31/01/2021
au sujet du rapport médical
... " que je garde sous le coude, ne vous en souciez pas, je gère, à vous de vous tenir à carreau, sinon ... ! " dit en substance Emmanuel Macron qui twitte à l'aise .
« A Jean-Pierre Ramond 1
[vers le 1er octobre 1765]
[Lui demande d'envoyer une lettre écrite par le docteur Jean Gallet-Duplessis 2 à son confrère Marc-Antoine Malzac 3, à Castres, au sujet du rapport médical concernant Élisabeth Sirven .]
1 Cette lettre fut envoyée par Marianne Ramond-Périe , soeur d'Elisabeth Sirven, à son mari le 4 octobre 1765 . Il lui répond le 30 octobre et dans une autre lettre du 5 février 1766 Ramond semble faire allusion à d'autres lettres de V*.
Voir page 8 : https://www.ville-castres.fr/sites/default/files/atoms/files/mag_358.pdf
et : http://muratsurvebre.geneafree.fr/r-detail.php?pref=viane&bms=desert&annee=1760&trel=m&ligne=13
2 Voir son rôle dans l'affaire Sirven : http://data.decalog.net/enap1/liens/Gazette/ENAP_GAZETTE_TRIBUNAUX_18431125.pdf
et pages 132- : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-02112121/document
3 Marc-Antoine Malzac : voir page 52 : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-02112121/document
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30/01/2021
que penser de ceux qui jugent de tout sur une lecture précipitée ?
... La déclaration d'hier soir du premier ministre est courte et de lecture rapide . Ce qu'on doit en penser sera également bref et ne mérite pas de longs commentaires . Sur ce, je vous salue, et je vais lire les aventures de L'Ingénu* mises en ligne par Mam'zelle Wagnière : http://www.monsieurdevoltaire.com/
* Allez savoir pourquoi je rapproche ce sage et impétueux Huron du ministre besogneux Castex ? Mystères de l'inconscient !
Castex lisant sa déclaration le 29 janvier 2021 ?
« A [destinataire inconnu à Paris]
[septembre-octobre 1765]
Quand vous m’apprîtes, monsieur, qu’on jouait à Paris une Adélaïde du Guesclin avec quelque succès, j’étais très-loin d’imaginer que ce fût la mienne ; et il importe fort peu au public que ce soit la mienne ou celle d’un autre. Vous savez ce que j’entends par le public. Ce n’est pas l’univers 1, comme nous autres, barbouilleurs de papier, l’avons dit quelquefois. Le public, en fait de livres, est composé de quarante ou cinquante personnes, si le livre est sérieux ; de quatre ou cinq cents, lorsqu’il est plaisant ; et d’environ onze ou douze cents, s’il s’agit d’une pièce de théâtre. Il y a toujours dans Paris plus de cinq cent mille âmes qui n’entendent jamais parler de tout cela.
Il y avait plus de trente ans que j’avais hasardé devant ce public une Adélaïde du Guesclin, escortée d’un duc de Vendôme et d’un duc de Nemours, qui n’existèrent jamais dans l’histoire. Le fond de la pièce était tiré des annales de Bretagne, et je l’avais ajustée comme j’avais pu au théâtre, sous des noms supposés. Elle fut sifflée dès le premier acte ; les sifflets redoublèrent au second, quand on vit arriver le duc de Nemours blessé et le bras en écharpe ; ce fut bien pis lorsqu’on entendit au cinquième le signal que le duc de Vendôme avait ordonné ; et lorsqu’à la fin le duc de Vendôme disait : Es-tu content, Coucy ? plusieurs bons plaisants crièrent : Couci-couci.
Vous jugez bien que je ne m’obstinai pas contre cette belle réception. Je donnai, quelques années après, la même tragédie sous le nom du Duc de Foix ; mais je l'affaiblis beaucoup, par respect pour le ridicule. Cette pièce, devenue plus mauvaise, réussit assez ; et j’oubliai entièrement celle qui valait mieux.
