Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Débauchez-moi ce grand drôle-là

 

 

 

 

 

« A Jeanne-Françoise Quinault

 

Ce 26 [mars 1739]

 

             Je suis pénétré de vos bontés, Mademoiselle. Eh  bien ! connaissez-moi donc. Vous croyez que le poison dont mes ennemis répandent des tonneaux sur moi est  un poison froid qui glace mon faible génie. Non ; il l’échauffe, et je me ranime par leur rage. Zulime a été faite au milieu des mouvements où ils m’ont forcé, et à travers cent lettres à écrire par semaine. La douleur d’être accablé par ceux qui devaient me défendre s’est tournée en sentiments tragiques et les conseils de M. d'Argental joints aux vôtres m’ont fait naître l’envie de donner une tragédie intéressante pour me venger. Le secret n’a point transpiré, et j’attends tous les jours vos leçons. Vous craignez, Mademoiselle, que je n’aie pas l’esprit assez libre pour corriger Zulime ! Sachez que j’ai été si impatienté de ne point recevoir vos critiques que j’ai commencé une autre tragédie dans l’intervalle. Sachez qu’il y a quatre actes d’ébauchés. Vous serez terriblement étonnée du sujet. En un mot, je suis dans vos fers, jouissez de votre victoire, et accablez-moi si vous voulez. Mais apprenez que vous l’avez emporté sur les Bernoulli, les Maupertuis, et les plus grands géomètres de l’Europe qui viennent de partir de Cirey. J’ai fait des vers à leur nez, et j’ai chaussé le cothurne en dépit des machines de l’abbé Nollet qui remplissent ma galerie. Connaissez donc un peu la vie de votre esclave : ou je souffre, ou j’étudie, et quand mes maladies me persécutent au point de m’empêcher de lire, j’ai la ressource des vers. Tous mes moments sont consacrés au travail. Est-il juste qu’une telle vie soit si cruellement persécutée ? Vous me parlez des grimauds qui écrivent contre mes ouvrages. J’ai toujours ignoré les sifflements de ces petits serpents cachés sous terre, mais je me plains des monstres qui veulent flétrir mes mœurs, et des magistrats qui laissent ces horreurs impunies. Je n’ai jamais répondu à une critique, mais en vérité j’ai l’amour-propre de croire que je méritais d’être un peu autrement traité dans ma patrie. Je vous assure, Mademoiselle, que vous me consolez bien de tant de chagrins. Si on me proposait de perdre à la fois mes ennemis et votre suffrage, je n’accepterais pas le marché.

 

             Pour que je puisse mériter ce suffrage, dites-moi donc ce que vous trouvez à refaire à Zulime. J’ai, ce me semble, obéi à une partie de vos ordres, mais ne vous rebutez point d’en donner, je ne ma lasserai point de les suivre. Mme du Châtelet vous fait ses compliments. J’aurai l’honneur de vous envoyer un Ramire, et vous nous donnerez la merveille des chiens que vous promettez. Adieu, Mademoiselle, vous connaissez mon tendre et sincère attachement pour vous, je vous aime autant que je vous estime.

 

             Ma foi ce grand Degouve doit se faire comédien. Débauchez-moi ce grand drôle-là, il ne déclame pas mal, vous me le dégourdirez … Il a été jésuite. »

 

Lire la suite

26/03/2010 | Lien permanent

est-il vrai que nous avons été un peu frottés en Allemagne ?

http://www.deezer.com/listen-2296867

http://www.deezer.com/listen-200413

http://www.deezer.com/listen-6226419

http://www.deezer.com/listen-274968

http://www.deezer.com/listen-275071

http://www.deezer.com/listen-5703645

http://www.deezer.com/listen-4173859

Je ne vous ai pas trop saoulé ? Est-ce mon inconscient qui parle, à l'heure où je n'ai pas encore petit-déjeuné, à la minute où je songe plus à remplir mon frigo qu'à aller à la messe ? D'en parler, l'appétit me vient,... et la soif aussi ...

J'enfourche mon fidèle destrier Peugeot et pédale en essayant d'oublier la côte qui m'attend au retour .

Je parle au présent alors que c'est seulement un futur proche , allez, allons, j'y vais après un dernier clic pour mettre cette note en ligne .

