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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Je ne crois pas qu'il y ait un homme au monde moins capable que moi de donner du plaisir à une femme de vingt-cinq ans e

... No comment !

Quoique ...

 

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

20è juin 1764 aux Délices 1

Il faut , madame , que je vous parle net 2. Je ne crois pas qu'il y ait un homme au monde moins capable que moi de donner du plaisir à une femme de vingt-cinq ans en quelque genre que ce puisse être . Je ne sors jamais, je commence ma journée par souffrir trois ou quatre heures, sans en rien dire à M . Tronchin . Quand j'ai bien souffert je travaille, et quand j’ai bien travaillé je n'en peux plus ; on vient dîner chez moi, et la plupart du temps je ne me mets point à table ; Mme Denis est chargée de toutes les cérémonies, et de faire les honneurs de ma cabane à des personnes qu'elle ne reverra plus . Elle est allée voir Mme de Jaucourt 3, et c'est pour elle un très grand effort, car elle est malade et paresseuse . Pour moi je n'ai pu en faire autant qu'elle , parce que j'ai été quinze jours au lit avec un mal de gorge horrible .

Il faut vous dire encore que je ne vais jamais à Genève ; ce n'est pas seulement parce que c'est une ville d'hérétiques, mais c'est parce qu'on y ferme les portes de très bonne heure, et que mon train de vie campagnard est à l'antipode des villes ; je reste chez moi, occupé de souffrances, de travaux et de charrues avec Mme Denis , la nièce à Pierre, son mari, un ex-jésuite qui dit la messe et qui joue aux échecs . Quand je peux tenir quelque pédant comme moi qui se moque de toutes les fables qu'on nous donne pour des histoires, et de toutes les bêtises qu'on nous donne pour des raisons, et de toutes les coutumes qu'on nous donne pour des lois admirables , je suis alors au comble de ma joie . Jugez de tout cela, madame, si je suis un homme fait pour Mme de Jaucourt . Il m'est impossible de parler à une jeune femme plus d'un demi-quart d’heure . Si elle était philosophe, et quelle méprisât, ou voulût mépriser également saint Augustin et Calvin, j'aurais alors de belles conférences avec elle .

Pour M. Humes, c'est tout autre chose, vous n'avez qu'à me l'envoyer 4, je lui parlerai, et surtout, je l'écouterai . Nos malheureux Welches n’écriront jamais l’histoire comme lui . Ils sont continuellement gênés, et garrottés par trois sortes de chaînes, celles de la cour, celles de l’Église, et celles des tribunaux appelés parlements . On écrit l'histoire en France comme on fait un compliment à l'Académie française , on cherche à arranger ses mots de façon qu'ils ne puissent choquer personne . Et puis je ne sais si notre histoire mérite d'être écrite .

J'aime bien autant encore la philosophie de M. Humes que ses ouvrages historiques . Le bon de l'affaire, c'est qu'Helvétius, qui dans son livre De l'Esprit, n'a pas dit la vingtième partie des choses sages, utiles et hardies dont on sait gré à M. Humes et à vingt autres auteurs anglais , a été brûlé et persécuté chez les Welches . Tout cela prouve que les Anglais sont des hommes , et les Français des enfants .

Je suis un vieil enfant plein d'un tendre et respectueux attachement pour vous madame . »

1 Cette lettre répond à une lettre de Mme Du Deffand qui manque dans la série des lettres conservées .

2 Molière, Le Misanthrope, II, 1 : http://www.toutmoliere.net/acte-2,405470.html

3 Élisabeth-Sophie, fille de Simon Gilly ; voir lettre du 19 octobre 1764 qui lui est adressée : « Mme la marquise de Jaucourt ayant acheté ce livre à Genève est très humblement suppliée de vouloir bien rendre justice à la vérité . »

4 En fait, Hume ne rendit jamais visite à V*. Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/David_Hume

 

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01/08/2019 | Lien permanent

les maires heureusement réussissent mieux que les capitouls

...

 

« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville

[A Ferney] 20è mars 1765 1

Vous étiez donc à Paris, mon cher ami, quand le dernier acte de la tragédie des Calas a fini si heureusement ; la pièce est dans les règles ; c’est, à mon gré, le plus beau cinquième acte qui soit au théâtre. Toutes les pièces sont actuellement à l’honneur de la France : les maires 2 heureusement réussissent mieux que les capitouls. Le rôle d’Elie de Beaumont est bien beau.

