29/09/2013
Vous sentez bien , madame, que si mon goût décidait de ma conduite je serais déjà auprès de vous
... Et ce n'est que trop vrai !
« A Charlotte von Altenburg, comtesse Bentinck
A Schwetzingen 4 août 1 [1758]
Je ne suis pas plus jaloux, madame, de M. Haller 2 que de Marie-Thérèse . L'une mérite des adorations et l'autre la plus grande estime . Mais s'il reste un petit coin dans votre cœur, je le demande et je retiens place . Le roi de Prusse a délogé de Koenigsgrats la nuit du 25 au 26 juillet avec beaucoup de précipitation 3. Il a abandonné treize gros canons et des munitions . Il a perdu quelques automates de six pieds de haut . On prétend que c'est M. de Daun qui le fait fuir . Mais ceux qui ont le nez plus fin prétendent qu'il va attaquer et probablement battre les Russes qui sont dans ses États et qui ont passé l'Oder le 22 juillet 4. On s'attend à de grands évènements avant la fin de la campagne . Vous serez bientôt, madame, à la source de ces nouvelles intéressantes . Vous serez à Vienne . Je vois bien que vous n'êtes pas faite pour notre vie simple et rustique . Mais si vous avez la fantaisie, la cruauté , la rage de partir avant que j'arrive à Lausanne, informez-vous du moins, en chemin, du plus maigre des Suisses . Je passerai par Bâle, par Soleure, où je m'arrêterai nécessairement deux jours chez l'ambassadeur de France, enfin par Berne où peut-être je verrai ce grand Haller . C'est votre route en allant à Vienne . Mais il vaudrait mieux assurément que j’eusse l'honneur de vous voir à Lausanne .
Je vous donne encore ma parole d'y être le premier ou le second septembre au plus tard et de faire tous mes efforts pour y être plus tôt . Vous ne doutez pas je crois de mon empressement . J'ai quelques affaires à Strasbourg qui m'y retiendront trois ou quatre jours . Vous voyez avec quelle exactitude je vous rends compte de mes marches . Vous sentez bien , madame, que si mon goût décidait de ma conduite je serais déjà auprès de vous . J'ai plus d'une chose à vous dire ; et la plus importante pour moi est de vous convaincre que c'est à vous seule que je voudrais faire ma cour .
Vous trouvez Montriond trop petit . Il est très grand pour le prix, et avec cent écus de dépense, il y a de quoi loger encore vingt personnes .
Vous ne trouverez peut-être pas en Europe un pareil marché, quoi que vous en disiez . Si vous voulez ne vous pas ruiner, il faut que votre monde reste là . Songez que rien n'est plus cher que les déplacements . Mais nous parlerons de ces arrangements à loisir . Du moins je l'espère . Attendez-moi je vous en conjure et souvenez-vous que jamais ni Autrichien ni même Wesphalien ne vous sera plus attaché que le Suisse
V. »
3 Frédéric II tire son armée d'affaire par son habileté et par la timidité de l'adversaire , il prend position à Königsgrätz, puis après avoir échoué à entrainer Daun à livrer bataille, il se retira en bon ordre de Bohème . Voir page 59 : http://books.google.fr/books?id=AuwEAAAAYAAJ&pg=PA62&lpg=PA62&dq=konigsgratz+1758&source=bl&ots=aawYRrBjrn&sig=l6PqwbRov8wsbZ-ccZbMKcn7bp0&hl=fr&sa=X&ei=2ppIUsGvC-KN4AS42oGoAg&ved=0CEIQ6AEwAg#v=onepage&q=konigsgratz%201758&f=false
4 La nouvelle est fausse, un peu plus tard dans le mois, c'est Frédéric II qui franchira l'Oder dans la direction opposée pour aller rencontrer l'ennemi .
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28/09/2013
Les choses sont changées ailleurs
... Faut-il s'en réjouir aussi ?
Ailleurs ? c'est bien dommage que ce ne soit ici . Ce dimanche, grâce au travail assidu de syndicats sclérosants et d'un ministère/ministre du travail borné des magasins ouvriront en toute illégalité, Leroy-Merlin et Castorama en l'occurence .