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental


 

8è auguste [1762]


 

Mes divins anges, est-il vrai que nous avons été un peu frottés en Allemagne ?[Dans cette dernière campagne, d'Estrées est vaincu à Wilhelmstadt, et Cassel capitulera le 1er novembre. Le prince de Condé, après l'affaire de Brückermühle et la perte d'Amonsberg, est rejeté sur le Rhin]


 

Est-il vrai que le vieux comte de Munik a pris parti pour l'ivrogne Pierre Ulric ?[le 7 août, V* explique cette option ; «  ce vieux héros de comte de Munich (Burchard Christof comte von Munich) … aime peu les dames depuis que l'une d'elles l'a envoyé en Sibérie », précisément la tsarine Élisabeth qui l'avait exilé. ]



 

Est-il vrai que la paix est signée avec l'Angleterre, que le duc de Bethford vient à Paris, et que le duc de Nivernais va à Londres ? [le duc de Bedford est envoyé à Paris et le duc de Nivernais à Londres ; le traité de Fontainebleau ne sera signé que le 3 novembre 1762, et la paix de Paris le 10 février 1763.]



 

Est-il vrai qu'un empereur soit mort, soit celui de Germanie soit celui de toutes les Russies ?[Pierre Ier, tsar, est mort le 17 juillet après avoir été renversé le 9 juillet par sa femme qui devient Catherine II ; elle fera attribuer ce décès à des hémorroïdes et des coliques.]



 

Est-il vrai que le bailli de Froulai s'est joint à un certain Beaumont contre le tripot ?[le 5 août à Damilaville : « Est-il bien vrai que l'archevêque de Paris » (Christophe de Beaumont) ait « suspendu (le curé de Saint Jean de Latran) pour avoir fait » « un service pour l'âme poétique de M. de Crébillon » «  aux dépens des comédiens du roi ?» ; aux d'Argental, le 7 août : « Est-il possible » que « le bailli de Froulai (ambassadeur de Malte) se soit déclaré contre les comédiens et contre ce bon curé de Saint-Jean de Latran ? Il n'aurait jamais fait pareille infamie du temps de Mlle Lecouvreur et du chevalier d'Aydie ». ]



 

Quelle horreur pendant que j'achève Cassandre !



 

Est-il vrai qu'on a présenté requête au chancelier pour la veuve Calas ?



 

Est-il vrai que le garde des sceaux se meurt ?[Berryer meurt le 15 août]



 

Est-il vrai que le maréchal de Richelieu viendra dans mon trou ?[il viendra le 1er octobre]



 

Est-il vrai qu'on regarde Joliot de Crébillon comme un bon poète ?



 

Vous allez dire que je suis bien curieux.



 

Je baise le bout de vos ailes. »

 

Et pour rester dans le ton rouge-blanc-rosé du début: L'ivrogne corrigé, de Gluck. L'épouse ne semble pas ici avoir eu la main aussi lourde que Catherine II !

http://www.deezer.com/listen-274968

 

 Et clin d'oeil de l'actualité , -que je rajoute à midi,- qui va avec le titre que j'avais choisi pour cette note : http://www.laposte.net/thematique/actualites/economie/article.jsp?idArticle=20100808114226-bussereau---la-france--ne-bloque-pas-les-trains-allemands-&idAgg=actu_economie

 

 

Lire la suite

08/08/2010 | Lien permanent

Voilà donc de tous les côtés l'amour qui est la cause d'un si grand malheur

"Il est doux de cultiver son jardin, mais il me semble qu'on y jette de grosses pierres"

Et dans le rôle du jeteur de pierres, votre serviteur, qui ne craint pas les nains de jardin ...

http://www.youtube.com/watch?v=flmoa2dVOSU

Si vous ne vous êtes pas endormi , ou si les applaudissements vous ont réveillé,vous pourrez lire la suite !...

Après une autre grande preuve d'amour de ma part , pour le plus beau (je ne vous dirai pas quoi ! ) :

http://www.youtube.com/watch?v=aag4LLGXECs&feature=re...

 

Bon, plus plaisant :

http://www.deezer.com/listen-744280

Et parce qu'il me vient de bons souvenirs (très personnels ) :

http://www.deezer.com/listen-4304184

 

 

 

 

 

« A Philippe-Antoine de Claris, marquis de Florian

au château d'Hornoy par Abbeville.