On va donner pour petite pièce 3 la Destruction des jésuites. Je ne sais si M. d’Alembert en est l’auteur, et certainement, s’il ne veut pas l’être, il ne faut pas qu’il le soit. Mais il est venu chez nous, ce brave M. d’Alembert, et tous ceux qui ont eu le plaisir de l’entendre disent : le voilà, c’est lui ; cela est écrit comme il parle ; pour moi, je veux bien croire que ce n’est pas lui ; mais je voudrais bien savoir quel homme a pris son style, sa philosophie, sa gaieté, et qui partage avec lui l’héritage de Blaise Pascal, au jansénisme près.

Il me paraît, à l’analyse que vous me faites 4, que vous avez le nez fin . Je gagerais que vous avez raison dans tout ce que vous me dites. On dit que le temps est le seul bon juge ; mais le temps ne décide que d’après des gens comme vous.

Je sais bon gré au président Hénault de n’avoir point parlé de la minutie concernant les bourgeois de Calais. Il est bien clair qu’Édouard III n’avait nulle envie de les faire pendre, puisqu’il leur donna à tous de belles médailles d’or. Au reste, je suis très aise pour la France, et pour l’auteur, qui est mon ami, que le Siège de Calais ait un si grand succès ; et je souhaite que la pièce soit jouée aussi longtemps que le siège a duré.

Jean-Jacques Rousseau mérite un peu, à ce qu’on dit ici, l’aventure dont Édouard III semblait menacer les six bourgeois de Calais ; mais il ne mérite point les médailles d’or. Le prétendu philosophe ne joue que le rôle d’un brouillon et d’un délateur. Il a cru être Diogène, et à peine a-t-il l’honneur de ressembler à son chien. Il est en horreur ici.

On dit que messieurs du canton de Scheiwtz ont fait d’énormes insolences contre le roi 5.

Ces petits cantons-là sont un peu du quatorzième siècle. Je ne vous dis, mon cher ami, que des nouvelles de Suisse ; vous m’en donnez du séjour des agréments ; on ne peut donner que ce qu’on a. Ma petite chaumière de Ferney est tranquille au milieu de tous ces orages. Je bâtis sur le bord du tombeau, mais je jouis au moins du plaisir de faire pour madame Denis un château qui vaut mieux que les petits-cantons . Elle vous fait mille compliments. Buvez à ma santé, je vous en prie, avec Cicéron de Beaumont et Roscius Garick. Adieu ; ma tendre amitié ne finira qu’avec ma vie.

V. »

1 Le lieu d'envoi a été ajouté par Cideville sur le manuscrit .

2 Le maire de Calais, Eustache de Saint-Pierre, joue un rôle important dans Le Siège de Calais, tragédie de Du Belloy . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Eustache_de_Saint_Pierre

et https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k310182n

3 C'est-à-dire comme lever de rideau .

4 Dans une lettre du 13 mars 1765, Cideville analyse longuement la pièce de Du Belloy .

5 Le traité signé entre le canton de Schwyz et la France devant être renouvelé, les « Doux » étaient d'accord pour le renouvellement, les « Durs » s'y opposaient . Ces derniers l'emportèrent, la France prit des mesures de représailles, et le canton fut agité pendant plusieurs mois .Voir : https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/017204/2009-10-14/

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15/06/2020 | Lien permanent

L’historiographe des singes aura beau jeu quand il écrira l’histoire du temps

... Les singes étant ceux dont on voit le cul, préoccupés qu'ils sont à s'assoir sur la plus haute branche, leur histoire risque d'être fort emm...te . Ils sont bien entendu soigneusement entretenus par les lèche-culs .

Il y a quelques chimpanzés, macaques et ouistitis nationaux qui fricotent avec leurs semblables d'outre-frontière qui tentent de nous faire prendre des noisettes pour des noix de coco, leurs idées pour des traits de génie , leurs exactions pour des bienfaits . Réchauffement climatique ou pas, leur espèce n'est pas en voie de disparition ; dommage !

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Soit dit entre nous, t'as d'belles fesses tu sais !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

29è janvier 1764 aux Délices

Mes anges trouveront ici un mémoire qu’ils sont suppliés de vouloir bien donner à M. le duc de Praslin. On dit qu’ils sont extrêmement contents du nouveau mémoire de Mariette en faveur des Calas 1. Je crois que leur affaire sera finie avant celle des dîmes de Ferney. Melpomène, Clio, et Thalie, c’est-à-dire les tragédies, l’histoire, et les contes, n’empêchent pas qu’on ne songe à ses dîmes, attendu qu’un homme de lettres ne doit pas être un sot qui abandonne ses affaires pour barbouiller des choses inutiles.

