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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Ce livre est farci d’érudition orientale, dont on ne peut me soupçonner qu’avec une extrême injustice

... Ah ! oui, parlons-en de l'érudition orientale !

Les Droits de l'Homme sont particulièrement bafoués dans cette portion du globe, et effectivement il serait tout à fait injuste de dire que l'Orient en est un des promoteurs le plus ardent .

Mme Loujaïne Al-Hathloul pourrait encore en parler si elle avait le droit à la parole dans ce sale pays qu'est l'Arabie Saoudite, -ou plutôt ce possiblement beau pays,- dirigé par des lâches hypocrites . Pourquoi n'y a-t-il que la France et l'Allemagne pour essayer de lui faire rendre justice, exiger sa libération, et arrêter -enfin peut-être-, de dérouler le tapis rouge à des "princes" [sic] descendants de brigands esclavagistes , ordonnateurs de tortures et exécutions ?

https://www.lemonde.fr/international/article/2020/12/28/l...

arabe – Blagues et Dessins

 

 

 

« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville

31è auguste 1765 à Ferney 1

Mon cher et ancien ami, j’ai pensé comme l’Académie de Rouen 2 . J’ai trouvé les conquérants normands très bien chantés , et j’ai été fort aise que vous ayez donné le prix au jeune M. de La Harpe. Il a passé quelques jours dans mon ermitage ; et comme j’aime beaucoup à corrompre la jeunesse, je l’ai fort exhorté à suivre la détestable carrière des vers. C’est un homme perdu. Il fera certainement de bons ouvrages, moyennant quoi il mourra de faim, sera honni et persécuté ; mais il faut que chacun remplisse sa destinée. La vôtre est de vivre heureux, de ne cultiver les lettres que pour votre plaisir, de vous partager très prudemment entre les plaisirs de la ville et ceux de la campagne. Je suis tout juste la moitié aussi prudent que vous ; la campagne seule peut me plaire même pendant l’hiver.

Je suis bien aise que l’abbé Bazin vous ait amusé. Il y a un abbé Bazin à Paris qui croit avoir fait ce livre, et qui s’est plaint à moi assez plaisamment qu’on eût mis dans le titre, par feu M. l’abbé Bazin. Je lui ai prouvé que depuis Bazin, roi de Thuringe, il y avait eu plusieurs grands hommes de ce nom, et que ce n’était pas lui qui avait fait cette philosophie. Je sais bien que des gens ont cru que j’étais de la famille des Bazin ; mais je n’ai point cette vanité. Ce livre est farci d’érudition orientale, dont on ne peut me soupçonner qu’avec une extrême injustice.

J’ai eu chez moi Mlle Clairon, qui a bien voulu jouer Aménaïde et Electre sur mon petit théâtre. Madame Denis a très bien joué Clytemnestre ; Mme de Florian s’est tirée à merveille du rôle de la simple et tendre Iphise. Pour mademoiselle Clairon, elle nous a tous étonnés ; j’en suis encore transporté. Je crois qu’elle quitte le théâtre, moyennant quoi il faut qu’on le ferme.

Adieu, mon cher ami : toute la famille vous fait mille tendres compliments . Conservez votre santé. »

1  Le manuscrit original est endommagé et les mots absent ont été supplléés grâce à la copie Beaumarchais-Kehl ; V* répond à une lettre du 13 août 1765 . Voir : https://www.persee.fr/doc/etnor_0014-2158_1997_num_46_1_2295#etnor_0014-2158_1997_num_46_1_T1_0071_0000

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30/12/2020 | Lien permanent

je vous porte mes plaintes et mes désirs

... Mathilde Panot - LFI nourrie au grain par le sire Mélenchon - pérore, se hausse du col et transmet la voix de son maître pour récuser bêtement la première ministre : https://actu.orange.fr/politique/mathilde-panot-accuse-elisabeth-borne-de-vouloir-gouverner-par-effraction-magic-CNT000001PlQ9M.html

C'est vraiment ce qui est le plus important pour améliorer la situation ?