Aux eaux de Rolle en Suisse, par Genève

28è juillet 1766


Je viens de lire le mémoire signé de huit avocats [sur l'affaire La Barre et que V* réclamait]. Il ne parle point d'une abbesse, mais d'une supérieure de couvent [cf. lettre à Damilaville du 14 juillet et récit dans la prétendue lettre d'Abbeville]. Il dit que le juge devait se récuser lui-même, parce que de cinq accusés il y en avait quatre dont les familles avaient avec lui de violents démêlés. Le mémoire porte que ce juge voulait marier son fils unique à une demoiselle qui voulait épouser le frère ainé d'un des accusés même. Cette demoiselle était dans le couvent, et la supérieure favorisait les prétentions du rival. Il y a bien plus, ce juge était curateur de cette jeune personne, et on avait tenu une assemblée des parents de la demoiselle pour ôter la curatelle à ce juge.


Voilà donc de tous les côtés l'amour qui est la cause d'un si grand malheur. Voilà un lieutenant de l'élection, âgé de soixante ans [Belleval], amoureux d'une religieuse, et voilà un jeune homme amoureux d'une pensionnaire, qui ont produit toute cette affaire épouvantable.


Ce qui nous étonne encore dans ce procès, c'est que la procédure, ni la sentence, ni l'arrêt n'ont fait aucune mention de l'audace sacrilège avec laquelle on avait mutilé un crucifix ; il n'y a eu aucune charge sur ce crime contre les accusés, et cette action est probablement d'un soldat ivre de la garnison, ou de quelque ouvrier huguenot de la manufacture d'Abbeville. Mais les enquêtes faites sur cette profanation ayant été jointes aux autres corps du délit, ont produit dans les esprits une fermentation qui n'a pas peu contribué à l'horreur de la catastrophe.


Un des principaux corps du délit est une vieille chanson grivoise qu'on chante dans tous les régiments ; l'une intitulée La Magdeleine, et l'autre La Saint-Cyr.


Il est peu parlé dans la Consultation des avocats de l'infortuné jeune homme qui a fini ses jours d'une manière si cruelle, et avec une fermeté si héroïque [le chevalier de La Barre].


Il est très constant que de vingt-cinq juges il n'y en a eu que quinze qui aient opiné à la mort. Si les seigneurs d'Hornoy ont appris quelque chose qui puisse éclaircir cette horrible affaire, nous leur serons bien obligés de nous en faire part.


Ils vont donc faire une tragédie avec le jeune La Harpe. Il vaut mieux faire des tragédies que d'être témoin de celle qui vient de se passer dans votre voisinage.


Nous vous embrassons très tendrement.


Il est doux de cultiver son jardin, mais il me semble qu'on y jette de grosses pierres. »

Lire la suite

28/07/2010 | Lien permanent

un confesseur, un martyr de la Constitution , que j'ai vu quelque temps fort amoureux, et dont sa maitresse était aussi

"Les saints sont d'étranges gens."

http://www.deezer.com/listen-5451147

Et je dirais même plus , ce monde est une terre de contrastes , sans doute comme le monde à venir :

http://www.deezer.com/listen-6105950

http://www.deezer.com/listen-3165586

http://www.deezer.com/listen-6581000

http://www.deezer.com/listen-4167727

 

 

 

 

 

« A Marie-Ursule de Klinglin, comtesse de Lutzelbourg

 

Aux Délices, 23 août 1756

 