Je sais la substance du mandement de votre archevêque ; mais je vous avoue que je voudrais bien en avoir le texte sacré. On dit que l’exécuteur des hautes-œuvres de Messieurs a brûlé la pastorale de monseigneur. Si monsieur l’exécuteur a lu autant de livres qu’il en a brûlé, il doit être un des plus savants hommes du royaume 2.

Monsieur du Puy en Velay n’a pas les mêmes honneurs : il voudrait bien être lu, dût-il être brûlé. L’historiographe des singes aura beau jeu quand il écrira l’histoire du temps.

Je suppose que mes anges ont reçu mes deux derniers mémoires envoyés à M. de Courteilles. Je cours toujours après mon cinquième acte et après mon conte, et je vois que les Enfers ne rendent rien.

J’ai reçu une lettre de M. de Thibouville. Lekain m’a écrit aussi, et je suis fâché qu’il soit dans le secret de la conspiration.

Je ne réponds à personne, je n’envoie rien ; mes raisons sont qu’on joue Castor et Pollux 3, qu’on va jouer Idoménée 4, qu’on est fou de l’Opéra-Comique, qu’il faut du temps pour tout, et que j’attends les ordres de mes anges, me prosternant sur 5 leurs ailes. »

1 Les Observations pour la dame Calas et sa famille, 1764, signées Mariette ; voir :https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1040700p.image

2 Réminiscence de la dernière phrase de la Conversation de M. l'intendant des menus en exercice avec M. l'abbé Grizel : « Si maître l'exécuteur des hautes œuvres avait pour ses honoraires un exemplaire de chaque livre qu'il a brûlé, il aurait vraiment une jolie bibliothèque. » ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Conversation_de_M._l%E2%80%99intendant_des_menus/%C3%89dition_Garnier

3De Jean-Philippe Rameau, livret de Pierre-Joseph Bernard, souvent représenté et qui vient d'être repris le 24 janvier 1764 ; voir : https://www.opera-online.com/fr/items/works/castor-et-pollux-bernard-rameau-1737

4D'Antoine-Marin Le Mierre, représenté le 13 février 1764 ; voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9770005h/f13.image.texteImage

5 Il faut sans doute lire sous au lieu de sur .

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06/02/2019 | Lien permanent

ses sentiments se déploient sur le pont aux ânes des imprécations, pont aux ânes que l’on passe toujours avec succès

... Mélenchon en est un parfait exemple, montrant par là, soit une grande lâcheté face à la puissance chinoise, soit un puant irrespect de la démocratie , et finalement les deux à la fois : https://www.ouest-france.fr/politique/jean-luc-melenchon/...

 

 

 

« A Henri-Louis Lekain

2è mars 1767

Mon cher ami, vous êtes bien sûr que je m’intéresse plus à votre santé qu’à tous les Scythes du monde. Ménagez-vous, je vous en prie ; il faut se bien porter pour être héros : tous ceux de l’antiquité avaient une santé de fer. Il importe fort peu qu’on joue les Scythes devant ou après Pâques ; mais, si vous en pouvez donner quatre ou cinq représentations avant la fin du carême, je vous conseille de ne pas perdre ces quatre ou cinq bonnes chambrées, parce qu’il est presque impossible que dans la quinzaine de Pâques l’édition de Cramer ne devienne publique.

Je n’avais point eu dessein d’abord de faire jouer cette pièce, et la préface l’indique assez ; mais, puisqu’on la joue à Genève, à Lausanne et chez moi, et qu’on la jouera à Lyon et à Bordeaux, il est bien juste que vous en donniez quelques représentations. Comptez que j’aurai soin de vos intérêts dans l’édition qu’on en fera à Paris, quoiqu’il soit difficile d’obtenir des libraires des conditions aussi favorables pour une pièce déjà imprimée que pour une qui serait toute neuve.

Je vous prie de vous amuser, pendant votre convalescence, à faire collationner sur les rôles tous les changements que je vous ai envoyés. En voici un que je vous recommande : c’est à la première scène du cinquième acte. Il m’a paru, à la représentation, que c’était à Sozame à parler avant sa fille, et qu’Obéide devait être trop consternée pour répondre à la proposition qu’on lui fait d’immoler Athamare. Voici ce petit changement :

Obéide

Je n’en apprends que trop.

Sozame

Je vous l’ai déclaré 1:
Je respecte un usage en ces lieux consacré ;
Mais des sévères lois par vos aïeux dictées,
Les têtes de nos rois pourraient être exceptées.

Le Scythe

Plus les princes sont grands, etc.