 

 

 

« A Jean-François Marmontel

À Ferney, le 12 février 1767

Mon très cher confrère, vous me mandez que vous m’envoyez Bélisaire, et je ne l’ai point reçu. Vous ne savez pas avec quelle impatience nous dévorons tout ce qui vient de vous. Votre libraire a-t-il fait mettre au carrosse de Lyon ce livre que j’attends pour ma consolation et pour mon instruction ? l’a-t-on envoyé par la poste avec un contre-seing ? Les paquets contre-signés me parviennent toujours, quelque gros qu’ils soient . Enfin je vous porte mes plaintes et mes désirs. Ayez pitié de Mme Denis et de moi. Faites-nous lire ce Bélisaire. Si vous avez rendu Justinien et Théodora bien odieux, je vous en remercie bien d’avance. Je vous supplie de demander à Mme Geoffrin si son cher roi de Pologne ne s’est pas entendu habilement avec l’impératrice de Russie, pour forcer les évêques sarmates à être tolérants, et à établir la liberté de conscience ; je serais bien fâché de m’être trompé. Je suppose que Mme Geoffrin voudra bien me faire savoir si j’ai tort ou raison, qu’elle m’en dira un petit mot, où qu’elle permettra que vous me disiez ce petit mot de sa part. Présentez-lui mon très tendre respect.

Aimez moi, mon cher confrère ; continuez à rendre l’Académie respectable. Ayons dans notre corps le plus de Marmontel et de Thomas que nous pourrons. M. de La Harpe sera bien digne un jour d’entrer in nostro docto corpore 1 ; il a l’esprit très juste, il est l’ennemi du phébus 2, son goût est très épuré et ses mœurs très honnêtes ; il a paru vous combattre un peu au sujet de Lucain 3, mais c’est en vous estimant et en vous rendant justice, et vous pourrez être sûr d’avoir en lui un ami attaché et fidèle. J'espère qu’il ne reviendra à Paris qu’avec une très bonne tragédie, quoiqu’il n’y ait rien de si difficile à faire, et quoiqu’on ne sache pas trop à quoi le succès d’une pièce de théâtre est attaché. Il y en a une 4 qui a eu un grand succès, et qu’on m’a voulu faire lire . J’y suis depuis trois mois, j’en ai déjà lu trois actes ; j’espère la finir avant la fin d’avril. Je ne vous parle point des Scythes, parce qu’on ne sait qui meurt ni qui vit 5. Vous le saurez le mercredi des Cendres, qui est souvent un jour de pénitence pour les auteurs. Mais, sifflé ou toléré, sachez que je vous aime de tout mon cœur.

V.»

1 Dans note docte compagnie ; réminiscence du Malade imaginaire de Molière, intermède III : https://www.youtube.com/watch?v=WgO2OADqK9M

2 Le phébus est une expression ancienne pour désigner un galimatias . Le mot a été remis à la mode au XVIIIè siècle par le Dictionnaire néologique de Pantalon-Phoebus, de Desfontaines, 1726 . Vauvenargues a pris la peine de définir le phébus dans De l'éloquence : « La magnificence de paroles avec de faibles idées est proprement du phébus . »

Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k82618t.texteImage

et : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:%C5%92uvres_de_Vauvenargues_(1857).djvu/73

3 V* songe à l’Épître aux poètes sur les charmes de l'étude, de Marmontel, et aux « Réflexions sur Lucain » de La Harpe, publiées parmi les mélanges littéraires, 1765, dans lesquelles La Harpe critique les vues de Marmontel sur Lucain .

Voir : https://books.google.fr/books?id=X_45AAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

et page 257 et suiv. : https://books.google.fr/books?id=LkA0AAAAMAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=snippet&q=marmontel&f=false

Dans le Mercure de juillet (1 et 2), août et novembre 1766, La Harpe avait donné quatre articles sur la traduction, par Marmontel, de la Pharsale de Lucain. : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5773984b.texteImage

4 Le Siège de Calais, par de Belloy.

5 Proverbe ancien qu'on trouve par exemple dans les Agréables Conférences de deux paysans de Saint-Ouen et de Montmorency, : https://data.bnf.fr/fr/14404017/agreables_conferences_de_deux_paysans_de_saint-ouen_et_de_montmorency_sur_les_affaires_du_temps/

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25/06/2022 | Lien permanent

Vous avez commencé, vous achèverez

... Mme la présidente du tribunal, nous vous faisons confiance pour ne pas vous laisser déstabiliser par  la roublarde Marine Le Pen, impératrice de la mauvaise foi et reine des combinards malhonnêtes .

