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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

L'encre de Genève n'est point coulante

... Mais l'argent liquide y coule à flot autant que les eaux du Rhône . Ces dernières sont de meilleure qualité et plus propres dans le même temps que le blanchiment de la monnaie la salit , ô paradoxes du vocabulaire  !

 

 

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 Or noir à Genève

 

« A Ami Camp

21 mai [1760] aux Délices

Grand merci mon cher monsieur, de vos anchois, de vos câpres, de votre cire . J'abuse de vos bontés comme de celles de M. Tronchin . J'ose vous supplier encore de m'envoyer encore une écritoire de bureau . On ne trouve point de cela à Genève . Ce sont de ces écritoires où il y a place pour tout, plumes , encre, poudre, éponge, petits pains . Cela est propre, on en trouve à Lyon . Je ne peux pas trouver une écritoire honnête à Genève .

J'ai pris la liberté de vous adresser par la messagerie un ballot de livres ; c'est pour un abbé Bertrand qui demeure à Lyon chez MM. Bertrand négociants .

Vous me feriez grand plaisir de me dire quelle espèce d'homme est cet abbé Bertrand .

Voici un petit mot de lettre pour notre ami Robert .

Votre très humble et obéissant serviteur .

V.

L'encre de Genève n'est point coulante . On ne trouve point de sandarac 1 à Genève . Pour Dieu envoyez -moi un petit paquet de sandarac .

Vraiment la caisse de bougie est pour nous ?"

1 Le sandaraque ou sandarac est une gomme employée pour les vernis, ou, en poudre fine, pour faire sécher l’encre .

 

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20/05/2015 | Lien permanent

Je conviens que le rôle de la France n'est pas brillant à présent

... OK, OK ! Je ne vois que le satiné de nos couleurs . Nous n'irons pas jusqu'au mat , heureusement .

Toutefois, je me permets de rappeler à François Hollande et à Laurent Fabius qu'il est d'autres moyens que celui d'arriver en retard avec des alibis à la noix de coco pour se faire remarquer et avoir quelque influence internationale .

L'exactitude est politesse des rois, et ceci je le prends au sens horaire du terme et au sens exactitude des propos . L'inexactitude ne doit pas être l'impolitesse de la France . Le seul côté positif est d'en conclure que François ne se prend pas pour un roi !

Il est vrai qu'il a un sérieux handicap pour consulter l'heure à sa montre .

 

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Ou alors il a une anti-sèche écrite sur sa manchette ?



« A M. Élie BERTRAND,

Pasteur de l'église française, à BERNE 1

A Monrion, 10 février 1756.

Le projet de M. Formey 2 suppose, mon cher philosophe, quelque chose de plus que du courage, s'il veut faire lui seul une encyclopédie, c'est beaucoup pour un seul homme. S'il veut retrancher de cet ouvrage les mathématiques et les arts, qui en sont le fondement, c'est le réduire à rien, c'est faire un dictionnaire de choses triviales. Joignez à la singularité de ce projet la mauvaise grâce de se servir du travail d'autrui, le risque de le gâter, le soupçon d'avoir fait cette manœuvre par intérêt, et vous m'avouerez alors que ses amis devraient le détourner d'un tel dessein. Le grand nombre de savants qui travaillent à l'encyclopédie s'élèvera contre lui, ils en auront d'autant plus de droit que lui- même se joignit à eux dans les commencements, et se proposa pour les aider dans plusieurs articles de philosophie. Il envoya ses articles, on les lui paya noblement et on s'en servit peu. Vous voyez combien de raisons doivent concourir à lui faire abandonner son idée. Si vous êtes son ami, je pense que vous lui rendriez un vrai service de le détourner d'une telle entreprise, sans me citer et sans alléguer les raisons que je vous apporte.
Le projet de faire un opéra de ma tragédie de Mérope n'est pas si étrange. J'ai été tout étonné de recevoir un gros paquet du roi de Prusse; il contenait ma tragédie de Mérope, qu'il s'est donné
la peine de tourner en vers lyriques, et il m'avertit qu'il faisait cet ouvrage en travaillant à son traité. Voilà une anecdote assez singulière.
J'ai lieu de croire, mon cher monsieur, que votre discours sur Lisbonne est imprimé actuellement à Rouen 3. La personne à qui je l'ai confié m'apprend qu'elle l'a donné à un libraire de ce pays-là. J'espère vous en envoyer bientôt des exemplaires. Mon sermon en vers 4 ne vaut pas le vôtre en prose, et je ne le crois pas fait pour l'impression 5. Cependant, si vous voulez vous en amuser avec M. le banneret de Freudenreich et n'en donner aucune copie, j'aurai l'honneur de vous l'envoyer.
Je conviens que le rôle de la France n'est pas brillant à présent non illi imperium pelagi saevumque tridentem.6
Conservez votre amitié à votre très-tendre serviteur et malade.