Au reste, je ne compte sur le rôle d’Obéide qu’autant que vous voudrez bien conduire l’actrice. Vous avez reçu sans doute l’imprimé en marge duquel j’ai écrit mes petites indications. Ce personnage exige une douleur presque toujours étouffée, des repos, des soupirs, un jeu muet, une grande intelligence du théâtre. Ce n’est guère qu’au cinquième acte que ses sentiments se déploient sur le pont aux ânes des imprécations, pont aux ânes que l’on passe toujours avec succès.

Mme Denis vous fait mille compliments ; elle ne joue plus la comédie, ni moi non plus ; mais M. de La Harpe est un excellent acteur. Je vous embrasse de toute mon âme. »

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07/08/2022 | Lien permanent

je ne ris point quand on me dit qu'on ne paye point vos pensions

... J'aimerais bien que ce soient vos paroles Mme Borne . Et que vous agissiez en conséquence .

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

10 d'auguste [1767] 1

Mon cher philosophe saura que le maudit libraire n'a point voulu se charger de la seconde édition de la Destruction des prêtres de Baal 2. Il dit qu'on lui saisit une partie de la première à Lyon, qu'il ne veut pas en risquer une seconde; que personne ne s'intéresse plus à l'humiliation des prêtres de Baal; et il n'a point encore rendu l'exemplaire corrigé qu'on lui avait remis ; l'interruption du commerce désespère tout le monde.

Riballier, Larcher et Coger, sont trois têtes du collége Mazarin dans un bonnet d'âne. Ce sont les troupes légères de la Sorbonne; il faut crier Point de Mazarin!

Warburton est un fort insolent évêque hérétique, auquel on ne peut répondre que par des injures catholiques 3. Les Anglais n'entendent pas la plaisanterie fine; la musique douce n'est pas faite pour eux ; il leur faut des trompettes et des tambours.

Je fais la guerre à droite, à gauche. Je charge mon fusil de sel avec les uns, et de grosses balles avec les autres. Je me bats surtout en désespéré, quand on pousse l'impudence jusqu'à m'accuser de n'être pas bon chrétien et, après m'être bien battu, je finis par rire; mais je ne ris point quand on me dit qu'on ne paye point vos pensions: cela me fait trembler pour une petite démarche que j'ai faite auprès de monsieur le contrôleur général en faveur de M. de La Harpe 4 ; je vois bien que, s'il fait une petite fortune, il ne la devra jamais qu'à lui-même. Ses talents le tireront de l'extrême indigence, c'est tout ce qu'il peut attendre

Atque inopi lingua desertas invocat artes . 5.

A propos, je ne trouve point ma lettre à Coge pecus si douce 6 ; il me semble que je lui dis, d'un ton fort paternel, qu'il est un coquin. Interim vale, et me ama.7 »

2 L'ouvrage de d'Alembert Sur la Destruction des jésuites.

3 « La réponse de Warburton dans une petite feuille est juste …. » : voir lettre de d'Alembert ci-dessus .

4 Voir lettre de janvier 1767 à de Laverdy : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/05/08/s-il-fallait-en-france-pensionner-tous-les-hommes-de-talent-6380823.html

Le 12 août, La Harpe écrit à un ami, , non identifié, qu'il achève une tragédie qui le retiendra à Ferney jusqu'au mois d'octobre ; voir A. Jovicevich : « An Unpublished Letter of La Harpe », 1963 .

5 Pétrone ? Citation non identifiée . Et d'une langue impuissante il invoque les arts qu'il a désertés .

7 En attendant, porte-toi bien et aime-moi .

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20/03/2023 | Lien permanent

elle daigne toujours avoir de l’amitié pour moi, quoique je ne sois point du tout de son avis





« A Charles-Jean-François Hénault

A Bruxelles ce 15 mai 1741

J’ai reçu bien tard, Monsieur, la lettre dont  vous  m’avez honoré le 29 avril et qui était adressée à Valenciennes. Je n’ai pas été assez heureux pour voir M. de Boufflers dans son ermitage, ni M. de Séchelles [Jean Moreau de Séchelles, intendant du Hainaut] dans son royaume. Le procès de Mme du Châtelet nous a rappelés à Bruxelles. Je voudrais bien que vous jugeassiez en dernier ressort de celui de Mahomet auquel vous avez la bonté de vous intéresser. Il  y avait très longtemps que j’avais commencé cet ouvrage aussi bien que Mérope. Je les avais tous deux abandonnés, soit à cause de la difficulté du sujet, soit que d’autres études m’entraînassent, et que je fusse un peu honteux de faire toujours des vers entre Neuton et Leibnits. Mais depuis que le roi de Prusse en fait après une victoire [Molwitz le 10 avril ; cf. lettre du 5 mai], il ne faut plus rougir d’être poète. N’aimez -vous pas le style de sa lettre : on dit les Autrichiens battus, et je le crois ? Et de là sans plus penser à sa bataille, il m’écrit une demi-douzaine de stances dont quelques unes ont l’air d’avoir été faites à Paris par des gens du métier. S’il peut y avoir quelque chose de mieux que de trouver le temps d’écrire dans de pareilles circonstances, c’est assurément d’avoir le temps de faire de jolis vers.

