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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Je vous souhaite, madame, du bonheur, s'il y en a, de la tranquillité au moins, tout insipide qu'elle est

 http://www.youtube.com/watch?v=dLcuRfJzetI&feat...

Countess_d’Egmont_Pignatelli.jpg

 

 

 

« A madame la comtesse d'EGMONT 1

Aux Délices, près de Genève, 29 d'octobre 1755.

On vous lit des choses bien édifiantes, madame, dans le couvent des Carmélites. Je ne doute pas qu'elles ne servent à entretenir votre dévotion. Si vous n'êtes pas encore convaincue du pouvoir de la grâce, vous devez l'être de celui de la destinée. Elle m'a fait quitter Cirey après l'avoir embelli, elle vous a fait quitter votre terre lorsque vous en rendiez la demeure plus agréable que jamais. Elle a fait mourir Mme du Châtelet en Lorraine. Elle m'a conduit sur les bords du lac de Genève; elle vous a campée aux Carmélites. C'est ainsi qu'elle se joue des hommes, qui ne sont que des atomes en mouvement, soumis à la loi générale qui les éparpille dans le grand choc des événements du monde, qu'ils ne peuvent ni prévoir, ni prévenir, ni comprendre, et dont ils croient quelquefois être les maîtres. Je bénis cette destinée de ce que messieurs vos enfants sont placés. Je vous souhaite, madame, du bonheur, s'il y en a, de la tranquillité au moins, tout insipide qu'elle est; de la santé, qui est le vrai bien, et qui cependant est un bien très-peu senti. Conservez-moi de l’amitié. Les roues de la machine du monde sont engrenées de façon à ne me pas laisser l'espérance de vous revoir mais mon tendre respect pour vous sera toujours dans mon cœur. »


 

1 Dans toutes les éditions des Œuvres de Voltaire, cette lettre a, jusqu'à ce jour (janvier 1832), été mise à la date du 23 août, et adressée à Mme la comtesse de La Neuville. M. Clogenson en possède une copie datée du 8 mars 1756, et à l'adresse de Mme la marquise de La Neuville. Grimm la rapporte, dans sa Correspondance littéraire, au mois d'octobre 1755, et comme adressée à Mme de Montrevel. Mais Luchet, qui, la croyant inédite, la donne dans le tome 1er de ses Mémoires pour servir à l'histoire de l'année 1789 (quatre volumes in-8°), nomme Mme la comtesse d'Egmont.

Angélique-Amable, petite-fille du maréchal de Villars, née à Paris le 19 mars 1723, mariée, le 5 février 1744, à Guy-Félix d'Egmont-Pignatelli, comte d'Egmont, prince de Gavres, veuve le 3 juillet 1753, prit l'habit des filles de la maison du Calvaire de la Compassion, ordre de Saint-Benoît, le 18 juin 1751, sous le nom d'Amable-Angélique-Marie-Thérèse du bon pasteur de Villars, et le 20 juin 1755 prononça ses vœux, en présence de l'abbé Grizel , qui l'avait convertie en lui volant 50 à 60,000 livres. (Beuchot.)

(voir page 239 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411340m/f242.image....

; et les Stances à Saurin page 535 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411324f/f545.image)

Et pour accompagner cette belle dame au couvent, The God :

 http://www.youtube.com/watch?v=93xY06Sh7FE&feature=related

 Ce dieu m'a bien fait rire .

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13/04/2012 | Lien permanent

j'admire sa veuve, je l'aime à la folie

Ecoutez bien ce message de mon chanteur préféré, homme plein et entier, droit dans l'esprit voltairien : http://www.deezer.com/listen-3559254

 

Le titre de cette note va conforter Mam'zelle Wagnière dans sa foi en l'amour de Volti pour Catherine ; je lui laisse le soin de trouver la même affirmation de Catherine pour mon homme préféré .

veuve.jpg

De son côté, Volti chante à tue-tête : Ma p'tite folie :  http://www.deezer.com/listen-6536881

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

 

22 décembre 1766

 

Mon cher ami, l'autre Sémiramis ne valait pas celle-ci i. Le Ninus ii n'était qu'un vilain ivrogne ; j'admire sa veuve, je l'aime à la folie . Les Scythes deviennent nos maîtres en tout : voila pourtant ce que fait la philosophie . Des pédants chez nous poursuivent les sages et des princesses philosophes accablent de biens ceux que nos cuistres voudraient bannir iii.