Voir : https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/marine-le-pen-interrogee-au-proces-des-assistants-parlementaires-ne-pourra-pas-miser-sur-ce-precedent_240819.html

 

 

« A Joseph Audra

Le 13 avril 1769 1

Depuis votre dernière lettre, mon cher philosophe, j’ai été sur le point de finir ma carrière ; mais la nature me permet encore de faire 2 quelques pas. Vous devez à présent avoir vu votre protégé Sirven . Vous voilà chargé d’engager le parlement de Toulouse à faire une bonne action. Vous avez commencé, vous achèverez.

Je présente très discrètement ma sincère et respectueuse reconnaissance au magistrat compatissant 3 qui veut bien prendre en main la cause d’une famille si innocente et si malheureuse. Il est véritablement philosophe, puisqu’il veut faire du 4 bien et qu’il est votre ami 5.

Sirven ne m’a point écrit, et il a tort, à moins que ce ne soit sa circonspection qui l’ait retenu. J’attends tout pour lui de vos bontés ; il m’a bien promis qu’il ne ferait aucune démarche que par vos ordres. Vous devriez bien m’envoyer les noms des conseillers au parlement qui se piquent d’être citoyens et point du tout papistes. Quand vous aurez mandé au bon vieillard 6 Siméon que vous avez remporté la victoire pour Sirven, mon âme partira en paix.

V. »

1 Copie ancienne ; autres copies anciennes avec quelques variantes ; édition Cayrol.

L'original est passé à la vente Charavay le 17 avril 1880.

2 Ms 2 : de faire encore .

4 Ed 1 : le .

5 Ce paragraphe manque sur Ms3.

6 Ms 3 : au bonhomme .

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14/10/2024 | Lien permanent

Il ne vous a fallu qu'un demi-siècle pour embrasser tous les arts utiles et agréables . C'est surtout ce prodige unique

 ... Si je  savais ce que sont lesdits arts "utiles ET agréables" de notre temps !

 L'art de la conversation ? LOL ! Passons le sous silence comme il est passé à la moulinette du smartphone et des SMS et Tweets .

J'ai donc recours à cette béquille de l'ignorant qu'est un moteur de recherche sur le Web et je vous donne ce lien qui vaut son pesant de pouces levés : http://books.google.fr/books?id=QelMAAAAcAAJ&pg=PA67&lpg=PA67&dq=arts+utiles+et+agr%C3%A9ables&source=bl&ots=BZaH9im3el&sig=NcIVGvImH4iNKW_OUod5Z3RLsA4&hl=fr&sa=X&ei=TCAAUtqiH-Or0gW19oGoDQ&ved=0CDEQ6AEwAA#v=onepage&q=arts%20utiles%20et%20agr%C3%A9ables&f=false

Ce livre du début XIXè siècle est à mettre en parallèle (le principe des parllèles est de ne se rencontrer qu'à l'infini ) avec le suivant qui contient de l'utile et agréable pour l'éducation de la future élite de la nation sous la houlette de merveilleux professeurs conscients de leur rôle essentiel et en panne d'idées constructives :

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52 thèmes divisés en 5 chapitres : « Mieux me connaître », « M’intéresser aux gens », « Réussir à l’école », « Réussir dans la vie » et « Me détendre et me divertir » : programme qui laisse rêveur avec ce redoutable passage du "connais-toi toi-même" à l'expérience du divertissement . Les éducateurs professionnels seraient-ils donc tous de fabuleux psychologues pour prodiguer ces savoirs ? Un doute m'assaille ....


 

 

 

« A Ivan Ivanovitch Shuvalov

Aux Délices près de Genève

20 avril 1758

Monsieur, je me console du retardement des instructions que Votre Excellence veut bien m'envoyer , dans l'espérance qu'elles n'en seront que plus amples et plus détaillées . La création de Pierre le Grand devient chaque jour plus digne de l’attention de la postérité . Tout ce qu'il a créé, se perfectionne sous l'empire de son auguste fille l'impératrice à qui je souhaite une vie plus longue que celle du grand homme dont elle est née .

Je me flatte, monsieur, que ceux qui sont chargés par votre Excellence du soin de rédiger les mémoires n'oublieront ni les belles campagnes contre les Turcs, ni celles contre les Suédois ni ce que votre illustre nation fait aujourd'hui . Plus votre empire sera bien connu et plus il sera respecté . Il n'y a point d'exemple sur la terre d'une nation qui soit devenue si considérable en tout genre en si peu de temps . Il ne vous a fallu qu'un demi-siècle pour embrasser tous les arts utiles et agréables . C'est surtout ce prodige unique que je voudrais développer . Je ne serai, monsieur, que votre secrétaire dans cette noble et grande entreprise . Je ne doute pas que votre attachement pour l'impératrice et pour votre patrie ne vous ait porté à rassembler tout ce qui pourra contribuer à la gloire de l'une et de l'autre . La culture des terres, les manufactures, la marine, les découvertes, la police publique, la discipline militaire, les lois, les mœurs, les arts, tout entre dans votre plan . Il ne doit manquer aucun fleuron à cette couronne . Je consacrerai avec zèle les derniers jours de ma vie à mettre en œuvre ces monuments précieux, bien persuadé que la collection que je recevrai de vos bontés sera digne de celui qui me l'envoie, et répondra à la grandeur et à l'universalité de ses vues patriotiques .

