25/04/2011
Le mot politique signifie, dans son origine primitive, citoyen, et aujourd’hui, grâce à notre perversité, il signifie trompeur de citoyens
Le citoyen numéroté : http://www.deezer.com/listen-314952
http://www.deezer.com/listen-10302457 : Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (vous n'avez que l'embarras du choix pour le nom !)
Dans les trois shémas, trouvez ce qui n'est qu'une vue de l'esprit, un leurre, un attrape-couillon , une promesse électorale jamais tenue, etc.
http://lewebpedagogique.com/allegre/2009/10/13/ec-fiches-8/
Voyez, et lisez la correspondance de Volti et Frédéric, entre autres, sur le splendide blog « monsieurdevoltaire » dont le lien est en tête de colonne droite .
Pour paraphraser Volti, je dis : "C’est à nous à faire l’éloge de l’amitié, c’est à nous de détruire l’infâme politique qui érige le crime en vertu" .
http://www.deezer.com/listen-5904879 : un bon citoyen ?
Citoyen par tous les moyens ! Yes !! http://www.deezer.com/listen-7083497
« A Frédéric, prince héritier de Prusse
A Cirey, le 25 d’avril[1739]
Monseigneur, j’ai donc l’honneur d’envoyer à votre altesse royale la lie de mon vin. Voici les corrections d’un ouvrage qui ne sera jamais digne de la protection singulière dont vous l’honorez. J’ai fait au moins tout ce que j’ai pu ; votre auguste nom fera le reste. Permettez encore une fois, Monseigneur, que le nom du plus éclairé, du plus généreux, du plus aimable de tous les princes, répande sur cet ouvrage un éclat qui embellisse jusqu’aux défauts mêmes ; souffrez ce témoignage de mon tendre respect, il ne pourra point être soupçonné de flatterie. Voilà la seule espèce d’hommages que le public approuve. Je ne suis ici que l’interprète de tous ceux qui connaissent votre génie. Tous savent que j’en dirais autant de vous, si vous n’étiez pas l’héritier d’une monarchie.
J’ai dédié Zaïre à un simple négociant i ; je ne cherchais en lui que l’homme. Il était mon ami, et j’honorais sa vertu. J’ose dédier la Henriade à un esprit supérieur. Quoiqu’il soit prince, j’aime plus encore son génie que je ne révère son rang ii.
Enfin, Monseigneur, nous partons incessamment, et j’aurai l’honneur de demander les ordres de Votre Altesse Royale, dès que la chicane qui nous conduit nous aura laissé une habitation fixe. Madame du Châtelet va plaider pour de petites terres iii, tandis que probablement vous plaiderez pour de plus grandes, les armes à la main. Ces terres sont bien voisines du théâtre de la guerre que je crains :
Mantua væ miseræ nimium vicina Cremonæ !iv
Je me flatte qu’une branche de vos lauriers, mise sur la porte du château de Beringhem v le sauvera de la destruction. Vos grands grenadiers ne me feront point de mal, quand je leur montrerai de vos lettres. Je leur dirai : Non hic in prœlia veni vi. Ils entendent Virgile, sans doute ; et s’ils voulaient piller, je leur crierais : Barbarus has segetes !vii Ils s’enfuiraient alors pour la première fois. Je voudrais bien voir qu’un régiment prussien m’arrêtât ! « Messieurs, dirais-je, savez-vous bien que votre prince fait graver LaHenriade viii, et que j’appartiens à Émilie ? » Le colonel me prierait à souper ; mais, par malheur, je ne soupe point.
Un jour je fus pris pour un espion par des soldats du régiment de Conti : le prince, leur colonel ix, vint à passer, et me pria à souper au lieu de me faire pendre. Mais actuellement, Monseigneur, j’ai toujours peur que les puissances ne me fassent pendre au lieu de boire avec moi. Autrefois le cardinal de Fleury m’aimait, quand je le voyais chez madame la maréchale de Villars ; altri tempi, altre cure x.Actuellement c’est la mode de me persécuter, et je ne conçois pas comment j’ai pu glisser quelques plaisanteries dans cette lettre, au milieu des vexations qui accablent mon âme, et des perpétuelles souffrances qui détruisent mon corps. Mais votre portrait, que je regarde, me dit toujours : Macte animo xi.
Durum, sed levius fit patientia
Quidquid corrigere est nefas.xii
J’ose exhorter toujours votre grand génie à honorer Virgile dans Nisus et dans Euryalus xiii, et à confondre Machiavel. C’est à vous à faire l’éloge de l’amitié, c’est à vous de détruire l’infâme politique qui érige le crime en vertu. Le mot politique signifie, dans son origine primitive, citoyen, et aujourd’hui, grâce à notre perversité, il signifie trompeur de citoyens. Rendez-lui, monseigneur, sa vraie signification. Faites connaître, faites aimer la vertu aux hommes.
Je travaille à finir un ouvrage xiv que j’aurai l’honneur d’envoyer à Votre Altesse Royale, dès que j’aurai reposé ma tête. Votre Altesse Royale ne manquera pas de mes frivoles productions, et tant qu’elles l’amuseront, je suis à ses ordres.
Madame la marquise du Châtelet joint toujours ses hommages aux miens.
Je suis avec le plus profond respect et la plus grande vénération, Monseigneur, etc. »
ii Il modifiera quelques vers de la dédicace quand Frédéric devenu roi envahira la Silésie en 1740 .
iii « une petite principauté située vers Liège et Juliers ... composée de Ham et Beringhem » héritage du marquis de Trichâteau pour lequel les du Châtelet font un procès à la maison de Hoensbroek.
v A neuf lieues et demie de Maestricht. C’est un marquis de ce nom qui fut enlevé sur le pont de Sèvres à la place du dauphin, en 1708. Il semble que Voltaire se souvenait de cette méprise en écrivant ce qui va suivre.
viii Frédéric lui avait fait part de cette intention le 3 février 1739 . Voir lettre 77 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-coorespondance-...
ix Louis-François de Bourbon, au camp de Philipsbourg où V* était allé voir le duc de Richelieu en 1734 .
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