Rechercher : richelieu 26 mai 1755
J'aurais désiré encore qu'on eût attendu, pour faire les petits changements jugés nécessaires, qu'on m'eût averti
Je suppose que c'est ce que pensent et la police et le corps de la magistrature, suite aux déclarations mélodramatiques d'un candidat/président qui ne prêche que la répression, faute d'avoir mis les moyens dans la prévention .
Ce qui est résumé magistralement par ceci :
Petits changements et grosses bêtises !
Cet agité me semble également totalement ignorer ( ce qui ne m'étonne pas, au fond ) qu'il existe déjà des lois et des représentants de l'ordre .
Non, Sarko , tu n'es pas le sauveur des Français !
Cependant,... vive Sarko ! le seul acteur digne de jouer dans ce film de fiction où chaque individu était espionné et réprimé dès qu'il avait eu la moindre pensée déviante envers l'ordre établi . Ce n'est qu'une marche de plus gravie dans l'idiotie répressive ; déjà qu'il se faisait fort de réprimer fiscalement ceux qui seraient passés à l'étranger pour échapper à l'impôt français ! Comment est-il capable de prouver cette évasion fiscale ?
Vite ! vite !! qu'il retourne au boulot ! il n'en manquera pas, lui qui était avocat d'affaire . Les évadés fiscaux bons payeurs auront un connaisseur pour les aider , je n'en doute pas .
P.S .- Je n'ai aucune envie d'aller me former au terrorisme ailleurs que sur :
http://presidentielle2012.canalplus.fr/a-la-une/les_tontons_flingueurs_du_ps
Suis-je répréhensible, mister ex-président ?
« A M. LEKAIN
6 septembre [1755]
Je vous suis très-obligé de votre souvenir, mon grand acteur, et du soin que vous prenez d'embellir votre rôle de Tartare 1. J'avais mis expressément, pour condition du présent que je fais à vos camarades, qu'on payerait les dépenses de votre habillement. J'avais écrit à M. le maréchal de Richelieu, en réponse à une de ses lettres, que j'aurais souhaité que M. Grandval eût joué Zamti, qui est un premier rôle, et que M. Sarrasin n'eût joué que par complaisance.
J'aurais désiré encore qu'on eût attendu, pour faire les petits changements jugés nécessaires, qu'on m'eût averti, on a substitué des vers qui ne sont pas français 2, et je ne crois pas que la pièce puisse aller loin.
Je vous prie de faire mes compliments et mes remerciements à Mlle Clairon. Mme Denis vous est très-obligée, ainsi que moi. Je vous embrasse du meilleur de mon cœur. »
2 Voir lettre du même jour à Mme de Fontaine, une de ses nièces : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/03/22/les-petits-estomacs-ont-grande-confiance-en-lui.html
23/03/2012 | Lien permanent
dans le temps que je vous parlais de caisses, vous me parliez de Munster ; cet objet est plus important pour moi
Munster ! mon cher Voltaire ,
Vous avez dit : Munster ?
Mon inconscient me souffle irrésistiblement à l'oreille la publicité qui était faite pour le "Munster des Petits Amis" , que les moins de vingt ans n'ont jamais, ni vue, ni entendue .
Kitchissime pub :
http://www.ina.fr/pub/alimentation-boisson/video/PUB32125...
Eh bien ! voici des caisses -à savon, de course-, de Munster ... Allez ! roulez jeunesse !!
Plus sérieusement, saluons encore ici l'amitié active de Volti qui emploie toutes ses relations pour soutenir une personne aimée , ce sera Munster pour un grand ami !