Dîtes-moi donc, vous qui êtes sur les bords du Rhin, si notre chère Marie-Thérèse,[i] impératrice reine, dont la tête me tourne, prépare des efforts réels pour reprendre la Silésie. Voila un beau moment ; et si elle le manque, elle n'y reviendra plus. Ne seriez-vous pas bien aise de voir deux femmes, deux impératrices,[ii] peloter un peu notre grand roi de Prusse, notre Salomon du Nord ? Pour moi, dans ma douce retraite, au bord de mon lac, je ne sais aucune nouvelle ; je n'apprends rien que par les gazettes . Elles me disent qu'on coupe des têtes en Suède [iii]; mais elles ne me disent rien de cette reine Ulrique que j'ai vue si belle, pour qui j'ai fait autrefois des vers, et qui, sans vanité, en a fait aussi pour moi [iv]. Je suis très fâché qu'elle se soit brouillée si sérieusement avec son parlement. Le nôtre fait, dit-on, des remontrances pour une taxe sur les cartes, et brûle des mandements d'évêque. On vous envoie dans votre Alsace un confesseur,[v] un martyr de la Constitution [vi], que j'ai vu quelque temps fort amoureux,[vii] et dont sa maitresse était aussi mécontente que ses créanciers. Les saints sont d'étranges gens. Portez-vous bien, Madame ; faites du feu dès le mois de septembre. Traitez le climat du Rhin comme je traite celui du lac. Vivez avec une amie charmante. Souvenez-vous quelquefois de moi. Mme Denis et moi nous vous présentons nos respects. Il est triste pour nous que ce soit de loin.

 

V. »

 

iA Thiriot, le 9 août : « L'impératrice-reine m'a fait dire des choses très obligeantes . Je suis pénétré d'une respectueuse reconnaissance. »

A d'Argental, le 13 septembre : « On dit que Marie-Thérèse est actuellement l'idole de Paris et que toute la jeunesse veut actuellement s'aller battre pour elle en Bohème. »

ii Le 25 mars 1756, les deux impératrices, Marie-Thérèse d'Autriche et Élisabeth, tsarine de Russie, ont conclu une alliance défensive et offensive contre Frédéric, elle deviendra effective le 2 février 1757.

iii Les États ayant réduit à rien l'autorité du roi, la reine Ulrique avait poussé à la révolte de jeunes nobles qui furent torturés et décapités le 13 juillet. Le 27 juin, à de Brenles : « Ceux qui aiment la liberté ne regrettent pas le petit exemple que la Suède vient de donner aux despotes. Je le regrette à cause de Sa Noble Majesté Ulrique ... »

iv La reine Louise-Ulrique était une des sœurs de Frédéric. V* fit des vers pour elle pendant et après son séjour de 1743 en Prusse, puis en mai 1745, en avril et août 1751, février 1752. Elle lui envoya le 11 octobre 1743 quinze vers se terminant par : «  Le hasard fait les Rois, la vertu fait les Dieux », et en 1749, sans doute, un sizain : « De l'esprit redoutons l'empire / D'un amant tel que vous le prestige est trop fort ... »

v Poncet de La Rivière, évêque de Troyes, exilé à l'abbaye de Morbach, un de ses mandements ayant été condamné le 12 avril à être brûlé.

vi A savoir la bulle Unigenitus.

vii A Lunéville.

Dans ses Mémoires , V* dit qu'il tomba amoureux de Mme de Boufflers, maîtresse du roi Stanislas.

Lire la suite

23/08/2010 | Lien permanent

J'ai eu la hardiesse de prévenir l'arrêt du parlement.

logo_crimes_passionnels.jpg

Ci-dessus : Logo de : http://www.eurafecam.org/EURAFECAM/Bibliotheque/Crimes/so...

Pop crimes :  http://www.deezer.com/listen-5918978 ; ne me demandez pas ce qu'il chante , mais c'est lourd, rythmé et gai comme une porte de prison .

Après les crimes du passé dont nous parle Volti, Crimes of the future : ça a l'air de faire mal  ! http://www.deezer.com/listen-6267553

And now : 9 Crimes ! exactly ! Pas un de plus ! De ceux qu'on ne regrette pas ; à écouter sereinement :   http://www.deezer.com/listen-697670 , ou à voir et écouter : http://www.youtube.com/watch?v=cgqOSCgc8xc

 

 

 

 

« A Joseph Vasselier

 

Vous avez dû, mon cher correspondant, recevoir trois volumes à votre adresse avec un petit billet, le tout sous une enveloppe à M. Tabareau. De sorte que vous avez chacun vos Questions encyclopédiques jusqu'au C.

 

Voici une feuille du quatrième volume, où il est question de Mme Lerouge 1, à la page 164. J'ai eu la hardiesse de prévenir l'arrêt du parlement. S'il ne confirme pas ma sentence je serai bien étonné.

 

Je vous prie, mon cher correspondant, de m'envoyer le mémoire pour Sirven 2.

