Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

23/05/2022

il n'y a aucun genre dans lequel on ne fasse d'énormes sottises

... Sottises est un mot faible lorsqu'on parle des actes et paroles révoltants de candidat.e.s à des élections législatives, et ministres en activité ; ils /elles sont capables/coupables de toute la gamme des délits comme le vulgum pecus dont ils/elles sortent, et continuent à prétendre édicter des lois, eux qui ne les respectent pas, ni elles ni la morale . 

Ça sent les écuries d'Augias !

La poursuite des hommes politiques

 

https://univ-droit.fr/actualites-de-la-recherche/manifest...

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

30 janvier 1767

Voici une lettre, mon cher philosophe, qui vous surprendra autant qu'elle m'afflige . Voyez s'il y a quelque remède et si vous n'avez pas chez vous un cahier qui aille jusqu'à ces mots : Qui disputaient pour savoir ce que les parties eucharistiques devenaient après la digestion . Car depuis ces mots il ne manque rien . Tout cela est la faute de Cramer 1 , qui n'a pas voulu se charger de la besogne . Les esprits sont si troublés à Genève qu’il n'y a aucun genre dans lequel on ne fasse d'énormes sottises . Nous en souffrons plus que personne dans notre petite retraite de Ferney . Nous ne pouvons avoir des vivres qu'avec des peines incroyables . Je ne m'étais pas retiré là pour soutenir un blocus ; c'est encore la moindre des peines que j'éprouve .

Vous pouvez m'envoyer copie du cahier perdu par l'ami Damilaville .

Embrassez pour moi, je vous prie, notre illustre et nouveau confrère et tous ceux qui sont dignes d'être de vos amis .

Adieu, je suis bien vieux, bien malade, bien malheureux et je vous aime de tout mon cœur . »

1 Voir lettre du même jour : « Eh bien, mon cher Caro, ne voilà-t-il pas votre brouillon de Chirol qui nous mande qu'il a perdu un cahier entier de l'ouvrage de M. d'Alembert . »

Nous sommes réellement les seuls sur qui tombe le fardeau

... gémissent les fonctionnaires . Des sous ! des sous ! et la retraite à cinquante-cinq ans ! Qui dit mieux ?

 

« A Pierre-Michel Hennin

Nous vous envoyons, mon cher monsieur, cette lettre 1, que nous vous supplions de communiquer à M. le duc de Choiseul, ou à M. de Bournonville 2. Nous sommes réellement les seuls sur qui tombe le fardeau. Je me suis ruiné dans un pays affreux où je n’avais de consolation que votre société, dont je ne peux plus jouir. Mes chagrins sont au comble. Je finis ma vie d’une manière bien triste. L’idée que vous avez quelque bonté pour moi me soutient encore.

V. 

29 [janvier 1767] 3»

2 Premier commis de la guerre pour les affaires des Suisses, chargé depuis, sous le duc de Choiseul, de la partie politique de ce même pays, y compris la république de Genève. Il était asthmatique, et mourut jeune. (Note de Hennin fils.)

3 Date complétée par Hennin .

Vous savez que le pays de Gex ne fournit rien du tout... Vous êtes témoin que tout abonde a Genève

... Le Pays de Gex fournit de la main-d'oeuvre , et la riche République de Genève s'engraisse , vrai au XVIIIè siècle, toujours vrai maintenant .

 

 

« Voltaire et Marie-Louise Denis

à

Pierre Michel Hennin

À Ferney, 29 janvier 1767 1

C’est une grande consolation pour nous, monsieur, dans la disette où nous sommes, et dans la saison la plus rigoureuse que nous ayons jamais éprouvée, de recevoir votre lettre du 28 2.

Nous avons envoyé chercher de la viande de boucherie à Gex, on n’y vend que de mauvaise vache ; nos gens n’ont pu la manger. Nous avons fait venir deux fois, par le courrier de Lyon, des vivres pour un jour, mais cela ne peut se répéter. Si la cessation de notre correspondance nécessaire avec Genève pouvait contribuer à ramener les esprits, nous nous réduirions volontiers à ne manger que du pain, et vous remarquerez en passant que le pain coûte ici quatre sous et demi la livre.

Nous faisions venir des provisions de Lyon pour cette année par les voitures publiques ; elles sont arrêtées. Notre aumônier est tombé très dangereusement malade à Ornex : nous n’avons pu encore lui faire avoir ni médecin, ni chirurgien, parce que les carrosses qui les allaient chercher n’ont pu passer.

Tout le poids retombe uniquement sur nous, notre maison étant la seule considérable du pays. Vous savez que nous avons cent personnes à nourrir par jour. Vous savez que le pays de Gex ne fournit rien du tout. Les montagnes qui nous séparent de la Franche-Comté sont couvertes de dix pieds de neige cinq mois de l’année ; c’est la Savoie qui nous nourrit, et les Savoyards ne peuvent arriver à nous que par Genève. Il n’y a de marché qu’à Genève. Celui de Saconnex, comme vous le savez, ne fournit précisément qu’un peu de bois qu’on coupe en délit dans nos forêts.