« A Sébastien Dupont
A Prangins, 3 janvier [1755]
Mon cher ami, dans le temps que je vous parlais de caisses, vous me parliez de Munster ; cet objet est plus important pour moi . Je viens de faire un mémoire, sur la réception de votre lettre du 25 décembre . J'écris à M. le comte d'Argenson la lettre la plus pressante ; j'en écris autant au président Hénault 1; je m'adresse encore à un commis . Mme Denis se joint à moi ; mais que peuvent de pauvres suisses comme nous ? Ne feriez-vous pas bien d'engager, si vous pouvez, M. de Monconseil à faire parler madame sa femme ?2 Gare encore que le procureur général ne demande la comptabilité . Je ne suis pas né heureux, mais je le serais assurément si je pouvais vous servir . La poste part ; je n’ai que le temps de vous rendre compte du devoir dont je me suis acquitté . Mille compliments à Mme Dupont . Ne m'oubliez pas auprès de M. et Mme de Klinglin . Adieu . Si vous êtes prévôt, je vous promets de venir vous voir .
V.»
1 Voir lettre du 1er Novembre 2011. http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/11/01/je-suis-impotent-et-rabeti.html
2 Cécile Thérèse Rioult de Cursay fut dame d'honneur de la reine de Pologne , femme de Stanislas Lesczinski, au cours de son séjour à Chambord ; elle épousa le marquis et lieutenant-général de Monconseil en 1747, et elle acquit la jouissance du domaine de Bagatelle , au Bois de Boulogne, et y reçut dans les premiers temps la société galante . Dévouée à la reine, et pour faire pendant à Mme de Pompadour, elle favorisa une rencontre entre Louis XV et la princesse de Robecq, obtenant alors comme compensation le pouvoir d'arrondir son domaine déjà étendu . Elle écrira en prose et en vers une relation de la fête donnée par le maréchal duc de Richelieu à son retour victorieux de Minorque en 1756 . Elle donnera des fêtes plus morales, dont celle du 5 septembre 1757 en l'honneur de Stanislas . Elle avait donc de l'influence et des relations importantes.
02/11/2011 | Lien permanent
J'ai encore une passion plus forte que celle des tragédies
http://www.deezer.com/listen-313027
« A Louis-François-Armand du Plessis , duc de Richelieu
7è auguste 1773, à Ferney
Si mon héros a un moment de loisir à Compiègne, je le supplie de daigner lire un petit précis très vrai et très exact , du meurtre de M. de Lally, lieutenant général ; et un précis très court de l'affaire de M. de Morangiès, maréchal de camp [@]. Il peut être sûr de ne trouver dans ces deux mémoires aucun fait qui ne soit appuyé sur des papiers originaux qu'on a entre les mains.
On a joué Les Lois de Minos à Lyon avec beaucoup de succès . Un acteur nommé La Rive [Jean Mauduit, dit de Larive] a emporté tous les suffrages dans le rôle de Datame, et Laville a prié Lekain de jouer le rôle de Teucer à son retour au mois de septembre.
Pour moi, je vous supplie instamment, Monseigneur, d'avoir la bonté d'ordonner aux Comédiens de Paris de jouer les tragédies de Sophonisbe et de Minos . Je compte sur vos promesses autant que je suis pénétré de vos bontés . Je ne demande après tout que ce qu'on ne pourrait refuser à MM. Lemierre et Portelance [@@].
J'ai encore une passion plus forte que celle des tragédies, ce serait de vous faire ma cour au moins deux jours avant de mourir au premier voyage que vous feriez dans notre royaume de Guyenne. Il ne faut nulle permission pour cela [@@@], les chemins sont libres ; je mourrais content.
J'envoie ce paquet sous le couvert de M. le duc d'Aiguillon, ne sachant pas si vous avez vos ports francs pour les gros paquets qui ne viennent point de votre gouvernement. Vous ne m'avez jamais répondu sur cet article.
Daignez me conserver vos bontés ; elles sont la première des consolations d'un homme qui bientôt n'aura plus besoin d'aucune. »
@Cf. lettres du 13 janvier 1766 à d'Alembert, 28 avril 1773 au chevalier Lally (Fils), 30 mai 1772 à Richelieu, 7 juin 1773 à d'Alembert.
@@ Portelance auteur de Antipater, qui a eu un échec retentissant en 1751.
Lemierre, auteur d'un Guillaume Tell qui eut priorité sur les Scythes de V* en décembre 1766.