 Que M. de Beaumont fasse comme il voudra,mais je veux avoir son mémoire ; je veux donner aux Sirven la consolation de l'imprimer . Songez bien encore une fois que si nous n'avons pas le bonheur d'obtenir une évocation iv, nous aurons pour nous le cri de l'Europe qui est le plus beau de tous les arrêts . Je compte toujours que M. de Chardon sera le rapporteur . Pour moi, si j'étais juge, je condamnerai le bailli de Mazamet v à faire amende honorable, à nourrir et à servir les Sirven le reste de sa vie .

 Je doute fort que le roi permette la convocation des pairs au parlement de Paris vi; ou je me trompe fort ou il en sait beaucoup plus qu'eux tous . Il apaise toutes les noises en temporisant vii.

 Genève est un peu plus difficile à mener que notre nation ; mais à la fin on en viendra à bout.

 Je me suis aperçu qu'il y a bien des fautes dans la scène du Scythe ; mais en gros je voudrais savoir comment vous et Platon viii l'avez trouvée.

 J'embrasse tendrement le favori de ma Catherine ix. Je vais écrire à ma Catherine et lui dire tout ce que je pense d'elle.

 Mandez-moi des nouvelles de la pomme de Guillaume Tell x. Vous êtes normand, vous devez vous intéresser aux pommes . Oh ! Comme je vous embrasse !

 Je vous prie , mon cher ami, de m'envoyer une lettre de change sur Lyon de cinquante louis dont voici la quittance . L'affaire de Lamberta xi traine un peu en longueur, mais elle se fera malgré le dérangement où l'on est . »

 

i Catherine II.

 

ii Pierre III, tsar, qu'on la soupçonnait d'avoir fait assassiner, tout comme Sémiramis avait fait assassiner Ninus.

 

iv Du Conseil du roi .

 

v Sirven a d'abord été condamné à Mazamet.

 

vi Affaire La Chalotais-d'Aiguillon ; cf. lettre du 27 novembre 1765 aux d'Argental et du 1er avril 1766 à Damilaville . Page 1028 : http://books.google.fr/books?id=RSsTAAAAQAAJ&printsec...

Cf. : http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Ren%C3%A9_Caradeuc_de_...

Cf. : http://www.glnf.asso.fr/provinces/bret/old/ducdaiguillon....

 

vii Il en parlait déjà à Damilaville le 28 novembre, évoquant les querelles entre parlements et évêques .

 

viii Surnom de Diderot.Il s'agit de la tragédie des Scythes.

 

ix Diderot, à qui Catherine a acheté sa bibliothèque, lui en laissant la jouissance jusqu'à sa mort et accordant une pension supplémentaire .

 

x Guillaume Tell, pièce de Le Mierre. http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine-Marin_Lemierre

 

xi A savoir l'impression de l'ouvrage de d'Alembert (anagramme Lamberta) par Cramer .

 

 

 

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24/12/2010 | Lien permanent

Il faut vouloir ce qu'on ne peut empêcher.

 Moustapha du XXIè siècle, peu glorieux : http://www.deezer.com/listen-5500238

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« A Catherine II, impératrice de Russie

 

A Ferney 26 novembre 1770

 

Madame,

 

Il faut vouloir ce qu'on ne peut empêcher. Je vois qu'on obligera ce gros Moustapha à vous demander la paix. Mais au nom de Jésus-Christ notre Sauveur faites-la lui payer bien cher. Quand Votre Majesté Impériale sera devenue son amie, je l'appellerai Sa Hautesse. On a débité qu'il voyait familièrement l'ambassadeur d'Angleterre deux fois par semaine et qu’il lui parlait en italien i; j’ai bien de la peine à le croire : les Turcs apprennent l’arabe tout au plus. Je connais des souveraines fort supérieures en tout aux Moustapha, qui parlent plusieurs langues en perfection ; mais pour le padischa de Stamboul, je doute fort qu’il ait ce mérite, et qu’il ait chez lui une académie.

