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20/09/2021

Il serait à souhaiter que le public donnât dans le même panneau, et qu’il relût nos auteurs du bon temps, au lieu de se gâter le goût par les misérables nouveautés dont on nous accable

...  Les éditeurs, et plus particulièrement leurs lecteurs qui doivent faire un tri, sont bien du même avis . Le recherche de la perle dans le fumier n'est vraiment pas rigolote . La saison des prix littéraires arrive quand tombent les feuilles, notre ministresse de la culture va pouvoir papillonner .

Antoine Chereau Cartoonist auf Twitter: "#edition #auteur #critique #Humour  #humour #livres #libraires #librairie @antoinechereau1 @le_Parisien  @lemondefr @librairiefrance @librairie Mollat @lagrandelibrairie…  https://t.co/nbTucuH0Nz"

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« A Nicolas-Claude Thieriot

Mon cher et ancien ami, j’aurais plus de foi à votre régime qu’à l’eau de M. Vyl. La véritable eau de santé est de l’eau fraîche, et tous ceux qui prétendent faire subsister ensemble l’intempérance et la santé sont des charlatans. Une meilleure recette est celle qu’on vous envoie de Brandebourg tous les trois mois 1. Votre arrangement me paraît très bien fait et très adroit : il n’y a personne auprès de votre correspondant qui puisse l’avertir qu’on lui donne du vieux pour du nouveau. Il serait à souhaiter que le public donnât dans le même panneau, et qu’il relût nos auteurs du bon temps, au lieu de se gâter le goût par les misérables nouveautés dont on nous accable.

Vous êtes sans doute informé du nouveau livre qui paraît sous le nom de Fréret ; c’est un excellent ouvrage qui doit déjà être connu en Allemagne. Les citations sont aussi fidèles que curieuses, les preuves claires, et le raisonnement si vigoureux qu’il n’y a qu’un sot qui puisse y répliquer. Les Lettres sur les miracles 2 de Beaudinet et de Covelle ne sont point encore connues en France.

Si je trouve dans mes paperasses quelques petits morceaux qui puissent figurer dans vos envois, je ne manquerai pas de vous en faire part ; mais à présent je suis si occupé de l’édition in-4° que les Cramer font de mes anciennes sottises, je suis si enseveli dans des tas de papiers, que je ne peux rien débrouiller . Mais quand je serai défait de cet embarras désagréable, je chercherai tous les matériaux qui pourront vous convenir. Nous comptons avoir incessamment un des neveux de votre correspondant. J’aime bien autant les voir chez moi que de les 3 aller chercher chez eux. Nous avons eu l’abbé Morellet ; c’est un homme très aimable, très instruit, très vertueux. Voilà comme les vrais philosophes sont faits, et ce sont eux qu’on veut persécuter ! Adieu, mon cher ami ; vivez tranquille et heureux.

V.

26 juin [1766].4 »

1 Le payement de ce que lui donnait le roi de Prusse, dont il était le correspondant littéraire.

3 Le manuscrit écrit d'une main non identifiée ( voir fin de la lettre du 22 juin 1766 à d'Argental : ) porte ici des pour de les .

4 Manuscrit original avec initiale et date autographes, année ajoutée par Thieriot . La lettre à laquelle répond V* est du 16 juin 1766

Il examine d’abord de sang-froid, ensuite il argumente avec force, et il conclut en foudroyant

... Non, il ne s'agit pas de notre président, quand bien même certains le nomment Jupiter .

Je ne connais aucun homme politique qui raisonne comme l'aime Voltaire . Ils ne savent que critiquer en ânonnant, geais parés des plumes du paon (même le déplumé Ciotti, que je trouve assez puant, il ne foudroie pas , il n'émet que des pets  ).

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

26 juin 1766 1

Je suis enchanté de l’abbé Morellet, mon cher frère. En vérité, tous ces philosophes-là sont les plus aimables et les plus vertueux des hommes ; et voilà ceux qu’Omer veut persécuter ! Il n'y a qu’un homme infiniment instruit dans la belle science de la théologie et des pères qui puisse avoir fait l’examen critique des apologistes 2. J’avoue que le livre est sage et modéré : tout critique doit l’être ; mais je ne pense pas qu’on doive blâmer le lord Bolingbroke d’avoir écrit avec la fierté anglaise, et d’avoir rendu odieux ce qu’il a prouvé être méprisable 3. Il fait, ce me semble, passer son enthousiasme dans l’âme du lecteur. Il examine d’abord de sang-froid, ensuite il argumente avec force, et il conclut en foudroyant. Les Tusculanes de Cicéron et ses Philippiques ne doivent point être écrites du même style.

Les Sirven et moi, mon cher frère, nous vous aurons une égale obligation de presser notre Élie . Je suis sûr qu'il se fera plus d'honneur par cette cause que par celle de M. de La Luzerne . L'aventure des Sirven est liée aux plus grands objets ; elle tient à l'intérêt public, aux mœurs et aux lois de notre nation . J'attends tous les jours les lettres de Beaudinet et de Covelle qui sont imprimées à Neuchâtel . Je vous suis bien obligé de m'avoir envoyé quatre exemplaires de la justification du président de Thou . J'aurais souhaité que Merlin, qui probablement a imprimé ce petit ouvrage, y eût apporté plus de soin, et y eût mis plus de correction ; il y a des fautes qui ne sont pas pardonnables . Il faudrait surtout qu'il fit corriger à la main le vers d'Horace qui est à la page 7, et qu'un homme qui sait son latin et son Horace voulût bien s'en donner la peine . Ce vers est si ridiculement défiguré qu'il peut faire grand tort à l'ouvrage .

Vous me faites bien plaisir, mon cher frère, de me dire que Mlle Sainval 4 a réellement du talent. Il est à souhaiter qu’elle soutienne le théâtre, qui tombe, dit-on, en langueur. Mais quand aurons-nous des hommes qui aient de la figure et de la voix ?

J’ai écrit à M. Grimm . Il s’agit 5 de me faire savoir les noms des principales personnes d’Allemagne que je pourrai intéresser à favoriser les Sirven 6. Je vous supplie de lui en écrire un mot, et de le presser de m’envoyer les instructions que je lui demande. Les Sirven et moi, nous vous en aurons une égale obligation 7. Adieu, mon cher frère : s’il n’y a point de nouveauté à présent, le livre attribué à Fréret doit en tenir lieu pour longtemps . Il fait honneur à l’esprit humain.

Comme je vous embrasse, vous et les vôtres ! »

1 Copie contemporaine Darmstadt B. Copie Beaumarchais-Kehl dont le texte a été adopté avec addition du deuxième paragraphe qui y est omis en entier ainsi que dans toutes les éditions ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6376

2 Voir lettre du 1er avril 1766 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2021/07/06/m-6325583.html

3 L’Examen important de milord Bolingbroke a donc déjà été envoyé en manuscrit à Damilaville ; il ne sera publié qu'en août ; voir lettre du 25 août 1766 à Frédéric II landgrave de Hesse-Cassel : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6473

5 Le manuscrit Darmstadt ajoute ici actuellement .

7 Dans le manuscrit Darmstadt ces deux phrases sont remplacées par : Je vous supplie de m'envoyer au plus tôt les instructions dont j'ai besoin.