@@@ V* a besoin d'une permission pour aller à Paris et depuis longtemps Richelieu est sensé se charger de la négocier.
07/08/2010 | Lien permanent
J'espère qu'en effet on finira par rire de tout ceci selon la louable coutume de la nation
... Frenchies for ever !
« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu
24è janvier 1764 à Ferney
J'ai des remerciements à faire à monseigneur mon héros de la pitié qu'il a eue du sieur Ladouz, incendié à Bordeaux, et si j'osais je prendrais encore la liberté de lui recommander ce pauvre Ladouz ; mais mon héros n'a besoin des importunités de personne quand il s'agit de faire du bien .
On a ri de Grenoble à Gex d'une lettre de M. le gouverneur de Guyenne 1 à M. le commandant de Dauphiné 2 dans laquelle il demande quelle est l'étiquette quand on pend les gouverneurs de province . J'espère qu'en effet on finira par rire de tout ceci selon la louable coutume de la nation . Je ris aussi, quoiqu’un pauvre diable de quinze-vingts ne soit pas trop en joie .
On n'a pu envoyer à monseigneur le maréchal les exemplaires cornéliens, attendu qu'on n'a pas encore les estampes, que la liste des souscripteurs n'est pas encore imprimée, et qu'il y a toujours des retardements dans toutes les affaires de ce monde .
Je crois que M. le cardinal de Bernis finira par être archevêque 3, mais d'Alembert doute qu'ayant fait Les Quatre Saisons il fasse encore la pluie et le beau temps . On prétend que l’Électeur palatin se met sur les rangs pour être roi de Pologne 4. Je le trouve bien bon , et je suis fort fâché, pour ma part, qu'il veuille se ruiner pour une couronne qui ne rapporte que des dégoûts .
Je me mets aveuglément aux pieds de mon héros . »
1 Richelieu lui-même .
2 Voir lettre du 7 novembre 1763 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/10/30/il-ne-s-agit-pas-tous-les-jours-mes-divins-anges-de-conspira-6101089.html
La lettre de Richelieu ne question n'est pas connue .
3 Bernis obtint le 30 mai suivant l'évêché d'Albi, dont le revenu est de 120 000 livres .
4 Il devient en fait électeur de Bavière en 1777 .
30/01/2019 | Lien permanent
Je pense que le petit morceau ci-joint est moins mauvais que celui auquel je le substitue, et voici mes raisons
J'ai vu, il y a environ deux ans, l'Orphelin de la Chine, et spontanément , au sortir du spectacle, j'avais dit, à qui voulait bien l'entendre, que cette pièce m'avait semblé trop longue, diluée, redondante . Je n'ai su qu'après que Volti ne la voulut d'abord qu'en trois actes, et qu'il eut la faiblesse de faire plaisir aux d'Argental et alliés en ajoutant deux actes, avec bien de la peine ; la vivacité d'esprit de ce génial auteur ne luit alors plus que par quelques scènes et répliques . Dommage …
De nos jours, il est parfois heureux de pouvoir regarder la TV ! et profiter d'un spectacle au langage international, puisque sans paroles , ou presque ; humour, poésie, rêve, délire sont présents et je me suis régalé (comme ils disent dans le midi ) . C'est le Slava's Snowshow , que je vous recommande : http://www.tv-replay.fr/player/19-02-12/slava-s-snowshow-arte-9216151.html
« A monsieur le comte d'ARGENTAL.
Aux Délices, 18 juillet [1755]
Vous devez, mon cher ange, avoir reçu et avoir jugé notre Orphelin1. Je n'étais point du tout content de la première façon, je ne le suis guère de la seconde. Je pense que le petit morceau ci-joint est moins mauvais que celui auquel je le substitue, et voici mes raisons. Le sujet de la pièce est l'Orphelin, plus on en parle, mieux l'unité s'en trouve. La scène m'en parait mieux filée, et les sentiments plus forts. Il me semble que c'était un très- grand défaut que Zamti et Idamé eussent des choses si embarrassantes à se dire, et ne se parlassent point.