 

         On dit aussi qu’il va confier ses armées invincibles à son frère, ce qui contredit un peu les desseins pacifiques qu’on lui attribue . Mais son frère en sait-il plus que lui ? et puisqu’il est padischa, pourquoi ne commande-t-il pas ses armées lui-même ?

 

         Je m’imagine qu’il tremblerait de peur devant l’un des quatre Orlof, qui valent mieux que les quatre fils Aymon, et qui sont des héros plus réels.

 

Je plains beaucoup plus l’anarchie polonaise que l’insolence ottomane : toutes les deux sont dans la détresse qu’elles méritent. Vive le roi de la Chine, qui fait des vers ii, et qui est en paix avec tout le monde !

 

         J’avoue à Votre Majesté que je déteste le gouvernement papal iii. Je le trouve ridicule et abominable ; il a abruti et ensanglanté la moitié de l’Europe pendant trop de siècles. Mais le Ganganelli qui règne aujourd’hui est un homme d’esprit, qui sent apparemment combien il est honteux de laisser la ville de Constantin à des barbares, ennemis de tous les arts, et qu’il faut préférer des Grecs, quoique schismatiques, à des mahométans. Le roi de Sardaigne , qui a des droits à l’île de Cipre iv, n’aime point ces barbares. Mais, encore une fois, je ne comprends pas l’indifférence des Vénitiens, qui pourraient reprendre Candie en trois mois ; encore moins l’impératrice-reine v, à qui Belgrade, la Bosnie, et la Servie, étaient ouvertes. On est devenu bien modéré avec les Turcs, et bien honnête.

 

         Pardon, Madame, de mes réflexions ; mais vous avez daigné m’accoutumer à dire ce que je pense, et on pardonne tout aux grandes passions.

 

Que Votre majesté Impériale daigne agréer toujours le profond respect et l'attachement inviolable du vieil ermite de Ferney. »

 

 

 

 

 

 

i Réponse de Catherine le 12/23 décembre disant « qu'aucun ministre étranger ne voit le sultan que dans les audiences publiques » et que « Moustapha ne sait que le turc. » Cf. lettre 68 de : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-...

 

ii Cf lettre à Thiriot du 26 novembre ; cf. : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/11/24/s...

Clement_XIV Ganganelli.PNG 

 

 

 

iii Le 9/20 octobre Catherine écrivit : « Je trouve qu'il n'y a que le pape et le roi de Sardaigne qui aient du mérite en Italie. » ; cf. lettre 59 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-...

 

 

 

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iv Le roi de Sardaigne, Charles-Emmanuel III, prenait automatiquement le titre de roi de Chypre.

 

 

 

 

 

v Marie-Thérèse d'Autriche.

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26/11/2010 | Lien permanent

je suis l’homme aux inadvertances

inadvertance 1.jpg
Bizarre inadvertance ?
Pas tant que ça souvent !
Demain, par inadvertance, oublier de dire son amour pour celle qui vous est chère ?
Par inadvertance ! Oublier de lui dire combien elle compte pour vous ?
Inadvertance ?
Allons, un homme averti en vaut deux , alors plus d'inadvertance en amour, s'il-vous-plait !
Votre (ma) vie en dépends ...

Volti a des inadvertances bien excusables quand on connait sa puissance de travail et l'attention qu'il porte à tous ceux qu'il aime (et aussi à ceux qu'il déteste, il faut bien l'avouer !).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

envoyé de Parme

Rue de la Sourdière à Paris

et

à Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental

 

 

                            29 novembre 1760.

 

Telle est dans nos Etats la loi de l’hyménée.

C’est la religion lâchement profanée,

C’est la patrie enfin que nous devons venger.

L’infidèle en nos murs appelle l’étranger etc.[Tancrède ]

 

                            Il faut avouer, mes divins anges, que je suis l’homme aux inadvertances. On change  un vers et on oublie d’envoyer les corrections devenues nécessaires aux vers suivants ; et on fatigue ses anges horriblement. On ne sait plus où l’on est. Il faut recopier la pièce, tous les rôles, c’est la toile de Pénélope. Je suis à vos genoux, je vous demande pardon, je meurs de honte. Il y a plus de cent vers corrigés dans cette maudite chevalerie. Tout cela est épars dans mes lettres. Si vous pouvez attendre, je crois que le meilleur parti est de vous envoyer la pièce bien recopiée .Vous êtes les maîtres de tout. Mais en cas que vous fassiez imprimer, je vous demande toujours en  grâce de m’envoyer les feuilles.