Il ne manque à Mme du Châtelet que des vers après avoir vaincu le secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences [Dortous de Mairan qui n‘a pas répondu à la Réponse de Mme *** (du Châtelet) aux objections qu‘il avait faites à ses Institutions de physique dans sa Lettre à Mme *** sur la question des forces vives]. Mais elle fait mieux, elle daigne toujours avoir de l’amitié pour moi, quoique je ne sois point du tout de son avis [en ce qui concerne les forces vives et son admiration pour Leibnitz]. Elle me trouva ces jours passés écrivant au roi de Prusse, il y avait dans ma lettre :

Songez que les boulets ne vous épargnent guère,
Que du plomb dans un tube entassé par des sots
Peut casser aisément la tête d’un héros,
Lorsque multipliant son poids par sa vitesse
Il fend l’air qui résiste et pousse autant qu’il presse.

[le texte publié en 1745 est différent, mais ne comporte pas le carré de la vitesse]

Elle mit de sa main par le carré de la vitesse. J’eus beau lui dire que le vers serait trop long; elle répondit qu’il fallait toujours être de l’avis de Leibnits en vers et en prose, qu’il ne fallait point songer à la mesure du vers, mais à celle des forces vives. Si vous ne sentez pas bien la plaisanterie cette dispute, consultez l’abbé de Molières ou Pitot [de l‘Académie des sciences], gens fort plaisants qui  vous mettront au fait.

N’allez-vous pas, Monsieur, acheter bien des livres à l’inventaire de la bibliothèque de Lancelot ?[historien mort en novembre et qui lègua ses livres à la Bibliothèque du roi] Le roi de Prusse vous a renvoyé votre bibliothécaire Desmollars,[Charles Dumolart-Bert qu’il avait été question de faire venir en Prusse comme « linguiste, bibliothécaire et imprimeur] il parait qu’il ne paie pas les arts comme il les cultive, ou peut-être Desmollars s’est lassé d’attendre. Je lui rendrai toujours tous les services qui dépendront de moi, vous ne doutez pas que je m’intéresse vivement à un homme que vous protégez.

Je serais bien curieux de voir ce que vous avez rassemblé sur l’histoire de France,[le président Hénault publiera entre autres le Nouvel Abrégé chronologique de l’histoire de France, 1744] vous vous êtes fait là une belle occupation et bien digne de vous. Je vis toujours dans l’espérance de m’instruire un jour auprès de vous, et de profiter des agréments de votre commerce. Mais la vie se passe en projets, et on meurt avant d’avoir rien fait de ce qu’on voulait faire. Il est bien triste d’être à Bruxelles quand vous êtes à Paris. Mme du Châtelet qui sent comme moi tout ce que vous valez vous fait mille compliments. Quand vous passerez par la rue de Beaune, souvenez-vous de moi.

Vous savez que le prince Charles de Lorraine vient à Bruxelles, que le prince royal de Saxe n’épouse plus l’archiduchesse et que la chose du monde dont on s’aperçoit qu’on peut se passer le plus aisément c’est un empereur. »[Charles VI est mort en octobre 1740 et Charles VII sera couronné seulement en 1742]

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15/05/2010 | Lien permanent

en vérité, monsieur, vous concluerez qu'il n'y a pas plus de vertu dans les républiques que dans les monarchies ... Comp

... Vrai à 100% .

 

Mis en ligne le 19/11/2020 pour le 20/9/2015

 

 

« Au chevalier de R...x 1

Aux Délices près de Genève

ce 20 septembre 1760

Monsieur, je ne me porte pas assez bien pour avoir autant d'esprit que vous . Vous me prenez trop à votre avantage , comme disait Waller à Saint-Evremond 2. Vous êtes bien bon de lire des choses dont je ne me souviens plus guère, mais vous avez trop d'esprit pour ne pas voir que la Réception de M. de Montesquieu à l'Académie française pour s'être moqué d'elle 3, n'est qu'un trait plaisant et rien de plus . Faites comme l'Académie , monsieur, entrez dans la plaisanterie et surtout ne lisez jamais les discours de M. Malet 4, à moins que vous n'ayez une insomnie .

