27/02/2011
Ne pourrait-on pas en même temps imaginer une nouvelle manière de payer ses dettes ? Il est bon de songer à tout .
http://www.bibliotheque-desguine.fr/desguine/Notice/Z+01291
« A Germain-Gilles-Richard de Ruffey i
Monsieur le Président de Ruffey etc. à Dijon
27è février 1771, à Ferney
Mon cher président, je sais bien que j'aurais dû vous écrire plus tôt ; mais avec soixante-dix-sept ans, des fluxions horribles sur les yeux et la goutte, on ne fait pas toujours ce qu’on voudrait.
Je crois que tous les présidents du parlement de Dijon ont actuellement des choses plus importantes que celles de l'Académie française . On a persuadé à M. de Brosses que je m'étais opposé à son élection, parce que j'avais écrit plusieurs lettres en faveur de M. Gaillard . Mais je le prie de considérer que j'avais écrit ces lettres longtemps avant que j'eusse appris que M. de Brosses voulût être notre confrère ii. Il nous fera certainement bien de l'honneur à la première occasion . Multae sunt mansiones in domo patris mei iii, j'ai fait ce que j'ai pu pour mériter son amitié, et excepté le tort que j'ai peut être de vivre encore iv, je n'ai rien à me reprocher .
On prépare à Paris un nouveau code, un nouveau parlement v. Ne pourrait-on pas en même temps imaginer une nouvelle manière de payer ses dettes ? Il est bon de songer à tout .
Savez-vous qu'on établit un conseil supérieur à Lyon ? qu'il y a déjà des juges de nommés vi? On parle aussi de Poitiers et de Clermont en Auvergne vii.
Voilà tout ce que je sais ; mais vous en savez sans doute davantage à Dijon . Conservez-moi toujours un peu d'amitié, mon très cher président ; cela me fera finir plus gaiement . Si vous voyez M. Legouz viii, je vous prie de lui dire que je lui suis toujours très tendrement attaché .
V. »
ii Voir lettres du 10 décembre 1770 à d'Alembert : http://www.monsieurdevoltaire.com/ext/http://voltaireatho...
19 décembre aux d'Argental : http://www.monsieurdevoltaire.com/ext/http://voltaireatho...
et celle à Richelieu du 4 février 1771 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/02/03/j...
iv L'achat du comté de Tournay s’arrêtait à la mort de V* ; pour ses démêlés avec de Brosses, voir lettres précédentes et celles de 1761, et celle du 6 avril 1768 à Mme Denis : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/04/07/v...
v Le parlement de Paris a été dissous dans la nuit du 21 au 22 janvier et ses membres exilés suite à une nouvelle grève le 18 janvier (voir la mention de phases antérieures du conflit dans la lettre du 7 décembre 1770 à Mme d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2008/12/09/v... ) .
L'édit de Maupéou du 23 février 1771 supprime la vénalité des charges, les épices, décentralise la justice et restreint le ressort du parlement de Paris en créant des conseils supérieurs ; il simplifie aussi la procédure .
Voir : http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=17710...
vi Le 25 février, V* écrivait : « On me mande de Lyon que monsieur le chancelier a déjà nommé onze conseillers du Conseil Suprême qu'il veut établir à Lyon ... N'était-il pas horrible d'être obligé de s'aller ruiner en dernier ressort à cent lieues de chez soi, devant un tribunal qui n'entend rien au commerce, et qui ne sait pas comment on file la soie ? Monsieur le chancelier parait un homme d'esprit très éclairé et très ferme ... »
vii L’Édit du roi portant création de conseils supérieurs, du 23 février 1771, établissait des cours de justice à Arras, Blois, Châlons, Clermont-Ferrand, Lyon et Poitiers qui étaient jusqu'alors du ressort du parlement de Paris.
viii Conseiller au parlement de Dijon, que V* a prétendu pendant un certain temps en 1761 être l'auteur du Droit du seigneur. En 1766, il est devenu le beau-père du président de Brosses : http://fr.wikipedia.org/wiki/B%C3%A9nigne_Le_Gouz_de_Sain...
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