 

V. »

 

1 Cette lettre, et les suivantes adressées à la même personne, ont été publiées dans Le Magasin universel, 1838-1839, tome VI. Elles sont écrites entièrement de la main de Voltaire.

Voir pages 260, 310, 334, 350, 374 : http://books.google.fr/books?id=oxPmAAAAMAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q=bertrand&f=false

2 Formey avait annoncé le projet de réduire l'Encyclopédie.

3 C'est ce que croit V* .

4 Le Poème sur le désastre de Lisbonne .

5 Après l'avoir donné à imprimer aux frères Cramer , il leur demandera « deux douzaines d'exemplaires du Poème sur Lisbonne et sur la Loi naturelle » le 7 mars, puis il enverra un nouveau texte parce que la première version lui « donne un grand mal de tête » : « Nous nous sommes trop pressés frères très chers . Vous avez voulu imprimer Lisbonne. J'ai eu la faiblesse de vous donner un ouvrage imparfait . », écrira-t-il le 14 mars .

Vers 138 de l'Enéïde de Virgile : « ce n'est pas à lui, (mais à moi) que sont échus l'empire des mers et le trident redoutable . » ou « ce n'est pas à lui qu'échurent par le sort l'empire de la mer et le cruel trident, mais à moi. »

 

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22/05/2012 | Lien permanent

on n'est pas toujours sur Pégase, on est ballotté dans le même vaisseau où vous criez tous miséricorde

...

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ARGENTAL.

Envoyé de Parme

rue de la Sourdière

à Paris
5 décembre [1759] 1
Mon cher ange, que dites-vous de Luc, qui me mande le 17 : Je vous écrirai plus au long de Dresde? et le troisième jour vous savez ce qui lui arrive 2. Vous voyez qu'il ne faut compter sur rien, pas même sur nos flottes, pas même sur les tragédies de M. de Thibouville 3. Voyez ce qui arrive à frère Berthier ; il va à Versailles dans toute sa gloire, et meurt en bâillant 4. On n'est sûr de rien dans ce monde ; j'en excepte Tancrède. Vous devez être sûr, mon divin ange, que je la mettrai à vos pieds ; et, si elle a le sort de Thibouville, ce ne sera pas sans y avoir bien songé. Je me flatte que Spartacus 5 va se montrer. Seriez-vous assez ange pour faire dire au faiseur de Spartacus que mes chevaliers n'osent se battre contre ses gladiateurs, et que mon estime et mon amitié lui ont cédé volontiers le pas ?
Je vois que la prose du traducteur de Pope 6 ne lui a point du tout réussi. Pourriez-vous avoir la bonté de me dire si ses successeurs écrivent plus rondement et ont le style moins dur?
Que pense-t-on des billets ou actions des fermes ? Il est bien bas de vous parler de cette prose, ou plutôt de ces chiffres, au lieu de vous envoyer des tirades d'Amènaïde, en vers croisés ; mais on n'est pas toujours sur Pégase, on est ballotté dans le même vaisseau où vous criez tous miséricorde.

Vous croyez bien que je n'ai pas oublié avec M. le duc de Choiseul l'anecdote du 17 novembre 7. Oh je crois qu'il doit être content et lassé de moi . Mettez-moi mon divin ange sous ses ailes et sous les vôtres et sous celles de Mme Scaliger

V. 