 

Voici des Questions encyclopédiques que vous êtes supplié de vouloir bien faire remettre à M. de Bordes 3.

 

10è décembre [1770] à Ferney. »

 

1 Dans l'article « Des Crimes » des Questions sur l'Encyclopédie, Mme Lerouge, de Lyon, avait accusé à tort sa voisine Mme Perra d'avoir tué sa fille dont on retrouva le corps dans le Rhône, et on avait fait témoigner contre Mme Perra son propre fils âgé de cinq ans et demi.Pages 163 -166: http://www.archive.org/stream/questionssurlenc04volt#page...

2 Le 30 août 1769, V* a demandé à l'abbé Audra de lui faire parvenir par Vasselier le Mémoire pour le sieur Pierre-Paul Sirven ... appelant . Contre les consuls et communauté de Mazamet, de Pierre Firmin de La Croix. Le livre sera annoté par V* : note 832 : http://books.google.be/books?id=3W7IVGRHzAAC&pg=PA115...

3 Charles Bordes de l'Académie de Lyon.http://cths.fr/an/prosopo.php?id=100466

Lire la suite

12/12/2010 | Lien permanent

je n'en suis pas l'auteur, mais je n'en serai pas moins persécuté

 http://www.deezer.com/listen-4957040 : Persécution !

I'm calling long distance (appel à Damilaville ? ;-) ) : http://www.deezer.com/listen-4957035

 

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

 

19 octobre 1764

 

Mon cher frère, je sais à n'en pouvoir douter que le procureur général a ordre d'examiner le livre et d'en poursuivre la condamnation. Je sais bien qu'il est prouvé que je n'en suis pas l'auteur, mais je n'en serai pas moins persécuté, et Dieu sait jusqu'où cette persécution peut aller. J'ai heureusement recouvré deux articles dont l'un est tout entier de la main de l'auteur [i].Il est clair comme le jour que l'ouvrage est de plusieurs mains [ii] et qu'on s'est servi de mon orthographe pour me l'attribuer [iii]; n'importe, mon innocence ne me servira de rien. C'est toujours pour moi une consolation bien chère que vous me rendiez justice et que la voix de nos frères se joigne à la vôtre pour publier la vérité. Je subis le sort de tous ceux qui se sont consacrés aux lettres ; on les a opprimés ; mais tous n'ont pas trouvé un ami tel que vous.

 

Je joins ici un petit mémoire [iv] que je vous prie d'envoyer à Briasson pour le communiquer aux Encyclopédistes et surtout à M. le chevalier de Jaucourt dont la nièce a acheté à Genève plusieurs exemplaires du Portatif. Les Encyclopédistes doivent sentir qu'on ira du Portatif à eux. Jam proximus ardet Ucalegon [v]. C'est un nommé l'abbé d'Estrées [vi], petit généalogiste et un peu faussaire de son métier, qui a donné le livre au procureur général. On trouve partout des monstres. Cher frère, il faut savoir souffrir. »

 

i Messie de la main de Polier de Bottens. Cf. Lettre du même jour à d'Alembert.

ii Cf. lettre du 19 à d'Alembert, , articles Apocalypse et Enfer.

iii V* a adopté l'orthographe ais, ait conforme à la prononciation ; il lui arrivera de demander à Cramer, imprimeur, de garder l'ancienne graphie pour nier la paternité de certains ouvrages.

iv L'essentiel de ce mémoire est : « Un jeune homme ... ramassa il y a plusieurs années en Suisse quelques manuscrits, dont quelques uns étaient pour le Dictionnaire des Sciences et des Arts . Entre autres l'article Messie ... de M. Polier de Bottens ... Un extrait de l'article Apocalypse, manuscrit ... de M. Abauzit ... L'article Baptême , traduit ... du dr Midleton, Amour, Amitié, Guerre, Gloire destinés à l'Encyclopédie ... Christianisme et Enfer, tirés de la Légation de Moïse de ... Warburton ... Enfin plusieurs morceaux imités de Bayle, de Le Clerc, du marquis d'Argens ... Il en fit un recueil qu'il imprima à Bâle. Ce recueil parait très informe et plein de fautes grossières... »

http://www.voltaire-integral.com/Html/17/bapteme.htm...

http://www.voltaire-integral.com/Html/17/amour.htm

http://www.voltaire-integral.com/Html/17/amitie.htm...

http://www.voltaire-integral.com/Html/19/guerre.htm...

http://www.voltaire-integral.com/Html/19/gloire.htm...

http://www.voltaire-integral.com/Html/18/chretiens.htm...