M. Hamon vos arguments sont ceux d'un nanti qui ouvre largement un parapluie blindé pour se défausser .
Bougres d'ânes syndicaux , vous êtes du même bois que les imbéciles qui veulent tuer le moustique sur la tête du roi avec une massue, vous voulez au nom d'avantages acquis offrir du repos obligatoire à des gens qui veulent gagner leur vie . Une fois de plus des syndicats sont générateurs de chomage, car s'il est évident pour eux de s'attaquer aux patrons, ils les font condamner financièrement, ce qui retombe inévitablement sur les employés, et même les clients qui peu ou prou payeront ces amendes dans leurs articles .
Voltaire râlait déjà face au clergé qui exigeait le repos dominical obligatoire faisant fi des exigences du travail campagnard et des aléas climatiques . Est-il bien raisonnable de perdre une récolte en allant à la messe et se pochtronant rituellement ? Est-ce une belle consolation de gagner son paradis hypothétique , plutôt que de manger à sa faim ?
Où ont-ils la tête ou qu'ont-ils dedans ?
« A Cosimo Alessandro COLLINI.
Je compte arriver, mon cher Collini, lundi au soir, 7 du mois courant, à Strasbourg, et je me flatte de vous y embrasser. Mon idée est de coucher lundi chez M. de Turkeim et mardi chez Mme la comtesse de Lutzelbourg .
On se réjouit à Schwetsingen comme on faisait quand nous y séjournâmes en 1753. Les choses sont changées ailleurs. Je vous embrasse du meilleur de mon cœur.
V.
A Shuetsingen 2 août [1758] »
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27/09/2013
s'enrichir par l'agriculture , il a fallu que le gouvernement donnât des encouragements à cet art qui paraît aisé, et qui est très difficile .
... Mais est-ce l'art agricole qui est difficile ou l'art de s'enrichir par le précédent art ?
A mes yeux, les deux .
Le principe n'est donc pas nouveau, seules les proportions ont changé .
Avec cette remarque que le système des subventions agricoles peut dans certains pays, comme la Suisse voisine apporter un revenu proche d'un pactole . En Suisse on dit que les paysans sont constamment fâchés car ils trouvent les délais de livraison de leurs Mercedes beaucoup trop longs.
Pauvres paysans ! Enfin, quand je dis pauvres, c'est exagéré , ou alors il s'agit de ceux qui renoncent à faire la manche auprès des organismes payeurs et qui sont coincés par les marchés de la grande distribution et les remboursements de crédits au Crédit Agricole . Ceux qui s'en sortent plutôt bien passent bientôt plus de temps à remplir de la paperasse qu'à s'occuper de leurs terres et bétail, j'en ai été témoin , et ils en ont marre .
Ne serait-il pas plus simple de payer correctement, directement, ce que nous mangeons, plutôt que de payer des impôts qui vont servir à donner des subventions à ceux qui nous nourrissent , mais aussi au passage, et c'est là que le bât me blesse, nourrir/payer une armée de gratte-papier bureaucrates que je qualifie "d'exploitants l'agricole" .
http://fr.wikipedia.org/wiki/Subvention_agricole
« A Ivan Ivanovitch Shuvalov
A Shwessingen 1er août [1758]
Monsieur, les agréments de la cour palatine ne m'empêchent pas de songer à la gloire de Pierre le Grand et au soin que vous prenez de l'immortaliser . Les mémoires que votre Excellence a bien voulu m'envoyer seront mes guides . Je ne vous avais envoyé la première esquisse que pour savoir si l'ordre dans lequel j'ai travaillé est en général conforme à vos vues . Les faits, les dates s'arrangeront aisément et pour peu que j'aie de la santé, le bâtiment dont vous aurez fourni tous les matériaux sera bientôt achevé .
Permettez-moi, monsieur, de joindre ici un petit mémoire des nouvelles instructions que je demande au sujet des remarques sur la première esquisse .
Au reste je regarde les 1 médailles de Sa Majesté Impériale comme la marque la plus flatteuse de votre bienveillance et comme un témoignage de la perfection où les arts sont parvenus dans votre empire .