Vous êtes témoin que tout abonde a Genève, qu’elle tire aisément toutes ses provisions par le lac, par le Faucigny, et par le Chablais ; qu’elle peut même faire venir du Valais les choses les plus recherchées. En un mot, il n’y a que nous qui souffrons. M. le chevalier de Jaucourt et M. le chevalier de Virieu 3 sont les témoins de tout ce que nous vous certifions. Il suffit d’une carte du pays pour voir qu’il est impossible que les choses soient autrement.

Nous ne nous plaignons pas des troupes ; au contraire, nous souhaiterions qu’elles restassent toujours dans les mêmes postes. Non-seulement elles mettraient un frein à l’audace des contrebandiers, qui passaient souvent au nombre de cinquante ou soixante sur le territoire de Genève, et qui bientôt deviendraient des voleurs de grand chemin ; mais elles empêcheraient que nos bois de chauffage, coupés en délit, fussent vendus à Genève sous nos yeux. Les forêts du roi sont dévastées ; c’est un très grand article qui mérite toute l’attention du ministère.

Les troupes pourraient empêcher encore le commerce pernicieux de la joaillerie et de la fabrique de montres de Genève, commerce prohibé en France, et principalement soutenu par les habitants du pays de Gex, qui ont presque tous abandonné l’agriculture pour travailler chez eux aux manufactures de Genève.

Nous avons sur tous ces objets un mémoire à présenter au ministère, et personne n’est plus empressé que nous à seconder ses vues.

Nous avons toujours tiré nos provisions de France autant que nous l’avons pu, et nous voudrions en faire autant pour les besoins journaliers ; mais la position des lieux ne le permet pas.

Le bureau de la poste, qui pourrait être aisément sur le territoire de France, est à Genève ; et il faut y envoyer six fois par semaine. Outre le commissionnaire pour nos lettres, nous avons besoin d’envoyer souvent notre pourvoyeur. Nous ne pouvons nous dispenser de demander aussi un passeport pour un homme d’affaires. Nous ne vivons que grâce aux remises que M. de La Borde veut bien nous faire. Nous avons souvent à recevoir et à payer. Le détail des nécessités renaît tous les jours.

Nous sommes donc forcés à demander trois passeports : pour le sieur Wagnière, pour le sieur Faÿ, et pour le commissionnaire des lettres.

Nous sommes plus affligés que vous ne pouvez le penser de fatiguer le ministère pour des choses si minutieuses à ses yeux, et si essentielles pour nous.

Nous vous supplions très instamment d’envoyer notre lettre à la cour. Vous êtes trop instruit des vérités qu’elle contient pour n’avoir pas la bonté de les appuyer de votre témoignage. Nous vous aurons une obligation égale à la détresse où nous sommes.

Nous avons l’honneur d’être, avec tous les sentiments que nous vous devons, monsieur, vos très humbles et très obéissants serviteur et servante

Denis,

Voltaire. »

1 Cette lettre répond à un billet de Hennin du 28 janvier 1767 qui annonce notamment qu'il transmettrait une lettre pour « M. Thomas »(que l'on ne connait pas), et viendrait à Ferney lorsque l'état des routes le permettrait .

3 Le Jaucourt dont il est question ici est Charles-Léopold de Jaucourt, frère de l'Encyclopédiste

Le chevalier, depuis marquis de Jaucourt, brigadier des armées du roi, colonel de la légion de Flandre, était à la tête des troupes employées à l’ investissement de Genève. Il avait le titre de commandant pour Sa Majesté dans les provinces de Bresse, Bugey, Valromey, et pays de Gex. Le chevalier de Virieu , qui appartenait à une famille de soldats, avait un commandement dans le corps de Jaucourt . (Note de Hennin fils.)

Je pourrais alors lui proposer de venir penser et écrire en liberté

... En France ?

S'il est encore un écrivain ukrainien en Russie et un écrivain russe en Ukraine, ces deux-là ont peu de chance de faire paraître quoi que ce soit ; la censure ukrainienne , et plus encore celle des pays partisans de l'Ukraine -plus royalistes que le roi, et plus imbéciles- semblent arriver au niveau déraisonnable et abrutissant de la censure russe : https://actualitte.com/article/105346/ressources/purges-et-censure-en-bibliotheques-en-ukraine-la-guerre-culturelle-bat-son-plein

 

 

 

« Au marquis Francesco Albergati Capacelli

29è janvier 1767à Ferney

Je me trouve, monsieur, à l'âge de soixante et treize ans, environné de la guerre, au milieu des neiges, et exposé à la famine . Tout commerce avec Genève est interrompu par nos troupes qui bordent les frontières . Ce n'est qu'avec beaucoup de difficulté que je reçoit des lettres, et que je puis répondre . Je vous prie de communiquer celle-ci à M. Melchiori 1 . Il n'est pas impossible que j'aille achever ma vie en Hollande, quand la rigueur de la saison sera passée . Je pourrais alors lui proposer de venir penser et écrire en liberté . Comptez sur l’amitié respectueuse que je vous ai vouée jusqu’à mon dernier moment .

V. »