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08/05/2022

s’il fallait, en France, pensionner tous les hommes de talent, ce serait, je le sais, pour vos finances, une plaie bien honorable, mais bien désastreuse, et le trésor n’y pourrait suffire

... Rassurez-vous M. le président, et rassurez votre ministre des finances, ce qui est vrai -selon Voltaire- au XVIIIè siècle n'est plus d'actualité au XXIè . Allons ! nos impôts pourront encore engraisser quelques employés superflus sans talent , et une kyrielle de politicards .

 

 

« A Clément-Charles-François de Laverdy

[vers janvier 1767] 1

Monsieur le contrôleur général 2, s’il fallait, en France, pensionner tous les hommes de talent, ce serait, je le sais, pour vos finances, une plaie bien honorable, mais bien désastreuse, et le trésor n’y pourrait suffire ; aussi, et quoique peu d’hommes puissent se rencontrer d’un aussi solide mérite que M. de La Harpe, ne viens-je pas réclamer une pension pour ce mérite dans l’indigence ; je viens seulement, monsieur, empiéter sur vos attributions et contrôler le chiffre de deux mille livres dont Sa Majesté a bien voulu me gratifier. Il me semble que M. de La Harpe n’ayant pas de pension, la mienne est trop forte de moitié, et qu’on doit la partager entre lui et moi.

Je vous aurai donc, monsieur, une dernière reconnaissance si vous voulez bien sanctionner cet arrangement et faire expédier à M. de La Harpe le brevet de la pension de mille livres, sans lui faire savoir que je suis pour quelque chose dans cet événement. Il sera aisément persuadé, ainsi que tout le monde, que cette pension est une juste récompense des services qu’il a rendus à la littérature 3.

Daignez, monsieur le contrôleur général, accepter d’avance mes remerciements et croire au profond respect de votre très humble et très obéissant serviteur.

Arouet de Voltaire,

gentilhomme ordinaire

de la chambre du roi. »

1 Copie du XIXè siècle ; édition Le Temps , colonne 25925 ; L'authenticité de la lettre est attestée par la lettre au comte de Saint-Florentin , qui en suggère aussi la date : « … une pension de deux mille livres en dédommagement ... »

Autre note dans l'édition Garnier : Extraite du Temps, 26 mai 1834. L’origine de cette lettre paraît douteuse à MM. de Cayrol et François (deuxième Suppl., tome II, page 561). Elle a été reproduite comme trouvée récemment dans la boutique d’un épicier, par le Monde illustré du 9 mai 1863.

2 Laverdy.

3 Dans la lettre à d’Alembert du 10 août 1767, quelques mots sembleraient confirmer cette démarche, qui n’aboutit pas. « Je ne ris point, dit Voltaire à d’Alembert, quand on me dit qu’on ne paye point vos pensions ; cela me fait trembler pour une petite démarche que j’ai faite auprès de M. le contrôleur général en faveur de M. de La Harpe ; je vois bien que, s’il fait une petite fortune, il ne la devra jamais qu’à lui-même. »

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