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/William_Warburton

http://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres...

 

v Déjà tout près brûle Ucalegon.

vi Cf. lettre du 20 octobre 1764 à d'Argental.

Lire la suite

19/10/2010 | Lien permanent

Il s'agit de sauver un innocent, un infortuné.

http://www.deezer.com/listen-311859

http://www.deezer.com/listen-301506

http://www.deezer.com/listen-6099689

http://www.deezer.com/listen-301511

http://www.deezer.com/listen-7246038

Et le meilleur (?) Fortune l'infortuné, par Rufus, pour qui j'ai une attention toute particulière :

http://www.deezer.com/listen-1859435 , j'ai une affection très grande pour ce type d'artiste, et de chanson . Nobody's perfect !

 

 

innocent-art-city-80982.jpg

Oui, je suis né sous le signe du taureau innocent !

 

 

 

« A François Tronchin

 

Conseiller d'État

 

 

 

2 janvier [1757]

 

 

 

Voici, mon cher ami, la lettre que je reçois de M. le maréchal de Richelieu i. Il m'exhorte à la montrer, à en faire usage. Elle lui fera honneur et pourra servir à l'amiral Bing, votre ancien ami de collège ii. Notre Esculape craint que cette lettre venant d'un Français ne fasse plus de tort que de bien à l'amiral iii. Je ne pense pas ainsi. Je suis persuadé qu'un pareil témoignage ne peut nuire et peut toujours servir. Voyez comment vous pourrez l'envoyer en Angleterre iv. Voyez s'il est à propos de l'insérer dans la gazette d'Amsterdam . Il s'agit de sauver un innocent, un infortuné. Votre maxime est homo sum a me alienum puto v. Nous avons bu à votre santé le premier jour de l'an. Je vous souhaite et à Mme Tronchin bien des années heureuses . Vous contribuez au bonheur des miennes. »

 

i Cette lettre datée du 26 décembre est un véritable plaidoyer : « il n'y a jamais eu d'injustice plus criante que celle qu'on voudrait faire à l'amiral Bing ». Une copie de cette lettre, copiée par Wagnière se trouve encore à Genève (Institut et Musée Voltaire aux Délices ); une autre copie certifiée conforme par la main de V* le 3 janvier a été retrouvée en Angleterre avec accusé de réception.Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/09/13/lorsque-deux-generaux-disputent-pour-la-victoire-quoiqu-ils.html

Il y a eu plusieurs retards dans cette affaire qui a commencé le 28 décembre par le procès.

 

 

ii Byng et François Tronchin sont nés en 1704, mais il ne semble pas vrai qu'ils aient fréquenté le même collège. http://fr.wikipedia.org/wiki/John_Byng http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Tronchin

 

iii Les Anglais dans l'ensemble furent choqués, et V* en février déclarera que « le parti acharné contre Byng (pour raison politique) crie ... que c'est un traitre, qui a fait valoir (la) lettre (du maréchal) comme celle d'un homme par qui il avait été gagné ».

 

iv La lettre n'arrivera au tribunal qu'à la fin du procès ; Byng put la communiquer aux juges avant la sentence prononcée le 27 janvier. Il fut alors reconnu « brave homme et fidèle », mais quand même condamné à mort pour erreur de jugement et exécuté, fusillé, le 14 mars.

Page 223 , http://books.google.fr/books?id=kUAZAAAAYAAJ&pg=PA223...

 

v Je suis homme, j'estime que rien de ce qui est humain de m'est étranger . Térence.