 

                            J’apprends que messieurs les dévots, et messieurs de Pompignan se sont beaucoup remués sur la nouvelle que j’étais chez Laleu à Paris. J’apprends que les dévotes sont fâchées de voir une Corneille aller dans la terre de réprobation, et qu’elles veulent me l’enlever [entre autres, la princesse de Conti, la présidente de Molé, fille du fameux Samuel Molard ]. A la bonne heure : elles lui feront sans doute un sort plus brillant, un établissement plus solide dans ce monde-ci et dans l’autre, mais je n’aurai rien à me reprocher. Nous verrons qui l’emportera de cette cabale ou de vous. Vous devez savoir que tout cela a été traité pour et contre au lever du roi. Chacun a dit son mot. Voilà de grandes affaires, mais Pondicheri est plus important [Pondichéry capitulera le 18 janvier 1761].

 

                            Que dites-vous de la Didon de M. Lefranc de Pompignan suivie du Fat puni ? [ on devait jouer le 10 novembre Didon ( de Lefranc de Pompignan) et Le fat puni (de Pont-de-Veyle). Le public s’esclaffa, suivant les plaisanteries de V*, rapprocha le titre et l’auteur, et on décida de donner une autre pièce que le Fat puni . Didon fut en fait jouée le 8 novembre ] on est bien drôle à Paris.

 

                            Mille tendres respects.

 

                            V.

 

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30/11/2009 | Lien permanent

Je vous demande en grâce de ne pas retrancher un mot de la fin ; il me semble que ce que j'ai dit doit être dit

... Et les non-dits méritent le même respect .

 

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

A Lausanne 3 de janvier [1758]

Le peu que je viens de lire du septième tome, mon cher grand homme, confirme bien ce que j'avais dit quand vous commençâtes : que vous vous tailliez des ailes pour voler à la postérité . Comptez que je vous révère, vous et M. Diderot .

Il y a encore quelques gens d'un grand mérite qui ont mis de belles pierres à vos pyramides . Pour moi chétif et mes compagnons nous devons vous demander pardon pour nos petits cailloux ; mais vous les avez exigés . En voici trois pour le commencement de votre huitième volume . Je me suis hâté parce que après Habacuc,1 Habile 2 doit venir . Je vous demande en grâce de ne pas retrancher un mot de la fin ; il me semble que ce que j'ai dit doit être dit .

L’article Hémistiche 3 que vous m'avez confié sera plus long, quoiqu’il semble devoir être plus court . Je voudrais y donner en vers de petits préceptes et de petits exemples de la manière dont on peut varier l'uniformité des hémistiches ; j'aurais peut-être encore quelques nouveautés à dire, mais je ne suis qu'un vieux Suisse . Vous autres Parisiens vous jetterez mes hémistiches au feu s'ils ne vous plaisent pas .

Quand aurai-je le Père de famille ?4 On m'a dit que cela est extrêmement touchant . L'auteur prouve que les géomètres et les mathématiciens ont un cœur .

Pour les prêtres ils n'en ont point . J'ignore si l'hérétique de Prades a conspiré contre le roi de Prusse 5. Je ne le crois pas ; mais les prêtres hérétique de Genève conspirent contre nous ; il n'y a sorte d'atrocité que quelques uns d'eux n’aient faite contre le mot Atroce 6; mais je les attends à l’article Servet 7 . En attendant ils doivent vous écrire . Je vous prie très instamment de leur mander, pour toute réponse, que vous avez reçu leur lettre, que vous leur rendrez service autant que vous le pourrez et que vous me chargez de leur signifier vos intentions et de finir cette affaire . Je vous assure que, mes amis et moi, nous les mènerons bon train , ils boiront le calice jusqu'à la lie . Faites ce que je vous demande et laissez agir nos 8 amis : vous serez content . J'attends à Lausanne Histoire 9 contresignée . Je suis un peu incommodé des mouches dont mon appartement est plein, vis-à-vis des glaces éternelles de Alpes . Il y a toujours dans ce monde quelque mouche qui me pique, mais cela ne m'empêchera pas de vous servir .