J'ai l’honneur d'être avec le plus respectueux attachement

monseigneur

de Votre Excellence

le très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire. »

 

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05/08/2013 | Lien permanent

J'ai attendu que vous fussiez entièrement rétabli

... Ce qui est une grande preuve de tact, tant il est vrai que l'inquiétude de l'entourage d'un malade est néfaste . Voltaire est bien placé pour le savoir, lui le mourant récidiviste .

De plus il sait bien que les soins peuvent être plus redoutables que le mal premier et qu'on peut fort bien mourir de la main du soignant . Ce fait est plus rare de nos jours me direz-vous peut-être ? Pas si rare que ça !

Avez-vous entendu parler des maladies nosocomiales ? Si oui , attendez toujours le rétablissement de votre santé d'abord par la fuite de l'hopital, lieu malsain par excellence,  ensuite, éventuellement par le corps des soignants . Evitez aussi la salle d'attente du médecin, vous y entrez avec un bobo, vous en sortez avec les virus de Ma'me Michu et les bactéries du père Lustucru , généreux donateurs de miasmes, comme on disait jadis .

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« A David-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches

A Schwetsingen [juillet/août 1758] 1

J'ai appris monsieur , avec les plus tendres alarmes que vous aviez versé autant de sang sous la lancette de Cabanis 2, que vous en voudriez répandre sous les drapeaux d'Orange . J'ai attendu que vous fussiez entièrement rétabli pour vous dire à vous et à madame d'Hermenches combien votre état m'a inquiété . Il me reste la douleur de n'avoir pu présenter à madame votre garde les bouillons qu'elle vous donnait . Je suis au désespoir que vous ayez été mal logé, je vous en demande pardon . J'espère avoir bientôt l'honneur de vous embrasser et de vous renouveler tous les sentiments qui m'attachent à vous pour ma vie .

V. »

1 A la même époque, le 31 juillet 1758, Maupertuis écrivait à Bernouilli, depuis Neuchâtel : « J'irai donc loger chez vous en arrivant quoiqu'il eût été assez plaisant de coucher dans le lit de Voltaire comme il vous le disait . On dit ici qu'il a loué ou revendu sa maison de Suisse, qu'il a obtenu la permission de retourner en France et qu'il y retourne . »

2 Cabanis : médecin de Genève ; voir par ex, page 392. : http://books.google.fr/books?id=QydhAAAAIAAJ&pg=PA392&lpg=PA392&dq=cabanis+m%C3%A9decin&source=bl&ots=XhUmDZuO0r&sig=df4vuT52VVWmB2rNKn2umwX-RuU&hl=fr&sa=X&ei=Jq5EUr3RLajw4gT7xYGYDQ&ved=0CDEQ6AEwADgy#v=onepage&q=cabanis%20m%C3%A9decin&f=false

Plus tard V* aura à se plaindre de ce médecin -chirurgien  de Genève qui tentera de soigner Hyacinthe Daumart, un parent de Voltaire. Le résultat fut pitoyable comme le note cette lettre à David Louis Constant de Rebecques du 5 novembre 1760 : « Le ciseau de Cabanis est encore plus fatal aux mousquetaires du roi qu'aux majors des gardes stadoudériennes. J'ai peur quelquefois que ce ne soit le ciseau d'Atropos. Le plus fier houzard n'aurait pas fait une plus large blessure que le fer de Cabanis. Il y a bientôt six semaines que Daumart a la fièvre, on l'avait pourtant envové aux eaux ; on l'a tailladé, on lui a enfoncé des sondes du genou aux hanches, et il n'en est pas mieux. Les Russes n'ont point traité ainsi les Berlinois. »

 

 

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26/09/2013 | Lien permanent

Je suis un peu mécontent des bouquins nouveaux; mais je me console cum veterum libris

... A la vérité je ne peux franchement être mécontent des bouquins nouveaux car je ne les lis plus . Je me souviens seulement  avoir été écoeuré du succès des 55 couleurs de gris , mais pas vraiment surpris vu le succès du porno dit "chic" ; et dire qu'il en est qui en lisent la suite .