Plus la proposition du divorce est délicate, plus le spectateur désire un éclaircissement entre la femme et le mari. Cet éclaircissement produit une action et un nœud, cette scène prépare celle du poignard, au cinquième acte. Si Zamti et Idamé ne s'étaient point vus au quatrième acte, ils ne feraient nul effet au cinquième: on oublie les gens qu'on a perdus de vue. Le parterre n'est pas comme vous, mon cher ange; il ne fait nul cas des absents. Zamti, ne reparaissant qu'à la fin seulement, pour donner à Gengis occasion de faire une belle action, serait très- insipide il en résulterait du froid sur la scène du poignard, et ce froid la rendrait ridicule. Toutes ces raisons me font croire que la fin du quatrième acte est incomparablement moins mauvaise qu'elle n'était, et je crois la troisième façon préférable à la seconde, parce que cette troisième est plus approfondie. Après ce petit plaidoyer, je me soumets à votre arrêt. Vous êtes le maître de l'ouvrage, du temps, et de la façon dont on le donnera. C'est vous qui avez commandé cinq actes, ils vous appartiennent. Notre ami Lekain doit avoir un habit. Il faudra aussi que Lambert ait le privilège, pour les injures que nous lui avons dites, Mme Denis et moi, et pour l'avoir appelé si souvent paresseux. Thieriot-Trompette me mande que M. Bouret ne lui a point encore fait remettre son paquet. Il soupçonne que les commis en prennent préalablement copie.
J'en bénis Dieu, et je souhaite qu'il y ait beaucoup de ces copies moins malhonnêtes que l'original défiguré et tronqué qui court le monde. Je suis toujours réduit à la maxime qu'un petit mal vaut mieux qu'un grand. A propos de nouveaux maux, pourriez-vous me dire si un certain livre édifiant contre les Buffon, Pope, Diderot, moi indigne, et ejusdem farinae homines, a un grand succès, et s'il y a quelques profits à faire ? Il serait
bien doux de pouvoir se convertir sur cette lecture, et de devoir son salut à l'auteur. Adieu, mon cher et respectable ami, je vous dois ma consolation en ce monde.
Je dois vous mander que M. de Paulmy et M. de La Valette, intendant de Bourgogne, ont pleuré tous deux à notre Orphelin. M. de Paulmy n'a pas mal lu le quatrième acte. Nous le jouerons dans ma cabane des Délices, nous y bâtissons un petit théâtre de marionnettes. Genève aura la comédie, malgré Calvin. J'ai envoyé à M. le maréchal de Richelieu, par M. de Paulmy, quinze chants honnêtes de ce grave poème épique. Je lui ai promis que vous lui communiqueriez l'Orphelin. Voilà un compte très-exact des affaires de la province. Donnez-nous vos ordres, et aimez-nous.
M. le maréchal de Richelieu nous apprend le bruit cruel qui court que je fais imprimer à Genève cet ouvrage, qu'on vend manuscrit à Paris à tout le monde, et que je le gâte. Il n'y a rien de plus faux, ni de plus dangereux, ni de plus funeste pour moi, qu'un pareil bruit. »
1 L'Orphelin de la Chine , vu au XXIè siècle : http://www.chinatoday.com.cn/lachine/2004/0402/08.htm
20/02/2012 | Lien permanent | Commentaires (1)
... la Chine. Je ne vois plus que ce pays où l'on puisse me rendre un peu de justice
... Comme pensait sans doute ce matin un certain Dirty Silly Keutard de triste renommée .
You Tube avale l'information !
Dans un autre domaine, la radio Rires et Chansons sanctionne Gérald Dahan, en le limogeant, pour avoir piègé Dupont-Aignan et l'avoir fait savoir via le net :
http://www.youtube.com/watch?v=00BzOkG2Fvo
Les dirigeants de cette radio sont de fieffés hypocrites doublés de lâches imbéciles .