J'ai eu l'honneur de voir à la cour de l’Électeur palatin le jeune M. de Voronsov,2 il est une preuve que l'esprit est formé de bonne heure dans votre pays . Mais vous monsieur vous en êtes une preuve plus frappante . J'apprends que vous n'avez que vingt-cinq ans et je suis étonné de la profondeur et de la multiplicité de vos connaissances . De tels exemples redoublent la reconnaissance qu'on doit à Pierre le Grand d'avoir amené tous les arts dans un pays où les hommes naissent avec tant de génie .
Mon attachement redouble pour vous, monsieur, aussi bien que la reconnaissance avec laquelle j'ai l'honneur d'être
monsieur
de Votre Excellence
le très humble et très obéissant serviteur
Voltaire.
Le baron de Stralemberg n'est-il pas en général un homme bien instruit ? Il dit en effet qu'il y avait seize gouvernements mais que de son temps ils furent réduits à quatorze . Apparemment depuis lui, on a fait un nouveau partage .
La Livonie n'est-elle pas la province la plus fertile du Nord ? Si vous remontez en droite ligne quelle province produit autant de froment qu'elle ?
Brême étant plus éloigné de la Livonie que Lubek, et étant bien moins puissante, est-il vraisemblable qu'elle ait commercé avec la Livonie avant Lubek ?
En 1514 l'ordre Teutonique n'était-il pas suzerain de la Livonie ? Albert de Brandebourg ne céda-t-il pas ses droits à Gautier de Plettanberg 3 en 1514 ? et le grand prieur de Livonie ne fut-il pas déclaré prince de l'Empire germanique en 1530 ? ces faits sont constaté dans la plupart des annalistes allemands .
Il est dit dans le petit essai envoyé ci-devant que le capitaine Chancellor 4 remonta la rivière de la Duina . Mais il n'est point dit qu'il arriva à Moscou par eau ; ce qui eût été absurde 5 .
On lit dans l'Histoire du commerce de Venise 6 que les Vénitiens avaient bâti le petit bourg qu'ils appelaient Tana 7, vers la mer Noire, et de là vient le proverbe vénitien né à la Tana . Les Génois s'en emparèrent depuis . Cependant les remarques envoyées par M. de S 8 m'apprennent que les Génois bâtirent Tana .
Pour ce qui regarde les Lapons il y a grande apparence que s'étant mêlés avec quelques natifs du nord de la Finlande, leur sang a pu en être altéré . Mais j'ai vu il y a vingt ans 9 chez la roi Stanislas deux Lapons dont le roi Charles XII lui avait fait présent . Ils étaient probablement d'une race pure . Leur beauté naturelle s'était parfaitement conservée . Leur taille était de trois pieds et demi, leur visage plus large que long, des yeux très petits, des oreilles immenses . Ils ressemblaient aux hommes à peu près comme des singes . Il est vraisemblable que les Samoyèdes ont conservé toutes leurs grâces, parce qu'ils n'ont pas eu l'occasion de se mêler aux autres nations, comme les Lapons ont fait . L'un et l'autre peuple paraît une production de la nature faite pour leur climat, comme leurs rangifères ou rennes . Un vrai Lapon, un vrai Samoyède, un rangifère, ont bien l'air de ne point venir d'ailleurs .
Si du temps 10 que ce cosaque, qui selon le baron de Straleimberg découvrit et conquit la Sibérie avec six cents hommes, les chefs des Sibériens s'appelaient Tsars, comment le titre peut-il venir de César 11? Est-il probable qu'on se fut modelé en Sibérie sur l'Empire romain ?
Knes signifie-t-il originairement duc ? Ce mot duc aux dixième et onzième siècle était absolument ignoré dans tout le nord . Knes ne signifie-t-il pas seigneur ? Ne répond il pas originairement au mot baron ? N'appelait-on pas knes un possesseur d'une terre considérable ? Ne signifie-t-il pas chef ? Comme mirza ou kan le signifie ? Les noms des dignités ne se rapportent exactement les uns aux autres en aucune langue .
Je suis bien aise que l'agriculture n'ait jamais été négligée en Russie . Elle l'a beaucoup été en Angleterre et encor plus en France, et ce n'est que depuis environ quatre-vingts ans que les Anglais ont su tirer de la terre tout ce qu'ils en pouvaient tirer . Leur terre est très fertile en froment et cependant ce n'est que depuis peu de temps qu'ils sont parvenus à s'enrichir par l'agriculture , il a fallu que le gouvernement donnât des encouragements à cet art qui paraît aisé, et qui est très difficile .