 

Lire la suite

02/01/2011 | Lien permanent

Je ne sais, mon cher confrère, si je vous ai remercié de votre roman que je n’ai pu encore lire parce que je ne l’ai po

 

 

 

 

 

« A Henri Lambert d’Herbigny, marquis de Thibouville

Rue des Saints-Pères à Paris

 

A Montriond près de Lausanne 20 mars [1757]

 

             Je ne sais, mon cher confrère, si je vous ai remercié de votre roman [L’Ecole de l’amitié, 1757] que je n’ai pu encore lire parce que je ne l’ai point reçu. Mais au lieu de vous remercier je vous félicite. On ne me parle que de son succès dans toutes les lettres de Paris. Mme Denis ne peut de sitôt vous écrire. Elle joue, elle apprend des rôles, elle est entourée de tailleurs, de coiffeuses et d’acteurs. Il n’y a point de Zulime [Zulime n’avait pas eu de succès en 1740]. Je ne sais ce que c’est, et je veux que ni vous ni Mlle Clairon ni moi ne le                                                                                                                                                                                                                    sachions. Mais il y a une Fanime un peu différente. Nous l’avons jouée à Lausanne [sur son théâtre de Mont-Repos] dans notre pays romand, et tout ce que je souhaite c’est qu’elle soit aussi bien jouée à Paris [Il la proposait le 3 mars à d’Argental qui devait « décider du temps le plus favorable », « quand (on) ser(ait) quitte de la mauvaise tragédie de Pierre Damiens (entre autres) » ; elle ne sera jouée à Paris sous le titre de Zulime (titre de la version 1739-1740) qu’en décembre 1761]. Je n’ai jamais vu verser autant de larmes. Nous avons ici environ deux cents personnes qui valent bien le parterre de Paris, qui n’écoutent que leur cœur, qui ont beaucoup d’esprit, qui ignorent les cabales, et qui auraient sifflé le Catilina de Crébillon. Je vous embrasse, je me meurs d’envie de lire le roman. Mme Denis vous en dira davantage quand elle pourra.

 

             V. »

 




Lire la suite

20/03/2010 | Lien permanent

Voici, Monsieur, la seule médaille qui me reste

Ce jour, jour du poisson et du repos associés –en tout cas pour moi-, grand ménage et repassage couplés à une mini-lessive. Sèchera quand pourra, orages (oh désespoir !) à qui mieux - mieux …

 

Fortement tenté d’en faire le minimum, ce jour de la flemme et des bonnes intentions désunies, je me retrouve incapable de résister à l’appel des 105 touches du clavier et au besoin de caresses (dans le sens du poil) de mon mulot attitré.

 

Cela me permet aussi le plaisir de trainer mes guêtres dans des chambres vides d’occupants, faire résonner mes talons sur les parquets et imaginer le va-et-vient des invités de Volti, amis , parents, touristes et aussi très souvent gens intéressés par les rondeurs de la bourse du maître des lieux (au fait pendant que j’y pense, quelques écus seraient les bienvenus !).

 

Comme « Jean qui pleure et qui rit », après les distractions heureuses, je viens d’apprendre le décès d’un homme bon, qui m’a connu enfant (c’est vous dire l’âge vénérable atteint), Auguste dit Gust’. Il a choisi sa mort faute d’avoir eu le choix pour sa maladie. J’avais et je garderai un profond respect et de l’affection pour lui. Ses abeilles se retrouvent orphelines, elles sont désormais mon aide-mémoire vivant …

 

 

mourja.jpg

Ce soir, Graf Mourja, violoniste ukrainien, viendra clore en beauté (je me laisse aller : clore en beauté !! plus kitsch que ça, tu pleures !) une série de trois concerts de solistes dans le salon du château (autrefois salle à manger et bibliothèque, réunies par M. Griolay au XIXème).

Nous avons eu l’immense honneur, bonheur et avantage (deuxième couche, avant que la première soit sèche !!) de recevoir et écouter Kenneth Weiss au clavecin, et  Paul O’Dette aux luths les semaines précédentes. Très belles et très agréables prestations. Pour ajouter au plaisir musical, ces deux artistes sont des gens d’une gentillesse et d’une simplicité adorables. Notre vaillant ukrainien je le suppose sera aussi agréable. Son violon, de Lorenzo Storioni, poussa sa première note en 1776, ce qui fait que Voltaire aurait tout à fait pu entendre  ses premières doubles – croches. A voir et écouter ce soir …

 

 

 

 

médaille waechter.jpg

 

 

Merci, Volti. Ce 17 juillet, lettre courte, pas de cloques aux bouts des doigts en perspective …

 

 

« A François-Louis-Claude Marin

 

 

       Voici, Monsieur, la seule médaille qui me reste. Il n’y en a jamais eu que douze qui aient porté pour légende [Il écrivait autre chose à Collini le 25 octobre 1769 ; médaille gravée par Wächter]: Il ôte aux nations le bandeau de l’erreur. [Extrait de la Henriade proposé par Grimm]

 

       Si vous pouviez m’en faire tirer deux ou trois douzaines, je les paierais bien volontiers. On m’en demande de tous les côtés, il ne faut pas qu’il y en ait trop, mais il est assez bon qu’il y en ait quelques unes.