Je me console, à la vérité, avec Voltaire et quelques revues hebdomadaires et garde sous le coude un bon nombre de livres lus, à relire (éventuellement à relier) et d'autres à découvrir ; ce sera pour les longues soirées d'hiver ( l'hiver de ma vie) .

 

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« A Nicolas-Claude THIERIOT 1.

A Ferney, 6 décembre [1758].

Ce Ferney dont je vous écris, mon ancien ami, est une terre au bord de ce lac que je ne puis abandonner; c'est le supplément des Délices. Ex nitido fit rusticus 2; mais, au milieu de vingt maçons qui me rebâtissent un château, et parmi les laboureurs à qui je donne de nouvelles charrues à semoir, je n'oublie point mon atlas 3. Je veux avoir la terre entière présente à mes yeux dans ma petite retraite; et, tandis que je me promène des Délices à Ferney et à Lausanne, je veux que mes yeux se promènent sur la Lusace et sur la Bohême, sur Louisbourg et sur Pondichéry. Di grazia 4, amusez-vous à me faire un bel atlas, bien complet, bien relié, ayez la bonté de me l'envoyer, par le carrosse de Lyon, à mon ami Tronchin, non pas Tronchin l'inoculateur, mais Tronchin le banquier, qui m'est aussi utile que l'autre. Mme de Fontaine vous payera les déboursés que vous aurez eu la bonté de faire. Vous aimez les livres et vos amis; ainsi je compte vous servir à votre goût, en vous faisant exercer votre double métier d'obliger et de bouquiner. Je suis un peu mécontent des bouquins nouveaux; mais je me console cum veterum libris 5. Dites de moi Felix nimium! sua nam bona novit 6. Quelle nouvelle sottise avez-vous dans votre pays? Interim, vale 7.

V. »

2 De petit maître, il se fit jardinier ; Horace, Épîtres I, vii, 83 .

3 Voir lettre du 18 octobre 1758 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/10/22/cartes-de-geographie-c-est-peut-etre-le-seul-art-dans-lequel.html

Celui-ci répondit le 12 novembre 1758 : « […] voici ce qui me paraît vous convenir .

I° La bohème, la Silésie, la Moravie que Covens et Mortier ont fait graver à Amsterdam […] [voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Covent_%26_Mortier ] II° une petite carte du Brandebourg en particulier par Julien [JULIEN Roche-Joseph] fort estimée . III° La Poméranie de Homann [voir :http://www.maphouse.co.uk/cartographer/family-homann/

]chez Julien . IV° La Saxe […] il n'y a point de carte qui vaille réduite en une,ou deux feuilles […] . V° Landgrawiat de Hesse par Homann chez Julien . VI° Nouvelles cartes d'Hanovre, Bremen etc . 4 petites feuilles chez Julien . VII° […] il faut avoir la carte que M. Danville vient de publier en deux grandes feuilles contenant la France, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne et les iles britanniques [voir : http://danville.hypotheses.org/] ».

4 De grâce .

5 Avec des livres des Anciens .

6 Trop heureux homme, qui connait son bonheur ; Virgile, Georgiques II, 458 .

7 En attendant porte-toi bien .

 

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22/12/2013 | Lien permanent

tout ce qui est nouveau rebute le ministère

 ... Car depuis des temps immémoriaux la noble (sic) profession de fonctionnaire de l'Etat campe sur un certain nombre d'avantages acquis (à plus ou moins juste titre, mais c'est une autre histoire) et ronronne souvent, doucement , renaclant à appliquer de nouvelles manières de travailler, pantouflant sans remord, freinant par inertie et gardant un oeil sur l'horloge l'autre sur la porte de sortie . Et dire qu'il faut passer par eux, par leurs paperasses innombrables autant que souvent -trop souvent- inutiles-, leurs "je ne sais pas", leurs "revenez quand ...", etc. La nouveauté fait peur, d'accord, mais évoluer à la vitesse des diligences semble être leur apanage : pas trop vite le matin ,doucement ensuite .