Et jamais à Genève s'il vous plait, mais par Genève. Voulez-vous qu'on me prenne pour un huguenot réfugié ?»

1 Date complétée par d'Argental

2 Le 20 novembre se donna le combat de Maxen, et le lendemain un corps prussien, fort de seize bataillons et de trente-cinq escadrons, se rendit au général autrichien Daun. (Beuchot.)

3 Namir n'avait eu qu'une représentation.. Voir le lettre du 24 octobre 1759 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/24/on-paye-cher-les-malheurs-de-nos-generaux.html

4 Ce qui n'arrive que dans la satire de V* : Relation de […] et de la mort […] du jésuite Berthier .

5 Voir encore lettre du 24 octobre 1759 à d'Argental .

6 Silhouette, qui vient d'être destitué .

7 Toujours le rappel de « dans trois jours je vous en écrirai davantage de Dresde . »

 

 

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13/12/2014 | Lien permanent

Ce n'est pas assez de faire des tragédies il faut payer ses dettes

... Une seule remarque : qui paye les armes fournies aux Kurdes en Irak ?

A suivre ...

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« A monsieur le ministre Jacob Vernes

chez Monsieur son père

[vers le 29 juin 1759]

Mon cher confrère en poésie, la tragédie n'est pas finie . Pierre le Grand, mes foins et mes charrues retardent un peu cette besogne .

Il y a longtemps que messieurs les joaillers qui m'ont fait parvenir du vin muscat 1 doivent être remboursés . Ce n'est pas assez de faire des tragédies il faut payer ses dettes .

On me mande qu'on a enfin brûlé trois jésuites à Lisbonne . Ce sont là des nouvelles bien consolantes . Mais c'est un janséniste qui les mande . »

 

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13/08/2014 | Lien permanent

si on n'est pas fort gai chez vous on y est du moins en paix

... Voici ce que bien des peuples du monde peuvent dire de nous, Français, alors faisons tout pour que cela reste vrai , et qui sait, que la gaieté s'en revienne . Qu'on se guérisse de l'ictère qui va malheureusement durer grâce à l'appui des syndicats en mal de recrutement et fatalement des partis politiques d'opposition .

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« A Gabriel Cramer

à Genève

1er janvier 1764

Guy Duchesne au Temple du goût, m'envoie un modèle d'une semonce à tous les souscripteurs, princes et autres . Je ne doute pas que monsieur Caro n'en soit instruit, mais je ne lui pardonnerai jamais d'avoir si détestablement imprimé Zulime et Le Droit du seigneur .

Je ne reçois point de nouvelles de Vienne . Je compte beaucoup plus sur Sa majesté Très Chrétienne que sur Sa Sacrée Majesté Impériale : je suppose que vous envoyez à Paris des ballots pour le roi et pour la cour . Vous demanderez combien il en faut de reliés pour le roi et pour Mme de Pompadour, et pour Mme la duchesse de Gramont 1 ou combien ils veulent d’exemplaires non reliés , qu'ils feront relier comme ils voudront . Je crois que vous ne feriez pas mal d’écrire un mot bien honnête à M. de Bordes, qui s'est mêlé de tout cela . Vous me ferez un extrême plaisir de vous adresser à lui, et de lui dire que ma mauvaise santé et l'état où sont mes pauvres yeux me privent de l'honneur de lui écrire . Cela ne vous coûtera qu’une lettre, et vous mettra l'esprit en repos sur la manière de livrer les exemplaires aux principaux souscripteurs .

Souvenez-vous , je vous en conjure, de recommander à Merlin de mettre Madianite au lieu de Moabite, à la page 109 de la Tolérance .

Je me flatte qu'il n'y a pas eu beaucoup de sang répandu dans l'assemblée des 1500 souverains d’Athènes, qu'on n'a destitué aucun archonte, et que si on n'est pas fort gai chez vous on y est du moins en paix . »

1 Ces sept mots ont été ajoutés en marge et entre les lignes .

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06/01/2019 | Lien permanent

On dit que les vieillards n'aiment rien, cela n'est pas vrai

...