Je suis fort surpris d'apprendre qu'il était permis de sortir de Russie et que c'était uniquement par préjugé qu'on ne voyageait pas . Mais un vassal pouvait-il sortir sans la permission de son boyard ? Un boyard pouvait-il s'absenter sans la permission du csar ?
Je voudrais savoir quel nom on donnait à l'assemblée des boyards qui élut Michel Federowisch ?12 J'ai nommé cette assemblée sénat en attendant que je sache quel était sa vraie dénomination . Pourrait-on l'appeler diète ? Convocation ? Enfin , était-elle conforme, ou contraire aux lois ?
Quand un fois la coutume s'introduisit de tenir la bride du cheval du patriarche, cette coutume ne devint-elle pas une obligation ainsi que l'usage de baiser la pantoufle du pape ? et tout usage dans l’Église ne se tourne-t-il pas bientôt en devoir ?
La question la plus importante est de savoir s'il ne faudra pas glisser légèrement sur les évènements qui précèdent le règne de Pierre le Grand afin de ne pas épuiser l'attention du lecteur qui est impatient de voir tout ce que ce grand homme a fait ?
On suivra exactement les mémoires envoyés .
A l'égard de l'orthographe, on demande la permission de se conformer à l'usage de la langue dans laquelle on écrit, de ne point écrire Moskwa mais Mosca 13, d'écrire Veronise, Moscou, Alexiovis etc.... On mettra au bas des pages les noms propres tels qu'on les prononce dans la langue russe .
N.B.- Il serait nécessaire que je fusse instruit du temps où les diverses manufactures ont été établies, de la manière dont on s'y est pris et des encouragements qu'on leur a donnés . »14
2 Le comte Alexandre Romanovitch Vonrontsof, âgé de dix sept ans faisait son apprentissage de la diplomatie soue la conduite de son oncle Mikhaïl Illarionovitch .Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Vorontsov
et : http://fr.wikipedia.org/wiki/Mikha%C3%AFl_Illarionovitch_...
3 Walter von Plettenberg, grand Maître de l'Ordre teutonique avait été reconnu prince d'Empire par Charles Quint en 1527 . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Walter_de_Plettenberg
4 Richard Chancellor mena une expédition destinée à trouver un passage nord-est vers les Indes, il visita Moscou en 1554 et 1555 .Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Richard_Chancellor
et : http://www.linternaute.com/histoire/jour/evenement/27/8/1...
7 Tana, actuellement Azof sur le Don, près de l'ancienne Tanais était un comptoir établi parles Génois au XIIIè siècle . Quant au proverbe nato a la tana, que V* cite, il provient tout simplement du mot tana, tannerie et signifie « grossier », et n'a donc rien à voir avec Tana . Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Azov
9 Clogenson , dans son édition de la correspondance, corrige vingt en dix car il estime que Voltaire « ne dût pas aller à la cour de Stanislas avant le commencement de 1748 » . même si l'on pouvait exclure que V* ait fait une visite à la cour de Stanislas pendant son séjour à Cirey, ce qui n'est pas le cas, il faudrait lui laisser la possibilité d'exagérer ou de se tromper .
11 Sur Csar , voir lettre du 17 juillet 1758 à Shuvalov : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/09/19/la-plus-grande-difficulte-de-ce-travail-consistera-a-le-rend.html
12 Michael Fedorovitch , premier tsar Romanof, élu en 1613 ; voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Ier_de_Russie
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26/09/2013
J'ai attendu que vous fussiez entièrement rétabli
... Ce qui est une grande preuve de tact, tant il est vrai que l'inquiétude de l'entourage d'un malade est néfaste . Voltaire est bien placé pour le savoir, lui le mourant récidiviste .
De plus il sait bien que les soins peuvent être plus redoutables que le mal premier et qu'on peut fort bien mourir de la main du soignant . Ce fait est plus rare de nos jours me direz-vous peut-être ? Pas si rare que ça !