Il est habituel de dire qu'un petit dessin vaut mieux qu'un grand discours, on peut ajouter qu'une petite bande son éclaire sur la malveillance et l'égo surdimensionné d'un certain candidat . Allez ! à la trappe le Dupont-gnan-gnan !! ( je ne dis pas: la Trappe, car je ne veux aucun mal à ces moines qui préfèrent le silence ) .
Côté féminin, Eva Joly et Corinne Lepage : un petit moment de grâce :
http://www.20minutes.fr/politique/884475-presidentielle-e...
Mme Joly, vous avez cent fois raison, il faut savoir être brève et précise face à une outre enflée donneuse de leçons ; pour résumer : tournons le page ! (qui a dit "chic ! chic !!" ?)
« A M. le comte d'ARGENTAL.
Aux Délices, 21 juillet [1755]
Mon cher ange, vous avez dû recevoir les cinq Chinois par M. de Chauvelin, et une petite correction au quatrième acte, par la poste1. Il est juste que je vous rende compte des moindres particularités de la Chine. Celles qui regardent l'ouvrage 2 que Darget et bien d'autres personnes ont entre les mains sont bien tristes. Il n'est que trop vrai que ce Grasset, dont vous aviez eu la bonté de me parler, en avait un exemplaire mais ce qu'il y a de plus cruel, c'est le bruit qui court3, et dont M. le maréchal de Richelieu m'a instruit. Cette idée est aussi funeste qu'elle est mal fondée. Comment avez-vous pu croire que je songeasse à me priver de l'asile que j'ai choisi, et qui m'a tant coûté? comment avez-vous pensé que je voulusse publier moi-même ce que j'ai envoyé à Mme de Pompadour, et perdre ainsi tout d'un coup le mérite de ma petite confiance? J'ai embelli assurément l'ouvrage, au lieu de le gâter et je suis d'autant plus en droit de condamner les éditions défigurées qui pourraient paraître de l'ancienne leçon. J'ai soigné cet ouvrage; je l'ai regardé comme un pendant de l'Arioste; j'ai songé à la postérité, et je fais l'impossible pour écarter les dangers du temps présent. Je vous conjure, mon cher et respectable ami, de détruire de toutes vos forces le bruit affreux qui n'est point du tout fondé, et qui m'achèverait. Vous avez confié vos craintes à M. de Richelieu et à Mme de Fontaine. L'un et l'autre ont pris pour certain l'événement que votre amitié redoutait. Ils l'ont dit, la chose est devenue publique; mais c'est le contraire qui doit être public.
Ma consolation sera à la Chine. Je ne vois plus que ce pays où l'on puisse me rendre un peu de justice. Adieu, mon cher ange. »
1 Voir lettre du 18 juillet à d 'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/02/20/je-pense-que-le-petit-morceau-ci-joint-est-moins-mauvais-que.html
22/02/2012 | Lien permanent
Laissez-moi me flatter d'obtenir cette faveur que je vous demande avec la plus vive instance
Volti me fait souvent penser à un chat qui vient se frotter à nos jambes , ronronner, faire patte de velours, et qui fait aimablement comprendre que ce qui l'intéresse d'abord , c'est notre don de nourriture , avec ou sans caresses , et avec une soumission affichée, trop belle pour être vraie .
Ici, une fois de plus, Volti plaide pour aider un ami , et il est , selon moi, bien difficile de rester sourd à sa demande .
Celui-ci est un mien voisin d'une indépendance remarquable, résultat d'un croisement tigre/zèbre !
« A M. LE MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU.
Aux Délices, près de Genève, 2 avril 1755
On me mande que mon héros a repris son visage. Il ne pouvait mieux faire que de garder tout ce que la nature lui a donné. Vous êtes donc quitte, monseigneur, au moins je m'en flatte, de votre maladie cutanée. Il était bien injuste que votre peau fut si maltraitée, après avoir donné tant de plaisir à la peau d'autrui mais on est quelquefois puni par où l'on a péché.