 

« A Etienne-Noël Damilaville

4 septembre 1767 1

Je reçois, monsieur, votre lettre du 29 d'auguste. Tous les paquets arrivent de Paris en pays étranger, mais rien n'arrive de nos cantons à Paris.

Je vois très souvent votre ami, qui vous aime tendrement. Il voudrait bien avoir le Panégyrique de Louis IX 2. Mais je crois que l'impératrice russe méritera un plus beau panégyrique. Quelle époque, mon cher monsieur! Elle force les évêques sarmates à être tolérants, et vous ne pouvez en faire autant des vôtres. Ô Welches! pauvres Welches! quand l'étoile du Nord pourra-t-elle vous illuminer?

Savez-vous bien qu'on fait actuellement des vers à Petersbourg mieux qu'en France? savez-vous, mes pauvres Welches, que vous n'avez plus ni goût ni esprit? Que diraient les Despréaux et les Racine, s'ils voyaient toutes les barbaries de nos jours? Les barbares Illinois 3 l'ont emporté sur le barbare Crébilion . Le barbare Guillaume Tell le dispute aux Illinois par-devant l'auteur de Childebrand 4 : ah! mon Dieu, polissons que vous êtes! combien je vous méprise! Nous avons du moins chez nous deux hommes qui ont du goût 5, et c'est ce qui se trouvera difficilement à Paris. La nation m'indigne. Bonsoir, mon cher monsieur , vous avez dans mon voisinage un ami qui vous aime avec la plus vive tendresse, tout vieux qu'il est. On dit que les vieillards n'aiment rien, cela n'est pas vrai. Voici un petit billet qu'on m'a donné pour M. Delembertad 6.

Boursier. »

1 Copie contemporaine Darmstadt B. où manquent la dernière phrase et la signature ; édition de Kehl avec deux omissions .

3 Hirsa, ou les Illinois, tragédie de Sauvigny

4 On ne connaît pas de pièce de ce nom ; il doit s'agir de Childéric de Pierre de Morand ; voir lettre du 22 juin 1737 à d'Argens : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire...

et du 5 août 1752 à d'Argental : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1752/Lettre_2405

Voir pourtant aussi la lettre du 7 décembre 1767 à Chabanon , où V* cite Boileau parlant d'un Childebrand . Les mots Guillaume Tell sont omis dans l'édition de Kehl, de même que mon Dieu dans la suite de la phrase .

( D'après ce que Voltaire a dit dans la lettre 7000, le nom laissé ici en blanc est sans doute celui de Le Mierre, ou celui de son Guillaume Tell. . Moland . Voir lettre du 2 septembre à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/04/17/vivez-donc-mes-anges-pour-vous-opposer-a-ce-torrent-de-betis-6438795.html)

5 Chabanon et La Harpe .

6 Peut-être la lettre du même jour, mais ce n'est pas un « petit billet »

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20/04/2023 | Lien permanent

Quiconque ose penser n'est pas né pour me croire

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« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

 

27è septembre 1769, à Ferney

 

 

Mon héros voit bien que lorsque j'ai sujet d'écrire je barbouille du papier sans peine, et que je l'ennuie souvent. Mais quand je n'ai rien à dire je respecte ses occupations, ses plaisirs, sa jeunesse, et je me tais. Il y a quarante-neuf ans que mon héros prit l'habitude de se moquer de son très humble serviteur ; il la conserve et la conservera. Je n'y sais autre chose que de faire le plongeon et d'admirer la constance de Monseigneur à m'accabler de ses lardons.[i]

 

Je n'étais pas informé de la circonstance du brayer [ii]; il y a mille traits de l'histoire moderne qui échappent à un pauvre solitaire retiré au milieu des neiges.