Il restait une copie de cette Adélaïde entre les mains des acteurs de Paris : ils ont ressuscité, sans m’en rien dire, cette défunte tragédie ; ils l’ont représentée telle qu’ils l’avaient donnée en 1734, sans y changer un seul mot, et elle a été accueillie avec beaucoup d’applaudissements : les endroits qui avaient été le plus sifflés ont été ceux qui ont excité le plus de battements de mains.
Vous me demanderez auquel des deux jugements je me tiens. Je vous répondrai ce que dit un avocat vénitien aux sérénissimes sénateurs devant lesquels il plaidait : Il mese passato, disait-il, le vostre Excellenze hanno judicato cosi , e questo mese, nelle medesima causa, hanno judicato tutto l'contrario ; e sempre ben. « Vos Excellences, le mois passé, jugèrent de cette façon ; et ce mois-ci, dans la même cause, elles ont jugé tout le contraire ; et toujours à merveille. »
M. Oghières 2, riche banquier à Paris, ayant été chargé de faire composer une marche pour un des régiments de Charles XII, s’adressa au musicien Mouret. La marche fut exécutée chez le banquier, en présence de ses amis, tous grands connaisseurs. La musique fut trouvée détestable ; Mouret remporta sa marche, et l’inséra dans un opéra qu’il fit jouer. Le banquier et ses amis allèrent à son opéra : la marche fut très-applaudie. « Eh ! voilà ce que nous voulions, dirent-ils à Mouret ; que ne nous donniez- vous une pièce dans ce goût-là ? — Messieurs, c’est la même 3. »
On ne tarit point sur ces exemples. Qui ne sait que la même chose est arrivée aux idées innées, à l’émétique, et à l’inoculation ? Tour à tour sifflées et bien reçues, les opinions ont ainsi flotté dans les affaires sérieuses, comme dans les beaux-arts et dans les sciences.
Quod petiit spernit, repetit quod nuper omisit 4.
La vérité et le bon goût n’ont remis leur sceau que dans la main du temps. Cette réflexion doit retenir les auteurs des journaux dans les bornes d’une grande circonspection. Ceux qui rendent compte des ouvrages doivent rarement s’empresser de les juger. Ils ne savent pas si le public, à la longue, jugera comme eux ; et puisqu'il n’a un sentiment décidé et irrévocable qu'au bout de plusieurs années, que penser de ceux qui jugent de tout sur une lecture précipitée ? »
1 On se rappelle ces vers de Voltaire : « Lefranc de Pompignan dit à tout l’univers / Que le roi lit sa prose et même encor ses vers. » . Voir la satire intitulée : Le Russe à Paris. (Beuchot)
et voir le début de la lettre du 13 juin 1760 à Mme d'Epinay : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/06/11/on-a-besoin-de-plaisanterie-c-est-un-remede-sur-contre-la-ma-5637966.html
2 Oghières, ou Hoguère, ou Hogguers, était un banquier suisse, menant grand train, recevant la cour et la ville, et propriétaire du château de Châtillon près Clamart. Voltaire fut de sa société en 1748, au moment des intrigues suédoises du baron de Gortz. Voir la Jeunesse de Voltaire par M. Gustave Desnoiresterres.
3 V* racontera cette histoire sous des noms différents, dans une lettre à La Harpe du 1er juillet 1772 .
4 Ce qu'il a recherché, il le méprise ; il recherche ce que, tout récemment, il a négligé ; Horace, Épîtres, I, i, 98.
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29/01/2021
il faudra que nous raisonnions tête à tête
... Emmanuel Macron et Olivier Véran . Confinement : oui ! Pourquoi, quand, comment ? Qu'en disent les autres ? Je n'aimerais pas être à leur place ; de toute façon quoiqu'il soit décidé une moitié de la population au moins ne sera pas contente , comme d'hab !
https://www.lci.fr/politique/covid-19-coronavirus-confine...
« A Gabriel Cramer
[vers le 30 septembre 1765]
J'ai renvoyé la feuille corrigée et augmentée à votre imprimeur . Je vous supplie mon cher Gabriel d'ordonner qu'on me la renvoie , afin qu'il n'y ait point de fautes . Je sais que cela prendra du temps, mais j'ai obtenu de M. Damilaville qu'il ne partirait que jeudi matin .