Et sans transition, pour se changer les idées : http://www.buffon.cnrs.fr/ice/ice_page_detail.php?lang=fr&type=text&bdd=buffon&table=buffon_hn&typeofbookDes=hn&bookId=17&pageChapter=Le+petit+Tetras+ou+Coq+de+bruy%E8re+%E0+queue+fourchue.&pageOrder=217&facsimile=off&search=no&num=&nav=1

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« A Madame Marie-Elisabeth de DOMPIERRE de FONTAINE,

à Paris.

A Monrion, 6 mars [1757]

Le bonhomme Lusignan dit les choses les plus tendres à Mme de Fontaine et consorts; il est devenu à présent le bonhomme Euphémon dans l'Enfant prodigue c'est un vieillard qui aime toujours la bonne compagnie; jugez s'il vous chérit.
Je suis impatient de savoir si votre aimable secrétaire 1 est enfin venu à bout, avec M. de Paulmy, d'une affaire qui était si difficile avec M. d'Argenson 2. Il est arrivé souvent qu'on a été négligé par ceux à qui on était attaché, et qu'on réussit auprès de ceux dont on devait moins attendre. Je m'intéresse aussi aux petits chariots: c'est une chose qui certainement peut produire de grands avantages; mais comment faire de tels préparatifs secrètement ? tout ce qui est nouveau rebute le ministère; et cette invention nouvelle devient inutile dès qu'elle est sue.
Est-il bien sûr enfin qu'on a fait partir cinquante mille hommes, qu'on va faire une guerre très-vive au dehors, et que les affaires s'accommodent au dedans? Pour nous, pauvres Suisses, nous ne songeons qu'à des plaisirs tranquilles. On croit chez les badauds de Paris que toute la Suisse est un pays sauvage on serait bien étonné si on voyait jouer Zaïre à Lausanne mieux qu'on ne la joue à Paris; on serait plus surpris encore de voir deux cents spectateurs aussi bons juges qu'il y en ait en Europe. Il y a dans mon petit pays romand, car c'est son nom, beaucoup d'esprit, beaucoup de raison, point de cabales, point d'intrigues pour persécuter ceux qui rendent service aux belles-lettres. Nous sommes libres, et nous n'abusons point de notre liberté, les tribunaux ne cessent point de rendre justice; il n'y a ni margouillistes, ni convulsionnaires, ni de Robert-François Damiens.
Notre climat vaut mieux que le vôtre; nous avons plus longtemps de beaux jours; il n'y a que de très-méchant vin autour de Paris, et nos coteaux en produisent d'excellent nous avons mangé, l'automne et l'hiver, des gelinotes et des grianneaux 3 que vous ne connaissez guère. Cependant, ma chère nièce, je vous regrette de tout mon cœur; portez-vous bien, et aimez-moi. »

2 On ne connait pas le sujet de cette affaire avec certitude . Clogenson pense qu'il pourrait s'agir de l'élection, qui n'eut pas lieu, de V* à l'Académie des sciences ou des inscriptions .

3 Terme romand pour désigner le petit coq de bruyère à queue fourchue ; c'est le plus ancien exemple connu de l'utilisation de ce mot romand .

 

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12/10/2012 | Lien permanent

Mes paroles oiseuses auraient-elles beau jeu au milieu de toutes vos occupations, de tous vos devoirs, des tracasseries

 ... Pourriez-vous me répondre Monsieur le Président ? Ou plutôt non, ne dites rien, je sais d'avance votre réponse et s'il était encore possible de me fâcher, ce serait une occasion nouvelle de le faire .

 Parlez peu, agissez !

 Actualité récente : http://www.lecanardenchaine.fr/une4794.html

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« A M. le maréchal duc de RICHELIEU.

Aux Délices, près de Genève, 3 janvier 1757.