 

S'il était permis de vous parler sérieusement, je vous dirais que je n'ai jamais chargé M. de Chimène de vous parler des Guèbres, ni de vous les présenter [iii]; il a pris tout cela sous son bonnet qui n'est pas celui d'un cardinal de Ximenès dont il prétend pourtant descendre en ligne droite. Je lui suis très obligé d'aimer Les Guèbres, mais je ne l'ai assurément prié de rien. J'ai eu l'honneur de vous en envoyer un autre exemplaire, et on en fait encore actuellement une édition bien plus correcte. Tous les honnêtes gens de Paris souhaitent qu'on représente cette pièce. On la joue en province [iv].Une société de particuliers vient de la représenter à la campagne [v] avec beaucoup de succès ; on la jouera probablement chez M. le duc d'Orléans [vi]. Il n'y a pas un seul mot qui puisse avoir le moindre rapport ni à nos mœurs d'aujourd'hui ni au temps présent. S'il y a quelque chose qui fasse allusion à l'Inquisition, nous n'avons point d'Inquisition en France, elle y a toujours été en horreur. Le Tartuffe qui était une satire des dévots, et surtout de la morale des jésuites alors tout puissants a été jouée par la protection d'un premier gentilhomme de la chambre, et est resté au théâtre pour toujours. Mahomet où il est dit :

Quiconque ose penser n'est pas né pour me croire ,

Mahomet dans lequel il y a un séide qui est précisément Jacques Clément [vii] est joué souvent sans que personne en murmure. M. de Sartines ne demande pas mieux qu'on fasse aux Guèbres le même honneur, mais il n'ose pas se compromettre. Il n'y a qu'un premier gentilhomme de la chambre, ayant le droit d'être un peu hardi, qui puisse prendre sur lui une telle entreprise. Quelques sots pourraient crier, mais trois à quatre cent mille hommes le béniraient.

 

J'ai bien senti que mon héros, qui a d'ailleurs tant de gloire, ne se soucierait pas beaucoup de celle-ci. Aussi je me suis bien donné garde de lui en parler, et encore plus de lui en faire parler par M. de Chimène. Je lui ai seulement présenté Les Guèbres pour l'amuser. Il viendra un temps où cette pièce paraîtra fort édifiante, ce temps approche et j'espère que mon héros vivra assez pour le voir.

 

Au reste, il sait que j'ai juré depuis longtemps d'obéir à ses ordres, et de jamais les prévenir, de lui envoyer tout ce qu'il me demanderait, et de ne jamais rien lui dépêcher qu'il ne le demande, parce que je ne puis deviner ses goûts ; je ne dois rien lui présenter sans être sûr qu'il le recevra, et je ne veux rien faire qui ne lui plaise. Voilà mon dernier mot pour quatre jours que j'ai à vivre. Je vivrai et je mourrai son attaché, son obligé et son berné.

 

V. »

 

i Cf. lettre du 1er mai 1736 à d'Argental. V* a fui de Montjeu après les fêtes du mariage de Richelieu, pour aller se réfugier à Cirey en mai 1734 , puis fin décembre 1735 V* fuit encore quand on on lui apprend qu'on a trouvé cinq chants de La Pucelle et Richelieu aurait dit « ... que Volt. s'aille faire f. et qu'on n'en parle plus. »

ii La lettre de Richelieu où il en est question n'est pas connue.

iii Le 13 septembre, à Ximénes : « Personne ne s'est chargé de solliciter les représentations des Guèbres, personne n'en a été prié, vous êtes le seul qui en ayez parlé à M. le maréchal de Richelieu, et c'est à vous seul qu'on en aurait l'obligation si la chose réussissait. »

iv Il est question de la jouer à Lyon.

v A Orangis, près de Paris, où les La Harpe sont les acteurs principaux.

vi A Saint-Cloud ou à Villers-Cotterêts, par une troupe d'amateurs, comme il le proposait au comte de Schomberg le 22.

vii Le « moine meurtrier » de Henri III, Jacques Clément.

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27/09/2010 | Lien permanent

rien n'est si difficile à dire aux hommes que la vérité

...

 

« A Etienne-Noël Damilaville

Le 11 mars 1763

C'est donc lundi passé, sept du mois, que tout le Conseil d’État assemblé a écouté M. de Crosne . Je ne sais pas encore ce qui aura été résolu, mais j'ai encore assez bonne opinion des hommes pour croire que les premières têtes de l’État n'auront pas été de l'avis des huit juges de Toulouse . Ces huit indignes juges ont servi la philosophie plus qu'ils ne pensent . Dieu et les philosophes savent tirer le bien des plus grands maux .