Vous expliquez très bien, monsieur, ce que M. de Montesquieu pouvait entendre par le mot de vertu dans une république 5; mais si vous vous souvenez que les Hollandais ont mangé sur le gril le cœur des deux frères de Wit 6, si vous songez que les bons Suisses nos voisins ont vendu le duc Louis Sforce, pour de l'argent comptant 7, si vous songez que le républicain Jean Calvin, ce digne théologien, après avoir écrit qu'il ne fallait persécuter personne, pas même ceux qui niaient la Trinité, fit brûler tout vif et avec des fagots verts un espagnol qui s'exprimait sur la Trinité autrement que lui 8, en vérité, monsieur, vous concluerez qu'il n'y a pas plus de vertu dans les républiques que dans les monarchies . Ubicumque calculum ponas, ibi naufragium invenies 9. Comptez que le monde est un grand naufrage, et que la devise des hommes est Sauve qui peut .

Je suis très fâché d'avoir dit que Guillaume le Conquérant disposait de la vie et des biens de ses nouveaux sujets comme un monarque de l'Orient 10; vous faites très bien de me le reprocher, je devais dire seulement qu'il abusait de sa victoire, comme on fait toujours en Orient et en Occident ; car il est très certain qu'aucun monarque du monde n'a le droit de s'amuser à voler et à tuer ses sujets selon son bon plaisir . Nos pauvres historiens nous en ont trop fait accroire, et le plus mauvais service qu'on puisse rendre au genre humain est de dire, comme ils font, que les princes orientaux sont très bien venus à couper toutes les têtes qui leur déplaisent . Il pourrait très bien arriver que les princes occidentaux et leurs confesseurs s'imagineraient que cette belle prérogative est de droit divin . J'ai vu beaucoup de voyageurs qui ont parcouru l'Asie, tous levaient les épaules quand on leur parlait de ce prétendu despotisme indépendant de toutes les lois . Il est vrai que dans les temps de trouble, les monarques et les ministres d'Orient sont aussi méchants que nos Louis XI et nos Alexandre VI . Il est vrai que les hommes sont partout également portés à violer les lois quand ils sont en colère et que du Japon jusqu'à l'Irlande nous ne valons pas grand-chose . Il y a pourtant d'honnêtes gens et la vertu, quand elle est éclairée, change en paradis l'enfer de ce monde .

Il paraît par votre lettre, monsieur, que votre vertu est de ce genre et que l'illustre M. le président de Montesquieu aurait eu en vous un ami digne de lui .

Un homme dont les terres ne sont pas, je crois, éloignées de chez vous, est venu passer quelque temps dans ma retraite, c'est M. le marquis d'Argence 11. Il me fait éprouver qu'il n'y a rien de plus aimable qu'un homme vertueux qui a de l'esprit . Je voudrais être assez heureux pour que vous me fissiez le même honneur qu'il m'a fait . J'ai celui d'être avec la plus respectueuse estime que vous m'inspirez monsieur, votre etc.

P.-S. – Pardon monsieur, si je n'ai pas écrit de ma main . »

1 Cette lettre suit la copie Beaumarchais qui décrit le destinataire comme vivant « à Toulouse »

2 Sur cette anecdote, voir lettre du 16 août 1759 à François Allamand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/09/20/je-serais-fort-aise-d-entendre-votre-parole-quoique-ni-vous-5451443.html . V* a corrigé son erreur .

3Citation de mémoire d'un passage ajouté en 1756 à la première section de ce qui est maintenant l'article « Contradictions » du Dictionnaire philosophique.

4 V* pense à Jean-Roland Mallet, dans le discours qu'il prononça en recevant Montesquieu à l'Académie française .

5 De l'esprit des lois, III, 5 .

7 Dans l'Essai sur les mœurs, chapitre CX, V* avait parlé de Louis le Maure, livré par les Suisses . Il modifia ensuite ce passage .

8 Servet .

9Où que tu poses un caillou, tu trouveras un naufrage . Pétrone, Satyricon, CXV .

10 V* dit cela dans l'Essai sur les mœurs, chapitre XLII .

11 Le marquis d'Argence était seigneur de Dirac, près d'Angoulême .

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20/09/2015 | Lien permanent

je vous conjure de vous arranger

... C'est le résumé des souhaits présidentiels : https://www.lefigaro.fr/politique/remaniement-macron-appe...

https://media.ouest-france.fr/v1/pictures/MjAyMzA3MzdlZjk3YTI3ODExNmY1ZDliZGFkNDEyNzQzMTNkNWQ?width=1260&height=708&focuspoint=50%2C25&cropresize=1&client_id=bpeditorial&sign=51e1c66707b8a6050503c0b15df06dbd50430fea5e7ec08f2813122d12e2d591

 

 

 

« A Gabriel Cramer

[Vers le 25 décembre 1767]

Je prie instamment monsieur Cramer de m'envoyer encore un exemplaire des quatre volumes des Nouveaux mélanges, par le porteur.

