’un papillon . C’est assez, ce me semble, que tous les gens de lettres lui rendent justice ; et d’ailleurs sa plus grande punition est d’être oublié.

Ne pourriez-vous pas, mon cher frère, écrire un petit mot à M. de Beaumont, à Launay, chez M. de Cideville, où je le crois encore, et réchauffer son zèle pour les Sirven ? S’il n’avait entrepris que cette affaire, il serait comblé de gloire, et toute l’Europe le bénirait. J’ai annoncé son factum à tous les princes d’Allemagne comme un chef-d’œuvre, il y a près d’un an . Le factum n’a point paru ; on commence à croire que je me suis avancé mal à propos, et l’on doute de la réalité des faits que j’ai allégués. Est-il possible qu’il soit si difficile de faire du bien ? Aidez-moi, mon cher ami, et cela deviendra facile.

M. Boursier attend le mémoire de M. Tonpla 3, qui probablement arrivera par le coche. Le protecteur 4 est toujours bien disposé ; il m’écrit souvent pour l’établissement projeté ; mais je vois bien que M. Boursier manquera d’ouvriers. Il est vieux et infirme, comme moi ; il aurait besoin de quelqu’un qui se mît à la tête de cette affaire. Il y a un château tout prêt 5, avec liberté et protection ; est-il possible qu’on ne trouve personne pour jouir d’une pareille offre ? Je vois que la plupart des affaires de ce monde ressemblent au conseil des rats 6. J’ai deux personnes à encourager, Boursier 7 et Sirven : l’un et l’autre se désespèrent.

J’ai beaucoup d’obligation à M. Marin, pour une affaire moins considérable. On a imprimé un recueil de mes lettres en deux volumes, à Avignon, sous le nom de Lausanne 8 . On dit que ces lettres sont aussi altérées et aussi indignement falsifiées que celles qui ont été imprimées à Amsterdam. M. Marin a donné ses soins pour que cette rapsodie n’entrât point dans Paris . Il en échappera pourtant toujours quelques exemplaires. Que voulez-vous ? c’est un tribut qu’il faut que je paye à une malheureuse célébrité qu’il serait bien doux de changer contre une obscurité tranquille. Si je pouvais me faire un sort selon mon désir, je voudrais me cacher avec vous et quelques-uns de vos amis, dans un coin de ce monde . C’est là mon roman, et mon malheur est que ce roman ne soit pas une histoire. Il y a une vérité qui me console, c’est que je vous aime tendrement, et que vous m’aimez . Avec cela on n’est pas si à plaindre.

Voici un billet pour frère Protagoras 9 ; je le recommande à vos bontés. »

1 Exposé succinct de la contestation qui s’est élevée entre M. Hume et M. Rousseau avec les pièces justificatives ; Londres, 1766, in-12 de xiv et 127 pages dans la traduction française, qui est l’ouvrage de Suard. Suard ne se borna pas au rôle de traducteur ; il fit des additions. On croit que l’Avertissement des éditeurs est de d’Alembert.

Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k718136.texteImage

3 Une réponse de Diderot à la lettre de V* du 23 juillet 1766 . La présente mention permet de la dater des environs du 10 octobre, mais elle n'arriva que le 7 novembre 1766 ; voir lettre du 7 novembre 1766 à Damilaville : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/03/correspondance-annee-1766-partie-45.html

4 Frédéric II, roi de Prusse.

5 À Clèves.

6 Allusion à la fable de La Fontaine « Conseil tenu par les rats » : http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/conseilrats.htm

7 Voltaire lui-même.

8 M. de Voltaire peint par lui-même, ou Lettres de cet écrivain ; 1766, in-12 ; il y a des éditions de 1768, 1771, 1772. La préface et les notes sont attribuées à La Beaumelle. Le ton est donné par l'épigraphe : « J'ai des adorateurs et je n'ai pas un ami . » . Voir : https://books.google.ht/books?id=JAxbAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

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13/01/2022 | Lien permanent

nous plaindrons ensemble le sort de la littérature et de ceux qui la cultivent

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« A Etienne-Noël Damilaville

A Genève, le 3 juillet [1765]

Mon cher ami, j’ai reçu votre lettre du 26 Juin. Il faut toujours commencer par cette formule ; car il y a eu un tel dérangement dans les postes de Genève, qu’on ne reçoit pas toujours fort exactement les lettres de ses amis. Votre mal de gorge m’inquiète beaucoup. Serait-il bien vrai que vous pussiez venir dans nos déserts, et franchir les montagnes qui nous entourent ? Je devrais le bonheur de vous voir à une bien triste cause ; mais je serais doublement consolé par le plaisir de vous embrasser, et par l’espérance que Tronchin vous guérirait. Tous les arts utiles seraient-ils tombés en France, ainsi que les arts agréables, au point qu’il n’y ait pas un homme qui sache guérir une tumeur dans les amygdales ? La foi que vous avez dans Tronchin fera mon bonheur.

On dit que mademoiselle Clairon vient à Genève ces jours-ci, mais ce n’est pas pour ses amygdales. J’ignore encore si elle prendra chez moi un logement. Ma chaumière n’est plus qu’une masure renversée et désolée par des maçons ; mais, quand je serai sûr de vous recevoir, je leur ferai bien faire une cellule pour vous dans mon petit couvent. Vous serez logé bien ou mal, mon cher ami, et nous aurons le plus grand soin de votre santé. Je vous ouvrirai un cœur qui est tout à vous ; nous plaindrons ensemble le sort de la littérature et de ceux qui la cultivent.

Vous vous doutez bien à quel excès le libelle du gazetier janséniste 1 m’a indigné. Voilà donc les ouvrages qu’on permet, tandis que les bons sont à peine tolérés et quelquefois proscrits !

Je crois qu’on a imprimé quelques sermons de l’abbé Bazin, et qu’ils se trouvent dans des recueils ; on m’en a même envoyé quelques passages. Sa Philosophie de l’Hist[oire] 2, qu’on m’imputait d’abord, et que, Dieu merci, on ne m’impute plus, n’a pas laissé d’être bien reçue en Angleterre et dans tous les pays étrangers. On me mande que cet ouvrage a paru instructif et sage . Mais il n’est pas juste qu’on m’attribue tous les ouvrages nouveaux qui paraissent : je ne veux ni d’un honneur ni d’une honte que je ne mérite pas. Je suis hors d’état de travailler ; je voudrais au moins que les autres fissent ce que je ne puis plus faire. La Harpe, qui est toujours chez moi, m’avait promis une tragédie ; il n’a rien commencé . Vitanda est improba syren desidia 3. 

J’attends patiemment le paquet que m’a promis Briasson, et je me flatte que nous lirons ensemble ce qu’il contient . Nous en raisonnerons, et ce seront les moments les plus agréables de ma vie. »

2 C'est le 3 juillet 1765 précisément qu'Agnan-Philippe Miché de Rochebrune rapporte avoir fouillé le local du libraire Joseph Merlet sans trouver d'exemplaire de La Philosophie de l'histoire ; Merlet a déclaré en avoir reçu six la semaine précédente qu'il a donnés au vice-chancelier, au premier président, à M. de Périgny, à M. de La Live, à la marquise de Livry et à M. de Malesherbes .

Voir : http://www.e-enlightenment.com/person/micheagnan002542/

et : http://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1130491b1d/?letters=decade&s=1760&r=10487

3 Il faut fuir la paresse, sirène trompeuse ; Horace, Satires, II, iii, 14-15 .

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11/11/2020 | Lien permanent

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