Que dites-vous de l'aventure de notre nouveau Corneille ? c'est une véritable coup de théâtre . Que dit frère Thieriot l'apathique ? Vous réjouissez-vous à m'envoyer des pompignades ? On rit beaucoup à Versailles de la conversation du roi avec le marquis Simon Lefranc . On en aurait ri sous Louis XI, comment voulez-vous qu'on ne se tienne pas les côtes sous Louis XV, le plus indulgent et le plus aimable des souverains ?

Permettez-moi de vous adresser cette lettre pour M. d'Alembert 1; il est bon que Pindare-Le Brun sache le cas qu'on fait de lui .

J'embrasse tendrement mon frère et mes frères . Écrasez l'infâme .

P.-S. – Je vois par votre lettre qu'il faudra encore quelques cartons à l'Essai sur les mœurs ; rien n'est si difficile à dire aux hommes que la vérité . »

1 Cette lettre ne nous est pas parvenue .

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22/02/2018 | Lien permanent

Ce n'est pas assez d’être justifié , il faut être dédommagé

... Pour cela il faut que la justice passe ; or il est des chiffres qui laissent pantois : https://www.liberation.fr/checknews/2020/07/22/pour-100-v...

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

10è avril 1765 1

Voici les deux feuillets signés Sirven . J'ignore toujours si le parlement de Toulouse osera faire des remontrances . Je ne suis pas plus content que vous des aménagements qu'on a gardés en réhabilitant les Calas ; et je suis affligé de voir tant de délais aux grâces que le roi doit leur accorder . Ce n'est pas assez d’être justifié , il faut être dédommagé, et si le roi ne paie pas il faut bien que ce soit David qui paie .

Gabriel ne m'avait pas fait voir les dernières épreuves de la Destruction ; il est un peu négligent ; il m'assure que malgré les tracasseries de Genève qui l'occupent beaucoup, il sera encore plus occupé de la tracasserie du théologien .

Je me flatte que vous avez reçu la paquet de M. Delahaye, celui de la sentence et de l'arrêt contre Sirven ; et que M. d'Argental vous a rendu justice sur les autres paquets . Je voudrais qu'il y en eût davantage; mais il faut attendre une nouvelle édition qui sera plus ample et plus correcte .

Permettez que je vous adresse les deux billets ci-joints . Embrassez pour moi les frères ; je vous salue tous dans le saint amour de la vérité . Écr l'inf. »

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23/07/2020 | Lien permanent

On n'est flatté que des suffrages de ceux qu'on estime

... Ce qui n'est absolument pas l'avis de ceux qui  briguent une place d'élu pour qui toute voix , comme l'argent, n'a pas d'odeur .

 

 

« A Jacques Lacombe

27 mai 1768

Les marques de votre amitié, monsieur, me sont d'autant plus précieuses qu'elles répondent à la mienne . On n'est flatté que des suffrages de ceux qu'on estime . La personne dont vous me parlez 1 est peut-être la seule qui ait un vrai goût et un vrai talent . Son génie est fait pour aller bien loin ; mais il sera mal secondé dans le temps où nous sommes . Je suis fort aise qu'il soit votre ami ; il demande le secret et nous le lui garderons . Voudriez-vous imprimer ce petit rogaton que je vous envoie ? On en a fait trois éditions également incorrectes et insuffisantes . Voici la véritable . Je la confie à vos lumières, à votre goût et à votre amitié .

V. »

1 Lacombe lui-même qui cherche à s'assurer le privilège et y réussira en juillet . Depuis que La Place a remplacé Marmontel ( février 1760- juin 1768 ) la qualité du journal a baissé . Lacombe ne parvient pas à le relever ; lorsque Panckoucke lui succède en juin 1778, Le Mercure est dans une situation difficile .

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Lacombe_(1724-1811)

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mercure_de_France

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19/01/2024 | Lien permanent

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