Avez-vous entendu parler des maladies nosocomiales ? Si oui , attendez toujours le rétablissement de votre santé d'abord par la fuite de l'hopital, lieu malsain par excellence, ensuite, éventuellement par le corps des soignants . Evitez aussi la salle d'attente du médecin, vous y entrez avec un bobo, vous en sortez avec les virus de Ma'me Michu et les bactéries du père Lustucru , généreux donateurs de miasmes, comme on disait jadis .
« A David-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches
A Schwetsingen [juillet/août 1758] 1
J'ai appris monsieur , avec les plus tendres alarmes que vous aviez versé autant de sang sous la lancette de Cabanis 2, que vous en voudriez répandre sous les drapeaux d'Orange . J'ai attendu que vous fussiez entièrement rétabli pour vous dire à vous et à madame d'Hermenches combien votre état m'a inquiété . Il me reste la douleur de n'avoir pu présenter à madame votre garde les bouillons qu'elle vous donnait . Je suis au désespoir que vous ayez été mal logé, je vous en demande pardon . J'espère avoir bientôt l'honneur de vous embrasser et de vous renouveler tous les sentiments qui m'attachent à vous pour ma vie .
V. »
1 A la même époque, le 31 juillet 1758, Maupertuis écrivait à Bernouilli, depuis Neuchâtel : « J'irai donc loger chez vous en arrivant quoiqu'il eût été assez plaisant de coucher dans le lit de Voltaire comme il vous le disait . On dit ici qu'il a loué ou revendu sa maison de Suisse, qu'il a obtenu la permission de retourner en France et qu'il y retourne . »
2 Cabanis : médecin de Genève ; voir par ex, page 392. : http://books.google.fr/books?id=QydhAAAAIAAJ&pg=PA392&lpg=PA392&dq=cabanis+m%C3%A9decin&source=bl&ots=XhUmDZuO0r&sig=df4vuT52VVWmB2rNKn2umwX-RuU&hl=fr&sa=X&ei=Jq5EUr3RLajw4gT7xYGYDQ&ved=0CDEQ6AEwADgy#v=onepage&q=cabanis%20m%C3%A9decin&f=false
Plus tard V* aura à se plaindre de ce médecin -chirurgien de Genève qui tentera de soigner Hyacinthe Daumart, un parent de Voltaire. Le résultat fut pitoyable comme le note cette lettre à David Louis Constant de Rebecques du 5 novembre 1760 : « Le ciseau de Cabanis est encore plus fatal aux mousquetaires du roi qu'aux majors des gardes stadoudériennes. J'ai peur quelquefois que ce ne soit le ciseau d'Atropos. Le plus fier houzard n'aurait pas fait une plus large blessure que le fer de Cabanis. Il y a bientôt six semaines que Daumart a la fièvre, on l'avait pourtant envové aux eaux ; on l'a tailladé, on lui a enfoncé des sondes du genou aux hanches, et il n'en est pas mieux. Les Russes n'ont point traité ainsi les Berlinois. »
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25/09/2013
Un peu d'exactitude s'il vous plait
… Et s'il est un monde où il faut en avoir (en avoir ou pas ! selon la célèbre formule ), c'est bien dans celui de l'économie qui peut avoir dans certains cas une influence faste ou néfaste sur mes propres économies .
Voir au choix dans le menu offert : https://news.google.fr/news/section?pz=1&cf=all&ned=fr&topic=b&siidp=f3b39db5beeb9fb468e5d75e39305e1f0304
Black out sur l'info ; 1+1 = 3
« A Charlotte-Sophie von Altenburg, comtesse Bentinck
A Schwessingen 29 juillet [1758]
Jk hab seine brief ontfangen 1, madame . Un peu d'exactitude s'il vous plait, vous avez dû recevoir deux lettres de moi, l'une à Turin , l'autre que Mme Denis a dû vous rendre .