Vous aurez dans quelques jours Adélaïde et des petits chapitres . »
« A Gabriel Cramer
[septembre-octobre 1765]
Le petit garçon que vous m'avez envoyé est sans doute le fils d'Arlequin qui étant chargé de porter une lettre demandait la réponse avant de donner son paquet . Je lui ai fait dire d'attendre et il court encore .
Voici un peu de provision . Je suppose que vous avez le chapitre de Timée de Platon qui est un profond chapitre, et où l'on raisonne puissamment 1. Après cela vient le précis de la philosophie ancienne marqué A etc. , mais il faudra que nous raisonnions tête à tête monsieur Gabriel et moi , attendu qu'on vient de jouer à Paris avec quelque succès une Adélaïde du Guesclin qui n'a jamais été imprimée .
On m'envoie toujours de votre imprimerie, les épreuves empaquetées dans des feuilles intitulées Discours . J'ai lu quelques-unes de ces enveloppes . Ces discours m'ont paru très bons , ne sont-ce pas ceux de Gordon sur Tacite ?2
Je vous prie de m'en envoyer demain un exemplaire . »
1 Dans les Nouveaux mélanges .
2 Thomas Gordon : Discours historiques, critiques et politiques sur Tacite, traduits de l'anglais par M. D. S. L. [Pierre Daudé], 1742 ; Cramer les a publiés en 1759 et en 1762 . Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k940343
et https://data.bnf.fr/fr/12287339/pierre_daude/
et http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/212-pierre-daude
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28/01/2021
Je suis condamné à rester chez moi ; mais j'espère être consolé quand je pourrai vous y assurer des tendres et respectueux sentiments
... J'anticipe sur l'ordre de confinement prochain . En passant , je demande à tous ceux qui refusent cette mesure d'hygiène préventive de se retrouver sur le périphérique parisien (ou toute autre voie à grande circulation ), et , à pied, traverser les yeux bandés (avant 18h, bien sûr ! ) ; ça fera des économies de vaccin .
Pas possible encore
« A Pierre-Michel Hennin, Résident
du roi
à Genève
A Ferney 29 septembre 1765
Je suis outré monsieur de m'être défait des Délices où j'ai eu le bonheur de vous voir ; mais heureusement je suis encore votre voisin . Jugez avec quelle joie j'ai appris que vous allez résider 1 à Genève . C'est un bénéfice simple tout fait pour un prêtre de la philosophie tel que vous êtes . Je suis devenu bien vieux et bien faible depuis votre voyage en ce pays-là . Mais mon cœur n'a point vieilli . Il est pénétré pour vous de la même estime et de la même amitié . Je suis condamné à rester chez moi ; mais j'espère être consolé quand je pourrai vous y assurer des tendres et respectueux sentiments avec lesquels je serai toute ma vie, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 Nomination annoncée à Genève par une lettre du 26 septembre 1765, remise au Conseil le 30 ; Hennin prendra ses fonctions le 16 décembre 1765 . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Michel_Hennin
et : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1760/Lettre_4051
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27/01/2021
dire la vérité comme elle doit être dite, sans aucun ménagement aucun pour l'erreur
... Messieurs et mesdames du gouvernement, c'est à vous !
On vous écoute .
Bas les masques
« A Jean Lafosse, Médecin
rue de l'Université
à Montpellier
Au château de Ferney par Genève
28 septembre 1765 1
Je juge monsieur par votre lettre que votre livre 2 sera excellent . Je vous exhorte à le faire imprimer sans délai, et à dire la vérité comme elle doit être dite, sans aucun ménagement aucun pour l'erreur .
Je vous prie instamment de me dire le nom de ce malheureux père accusé d'avoir donné la mort au fils qu'il pleurait, de m'apprendre quels étaient les prétextes de cette horrible accusation si souvent renouvelée dans votre province, de m'instruire si ce père de famille est protestant, jusqu’où son procès a été poussé, s'il a été mis dans les fers, et s'il prend encore ses juges à partie . Ces détails pourront être utiles à la cause des Sirven . Il ne faut manquer aucune occasion de venger l'humanité des horreurs du fanatisme .
