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15/05/2016

il faut dans une terre connaître le caractère de ses vassaux

... Qui, de l'électeur ou de l'élu, est le vassal de l'autre ? Je pense que c'est l'élu qui est le plus dépendant, asservi par son ambition, et le plus vénal .

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« A Louis-Gaspard Fabry, Maire et

subdélégué

à Gex

Ferney ce 18è juin 1761

Monsieur, il m'est extrêmement important pour maintenir le bon ordre dans la terre de Ferney, de savoir qui sont ceux qui ont osé déposer la calomnie en question le 9 juin dernier, devant le sieur Castin qui se dit official de Gex ; je sais bien qu'il a fait une procédure très illégale et très répréhensible en procédant contre les séculiers, sans intervention de la justice du roi, je sais encore qu'il a manqué  aux lois, en faisant comparaître un nommé Brochu qui était décrété de prise de corps, je sais de plus qu'il n'est nullement en droit d'exercer la charge d'official attendu qu'il est curé . Ce n'est pas de toutes ces procédures méprisables et punissables que je suis inquiet , mais je le suis beaucoup de savoir qu'il y a dans mes terres des malheureux assez lâches et assez ingrats pour déposer des calomnies absurdes contre leur bienfaiteur ; ils sont coupables même d'avoir comparu, car aucun séculier ne doit répondre en pareil cas à aucun juge d'église . Je vous aurais monsieur la plus sensible obligation si vous vouliez bien m'apprendre leurs noms, il faut dans une terre connaître le caractère de ses vassaux .

Si vous voulez monsieur joindre à cette bonté, celle de me renvoyer les plans que vous avez bien voulu permettre que je misse entre vos mains, et dont j'ai besoin pour mes ouvriers, vous me ferez un sensible plaisir . Je vous renouvelle mes remerciements et mon attachement . J'ai l'honneur d'être dans ces sentiments,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur.

Voltaire .»

 

 

Il faudra voir de plus ... si un évêque étranger, sous prétexte qu’il n’est pas riche, peut contrevenir à ces lois

... Mgr Di Falco , - simplement "étranger" à la commune de St Etienne-le-Laus- , en toute modestie désire se faire inhumer dans sa cathédrale, se fait botter en touche par le conseil municipal, ce qui n'est que justice, conformément au règlement communal . Tout comme les élus , il veut péter plus haut que sa mitre , plus people que curé, ne pas être avec le commun des mortels , pour qui se prend-il ?

http://france3-regions.francetvinfo.fr/provence-alpes/hau...

 

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Il en est qui veulent inverser la donne .

 

 

« A Louis-Gaspard Fabry, Maire et

subdélégué

à Gex

17è juin 1761 à Ferney

Je vous réitère, monsieur, mes sincères remerciements. On voit évidemment que toute cette persécution odieuse n’est que la suite de l’aventure du curé Ancian. Si les interrogés ne m’ont point trompé, il n’y a que le nommé Brochu qui ait fait la déposition dont vous m’avez parlé, sans pourtant oser se servir du mot que le sieur Castin 1 allègue. Il est clair que ce Brochu, qui avait accompagné Ancian dans l’assassinat dont ils ont été accusés, n’est qu’un faux témoin complice du curé Ancian, et que son témoignage n’était pas même recevable par le sieur Castin. Tous les autres protestent et jurent qu’ils n’ont pas dit un mot de ce qu’on leur fait dire, et que s’ils avaient fait la déposition qu’on leur impute, ils seraient infiniment coupables 2 .

Je vous supplie, monsieur, de vouloir bien m’éclaircir de ce mystère d’iniquités. Le sieur Castin joue un rôle infâme, et celui qui le lui fait jouer est encore plus méprisable. Des gens qui se portent pour juges, et qui disent qu’ils écriront à M. de Saint-Florentin, ne sont que de malheureux délateurs que je couvrirai d’opprobre, et leurs lâches calomnies ne me font aucune peur. On sera assez instruit qu’ils cherchent à se venger, de la manière la plus lâche, de la protection que j’ai pu donner à de Croze, mais je n’ai rempli en cela que mon devoir, puisque de Croze est mon vassal ; nous verrons alors qui l’emportera d’un seigneur qui a vu son vassal blessé et le crâne entr’ouvert, qui a déposé de ce crime, et qui n’a à se reprocher que de dépenser douze mille francs pour rebâtir une jolie église, ou d’un curé accusé d’un assassinat et déjà convaincu de mille violences, qui fait agir secrètement ses confrères en sa faveur. Il faudra voir de plus, si en effet ses confrères sont en droit de faire les fonctions d’official et de promoteur, malgré les lois du royaume, et si un évêque étranger, sous prétexte qu’il n’est pas riche, peut contrevenir à ces lois. Il n’y a que votre esprit de conciliation, monsieur, qui puisse mettre ces messieurs à la raison. Je suis aussi touché de la noblesse de vos procédés, qu’indigné de la bassesse des leurs.

J’ai l’honneur d’être avec la plus tendre reconnaissance, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Voltaire .»

1 Anthelme Castin, curé de Gex, était official de la partie française du diocèse de Gex ; voir Dictionnaire du clergé séculier et régulier du diocèse de Genève-Annecy, I, de C.-M. Rebord et A. Gavard, 1920, page 148 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65438696/f158.item.r=anthelme%20castin

et voir aussi : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6543664f