La requête de Balleidier n'est pas bien dressée . J'attends Monpitan pour arranger le tout . Voilà un homme bien insupportable .

Je suis au lit bien souffrant . Je vous embrasse de tout mon cœur. »

 

 

« A Gabriel Cramer

[Vers le 25 décembre 1767]

Encore une fois, cher Gabriel, je vous conjure de vous arranger avec ce malheureux Balleidier pour prévenir une condamnation déshonorante qui me rendrait odieux et méprisable à tous mes vassaux. Balleidier a fait faute sur faute et je ne veux pas en porter la peine . Je suis dans mon lit . Je ne puis aller à Gex.

Envoyez-moi, je vous en supplie, une douzaine d’éclaircissements historiques et additions à l'Histoire générale.

Vous savez que les jésuites ont été chassés de Naples la baïonnette au bout du fusil. »

 

 

 

 

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19/07/2023 | Lien permanent

Il y a peut-être un état assez agréable dans le monde, c’est celui d’imbécile

... La race des imbéciles heureux nous fournit même des présidents : Trump, Bolsonaro, etc. Parfaitement immondes, mais au sommet de l'échelle . A déguiller sans tarder !

 

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Aux Délices près de Genève

3è octobre 1764

Il y a huit jours que je suis dans mon lit, madame. J’ai envoyé chercher à Genève le livre que vous voulez avoir 1, et qui n’est qu’un recueil de plusieurs pièces dont quelques-unes étaient déjà connues. L’auteur est un nommé Desbuttes 2, petit apprenti prêtre huguenot. Je n’ai pu en trouver à Genève ; j’ai écrit à madame de Jaucourt. Cet ouvrage est regardé par les dévots comme un livre très audacieux et très dangereux. Il ne m’a pas paru tout à fait si méchant ; mais vous savez que j’ai beaucoup d’indulgence. Je n’ai pas moins d’indignation que vous de voir qu’on m’impute ce petit livre, farci de citations des Pères du second et du troisième siècle. Il y est question du Targum des Juifs 3: la calomnie me prend donc pour un rabbin ; mais la calomnie est absurde de son naturel, et, tout absurde qu’elle est, elle fait souvent beaucoup de mal ; elle m’a attribué ce livre auprès du roi, et cela trouble ma vieillesse, qui devrait être tranquille. La nature nous fait déjà assez de mal, sans que les hommes nous en fassent encore. Cette vie est un combat perpétuel ; et la philosophie est le seul emplâtre qu’on puisse mettre sur les blessures qu’on reçoit de tous côtés : elle ne guérit pas, mais elle console, et c’est beaucoup. Il y a encore un autre secret, c’est de lire les gazettes. Quand on voit, par exemple, que le prince Ivan a été empereur à l’âge d’un an, qu’il a été vingt-quatre ans en prison, et qu’au bout de ce temps il est mort de huit coups de poignard, la philosophie trouve là de très bonnes réflexions à faire, et elle nous dit alors que nous devons être heureux de tous les maux qui ne nous arrivent pas, comme la maîtresse de l’avare est riche de ce qu’elle ne dépense point 4. Je cherche encore un autre secret, c’est celui de digérer. Vous voyez, madame, que je me bats les flancs pour trouver la façon d’être le moins malheureux qu’il me soit possible ; car, pour le mot d’heureux, il ne me paraît guère fait que pour les romans. Je souhaiterais passionnément que ce mot vous convînt. Il y a peut-être un état assez agréable dans le monde, c’est celui d’imbécile ; mais il n’y a pas moyen de vous proposer cette manière d’être ; vous êtes trop éloignée de cette espèce de félicité. C’est une chose assez plaisante qu’aucune personne d’esprit ne voudrait d’un bonheur fondé sur la sottise . Il est clair pourtant qu’on ferait un très bon marché. Faites donc comme vous pourrez, madame, avec vos lumières, avec votre belle imagination et votre bon goût ; et quand vous n’aurez rien à faire, mandez-moi si tout cela contribue à vous faire mieux supporter le fardeau de la vie.

Agréez mes très tendres respects .