On dit Breslau repris par le roi de Prusse,10 cela pourrait bien être car il y a plus d'un mois qu'il ne m'a envoyé de vers . Je le crois très occupé et vous aussi . Ainsi je finis en vous embrassant de tout mon cœur, ainsi fait Mme Denis.

Le Suisse V. »

1Encyclopédie VIII, 5a, article de Mallet : voir : de.revues.org/69?&id=69&file=1 ; et autres articles religieux de l'abbé Mallet dans l' Encyclopédie

2Encyclopédie VIII, 6, anonyme .

3Encyclopédie VIII, 113-114, est bien signé de Voltaire .

4Voir lettre du 29 décembre 1757 à d'Alembert où V* demande déjà cette œuvre de Diderot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/02/27/i...

5 Frédéric II pensait avoir raison de penser que de Prades qui avait fait sa paix avec l’Église, avait trahi le secret de sa correspondance avec la France ; il le fit enfermer à Magdebourg ; voir lettre de Thieriot à V* du 27 décembre 1757 .

7 Il n'y a pas d'article Servet dans l'Encyclopédie, mais seulement Servettistes Encyclopédie XV, 120a-121a.

8 Ici il faut peut-être lire « vos », sinon V* se trouverait exclu .

9 Voir lettre du 29 décembre 1757 à d'Alembert .

 

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03/03/2013 | Lien permanent

Il s'intitula fort mal à propos singe de la philosophie

... Car il en est le guignolo, et je parle ici du trop célèbre BHL, bien connu de sa mère et de sa concierge qui, ici, gardent l'anonymat, BHL pour sa part gardant la main sur son portefeuille .

 

bhl guignolo.jpg


 

 

 

« A Madame Louise-Florence-Pétronille de Tardieu d'Esclavelles d'Épinay.
[novembre-décembre 1757]
Madame, quand je vous appelai la véritable philosophe des femmes, cela n'empêcha pas que notre docteur 1 ne fût le véritable philosophe des hommes. Il s'intitula fort mal à propos singe de la philosophie. Plût à Dieu que je fusse son singe - Mais, madame, faut-il que la pluie empêche deux têtes comme la vôtre et. la sienne de venir raisonner dans mon ermitage? Nous aurons l'honneur de venir chez vous, madame, quand vous l'ordonnerez, quand vous voudrez nous recevoir, et que je serai quitte de ma colique.
Je vous présente mon respect.

V. »

1 Théodore Tronchin .

 

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07/02/2013 | Lien permanent

Je me borne à lui dire cette vérité sans la gâter par aucune idée de politique

... Ce qui confirme l'idée que politique et vérité ne peuvent pas coexister, ou sinon, seulement comme les droites parallèles  qui ne se rencontrent qu'à l'infini (pour les optimistes) et jamais (pour les réalistes) .

 Politiquement correct ?

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« A Frédéric II roi de Prusse 1

[vers le 25 septembre 1757]

Ne vous effrayez pas d'une lettre qui peut-être sera longue, qui est la seule chose qui puisse vous effrayer .

Ayez la bonté d'abord de pardonner les libertés d'un homme qui ne se souvient que de vos bontés , qui vous a appartenu et dont le cœur vous appartiendra toujours .