Je me mêle aussi d'avoir une dartre. On dit que j'ai l'honneur de posséder une voix aussi belle que la vôtre si j'ai, avec cela, un érysipèle au visage, me voilà votre petite copie en laid.
Un grand acteur est venu me trouver dans ma retraite c'est Lekain i, c'est votre protégé, c'est Orosmane, c'est d'ailleurs le meilleur enfant du monde. Il a joué à Dijon, et il a enchanté les
Bourguignons; il a joué chez moi, et il a fait pleurer les Genevois. Je lui ai conseillé d'aller gagner quelque argent à Lyon, au moins pendant huit jours, en attendant les ordres de M. le duc de Gèvres ii. Il ne tire pas plus de deux mille livres par an de la Comédie de Paris. On ne peut ni avoir plus de mérite, ni être plus pauvre. Je vous promets une tragédie nouvelle, si vous daignez le protéger dans son voyage de Lyon. Nous vous conjurons, Mme Denis et moi, de lui procurer ce petit bénéfice dont il a besoin. Il vous est bien aisé de prendre sur vous cette bonne action. M. le duc de Gèvres se fera un plaisir d'être de votre avis et de vous obliger. Ayez la bonté de lui faire cette grâce. Vous ne sauriez croire à quel point nous vous serons obligés. Il attendra les ordres à Lyon. Ne me refusez pas, je vous en supplie. Laissez-moi me flatter d'obtenir cette faveur que je vous demande avec la plus vive instance. Il ne s'agit que d'un mot à votre camarade. Les premiers gentilshommes de la chambre ne font qu'un.
Pardon de vous tant parler d'une chose si simple et si aisée mais j'aime à vous prier, à vous parler, à vous dire combien je vous aime, à quel point vous serez toujours mon héros, et avec quelle tendresse respectueuse je serai toujours à vos ordres. »
iVoir lettre du même jour à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/04/03/ses-organes-ne-se-deploient-que-dans-la-passion.html
ii Le duc de Gesvres, pair de France, premier gentilhomme de la chambre du roi, comme Richelieu . On trouvera un exemple de son travail en date du 30 juin 1743 , à la Comédie Française : http://www.archive.org/stream/lescomdiensduro00frangoog#page/n18/mode/2up
et : http://www.archive.org/stream/lescomdiensduro00frangoog#p...
04/01/2012 | Lien permanent
cette tragédie n'est pas de moi, je ne suis pas un homme à combattre le lendemain d'une bataille
... Ce qui veut dire que rien d'important ne va se passer dans l'immédiat sur le front électoral .
Ouf ! me voila rassuré !
Mais au fait, il est vrai qu'il ne s'agit pas de tragédie, mais plutôt de commedia del arte .
« A M. le comte d'ARGENTAL.
Aux Délices, 10 décembre [1755]
Je vous envoie, mon cher ange, une tragédie 1 que vous recevrez par une occasion. Ne vous alarmez pas, cette tragédie n'est pas de moi, je ne suis pas un homme à combattre le lendemain d'une bataille. La pièce est d'un de mes amis, à qui je voudrais bien ressembler. Je crois qu'elle peut avoir du succès, et je crains que l'amitié ne me fasse illusion. Je soumets l'ouvrage à vos lumières; l'auteur et moi, nous nous en rapportons à vous avec confiance. Soyez le maître de cette tragédie comme des miennes , vous pouvez la faire donner secrètement aux comédiens. Mon cher ange, pendant que vous vous amuserez à faire jouer celle-là, je vous en mettrai une autre sur le métier, afin que vous ne chômiez pas, car ce serait conscience. Est-il vrai qu'il parait dans Paris deux ou trois éditions d'une pauvre héroïne nommée Jeanne, et qu'il y en a d'aussi indécentes que fautives et défigurées?2 C'est Thieriot qui me mande cette chienne de nouvelle. Mettez-moi au fait, je vous en supplie, de mes enfants bâtards, qu'on expose ainsi dans les rues. Il faut que les gens aient le cœur bien dur pour s'occuper de ces bagatelles, pendant qu'une partie du continent est abîmée 3 et que nous sommes à la veille du jugement dernier.