Vous voilà donc à Montriond et je n'ai donc pu avoir l'honneur de vous y accompagner et de vous y offrir mes services ! Voyez ce que c'est de vouloir faire une plaisanterie, et de prétendre donner de la surprise quand il ne fallait donner que des espérances ! vous avez trouvé le secret de me mettre à cent quarante lieues de vous, quand je devais avoir la consolation de vous revoir . Ne me jouez de votre vie, de pareils tours, je vous en conjure . Vous ne savez pas combien je vous suis attaché et quelle peine vous m'avez faite . Je suis désespéré de n'être point à Montriond . J'ai bien peur que vous n'y soyez très mal à votre aise, mais il paraît que vous êtes faite à la fatigue . Je me flatte du moins, madame, que vous ne vous chargerez pas de la nouvelle fatigue d’aller à Vienne, avant que j'aie eu le bonheur de vous revoir dans votre triste ermitage suisse . Vous pensez bien que j'ai plus d'une chose à vous dire . Il m'était impossible de différer plus longtemps le voyage que je devais faire chez l’Électeur palatin . Je vais abréger . J'aurai l'honneur d'être chez vous certainement avant la fin du mois d'août . Vous ne devez partir que vers les premiers jours de septembre . Ne vous pressez pas . Subissez la punition que vous méritez de rester à Montriond pour avoir fait une niche à votre ancien serviteur . Vous avez fait manquer le premier rendez-vous, ne faites pas manquer le second .
Vous savez que les Hessois ont été battus 2, que nous avons repris toute la Hesse, que les Russes avancent de trois côtés et qu'en général les affaires de votre duchesse 3 vont bien . Il n'en est pas de même du côté de Düsseldorf 4 . La capitulation de cette ville donne aux Hanovriens un prodigieux avantage . Je me réjouis avec vous des succès de votre duchesse, et je m'afflige avec vous des malheurs de Pikebourg, s'il est vrai qu'il y avait un régiment de Lippe dans l'armée hessoise .
Le bien et le mal sont versés à pleines mains, mais le mal surtout.
Adieu, madame, jusqu'au moment où je viendrai vous renouveler mon tendre respect . »
2 Le 23 juillet 1758 à Sandershausen . Voir page 167 : http://books.google.fr/books?id=Y8lXAAAAcAAJ&pg=PA167&lpg=PA167&dq=guerre+de+sept+ans+23+juillet+1758+%C3%A0+Sandershausen&source=bl&ots=aehl3YeJSH&sig=H5_WTthdX2xozhu0QaxAHi_MMOI&hl=fr&sa=X&ei=hVNDUumDLMOQ4AT34YHQBw&ved=0CDQQ6AEwAQ#v=onepage&q=guerre%20de%20sept%20ans%2023%20juillet%201758%20%C3%A0%20Sandershausen&f=false
3 Marie-Thérèse d'Autriche, que V* nommera « votre divine duchesse de Carinthie » . http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Th%C3%A9r%C3%A8se_d%27Autriche_%281717-1780%29
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me chargeant de tous les hasards qu'un républicain croit toujours courir quand il négocie avec des princes
... Du pétrole . La satisfaction de voir poser quelques milliards d'euros sur la table fait souvent place à l'irrésistible sensation de ne plus se sentir maître de son destin . Le républicain se retrouve comme un pion dans les mains d'un prince capricieux, au mieux utilisé, au pire sacrifié . Les hasards ne sont pas imaginaires, ils sont réels .
Ô dieu dollar !
Odieux dollars !
Quelle confiance accorder à un prince (sans rire) de cet acabit ?
Modèle de contrat léonin
« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha
A Schwessingen 26 juillet 1758
Madame, Votre Altesse Sérénissime honore de trop de bontés et de trop d'éloges un homme qui n'a fait que son devoir . Je serais indigne de votre bienveillance et même de mon attachement à votre personne si j'en avais usé autrement . Il n'y a pas d'ailleurs grand mérite ; il n'y a que du bonheur à vous avoir enfin trouvé à Genève ce Labat qui prête de l'argent tandis que chacun resserre le sien ou le perd . Je lui ai surtout bien recommandé, madame, de mettre dans cette affaire toute la facilité et la promptitude possible, me chargeant de tous les hasards qu'un républicain croit toujours courir quand il négocie avec des princes . Je n'ai pris ce parti , madame, que pour accélérer la remise qu'il doit faire à Vos Altesses sérénissimes . Je sais bien que je cours aucun risque, je ne suis point étonné qu'au vingt-deux juillet votre ministre m'ait point encore reçu de réponse de ce M. Labat . Depuis que je suis chez M. l’Électeur palatin je n'ai encore reçu aucune lettre de ma famille que j'ai laissée dans mes petites Délices au près de Genève . Peut-être les débordements de toutes les rivières sont-elles cause de ce retardement, peut-être ce Labat est-il dans le canton de Berne, dans sa baronnie de Grandcour qu'il a achetée . Je lui écris dans le moment pour le presser de remplir la parole qu'il ma donnée 1 . Je lui mande qu'il faut passer par dessus toutes les formalités, qu’il faut envoyer son argent sur un simple billet de Vos Altesses sérénissimes , que je me charge de tout, et qu'enfin je réponds de la valeur de vos simples promesses qui sont assurément bien au-dessus des contrats .