J'ignore encore dans ma paisible retraite si votre Majesté a été à la rencontre du corps d'armée de M. de Soubise et si elle s'est signalée par de nouveaux succès , je suis peu au fait de la situation des affaires , je vois seulement qu'avec la valeur de Charles XII et avec un esprit bien supérieur au sien vous avez plus d'ennemis à combattre qu'il n'en eut en revenant à Stalsund, mais ce qui est bien sûr, c'est que vous aurez plus de réputation que lui dans la postérité parce que vous avez remporté autant de victoires sur des troupes beaucoup plus aguerries et parce que vous avez fait à vos sujets tous les biens qu'il n'a pas faits, en ranimant les arts, en établissant des colonies, en peuplant , en embellissant des villes . Je ne parle pas des talents aussi supérieurs que rares qui auraient suffi à vous immortaliser, vos plus grands ennemis ne peuvent vous ôter aucun de ces mérites . Votre gloire est donc absolument hors d'atteinte comme je crois l'avoir déjà mandé à votre Majesté , il s'agit à présent de votre bonheur . Je ne parlerai pas aujourd'hui des treize cantons . Je m'étais livré au plaisir de dire à votre Majesté combien elle est aimée dans le pays où j'achève ma vie . Mais je suis très instruit qu'en France elle a beaucoup de partisans . Je me borne à lui dire cette vérité sans la gâter par aucune idée de politique . Je ne prends pas cette liberté mais qu'il me soit permis d'imaginer que si la fortune vous devenait entièrement contraire vous pourriez encore vous rendre le maître de cette fortune, que la France ne voudrait pas perdre une balance longtemps établie par vos victoires, que vos lumières et votre esprit se ménageraient une alliance utile peut-être au bien de l'Europe ; qu'au pis aller il vous resterait toujours assez d’États pour maintenir votre considération personnelle , et que le Grand Électeur votre bisaïeul n'en a pas été moins respecté pour avoir sacrifié quelques unes de ses conquêtes . Daignez me permettre ces idées quoi qu'elles soient au dessous de la grandeur de votre âme .

Les Catons et les Ottons dont votre Majesté trouve la mort belle, n'avaient guère autre chose à faire qu'à servir ou à mourir . Encore Otton n'était-il pas sûr qu'on l'eut laissé vivre . Votre Majesté ne sera jamais dans ce cas et peut-être au moment que j'écris est-elle victorieuse . Mais quand elle ne serait pas, sa vie n'en serait pas moins nécessaire . Vous savez combien elle est chère à une nombreuse famille et à tous ceux qui la servent . Vous savez que les affaires de l’Europe ne sont jamais longtemps dans une même assiette et vous ne pouvez nier qu'un homme tel que vous ne doive se réserver aux évènements .

J'ose encore Sire vous dire plus . Si la fortune vous abandonnait entièrement , si votre courage dans ces circonstances malheureuse que je ne veux pas prévoir, s'emportait à une extrémité héroïque, honorée dans les siècles passés, cette résolution ne serait pas approuvée aujourd'hui . Vos partisans la condamneraient et vos ennemis en triompheraient . Songez encore aux outrages que la nation fanatique des bigots ferait à votre mémoire . Voilà tout le prix que votre nom recueillerait d'une mort volontaire, et en vérité il ne faudrait pas donner aux lâches ennemis du genre humain le plaisir d'insulter à un nom couvert de gloire .

Ne vous offensez pas de la liberté d'un vieillard qui a toujours révéré et chéri votre personne . Mais heureusement nous sommes très loin de la voir réduite à des extrémités si funestes, et j'attends tout de votre courage et de votre esprit , hors le parti désespéré que ce courage pourrait faire craindre . Je me flatte au contraire que vous acquerrez les armes à la main une paix honorable .

Ce sera une consolation pour moi en quittant la vie de laisser sur la terre un roi philosophe qui a daigné m'aimer . »

1 Ceci est une réponse à une lettre de Frédéric II du 9 septembre 1757 qui dit : « Le duc de Richelieu prend le train de traiter le duc de Cumberland dans le pays de Bremen comme autrefois Steimbok fut traité dans le voisinage » . La lettre de V* est écrite avant qu'il sache que Frédéric avait pour un temps renoncé à l'idée de livrer bataille contre Soubise car ses forces sont actuellement réduites à 13000 hommes contre 56000 aux alliés .

 

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28/12/2012 | Lien permanent

la vie est un fond triste qu'il faut égayer par des couleurs claires

... Pourtant que la nature est belle ....

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https://www.youtube.com/watch?v=OfJRX-8SXOs

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise du Deffand

[février-mars 1761] 1

Tenez madame , faites-vous lire ce brimborion dans vos moments de loisir . Puisse-t-il vous amuser et vous convaincre que La Pucelle est un ouvrage très moral .

J'ai peur que vous n'ayez de tristes moments . Je voudrais contribuer à vous en faire passer un gaiement . On dit que la vie est un fond triste qu'il faut égayer par des couleurs claires .