Je vous prie monsieur de vouloir bien faire mes sincères compliments à M. Mallet de La Brossière et de lui dire combien j'ai été content de ses réflexions sur l'aventure des Calas . Je ne lui ai point écrit, il était en Bretagne et je suis malade . Je suis vieux et faible, mais je suis encore sensible, et surtout à votre mérite et à celui de M. de La Brossière .
J’ai l'honneur d'être avec ces sentiments
monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire
gentilhomme ordinaire
de la chambre du roi. »
1 La réponse de Lafosse a été conservée, ainsi qu'une lettre de lui à Mallet de La Brossière, toutes deux conséquences de la présente lettre . Voir page 624 : https://books.google.fr/books?id=B9ZbKwjfAEQC&pg=PA624&lpg=PA624&dq=voltaire+jean+lafosse+28+septembre+1765&source=bl&ots=mzu1FCkvUE&sig=ACfU3U1TyGDXqyE8Rd48tUUTjByCnE5nxA&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwivv5DOtLfuAhWyxYUKHS6RCNIQ6AEwAnoECAUQAg#v=onepage&q=voltaire%20jean%20lafosse%2028%20septembre%201765&f=false
Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_La_Fosse
et sur Julien Mallet de La Brossière, médecin : https://c18.net/18img/nv-specimen.pdf
2 Ouvrage sur le suicide qui ne sera pas publié : Essai médicinal sur le suicide qui aurait dû être imprimé sous le titre Du suicide considéré relativement à la médecine, avec un abrégé des rapports qu'on doit faire en justice, refusé d'impression « sur ordre supérieur ». Voir page 233 et suiv. : https://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1979_num_86_2_2979
18:16 | Lien permanent | Commentaires (0)
ce que je dis à tous les étrangers qui passent par Bâle
... "Les passagers arrivant par l'EuroAirport doivent présenter au départ dans le pays de provenance un résultat de test PCR réalisé moins de 72 heures avant le vol ne concluant pas à une contamination par la COVID-19. Le test doit détecter la protéine "N".
Vous devez présenter une Attestation de déplacement et de voyage lorsque vous entrez en France."
Etc. : https://www.euroairport.com/fr/voyager-en-securite.html
Bon voyage ! Bon vol ! Bon atterrissage !
https://www.arcinfo.ch/articles/regions/canton/coronaviru...
« A Emmanuel Bernouilli 1
Ferney, 28 septembre 1765 2
Aimable fils de Jean, petit-fils de Jean, tous deux grands hommes, je n'ai jamais dit à M. le marquis de Prie 3 que ce que je dis à tous les étrangers qui passent par Bâle ; je les supplie de dire à monsieur votre père combien je le respecte ; j'ajouterai dorénavant que je le félicite d'avoir un fils tel que vous . Je vous prie d'être persuadé de tous les sentiments avec lesquels j’ai l'honneur d'être
monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
2 D'après copie contemporaine, et l'édition Paul-Émile Schazmann « Une visite d'Emmanuel Bernoulli au patriarche de Ferney » Journal de Genève 21 juin 1937, et Otto Spiess « Voltaire und Basel »Basler Zeitschrift für Geschichte und Altertumskunde , 1948.
3 Est-ce bien François Léonor, marquis de Prie ? Voir XVI de http://www.societehistoriquedelisieux.fr/?p=15844
et voir Précis du siècle de Louis XV .
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26/01/2021
apparemment que les condamnés, étant dûment confessés, s’en vont droit en paradis
... Serait-ce la seule excuse qu'ait trouvée Donald Trump pour n'accorder ni sursis ni grâce en sa fin de règne de mégalomane ? Sans être particulièrement méchant, j'en viens à lui souhaiter de choper une bonne vieille maladie incurable pour voir ce que ça fait d'être condamné à mort , à petit feu, pour ce joueur de golf se retrouver dans le trou à mille au dessus du par !
Pour mémoire (triste ): https://www.ouest-france.fr/monde/etats-unis/etats-unis-u...