Dès que je serai à Genève, madame, je ne manquerai pas d'aller présenter mes respects et mes services à Mgrs les princes de Mecklembourg . Mais ce ne serait pas à Genève que j'irais, si j’étais le maître de mon temps et de mes marches, ce serait auprès de la plus vertueuse et de la plus aimable princesse de l'Europe, toujours égale dans le bonheur et dans l'adversité, toujours bienfaisante et digne surtout d'avoir toujours avec elle la grande maîtresse des cœurs 2. Je redouble mes vœux pour votre auguste famille . Je supplie Mgr le duc d'agréer mes profonds respects . Que Votre Altesse sérénissime conserve toujours ses bontés à son Suisse,
V. »
1 Voir lettre du même jour à Labat :http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/09/24/soyez-sur-qu-ils-vendront-leur-vaisselle-d-argent-plutot-que.html
2 Mme de Buchwald ; voir lettre du 4 octobre 1754 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/09/24/j-ai-peu-de-relations-avec-la-republique-des-lettres-et-des.html
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24/09/2013
Soyez sûr qu'ils vendront leur vaisselle d'argent plutôt que de ne pas payer
... Disent les Amis de Nicolas Sarkozy (et Carla ?) qui doit encore quelques sous (quelques fifrelins qui lui arrachent le coeur au moment de les lâcher ) que les membres de l'Union des Mauvais Payeurs se refusent (enfin) à rembourser pour leur leader maximo . Ô merveilleuse naïveté ou admirable mensonge, les deux étant monnaie courante (c'est d'actualité ), et me laissant froid .
... Itou ! disent les amis de Nanard L'Esbrouffe, et comment ne pas les croire, le Père Noël étant de la famille .
... OK ! disent les amis des évadés fiscaux , et là je ris jaune .
« A Jean-Louis Labat, baron de Grandcour
A Schwessingen près de Manheim
26 juillet [1758]
Mon cher baron, Mme le duchesse de Saxe-Gotha me mande du 17 juillet 1 qu'on n'avait point encore de réponse à la lettre que son ministre vous avait écrite . Je ne doute pas qu'à présent on n'ait de vos nouvelles dans cette cour . Je suis sûr que vous avez déjà consommé cette petite négociation de la négoce . Rien n'est plus simple . Comptez qu'il ne faut qu'un billet signé du duc et de la duchesse . Soyez sûr qu'ils vendront leur vaisselle d'argent plutôt que de ne pas payer . Je réponds de tout . Jamais affaire n'a été plus sûre . Vous avez apparemment déjà pris 80 mille livres ou 90 mille sur mon compte . Je vous exhorte à finir cette affaire au plus tôt, ou pour mieux dire je vous en félicite .
Le Rhin et le Neckar sont débordés dans tout le Palatinat, la communication des villes interceptée, les biens de la terre perdus, l'armée jadis Clermont et les Hanovriens souffrent également . Dix mille Saxons que le roi avait pris à son service marchent de Strasbourg à travers les eaux pour aller renforcer et affamer nos troupes . Les Russes ont déjà fait des courses en Poméranie et en Silésie . Luc est très embarrassé . Mais tout le monde l'est aussi , on se ruine, et il ne résulte de tout cela que le malheur public . Ne m’oubliez jamais auprès de ces dames , de toute votre famille et du grand docteur . J'espère vous renouveler bientôt les sentiments qui vous attacheront toujours le Suisse
V. »
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