Ne lisez un chant de La Pucelle que quand vous aurez achevé le roman suisse de Jean-Jacques et le roman turc de La Popelinière .

Portez-vous bien madame et que votre estomac vous console de vos yeux . »

1 Ni la destinataire de cette lettre, ni sa date n'avaient été fixées jusqu'à une époque récente, mais elles s'infèrent , par exemple de la lettre du 6 mars 1761 à la marquise : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-... ;

la destinataire est confirmée par une copie de la lettre par Wyatt .

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24/02/2016 | Lien permanent

Si vous aimez mieux des nouvelles de la finance, nous n'avons pas le sou

... A ceux qui n'ont plus le sou, inutile de demander quoi que ce soit à HSBC, "point d'argent, point de Suisse" : "c'est clair" comme disent les Genevois .

http://www.lemonde.fr/evasion-fiscale/article/2015/02/08/swissleaks-revelations-sur-un-systeme-international-de-fraude-fiscale_4572319_4862750.html

 Afficher l'image d'origine

 

« A François Achard Joumard Tison, marquis d'Argence etc.

En un château

près d’Angoulême

Au château de Ferney, par Genève 24 février 1761

L’Évangile a raison de dire, monsieur, si le sel s'évanouit, avec quoi salera-t-on 1? Grâce à la prudence de votre cuisinier, et à quatre doigts de lard bien placés entre les perdrix et la croûte, votre pâté est arrivé frais et excellent, et il y a huit jours que nous en mangeons, nous avons fait grande commémoration de vous , le verre à la main, non sans regretter le temps où vous avez bien voulu être de nos frères dans votre petite cellule des fleurs .

Je ne mérite pas tout à fait les compliments dont vous m'honorez sur l'expulsion du gros frère Fessy ; j'ai bien eu l'avantage de chasser les jésuites de cent arpents de terre qu'ils avaient usurpés sur des officiers du roi, mais je ne peux leur ôter les terres qu'ils possédaient auparavant, et qu'ils avaient obtenues par la confiscation des biens d'un gentilhomme ; on ne peut pas couper toutes les têtes de l'hydre .

Si vous êtes curieux de nouvelles de philosophie, je vous dirai qu'un officier,2 commandant d'un petit fort sur la côte de Coromandel, m'a apporté de l'Inde l'évangile des anciens brahmanes . C'est, je crois le livre le plus curieux et le plus ancien que nous ayons ; j'en excepte toujours l'Ancien Testament dont vous connaissez, la sainteté, la vérité, et l'ancienneté . Une chose fort plaisante, c'est que tous les peuples anciens croyaient l'immortalité de l'âme, quand les Juifs n'en croyaient pas un mot .

Si vous voulez des nouvelles de nos armées, le régiment de Champagne s'est battu comme un lion, et a été battu comme un chien 3.

Si vous voulez des nouvelles de la marine, on nous prend nos vaisseaux tous les jours 4. Si vous aimez mieux des nouvelles de la finance, nous n'avons pas le sou . Je vous aime, je vous regrette et je vous respecte de tout mon cœur . »

3 Allusion probable à la défaite de Broglie à Langensalza le 15 février 1761 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Langensalza_%281761%29

4 Notamment dans la mer des Caraïbes en octobre 1760 .

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20/02/2016 | Lien permanent

faite pour haïr l'injustice et le fanatisme et pour plaindre les infortunés

... Telle devrait être LA religion ! Je ne mets pas "les" religions qui elles sont plutôt sources d'embrouilles infinies .

 

 

« A Caroline-Louise de Hesse-Darmstadt, margravine de Bade-Durlach 1

Aux Délices près de Genève 2 auguste [1762]

Madame,

Je crois faire ma cour à votre cœur et à votre esprit en envoyant les pièces ci-jointes à Votre Altesse Sérénissime . Je suis persuadé qu'elle sera touchée de l'aventure horrible dont ces mémoires rendent compte . Elle est faite pour haïr l'injustice et le fanatisme et pour plaindre les infortunés . Sa voix et son suffrage valent bien un arrêt d'un parlement de France et si votre cœur est touché les malheureux cessent de l'être .

Je suis avec un très profond respect

madame

de Votre Altesse Sérénissime

le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

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25/06/2017 | Lien permanent

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