« A Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont
26 septembre 1765 1
Vous entreprenez, monsieur, un ouvrage digne de vous, en essayant de réformer la jurisprudence criminelle. Il est certain qu’on fait trop peu de cas en France de la vie des hommes. On y suppose apparemment que les condamnés, étant dûment confessés, s’en vont droit en paradis. Je ne connais guère que l’Angleterre où les lois semblent plus faites pour épargner les coupables que pour sacrifier l’innocence. Croyez que partout ailleurs la procédure criminelle est fort arbitraire.
Le roi de Prusse a fait un petit code intitulé le code selon la raison 2, comme si le digeste était selon la folie .
Mais, dans ce code, le criminel est oublié. Le meilleur usage établi en Prusse, comme dans toute l’Allemagne et en Angleterre, est qu’on n’exécute personne sans la permission expresse du souverain. Cette coutume était établie en France autrefois. On est un peu trop expéditif chez vous : on y roue les gens de broc en bouche 3, avant que le voisinage même en soit informé ; et les cas les plus graciables échappent à l’humanité du souverain.
J’ai écrit en Suisse, selon vos ordres. Je ne peux mieux faire que de vous envoyer la réponse de M. de Correvon, magistrat de Lausanne . Mais vous trouverez sûrement plus de lumières dans vous que dans les jurisconsultes étrangers.
Voilà un beau champ pour votre éloquence. La rage d’accuser en Languedoc les pères de tuer les enfants subsiste toujours. Un enfant meurt d’une fièvre maligne à Montpellier . Le médecin va voyager . Pendant son voyage, on accuse le père d’avoir assassiné son fils. On allait le condamner, lorsque le médecin arrive, parle aux juges, les fait rougir, et le père prend actuellement les juges à partie. Cette aventure pourrait bien mériter un épisode dans votre mémoire. Je vais écrire au médecin pour savoir le nom de ce brave père. Adieu, monsieur , j’ai le malheur de n’avoir vu ni madame de Beaumont ni vous, mais j’ai le bonheur de vous aimer tous deux de tout mon cœur.
V.
A l’égard des Sirven, M. de Lavaysse me mande que l’ordonnance du parlement de Toulouse, portant permission à un juge subalterne d’effigier 4 son prochain, n’est point regardée comme une confirmation de sentence. Voilà, je vous l’avoue, une singulière logomachie. Quoi ! la permission de déshonorer un homme, et de confisquer son bien, n’est pas un jugement ! Le parlement donne donc cette licence au hasard ! Ou la sentence lui paraît juste ou inique , il en ordonne l’exécution . Il confirme donc la justice ou l’iniquité. Il ne peut ordonner cette exécution qu’en connaissance de cause. De bonne foi est-ce une simple affaire de style d’ordonner la ruine et la honte d’une famille ? »
1 L'édition de Kehl suivant la copie Beaumarchais insère le post scriptum dans le corps de la lettre .
2 Corpus juris fredericiani, compilé par Samuel de Cocceji et autres, traduit par Alexandre-Auguste de Campagne sous le titre : Projet du corps de droit Frédéric, ou corps de droit [...] fondé sur la raison et sur les constitutions du pays, 1751 .Voir : https://books.google.fr/books?id=ka8UGkNA2T0C&pg=PT24&lpg=PT24&dq=Corpus+juris+fredericiani&source=bl&ots=SNx6qKdlg9&sig=ACfU3U3iJ16egHfs0G8iU10d7R_uxks1Lg&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjywpb5kLDuAhXExYUKHUJPAsEQ6AEwAHoECA8QAg#v=onepage&q=Corpus%20juris%20fredericiani&f=false
et https://www.abebooks.co.uk/Code-Fr%C3%A9d%C3%A9ric-corps-Droit-Etats-Majest%C3%A9/8846226907/bd
et https://boowiki.info/art/juristes-allemands/samuel-von-cocceji.html
et https://data.bnf.fr/fr/12594576/alexandre_auguste_de_campagne/
3 Expression procédant de de broche en bouche, qui se comprend simplement . La forme qu'on a ici se trouve déjà chez Rabelais, issue de la forme picarde de broche (broque), interprétée à tort comme broc .
4 Exécution en effigie .
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