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01/07/2011

ce n'est pas une petite peine que celle de donner du plaisir

http://fr.wikipedia.org/wiki/Ren%C3%A9_Louis_de_Voyer_de_Paulmy_d'Argenson

" ... plût à Dieu que vous fussiez dans les places que vous méritez..." : si Dieu écoute encore Volti, je sens venir un monstre remaniement gouvernemental ...!

"...Ce n'est pas pour moi, c'est pour le bonheur de l’État que je le désire ." : eh bien ! cette phrase là, on n'a pas fini de la lire et l'entendre dans la bouche des requins mâles et femelles qui veulent notre bonhheur, en commençant par assurer le leur, être chef des chefs .

"J'aime les Français, mais je hais la persécution"  , " je suis indigné de vous  traiter comme je le fais" ajouterais-je dans le discours d'un futur ex-président, s'il était un petit peu sincère et vraiment au service de la nation -comme il l'a clamé (comme le clament tous les présidents  depuis le fameux "Je vous ai compris !" )

 

 

 

 

 

« A René-Louis de Voyer de Paulmy, marquis d'Argenson

[entre septembre 1739 et février 1740]

Vous m'allez croire un paresseux, Monsieur, et qui pis est, un ingrat, mais je ne suis ni l'un ni l'autre . J'ai travaillé à vous amuser depuis que je suis à Bruxelles et ce n'est pas une petite peine que celle de donner du plaisir . Je n'ai jamais tant travaillé de ma vie, c'est que je n'ai jamais eu tant d'envie de vous plaire . Vous savez, Monsieur, que je vous avais promis de vous faire passer une heure ou deux assez doucement . Je devais avoir l'honneur de vous présenter ce petit recueil qu'imprimait Prault ; toutes ces pièces fugitives que vous avez de moi fort informes , et fort incorrectes m'avaient fait naître l'envie de vous les donner un peu plus dignes de vous 1. Prault les avait aussi manuscrites . Je me donnai la peine d'en faire un choix et de corriger avec un très grand soin tout ce qui devait paraître . J'avais mis mes complaisances dans ce petit livre . Je ne croyais pas qu'on dût traiter des choses aussi innocentes plus sévèrement qu'on n'a traité les Chapelle, les Chaulieu, les La Fontaine, les Rabelais et même les épigrammes de Rousseau . Il s'en faut de beaucoup que le recueil de Prault approchât de la liberté du moins hardi de tous les auteurs que je cite . Le principal objet même de ce recueil était le commencement du Siècle de Louis XIV, ouvrage d'un bon citoyen et d'un homme très modéré . J'ose dire que dans tout autre temps une pareille entreprise serait encouragée par le gouvernement . Louis XIV donnait six mille livres de pension aux Valincourt, aux Pellisson , aux Racine et aux Despréaux pour faire son histoire qu'ils ne firent point, et moi je suis persécuté pour avoir fait ce qu'ils devaient faire . J'élevais un monument à la gloire de mon pays, et je suis écrasé sous les premières pierres que j'ai posées . Je suis en tout un exemple que les belles-lettres n'attirent guère que des malheurs . Si vous étiez à leur tête je me flatte que les choses iraient un peu autrement ; et plût à Dieu que vous fussiez dans les places que vous méritez . Ce n'est pas pour moi, c'est pour le bonheur de l’État que je le désire .

 

Vous savez comment Govers 2 a gagné ici son procès tout d'une voix, comment tout le monde l'a félicité, et avec quelle vivacité les grands et les petits l'ont prié de ne point retourner en France . Je compte pour moi rester très longtemps dans ce pays-ci . J'aime les Français, mais je hais la persécution, je suis indigné d'être traité comme je le suis, et d'ailleurs j'ai de bonnes raisons pour rester ici . J'y suis entre l'étude et l'amitié, je n'y désire rien, je n'y regrette que de ne vous point voir . Peut-être viendra-t-il des temps plus favorables pour moi où je pourrai joindre aux douceurs de la vie que je mène, celle de profiter de votre commerce charmant, de m’instruire avec vous et de jouir de vos bontés . Je ne désespère de rien . J'ai vu ici M. d'Argens . Je suis infiniment content de ses procédés avec moi . Je vois bien que vous m'aviez un peu recommandé à lui .

 

Mme du Châtelet vous a écrit, ainsi je ne vous dis rien pour elle . Conservez-moi vos bontés, je vous en conjure ; vous savez si elles me sont précieuses.

 

V. »


1 Sur ce Recueil de pièces fugitives en prose et en vers, voir lettre du 26 mars 1739 à Prault : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/03/26/j...

2 V* parle dans plusieurs lettres, au président de Meinières et à Fleury, de ce Govers qui « a été au château de la Bastille dans le même appartement » que lui « il y a vingt cinq ans », de ses démêlés avec Chéron, en avril 1741 de son ingratitude et du chantage qu'il exerce, en septembre 1742 du pardon qu'il demande à Chéron qui a été condamné par le Conseil de Brabant, a passé trois ans dans la prison des criminels alors qu'il ne devait rien à Govers .

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