L'humanité et moi, nous vous remercions de votre lettre. J'en ai donné copie selon vos ordres, monseigneur 1. Si elle ne fait pas beaucoup de bien à l'amiral Byng, elle vous fera au moins beaucoup d'honneur; mais je ne doute pas qu'un témoignage comme le vôtre ne soit d'un très-grand poids. Vous avez contribué à faire Blakeney pair d'Angleterre 2; vous sauverez l'honneur et la vie à l'amiral Byng.3
Le Mémoire de l'envoyé de Saxe, présenté aux États-Généraux, et qui est une réponse au Mémoire justificatif du roi de Prusse,4 fait partout la plus vive impression. Je n'ai guère vu de pièce plus forte et mieux écrite. Si les raisons décidaient du sort des États, le roi de Pologne serait vengé; mais ce sont les fusils et la marche redoublée qui jugent les causes des souverains et des nations. Les Prussiens ont quitté Leipsick; ils sont en Lusace, où l'on se bat au milieu des neiges. On me mande de Vienne qu'on y a une crainte de ces Prussiens très-indécente. Je voudrais vous voir conduire contre eux gaiement des Français de bonne volonté, et voir ce que peut sous vos ordres la furia francese contre le pas de mesure et la grave discipline; mais je craindrais que quelque balle vandale n'allât déranger l'estomac du plus aimable homme de l'Europe.
Je vous écris, monseigneur, dès que j'ai quelque chose à vous mander. Alors mon cœur et ma plume vont vite. Mais quand je ne vois que mes arbres et mes paperasses, que voulez-vous que le Suisse vous mande? Mes paroles oiseuses auraient-elles beau jeu au milieu de toutes vos occupations, de tous vos devoirs, des tracasseries parlementaires et épiscopales, et de la crise de l'Europe?
Vous voilà-t-il pas bien amusé, quand je vous souhaiterai cinquante années heureuses, quand je vous dirai que la Suissesse Denis et le Suisse Voltaire vous adorent? Vous avez bien affaire de nos sornettes! Conservez-moi vos bontés, et agréez mon très- tendre respect. »

3 Malheureusement, John Byng sera condamné et exécuté.

 

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18/09/2012 | Lien permanent

Les Hollandais n'auront plus pour barrière que leurs canaux et leurs fromages

... Depuis les accords de Schengen, suite logique de leur élan pour l'Union Européenne . Du côté canaux, je ne sais où ils en sont, mais je pense qu'ils ont écouté Volti et se sont mis activement au travail pour bâtir des murs de fromages . A défaut de stopper un adversaire, ça peut couper une petite faim .

murs de fromages hollandais.jpg

 

 

« A Madame de Klinglin, comtesse de Lutzelbourg.

Aux Délices, 13 septembre [1756]1

Priez bien Dieu, madame, avec votre chère amie, Mme de Brumath, pour notre Marie-Thérèse; et si vous avez des nouvelles d'Allemagne, daignez m'en faire part. Notre Salomon du Nord vient de faire un tour de maître Gonin 2; nous verrons quelles en seront les suites.
On dit que la France envoie vingt-quatre mille hommes à cette belle Thérèse, sous le commandement du comte d'Estrées, et que cette noble impératrice confie trois de ses places en Flandre à la bonne foi du roi. Les Hollandais n'auront plus pour barrière que leurs canaux et leurs fromages. Ne seriez-vous pas bien aise de voir Salomon à Vienne, à la cour de la reine de Saba? Je suis bien étonné qu'on m'attribue le compliment à la Chèvre 3; c'est une pièce faite du temps du cardinal de Richelieu. Je ne suis point au fond de mon village, comme le dit le compliment et il s'en faut beaucoup que j'aie à me plaindre de cette Chèvre.
Je n'ai à me plaindre que de Salomon; mais j'oublie tous les rois dans ma retraite, où je me souviens toujours de vous. J'ai chez moi une de mes nièces qui se meurt. Je me meurs toujours aussi mais je vous aime de tout mon cœur. »

 

1 Cette lettre, toujours mise au 13 août, ne peut être que du mois de septembre, puisque Voltaire y fait allusion à l'entrée soudaine de Frédéric en Saxe, et que ce coup se fit le 29 août. (Georges Avenel.)

2 Personnage du roman Les tours de maître Gonin (de Laurent Bordelon), intriguant, rusé, menteur,etc . : http://books.google.fr/books?id=cZQHAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false

3 Il s'agit de quatorze vers de Maynard qu'on attribuait à Voltaire, et qu'on appliquait au comte d'Argenson, surnommé la Chèvre. Voir : http://books.google.fr/books?id=jbxBAAAAcAAJ&pg=PA115&lpg=PA115&dq=argenson+la+ch%C3%A8vre&source=bl&ots=GLFaUIsxSc&sig=RhB1RcAfLgQo9PEXMEQzZ_Ow66k&hl=fr&sa=X&ei=_lwtUKSRMIqw0QWY5YCwDA&sqi=2&ved=0CD4Q6AEwAg#v=onepage&q=argenson%20la%20ch%C3%A8vre&f=false

Et voir tome XIV, au Catalogue des écrivains du Siècle de Louis XIV, l'article MAYNARD : page 103 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4113308/f120.image.r=maynard

 

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16/08/2012 | Lien permanent

Il n'y a pas d'apparence, mon cher et respectable ami, que les rancuniers perdent leur rancune.