Je vais d'Alpe en Alpe passer une partie de l'hiver dans un petit ermitage appelé Monrion, au pied de Lausanne, à l'abri du cruel vent du nord. Adressez-moi toujours vos ordres à Lyon.
Mille tendres respects à tous les anges. »
1 Nicéphore, tragédie de François Tronchin, conseiller d'État à Genève. Voir lettre du 4 août 1755 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/week10/index.html
2 Cette question de V* est étonnante quand on sait ce qu'il sait de ces éditions frauduleuses depuis quelques mois .
24/04/2012 | Lien permanent
il y a un peu d'amour- propre à moi de voir que l'Europe vous regarde des mêmes yeux que je vous ai vu depuis plus de vi
... Il y a un peu d'amour-propre à moi de voir que le monde vous regarde des mêmes yeux que je vous ai vu, depuis trop peu d'années je dois l'avouer, -oserais-je paraphraser,- mon cher Voltaire .
Et je vous salue .
Voltaire, par Emile Lambert, Maison Fusier à Ferney-Voltaire
« A M. le maréchal duc de RICHELIEU.
Aux Délices, 16 juillet [1756]
Mon héros et celui de la France, en vertu du petit billet 1 dont vous daignâtes m'honorer après votre bel assaut, j'eus l'honneur de vous dire tout ce que j'en pense, et de vous écrire à Compiègne. Vous allez être assassiné de poèmes et d'odes. Un jésuite de Diécon, un abbé de Dijon, un bel esprit de Toulouse, m'en ont déjà envoyé . Je suis le bureau d'adresses de vos triomphes. On s'adresse à moi comme au vieux secrétaire de votre gloire.
Ce qui me fait le plus de plaisir, c'est une Histoire de la révolution de Gênes, très-sagement écrite et très-exacte, qui paraît depuis peu en italien. On m'en a apporté la traduction en français on vous y rend toute la justice qui vous est due 2. Je vais incessamment la faire imprimer. J'avoue qu'il y a un peu d'amour- propre à moi de voir que l'Europe vous regarde des mêmes yeux que je vous ai vu depuis plus de vingt ans mais, en vérité, il y a cent fois plus d'attachement que de vanité dans mon fait. On dit que M. le duc de Fronsac 3 était fait comme un homme qui vient d'un assaut, quand il a porté la nouvelle. Il était, avec les grâces qu'il tient de vous, orné de toutes celles d'un brûleur de maisons. Il tient cela de vous encore. Demandez à votre écuyer si vous n'aviez pas votre chapeau en clabaud, et si vous n'étiez pas noir comme un diable, et poudreux comme un courrier, à la bataille de Fontenoy.
Je vous importune; pardonnez au bavard. »
2 Voir tome XV, page 275 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411331n/f278.image
3 Louis-Antoine-Sophie de Vignerot du Plessis , fils unique du duc de Richelieu : voir page 353 : http://books.google.fr/books?id=I0sWAAAAYAAJ&pg=PA353&lpg=PA353&dq=duc+de+fronsac+1756+richelieu&source=bl&ots=eNlyTagEft&sig=E9IYuNDYNwLoAxm8FLPUYJBBhrA&hl=fr&sa=X&ei=lp8KUNKXE_C10QXIn8jgCg&ved=0CEwQ6AEwCA#v=onepage&q=duc%20de%20fronsac%201756%20richelieu&f=false
Ce duc, qui avait montré de la valeur au siège de Port-Mahon, venait de recevoir la croix de Saint-Louis pour récompense.
21/07/2012 | Lien permanent | Commentaires (2)
Un simple compliment n'est guère lu, s'il n'est soutenu par des choses utiles.
Professeur Bernard DEVAUCHELLE
Congrès France ADOT 01
30è anniversaire - 24 mars 2012- Bourg-en-Bresse
N'oubliez pas ce regard d'homme de bonne volonté, ni cette main qui redonne un visage et donc une vie à des êtres défigurés .