 

 

           Mme Denis est bien loin d’oublier monsieur Marin, nous lui sommes tous deux très attachés.

 

 

           Voltaire

           17è juillet 1773 à Ferney. »

 

 

          

 

 

abeille marguerite.jpg
Gust' m'a aimée, dit-elle, un peu, beaucoup, passionnément ...

Lire la suite

César disait que les Français étaient quelquefois plus qu'hommes, et quelquefois moins que femmes

... Que dirait-il de nos jours ? La même chose, je crois . "Plus qu'hommes" ça me laisse pensif, "moins que femmes" je n'imagine pas et je pense que les femmes ne doivent pas porter dans leurs coeurs un empereur-dictateur qui les mets au bas de l'échelle des valeurs  .

Le progrès matériel n'a rien vraiment changé à la nature humaine en général, et à la française en particulier . 

Le Français reste un grand consommateur de fruits de mer

 conque Sandro_Botticelli_-_La_nascita_di_Venere_-_Google_Art_Project_-_edited.jpg

 

 

« A M. Élie BERTRAND.
Premier pasteur de l’Église française à Berne
26 novembre [1757].
Mon cher et humain philosophe, l'aîné Cramer est en Portugal 1, le cadet court et fait l'amour; je lui parlerai de souscrire, et je crois qu'il le fera.

César disait que les Français étaient quelquefois plus qu'hommes, et quelquefois moins que femmes. Ils n'ont pas été hommes avec le roi de Prusse.
Il ne faut pas renoncer sitôt à sa religion pour quelques objections spécieuses. On vous a envoyé des pétrifications. Eh bien y en a-t-il de plus singulières que la concha Veneris et la langue du chien marin 2? Cependant ni les chiens marins ne sont venus déposer leur langue en Calabre, ni Vénus n'y a laissé son bijou. On vous a montré des coquilles. Eh bien! y avait-il de meilleures huîtres que dans le lac Lucrin?3 et tous les lacs n'ont- ils pas pu fournir des huîtres et des poissons ? Que la mer soit venue à cinquante lieues dans les terres, qu'elle forme et qu'elle absorbe des îles, cela est commun mais qu'elle ait formé la chaîne des montagnes du globe, cela me parait physiquement impossible 4. Tout est arrangé, tout est d'une pièce.
Si quid novisti rectius istis, Candidus imperti 5.
Interim, vale, et me ama.

V.

Je fais un beau jardin que la mer n'engloutira pas. »

3 Lac Lucrin , en Italie : http://fr.wikipedia.org/wiki/Lac_Lucrin

4 En 1746, V* avait déjà donné ses vues sur ce point dans Dissertation …. sur les changements arrivés dans notre globe .Voir : http://fr.wikisource.org/wiki/Dissertation_sur_les_changements_du_globe/%C3%89dition_Garnier

Bernard en 1752 édita un Mémoire sur la structure intérieure de la terre et plus tard donnera le Dictionnaire universel des fossiles propres et des fossiles accidentels . Voir : http://books.google.fr/books?id=vwwKAAAAIAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

et : http://books.google.fr/books?id=js8QAAAAIAAJ&printsec...

V* resta sur sa position de l'impossibilité d'avoir des fossiles marins au sommets de montagnes . Il en parlera encore dans son Homme aux quarante écus ; voir chapitre VI : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-conte-l-homme-aux-quarante-ecus---partie-2-69201927.html

5 Horace, Épîtres I, vi, 67-68 : si tu as quelque meilleur avis fais m'en part sans déguisement .

 

Lire la suite

05/02/2013 | Lien permanent

Page : 605 606 607 608 609 610 611 612 613 614 615