... Ce qui laisse présager une belle rigolade/empoignade pour élire le nouveau chef de l'UMP . Chic ! Le bal des hypocrites est ouvert .

 Du côté gauche de la gauche, on trouve aussi un bel enfoiré, rancunier de première grandeur

rancune tenace.jpg

 

 

« A M. le comte d'ARGENTAL.

Aux Délices, 1er octobre [1756].

Mon très-aimable ange, tout mon temps se partage entre les douleurs de Mme de Fontaine et les miennes. Je n'en ai pas pour rendre notre Africaine 1 digne de vos bontés. Songez que, pour ce changement
Vous ne donnez qu'un jour, qu'une heure, qu'un moment 2

Il me faut une année. Vous briseriez le roseau fêlé, si vous donniez actuellement un ouvrage si imparfait. Le succès des magots de la Chine 3 est encore une raison pour ne rien hasarder de médiocre. Promettez à Mlle Clairon pour l'année prochaine, et soyez sûr, mon cher ange, que je tiendrai votre parole. Je ne sais si je me trompe, mais je crois que le vainqueur de Mahon gouvernera les comédiens en 1757 4; alors vous aurez beau jeu. Attendez, je vous en conjure, ce temps favorable. J'espère que notre Zulime paraîtra alors avec tous ses appas, et n'en parlera point. Il y a des choses essentielles à faire. C'est une maison dans laquelle il n'y a encore qu'un assez bel appartement. J'avoue que Mlle Clairon serait honnêtement logée, mais le reste serait au galetas. Laissez- moi, je vous en supplie, travailler à rendre la maison supportable. Je serai bientôt débarrassé de cette Histoire générale à laquelle je ne peux suffire. Un fardeau de plus me tuerait, dans le triste état où je suis. Enfin je vous conjure, par l'amitié que tous avez pour moi, et qui fait la consolation de ma vie, de ne rien précipiter. Je vous aurai autant d'obligation de cette précaution nécessaire que je vous en ai de vos démarches auprès de mon héros. Je reconnais bien la bonté de votre cœur à tout ce que vous faites mais vous pouvez compter beaucoup plus sur Zulime que je ne dois me flatter sur les choses 5 dont vous me parlez à la fin de votre lettre. Il n'y a pas d'apparence, mon cher et respectable ami, que les rancuniers perdent leur rancune. Je ne prévois pas d'ailleurs que je puisse, à mon âge, quitter une retraite dont je ne peux me défaire, et qui est devenue nécessaire à ma situation et à ma santé; mais je ne veux avoir d'autre idée que celle de pouvoir encore vous embrasser, avant de finir ma vie douloureuse.
Mme de Fontaine est mieux aujourd'hui. Les deux sœurs et l'oncle se disputent à qui vous aimera davantage mais il faut qu'on me cède.
Il court un nouveau manifeste du Salomon du Nord ; il est fort long; vous en jugerez. Il parait qu'on ne peut guère se conduire plus hardiment dans des circonstances plus délicates.
On me mande que votre archevêque 6 fait un tour dans le pays d'Astrée et de Céladon il en reviendra avec les mœurs douces du grand druide Adamas 7.
Adieu on ne peut être plus pénétré que je le suis de la constance généreuse de votre amitié. Vous sentez qu'il est nécessaire à mon être de vous revoir encore; mais je le souhaite bien plus que je ne l'espère. »

 

1 Zulime .

2 RACINE, Andromaque, acte IV, scène iii, Oreste

3 L'Orphelin de la Chine .

4 Richelieu, premier gentilhomme de la chambre, fut effectivement d'année en 1757 .

5 D'Argental et Richelieu songeaient alors, mais bien inutilement, à faire revenir l'auteur de la Henriade à Paris.

6 Christophe de Beaumont, d'abord exilé à Conflans, sa maison de plaisance, fut ensuite relégué momentanément au château de la Roque et à la Trappe. (CL.)

7 On lit Atamas dans les éditions de Kehl l'édition de M. Renouard porte Adamas, vrai nom d'un prince des Druides dans l'Astrée. La Fontaine a dit dans son Cas de conscience: « Le grand druide Adamas. » Voir ; http://www.lafontaine.net/lesContes/afficheConte.php?id=50

 

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20/08/2012 | Lien permanent

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