N'oubliez pas de dire à vos proches si vous êtes pour le don de vos organes ou non .
N'oubliez pas que votre mort peut n'être pas inutile , et être source de vie.
« A M. le maréchal duc de RICHELIEU.
Aux Délices, 12 septembre [1755]
Je vous envoie, monseigneur, à la hâte, et comme je peux, votre filleul l'Orphelin, dont vous voulez bien être le parrain : ce sont les premiers exemplaires qui sortent de la presse 1. Je crois que vous joindrez à toutes vos bontés celle de me pardonner la dissertation que je m'avise toujours de coudre à mes dédicaces. J'aime un peu l'antique, cette façon en a du moins quelque air. Les épîtres dédicatoires des anciens n'étaient pas faites comme une lettre qu'on met à la poste, et qui se termine par une vaine formule; c'étaient des discours instructifs. Un simple compliment n'est guère lu, s'il n'est soutenu par des choses utiles. Il y a, à la fin de la pièce, une lettre à Jean-Jacques Rousseau 2, que j'ai cru nécessaire de publier dans la position où je me trouve.
Je suis honteux de vous entretenir de ces bagatelles, lorsque je ne devrais vous parler que du chagrin sensible que m'a causé la perte de votre procès 3. Je ne sais pas si une pareille décision se trouve dans l’Esprit des Lois. J'ignore la matière des substitutions, j'avais seulement toujours entendu dire que les droits du mineur étaient inviolables; et, à moins qu'il n'y ait une loi formelle qui déroge à ces droits, il me paraît qu'il y a eu beaucoup d'arbitraire dans ce jugement. Je ne puis croire surtout qu'on vous ait condamné aux dépens, et je regarde cette clause comme une fausse nouvelle. Je n'ose vous demander ce qui en est. Vous devez être surchargé d'affaires extrêmement désagréables. Il est bien triste de succomber, après tant d'années de peines et de frais, dans une cause qui, au sentiment de Cochin, était indubitable, et ne faisait pas même de question.
Vous êtes bien bon de me parler de tragédie et de dédicaces, quand vous êtes dans une crise si importante , c'est une nouvelle épreuve où l'on a mis votre courage. Vous soutenez cette perte comme une colonne anglaise 4 mais les canons ne peuvent rien ici, et ce n'est que dans votre belle âme que vous trouvez des ressources. C'est à cette âme noble et tendre que je serai attaché toute ma vie avec les sentiments les plus inviolables et les plus respectueux. Vous savez que ma nièce pense comme moi. Permettez que je revienne à la pièce qui est sous votre protection. Je vous demande en grâce qu'on la joue à Fontainebleau, telle que je l'ai faite, telle que Mme de Pompadour l'a lue et approuvée, telle que j'ai l'honneur de vous l'envoyer, et non telle qu'elle a été défigurée à Paris. En vérité, je ne puis concevoir comment elle a pu avoir quelques succès avec tant d'incongruités. Il faut que Mlle Clairon soit une grande enchanteresse. »
2 Lettre du 30 août : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/03/22/o... en réponse à la lecture de Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes .
3 On trouve dans les Ouvres de Cochin (édition in-8°, tome IV, page 391) un mémoire ou plaidoyer pour M. le duc de Richelieu, héritier substitué de M. le cardinal de Richelieu, son grand-oncle, contre M. de Chabezé, M. Payen, etc., etc., et autres possesseurs de maisons situées dans les environs du Palais-Royal, faisant partie de la substitution, et indûment aliénées. Le procès remontait aux environs de 1735. (Beuchot.)
4 Voltaire, trompé par des relations inexactes, et aveuglé par sa partialité pour son héros, croyait que celui-ci, à la bataille de Fontenoy, avait donné le premier l'avis de faire avancer quatre canons contre le front de la colonne anglaise. (CL.) Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/categorie-11835145.html
28/03/2012 | Lien permanent