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09/04/2023

ces apparences de zèle vont mal avec le manque de religion et des mœurs relâchées

... C'est valable pour vous aussi ignobles talibans maudits !

 

 

« A Gaspar Rogaliński

[20 août 1767] 1

J'ai vu avec bien de l'éloignement par une lettre traduite du polonais, que l'on m'a envoyée, que vous m'avez fait l'honneur de m'y nommer pour me maudire moi, Candide et l'optimisme . Il n'y a pas jusqu'au pauvre Panglos qui après avoir été percé de coups, fouetté à l'Inquisition se trouve encore après tous ses malheurs en butte à votre mauvaise humeur . Je vois, monsieur, par vos reproches que vous me soupçonnez de défendre l'optimisme . Je vous avoue que jusqu'à ce moment-ci je ne m'étais pas douté que ce fût là mon dessein, mais vous verrez que je me suis mal entendu . Je vais donc suivre vos idées, et par quelques informations que l'honneur d'être nommé par vous dans une lettre que vous avez rendue publique m'a fait prendre sur votre compte, vous prouver, monsieur, que tout est bien dans le meilleur des mondes possibles .

Si à la dernière diète vous n'aviez point assuré que ce qui devait surtout être glorieux à votre parti, était d'avoir trompé la Russie, la Russie ignorerait peut-être encore, que vous, la cour, et ses adhérents la trompiez . Si vous n'aviez pas comparé à Erostrate, M. de Mniszech 2 , à qui , après la cabale, vous devez tout ce que vous êtes, on aurait ignoré que vous êtes capable de l'ingratitude la plus marquée .

Si vous n'aviez pas tant trouvé la confédération indigne de la cour de Rome et de la sainte Église on n'aurait peut-être pas remarqué que ces apparences de zèle vont mal avec le manque de religion et des mœurs relâchées . Enfin, monsieur, si vous ne m'aviez pas maudit à deux cents lieues de Paris, je n'aurais pas eu l'honneur de vous écrire ; vous voyez donc, monsieur, que tout est bien dans le meilleur des mondes possibles ; puisse la conviction d'une vérité aussi évidente vous coûter moins cher qu'au pauvre Candide ; j'ai l'honneur d'être, etc. »

1Copie contemporaine . On ne connaît rien des circonstances qui provoquèrent la colère de V*. Certains le taxent de polonophobie russophile .

Voir : http://www.e-enlightenment.com/item/voltfrVF1160289a1c/?letters=decade&s=1760&r=15042

et https://pl.wikipedia.org/wiki/Kasper_Rogali%C5%84ski

2 Le pseudo-Démétrius qui épousa Marina Mniszech en mai 1606 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Marina_Mniszek

il est clair qu'on ne peut acquérir la vie éternelle qu’en faisant condamner un Franc-Comtois au parlement

... Joyeuses Pâques !

Heureuse (ou heureux ?) Pessa'h !

Et pendant qu'on y est bon Ramadan !

A bombes que veux-tu, si on s'en tient à l'actualité . Ah ! que c'est beau la religion quand elle est ainsi pratiquée, ça donne envie de s'unir à tous ces bons fidèles qui aiment tant leurs semblables qu'ils les envoient au paradis prématurément . Comparé à ce qui se passe sur terre, l'au-delà ne peut être que plus tranquille .

 

 

 

« A Charles-Frédéric-Gabriel Christin

19è auguste 1767 à Ferney

Je ne ferai point le voyage pour si peu de chose, mon cher ami, mais je profiterai de vos bontés et je vous chargerai de tout lorsque vous viendrez au mois de septembre comme vous le faites espérer . Je n'ai fait qu'entrevoir M. de Marnésiac 1.

Votre pauvre Fantet sera donc obligé de faire le voyage de Douai ; cela est assurément contre toutes les règles, mais je ne suis pas étonné que dans une affaire aussi importante et qui concerne le salut de l’Etat on s'élève au-dessus des lois . Il s'agit même de plus que le salut de l’État, il est question de celui des âmes, et il est clair qu'on ne peut acquérir la vie éternelle qu’en faisant condamner un Franc-Comtois au parlement de Douai .

Souffrez que je vous prie de donner quatre louis à Rosset .

Je vous embrasse de tout mon cœur.

V. »

Point de quartier aux méchants, et point d'indifférence pour la cause des gens de bien ; voilà le devoir d'un homme qui pense avec fermeté

...  Urbi et orbi !

 

 

« A Philippe-Charles-François-Joseph de Pavée, marquis de Villevielle, Capitaine au

régiment du roi, etc.

à Montpellier

A Ferney, 18è auguste 1767

Je doute beaucoup, monsieur, que le sieur La Beaumelle soit allé à Paris faire des siennes, car je sais qu'il avait ordre de rester où il est; et M. de Gudanes, commandant du pays de Foix, l'a menacé, de la part du roi, des châtiments les plus sévères. C'est ce que M. le comte de Saint-Florentin m'a fait l'honneur de me mander. Ce La Beaumelle est un étrange homme. Je l'avais tiré, à Berlin, de la misère. Une veuve, plus charitable que moi, l'a mis à son aise en l'épousant. Cette veuve est malheureusement la fille de M. de Lavaysse, célèbre avocat de Toulouse, dont le fils fut mis aux fers avec les Calas, et dont je pris le parti si hautement et avec tant de chaleur. Il est très triste pour moi que le gendre d'un homme que j'estime et que j'ai servi soit si criminel et si méprisable. Mais, si d'une main on soutient les innocents opprimés, on doit, de l'autre, écraser les calomniateurs. Point de quartier aux méchants, et point d'indifférence pour la cause des gens de bien ; voilà le devoir d'un homme qui pense avec fermeté.

Je vois qu'il y a encore bien de la fermentation dans les esprits en Languedoc. Il me paraît qu'il y en a davantage en Guyenne. Vous savez que les protestants y sont accusés d'avoir voulu assassiner un curé, qu'il y a du monde en prison, et que l'affaire n'est pas encore éclaircie. M. le maréchal de Richelieu, à qui j'en ai écrit 1, me mande que c'est une affaire fort embarrassée et fort embarrassante 2. La philosophie perce bien difficilement chez les huguenots et chez les papistes.

Nous avons ici plus de légions que César n'en avait quand il chassa Pompée de Rome; mais, Dieu merci, elles ne font que du bien dans notre petit pays de Gex. Vous avez, dans ce pays inconnu, un homme qui vous sera attaché jusqu'au dernier moment de sa vie avec la plus respectueuse tendresse.

V. »

2 Lettre conservée Besterman, D 14327 .