V. »

1 Le Dictionnaire philosophique portatif.

2 V* se plait à jouer avec ce nom : Dubut, Dubu, des Buttes, de Buttes, etc.

4 L'Avare, II, 5 , de Molière, voir la tirade de Frosine : http://www.toutmoliere.net/acte-2,405355.html#scene_v

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24/11/2019 | Lien permanent

malgré toutes les horreurs qui m'environnent, je ne me jetterai pas dans le lac

 

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« A M. POLIER DE BOTTENS

Aux Délices, 12 août [1755]

Vous m'avez fait venir sur votre lac, mon cher monsieur, et malgré toutes les horreurs qui m'environnent, je ne me jetterai pas dans le lac. Sachez les faits, et voyez mon cœur.

 

1° Quiconque viendra m'apporter un écrit tel que Grasset m'en a présenté un, je le mettrai entre les mains de la justice, parce que je veux bien qu'on rie de saint Denis, et que je ne veux pas qu'on insulte Dieu.
2° Corbi n'est point un être de raison c'est un homme très- connu , c'est un facteur de librairie à Paris. Grasset lui offrit, au mois de mai, quatre mille exemplaires d'un manuscrit qu'il devait acheter à Lausanne.
3° Un conseiller d'État de France m'envoya la lettre de Grasset à Corbi, et Grasset, intimidé, n'imprima rien à Lausanne.

 

4° Une femme nommée Dubret, qui demeure à Genève, dans la même maison que Grasset, vint, il y a un mois, me proposer de me vendre ledit manuscrit pour quarante louis d'or.
5° Grasset, le 26 juillet, vint me l'offrir pour cinquante louis; et, pour m'engager, il me montra un échantillon fait par le laquais d'un athée, échantillon écrit de sa main, et dont il avait eu soin de faire trois copies.
6° Je le fis mettre en prison, il est banni, et, s'il revient à Genève, il sera pendu.
7° A l'interrogatoire, il a décelé un capucin défroqué, nommé Maubert.
8° Le capucin Maubert a répondu à la justice qu'il tenait le manuscrit de M. de Montolieu 1; et lui et Grasset ont dit que M. de Montolieu l'avait acheté cent ducats, et voulait le vendre cent ducats, soit à moi, soit à Mme de Pompadour, par le canal de M. de Chavigny.
9° Il est faux que M. de Montolieu ait acheté ce manuscrit cent ducats, puisqu'il dit à Lausanne qu'il le tient de son fils, lequel le tient, dit-il, de Mme la margrave de Baireuth.
10° J'instruis M. de Montolieu de tout ce que dessus.
11° Je vais écrire au roi de Prusse, au prince Henri, à madame la margrave, tous les trois savent bien que mon véritable ouvrage, fait il y a trente ans, et qu'ils ont depuis dix ans, ne contient rien de semblable, ni aux platitudes de laquais dont le manuscrit de M. de Montolieu est farci, ni aux horreurs punissables dont on vient de l'infecter.
12° Si on veut le vendre à Mme de Pompadour, on s'y prend tard il y a longtemps que je le lui ai donné.
13° Ce n'est point Mme la margrave de Baireuth qui a donné au fils de M. de Montolieu les fragments ridicules qu'il possède, c'est un fou nommé Tinois 2.
14° Tout le conseil de Genève a approuvé unanimement ma conduite, et m'a fait l'honneur de m'écrire en conséquence.

 

15° M. de Montolieu n'a autre chose faire qu'à détester le jour où il a connu Maubert, lequel Maubert, tout savant qu'il est, s'est avisé de placer le portrait de Calvin dans un poëme qui a pour époque le xiv siècle; lequel Maubert, enfin, est le plus scélérat renégat que la Normandie ait produit.

 


Que d'horreurs pour m'escroquer cinquante louis . En voilà beaucoup, mon cher monsieur; je commence à croire que Rousseau pourrait avoir raison, et qu'il y a des gens que les belles- lettres rendent encore plus méchants qu'ils n'étaient; mais cela ne regarde que les ex-capucins. Maubert est ici aussi connu qu'à Lausanne; mais la justice n'a pu le punir, puisqu'il a montré qu'il était l'agent d'un autre.
Adieu, mon cher ami; je suis las de dicter des choses si tristes 3.

Somme totale, qu'y a-t-il à faire maintenant? Rien. Puisse M. de Montolieu jeter au feu son damnable manuscrit, faire pendre Maubert s'il le rencontre, l'oublier s'il ne le rencontre pas, et n'avoir jamais de commerce avec lui!

Adieu; Mme Denis et moi, nous sommes malades, nous viendrons à Monrion quand nous pourrons, nous vous embrassons tendrement. »

 

 

2 Sur Tinois, voir page 69 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113533/f72.image.r=.langFR

et page 211 , où il est question aussi d'un nommé Richier qui fut secrétaire indélicat de V* après Tinois .

 

3 Ce qui suit est de la main de V*.

 

 

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