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04/04/2014

C'est un conseil d'ami et d'amis que je donne à mes amis

... Lisez Candide sans tarder, Zadig sans rechigner, L'Ingénu en souriant, Les oreilles du comte de Chesterfield en vous tenant les côtes, La Pucelle en dessert, etc. etc. etc. Des jours et des jours de plaisir et de réflexion heureuse ... Voltaire, votre meilleur ami, et le mien aussi .

 conseil d ami.jpg

 A voir : http://pluzz.francetv.fr/videos/la_parenthese_inattendue.html

 

 

« A Gabriel et Philibert Cramer

Je viens de lire Candide . Je trouve cette plaisanterie dans un goût singulier, mais je ne la crois point du tout faite pour ce pays-ci . S'il est vrai que vous en ayez reçu de Lyon et de Paris 1 je vous conseille de ne les pas produire et de retirer les exemplaires si vous en avez . C'est un conseil d'ami et d'amis que je donne à mes amis .

Ce midi jeudi [1er mars 1759 ?] »2

1 De Lyon et de Paris est ajouté au dessus de la ligne .

2 Ce billet semble avoir été écrit dès que V* eut entendu parler de l'action entreprise par le Conseil de Genève le 26 février sur la plainte de la Vénérable Compagnie des Pasteurs , qui sur rapport à Jean Sarrasin, avait trouvé dans Candide, ou Traité de l'optimisme, « des choses sales, inspirant l'inhumanité, contraires aux bonnes mœurs, et injurieuses à la Providence ». Voici le texte du rapport de Boissier, syndic, concernant les recherches faites chez les libraires en vue de saisir les exemplaires : « Nous auditeur soussigné certifions que noble Favre seigneur, premier syndic nous ayant donné l'ordre hier à M. l'auditeur Sarrasin et à nous, de la part du Magnifique Conseil, de faire des recherches au sujet d'un livre intitulé Candide ou l'Optimisme qui avait été imprimé sans permission,et qui se distribuait depuis quelques jours dans cette ville, d'enlever tous les exemplaires que nous trouverions tant chez les libraires que chez les loueuses de livres, et de prendre des informations pour découvrir en quel endroit et par qui il avait été imprimé, qu’en exécution de ces ordres, M. l'auditeur Sarrasin se chargea de faire les recherches nécessaires chez les loueuses de livres, et que pour satisfaire au surplus des susdits ordres, nous nous transportâmes suivis de Cathelaz un de nos huissiers chez tous les libraires de cette ville, savoir chez MM. De Tournes, frères Cramer, Duvillard, frères Philibert,Gosse et compagnie et Bardin, que nous ne trouvâmes aucun exemplaire du susdit livre, dans aucun de leurs magasins, qu'il résulte des informations que nous primes d'eux qu'ils croyaient tous que le livre avait été imprimé à Lyon, que le sieur Bardin nous déclara que son correspondant de Lyon lui en avait envoyé cinq ou six exemplaires comme d'un livre nouveau qui n'était pas connu à Genève, et que lui sieur Bardin les avait expédiés pour l'étranger, que le sieur Philibert nous déclara de même qu'il en avait reçu un de Lyon qu'il avait vendu ici, et MM. les frères Cramer qu'ils en avaient reçu chacun un exemplaire de Lyon de leur correspondant nommé Raineau, chacun pour leur compte particulier, qu'ils avaient prêté à leurs mais, qu'ils avaient appris qu'il y en avait deux ou trois éditions différentes, qu'il s'en était fait une à Avignon chez Guariguan, que nous fîmes défenses à tous les dits sieurs libraires de vendre et débiter le susdit livre dans cette ville, et qu'enfin, nous estimons devoir ajouter aux susdites informations que dans les recherches que nous fîmes la semaine dernière par l’ordre des seigneurs syndics dans les six imprimeries de cette ville, nous ne découvrîmes rien qui pût nous faire soupçonner que le susdit livre ait été imprimé ici . En foi de quoi nous avons dressé et signé le présent verbal , à Genève le vingt septième février mille sept cent cinquante neuf.

Boissier auditeur. »